20 décembre 2001, Foxborough, MA.«
On fait le concours du plus beau bonhomme de neige, Ari ? »
Arianna avait décidé de rester assise dans la neige les bras croisés et le visage renfrogné. Elle ne voulait pas faire de concours de bonhomme de neige cette année-là et pour cause, son père était décédé l’été passé lors de leur voyage annuel en famille. Elle ne réalisait pas vraiment le côté définitif de la mort. C’était la première fois qu’elle y était confronté et personne de son entourage n’avait été capable de lui expliquer avec des mots adaptés ce qu’il en était.
«
Je veux faire un bonhomme de neige avec papa. C’est pas pareil sans papa. »
Le visage de sa mère se referma. Elle ne savait pas comment expliquer à une enfant de six ans que son père ne reviendrait pas. La seule chose qu’elle trouva c’était de lui faire croire que son père était parti en voyage très loin. Arianna y croyait mais elle n’était pas satisfaite par cette option. Même en voyage, il se devait de revenir pour fêter Noël. Comment le Santa Claus ferait-il pour trouver son père et lui amener ses cadeaux s’il était en voyage ? Ari considérait aussi que les meilleurs bonhommes de neige étaient ceux que son père adoré faisait. Alors voilà, il était hors de question de bouger, comme si bouder aller changer quoi que ce soit à la situation.
«
Tu sais bien que ton père ne peut pas rentrer tout de suite… »
La petite enfant têtue ne voulait rien entendre si bien qu’elle décida que faire un sitting n’était plus suffisant. Elle s’allongea alors dans la neige. Aussitôt sa mère accourut de peur qu’Arianna ne prenne froid. Ari qui avait pourtant toujours une fille très sage et calme était devenu très capricieuse et difficile depuis que son père les avait quittées. Elle savait au fond que quelque chose n’était pas normal.
«
En plus, mamie a dit que de toute façon t’es pas ma maman. »
La jeune mère relâcha la main de sa fille, les yeux écarquillés. En effet, Arianna avait été adoptée car le couple était incapable d’avoir un enfant de façon naturelle, mais à aucun moment les parents d’Arianna n’avaient agi comme si elle n’était pas la leur. Les mots de la grand-mère étaient probablement sortis par colère, ne comprenant pas que son fils ne soit plus de ce monde alors que son épouse était toujours là. Ce n’était que colère et jalousie mais lorsqu’Arianna cracha ces mots, sa mère avait été plus que blessée. Comment pouvait-elle se résoudre à élever seule sa fille si elle ne voulait voir que son père qui n’était plus là ?
«
Mamie dit des bêtises, ma chérie. Tu es ma fille, je suis ta mère et je t’aime, d’accord ? Ton père aussi t’aime plus que tout. »
Ce n'était que le début de longues années compliquées. Ce n'était marqué dans aucun livre sur l'éducation des enfants comment gérer une telle situation mais malgré tout, la mère d'Arianna s'efforça d'être la meilleure des mères pour son petit ange.
***
27 août 2006, South Station, Boston, MA.Le son du piano résonnait dans toute la gare. Tous les yeux des voyageurs non pressés étaient rivés sur la jeune Arianna. A onze ans seulement, la jeune fille était devenue très douée au piano et ce grâce aux cours que sa mère lui avait payé. Personne ne pouvait nier le talent de la jeune fille. Si son père avait été encore en vie, il aurait été fière d’elle, lui qui était un véritable mélomane pourtant incapable de jouer d’un instrument ou même de chanter correctement. Sa mère l’admirait avec un léger sourire qui se voulait triste. La rentrée approchait et Ari allait entrer au collège. Malheureusement, la situation financière de Martha, la mère d’Arianna, n’allait pas en s’arrangeant. Elle avait longtemps vécu sur l’assurance vie de son époux mais avait dû se résoudre à trouver un travail pour continuer à élever sa fille. Elle lui promettait souvent qu’un jour elle intégrerait la meilleure des universités et qu’elle sortirait alors de cette vie éloignée des rêves que la télé lui mettait en tête.
«
On y va Arianna ? »
La jeune fille termina son morceau et suivit sa mère jusqu’au quai où elles devaient prendre le train. Ari était redevenue une enfant calme, elle avait fini par comprendre que son père était mort et elle avait presque oublié ce que sa grand-mère avait pu dire un jour. Elle était encore trop jeune pour tout comprendre et les cours qui devenaient de plus en plus compliqués étaient déjà suffisants dans la vie de la jeune fille. Le visage de Martha était bourré d’inquiétudes et sa fille s’en rendit rapidement compte.
«
Quelque chose ne va pas maman ? »
Elle lui adressa un simple sourire, elle ne voulait pas lui dire la vérité, pas encore alors que les vacances n’étaient pas tout à fait terminées. Déjà qu’elle ne l’emmenait plus dans le Sud du pays depuis que son père était mort, elle ne voulait pas tout gâcher.
«
Je pensais que demain on pourrait aller à Hull pour se baigner. Il faut profiter avant que la saison se termine. »
Mais Arianna n’était pas stupide à ce point. Elle savait que quand sa mère promettait des choses, ça cachait quelque chose derrière. La jeune fille tentait de deviner ce que ça pouvait être mais elle n’y arrivait pas, et elle n’aimait pas que sa mère lui fasse des secrets. Elle lui lança le regard insistant qui voulait dire qu’elle savait que quelque chose n’allait pas. Sa mère finit par craquer.
«
Je ne vais plus pouvoir te payer les leçons de pianos et les cours particuliers, Ari… Je voulais vraiment te donner les meilleures chances, mais je ne pourrai pas. Je vais devoir également revendre le piano de ton père pour pouvoir m’y retrouver dans mes factures… »
Arianna ne s’attendait effectivement pas à ça. Les leçons, c’était une chose, elle pourrait toujours s’inscrire à un club au collège pour continuer à pratiquer et à apprendre, mais revendre le piano de son père, c’était trop. Elle ne comprenait pas bien ces choses de grandes personnes, les factures, les dettes, les prêts, etc.
«
Mais maman… tu es vraiment obligée de vendre le piano de papa ? Il serait pas content s’il l’apprenait… Tu sais bien qu’il ne pouvait s’en séparer même s’il était mauvais… »
Malheureusement, il n’y avait pas d’autre solution. Martha ne pouvait se résoudre à faire de nouveau un prêt auprès de la banque, ils le refuseraient de toute manière. Durant tout le trajet, Arianna était contrariée. Elle réalisait que malgré toute l’affection qu’on peut avoir pour les gens et les objets, rien n’est éternel.
***
4 avril 2010, Bristol, RI.Décidément, ce n’était pas le plus beau jour de la vie de toutes les personnes présentes ce jour-là. Arianna n’avait aucune envie d’assister au remariage de sa mère et encore moins être la Flower Girl. Quelle adolescente de quinze ans est Flower Girl au mariage de sa mère ? Josh, son futur beau-père était le genre d’homme plein aux as, toujours souriant, qui parle de tous ses voyages d’affaires mais qui en dehors de ça est si inintéressant. Parfois, Ari se demande si sa mère ne l’a pas choisi uniquement pour son argent. Depuis qu’il était entré dans la vie de Martha, ils avaient emménagé dans une maison de bord de mer, ils avaient de nouveau un piano et la mère d’Arianna ne se plaignait plus d’avoir trois mille factures à payer en retard.
«
Si je dis non, tu crois que maman va m’en vouloir ? »
Elle posait la question à sa cousine âgée de cinq ans de plus d’elle. Elles ne se sont jamais entendues mais elle cherchait du soutien là où elle pouvait. Evidemment, sa cousine se contenta de hausser les épaules. Elle était venue juste dans l’espoir de se trouver un amoureux de plus et surtout pour se bourrer au champagne.
«
En tout cas, son fils est plutôt mignon. »
Arianna haussa les épaules. Elle avait déjà un amoureux au collège. Enfin, ce n’était pas vraiment son amoureux vu qu’il avait décliné toutes ses invitations au cinéma, au bowling et au café. Il n’y avait jamais rien eu entre eux, mais elle était obsédée par ce garçon alors forcément, le fils de son beau-père, il passait en second, voir en troisième et puis, est-ce que ce n’était pas un peu dégoûtant de s’intéresser à son demi-frère ? Elle ne chercha même pas plus loin, de toute manière pour elle, la journée allait être la pire de sa vie. Elle en voulait à sa mère d’avoir tiré un trait sur son père. Et puis elle était inquiète qu’avec ce nouvel homme, elle veuille de nouveau un enfant. Elle n’avait jamais vraiment su que sa mère était incapable de concevoir le moindre enfant, alors forcément, elle avait peur d’être remplacée.
La journée suivit son cours, les deux amoureux se dirent oui sans hésitation et Arianna resta silencieuse, incapable de gâcher ce si beau sourire qui était sur le visage de sa mère. Elle préféra aller s’empiffrer de snacks lorsque le buffet fut enfin ouvert. Sans qu’elle n’ait eu le temps de s’en rendre compte, elle fut rejointe par son demi-frère. Elle avait pourtant essayé de l’éviter toute la journée, selon elle, ce n’était qu’un fils à papa snob.
«
Salut Aria… »
Elle ne le laissa pas finir sa phrase qu’elle lui avait déjà tourné le dos pour s’éloigner au plus vite de lui. Elle n’avait malheureusement personne pour la sauver de cette situation gênante. Elle ne connaissait aucun des invités de son âge, et sa seule cousine était une tête à claque. Vive le mariage. Elle ne trouva qu’une seule solution : s’enfermer dans les toilettes jusqu’au repas. Ça ne lui plaisait pas du tout cette nouvelle vie qui s’annonçait. Même si sa mère n’aurait probablement pas de nouvel enfant, ce garçon se débrouillerait pour gâcher la vie d’Arianna en faisant le fier et en exhibant ses nouvelles chaussures et sa nouvelle voiture.
Le début du repas fut annoncé et c’était l’heure pour Arianna de faire ce qu’elle avait préparé pour sa mère. Si elle n’avait jamais été pour ce mariage, elle avait malgré tout écrit une chanson pour elle. C’était la première fois qu’elle allait chanter devant tout le monde. Au collège et au lycée, elle s’était toujours arrangée pour n’être assignée qu’au piano, mais pour cette occasion spéciale, elle voulait que ce soit sa propre voix.
Elle n’avait jamais dit tous ces mots à sa mère et l’une comme l’autre s’étaient mises à pleurer. Les liens du sang n’importaient que très peu à vrai dire, Martha avait su être une mère parfaite pour sa fille et ce malgré toutes les difficultés rencontrées. A la fin de sa chanson, elle avait croisé le regard de son demi-frère, il semblait apprécier sa voix et pour la première fois elle lui adressa un sourire. Il n’était peut-être pas si snob que ça, en fait. Il vint d’ailleurs lui parler à la fin du repas. Il avait compris qu’il ne valait mieux pas insister tout au long du mariage mais malgré tout il avait tenu à échanger avec Arianna.
«
Hey… Je sais que tu n’as probablement jamais voulu d’un demi-frère, je peux le comprendre. En tout cas, je suis content d’avoir une demi-sœur aussi talentueuse, tu as vraiment une super voix. Je voulais te le dire parce qu’on n’aura probablement que très peu d’occasions de se voir. Je retourne chez ma mère demain, elle vit en Australie. »
Adieu le demi-frère snob qui ferait le fier devant Arianna. Finalement, il n’avait pas l’air si mauvais que ça. Quoique… cette manière de dire qu’il allait en Australie, ça pouvait faire ressortir un côté snob caché en lui. Enfin, Arianna regretta presque de l’avoir ignoré toute la journée, il avait l’air sympathique et il avait surtout son âge. Sa cousine avait raison, en plus de ça, c’est vrai qu’il était plutôt mignon.
***
Juillet 2013, Perth, Australie.L’échec de cet entretien pour entrer à Harvard avait été cuisant alors pour se changer les idées avant une année à bosser comme une dingue pour parvenir à ses fins, Arianna avait décidé de partir à Perth, en Australie, chez son demi-frère. Les deux adolescents avaient gardé contact non pas à travers les réseaux sociaux comme les adolescents ‘normaux’ de leur génération mais à travers des lettres. C’était de cette manière que Warren, son demi-frère, l’avait invitée de l’autre côté du Pacifique. Elle avait eu l’occasion de faire plusieurs voyages avec son beau-père durant les trois dernières années. Finalement, elle l’avait accepté, il était plutôt drôle quand il voulait, vieux-jeu malgré tout. Cependant, l’Australie était quelque chose dont elle avait toujours rêvé et qui se réalisait enfin.
Ce mois à Perth fut un énorme changement dans la vie d’Arianna. Elle avait toujours eu la musique, l’écriture, ses amies, mais avec les garçons, c’était toujours un peu différent. Elle avait ce côté garçon manqué lorsqu’elle était entourée par la gente masculine, toujours la bonne copine avec qui ils partagent tout sans vraiment la considérer comme les autres filles. Elle s’était longtemps contenté de ça, elle avait le sentiment d’être plus en sécurité de cette manière, moins embêtée. C’était comme ça au collège car sur les dernières années de lycée, les rumeurs couraient au sujet d’Arianna. Evidemment, la jalousie déliait les langues et l’on lançait la rumeur comme quoi la jeune fille aurait couché avec la moitié des gars de sa classe. C’était absolument faux, évidemment. C’était à peine si elle avait déjà embrassé un garçon en dehors d’un pari ou d’un jeu. Enfin, cet été-là, les choses allaient être différentes.
«
Ari ! Tu as fait bon voyage ? Ma mère a hâte d’enfin te rencontrer. Elle va probablement te dire qu’elle a souvent entendu parler de toi pour me mettre mal à l’aise, mais… ce n’est pas quelque chose que je vais te cacher. »
Arianna avait le sentiment de le connaître par cœur. Ils ne s’étaient vus qu’une seule fois pourtant, le jour du mariage de leur parent. Il avait changé et elle aussi. Il était beaucoup plus grand que dans ses souvenirs, beaucoup plus musclé aussi, ça, elle l’avait bien remarqué. Warren lui fit visiter la maison et montra à Ari sa chambre.
«
C’est exactement comme je l’imaginais. Tu as un don pour décrire les choses à la perfection. »
Depuis qu’elle savait qu’elle se rendrait en Australie pour les vacances, elle n’avait cessé d’imaginer chaque instant de ce mois qu’elle allait passer par ici. Elle découvrit tous les petits détails dont il avait parlé dans ses lettres. La planche de surf à droite du meuble télé et tous les souvenirs de voyages sur l’étagère au-dessus du bar. Tout était plus vrai que vrai.
Malgré leurs lettres, les deux adolescents avaient encore plein de choses à se raconter et tellement de choses à partager. Les randonnées, les visites, la plongée, le surf. Arianna n’est pas une grande sportive et ses tentatives pour rester debout immobile sur la planche de surf n’ont pas été un franc succès mais elle riait et passait du bon temps. Warren présenta ses amis à Arianna, presque tous les soirs ils sortaient que ce soit chez l’un ou chez l’autre voire parfois sur la plage au coin d’un feu. Tout semblait si cliché et tiré d’une série pour ado que lorsqu’elle se réveillait chaque matin, Arianna se demandait si elle n’avait pas tout rêvé.
Un soir, alors qu’ils étaient entre amis et avaient un peu bu – car en Australie il n’est pas nécessaire d’avoir vingt-et-un ans pour boire – ce qui devait arriver arriva. Ce n’était un secret pour personne, Arianna était tombée amoureuse de Warren et ce déjà bien avant de mettre les pieds sur les terres australes. C’était un peu gênant de se dire qu’il était le fils de son beau-père mais après tout, ils n’avaient pas le même sang. Cette soirée-là, ils s’embrassèrent. Ce n’était ni un jeu, ni un pari, mais c’était surtout tout à la fin du séjour d’Ari. Elle n’avait pu résister à l’envie de l’embrasser, c’était comme si ses lèvres l’appelaient depuis le jour où elle avait atterri à Perth, mais lorsqu’il tenta d’aller plus loin, si sa première réponse fut un rire nerveux, elle finit par le repousser presque violemment.
«
Désolée, mais… je ne peux pas. »
Si l’échange d’un baiser était tentant, aller plus loin semblait irréaliste pour la jeune fille, pas aussi rapidement du moins. Elle n’avait jamais rien fait avec qui que ce soit et elle n’était pas prête pour ça. Le retour dans le Massachusetts eut un goût amer, un mélange de regrets et de remords. Elle ne savait que penser de ce qu’il s’était passé. Tout le séjour s’était pourtant si bien déroulé… Après cela, elle ne reçut plus aucune lettre de Warren et elle-même n’en envoya plus une seule.
***
20 décembre 2017, Boston, MA.C’est le dix-septième Noël qu’Arianna s’apprête à passer sans son père. De nombreuses choses ont changé depuis. Martha est remariée, Arianna a grandi et a intégré la prestigieuse université d’Harvard et elle travaille à mi-temps dans un cinéma réputé de Boston pour se faire de l’argent de poche. Si son beau-père a finalement décidé de lui payer la totalité de sa scolarité, elle se débrouille elle-même pour s’acheter ses vêtements, ses vacances et pour financer ses soirées.
«
Un grand pop-corn, s’vous-plaît m’dame. »
La jeune femme peinait à apercevoir le petit bout qui était probablement envoyé par ses parents pour faire son premier achat tout seul. Elle adressa un large sourire au petit garçon et lui donna le pop-corn. Arianna avait horreur du pop-corn et elle ne comprenait jamais l’engouement pour ces gens à en acheter pour aller voir un film. Enfin, elle regarda le garçon s’éloigner avec un grand sourire quand soudain, il trébucha et renversa tout le pop-corn par terre. Il se releva comme si de rien n’était et s’empressa de rejoindre ses parents qui prétendaient n’avoir rien vu de la scène. Le manager d’Arianna se tourna vers elle.
«
Aria… »
Elle hocha la tête, attrapa une balayette en s’empressa d’aller nettoyer les dégâts du gosse. Ca lui rappelait à quel point en temps normal elle les détestait. Quelle idée de lui avoir fait un si large sourire… Nettoyer le pop-corn dans un cinéma… Elle se demande bien qui est le crétin qui a eu l’idée lumineuse d’associer le pop-corn à un lieu recouvert intégralement de moquette. Ari balaye un pop-corn et trois apparaissent, c’est toujours pareil.
Ce soir-là, heureusement, elle finissait tôt. Elle déposa la veste de son uniforme dans son casier dans l’arrière du cinéma et s’empressa de dire au revoir à tous ses collègues qui eux en avait encore pour toute la soirée. Ce soir elle avait une soirée chez une de ses amies du lycée qui étudie au MIT à présent. Elles ont beau être qu’à quelques arrêts de bus l’une de l’autre, elles ne se voient que très rarement lorsque l’amie d’Arianna décide d’aller voir un film au Coolridge Corner Theatre.
C’était une soirée entre filles pour fêter les retrouvailles. La plupart avaient changé d’état pour les études voire de pays pour certaines. Chacune semblait avoir d’énormes ambitions et pourtant tout le monde semblait constamment se tourner vers Arianna car c’était la seule à avoir intégré une prestigieuse université avec l’hôte de la soirée.
«
Et toi Ari, tu fais quoi déjà comme études ? C’est comment Harvard ? Y a des beaux mecs là-bas, nan ? »
Elle a toujours été gênée lorsque l’attention se portait sur elle. Malgré quelques concerts donnés en public à l’université et au lycée, elle ne s’y habitue toujours pas. Elle répondit d’une voix très faible.
«
Oh j’étudie juste le journalisme et… les garçons bah… c’est comme partout je dirais. »
Elles semblaient presque toutes dégoûtées qu’elle ne se vente pas de ses études alors que toutes rêvaient de prendre sa place, sauf que la plupart d’entre elles n’avaient pas eu la patience pour repasser le concours une année plus tard. On demanda alors à la jeune femme ce qu’elle comptait faire après.
«
Je ne sais pas, probablement journaliste pour un magazine musical. »
Ou plutôt chanteuse comme elle s’évertuait tant à rêver. Non, ce rêve de gosse n’avait jamais disparu mais elle en avait presque honte. Elle ne voulait pas qu’on lui dise que c’était impossible alors elle donnait des idées normales. De toute manière, elle ne voulait pas décevoir sa mère qui a tant placé d’espoirs en elle.