REASPER → In a moment that feels much bigger than us.

Plus j'y réfléchissais, et moins j'étais sûre de moi. D'un autre côté, si c'était pas maintenant, quand ? Je sais ce qu'on avait dit, je sais qu'on ne voulait rien de trop.. couple, mais mes pas me guident vers lui. Mes pas m'y amène. Vers cette porte, vers ce danger qui ne me fera que peut-être regretter, quand il aura fini de jouer. Je ne sais pas dire si c'est un jeu ou si c'est réel, mais j'ai tellement envie que ce soit réel. J'ai envie d'un nous, j'me suis déjà trop accrochée, mon cœur a déjà cédé, décidé, même si je masque mes yeux pour ne pas le voir, je sais que c'est là. Je sais pas vers quoi je me lance, j'en ai aucune idée. J'ai l'impression d'être certaine de moi mais en même temps peu confiante en mes prochains gestes. Depuis le temps qu'on tourne, qu'on se tourne autour, qu'on fait des ronds sans avancer nul part, j'me dis qu'une décision serait bonne à prendre. Je frappe à la porte, attends. Un peu stressée, peut-être excitée à l'idée. J'espère juste que c'est lui qui ouvrira, et qu'il sera seul. Je prévois un acte digne des plus grands films, il ouvre et je me jette sur lui, le poussant jusqu'à ce qu'il n'y ai plus de murs pour nous retenir, me déshabillant tout en même temps. La porte s'ouvre, Jasper apparaît, et au lieu de mon scénario, un simple "Hey" qui se glisse d'entre mes lèvres, un sourire aux lèvres. J'ai pourtant tout prévu, jusqu'aux sous-vêtements en dentelle, préparé dessous mon jean et mon pull. "J'peux entrer ?" Pour la femme confiante, on repassera.

J'suppose que j'ai rien prévu ce soir, comme le soir dernier. Mon humeur fait des vagues, passant de l'euphorie d'un temps libre rallongé, à l'ennui absolu de ces journées interminables. L'homme aime les minutes qui s'égrainent, les piles de dossiers, les emplois du temps sans blanc. On s'habitue à tout, parait-il. Pas vraiment. L'injustice, ça vous reste au fonds de l'estomac, ça vous noue la gorge. Surtout quand la rebellion n'a pas sa place. Le bruit de quelques coups sur la porte de la maison sort Jasper de sa torpeur, et les pieds vont au sol, vont jusqu'à l'entrée. La porte s'ouvre sur Reagan. La surprise laisse place à un léger sourire sur les lèvres masculines. "J'peux entrer ?" S'appuie contre l'encadrement de la porte, les bras croisés, la toisant de ses prunelles plus si bleues. « J'croyais avoir été clair sur le fait qu'on ne rentre pas ici sans nourriture, ou monnaie d'échange. » Ou peut-être que j'viens d'inventer cette règle, car Emrys n'est pas là pour se la jouer roi des fourneaux. Ou peut-être que j'ai du mal à me passer du fait de te taquiner. J'suppose que j'ai pas de problème avec les choses qui stagnent, quand elles m'arrangent. Quand il s'agit pas de me mettre plus en danger que je ne suis déjà actuellement.

Je sais pas ce qui s'est passé. J'en ai aucune idée, j'ai perdu confiance. J'ai eu peur, j'ai pris peur d'un coup, d'un refus, qu'il me repousse, que je ne sois pas assez, j'en sais rien, j'ai juste pas osé. Alors j'ai demandé à entrer, comme la chose la plus naturelle que je pouvais faire. Il me regarde, mais je sens que quelque chose est différent dans ses yeux, sans que je sache dire quoi exactement. « J'croyais avoir été clair sur le fait qu'on ne rentre pas ici sans nourriture, ou monnaie d'échange. » je souris et le regarde, sans savoir quoi répondre. Le silence s'installe, je me mords la lèvre. J'avais tellement l'impression que tout allait se passer comme je l'imaginais, qu'au final j'ai rien d'autre que ce stress qui m'envahit. La blonde se reprends, doucement, "Qui t'as dis que j'avais aucune monnaie d'échange ?" le sourire en coin en dit long sur les prochaines attentions, mais au moins, le voilà prévenu. "Tu ne pourra pas savoir si j'entre pas." c'est le deal. Soit je rentre, soit tu oublie ma monnaie d'échange. Comme si l'affaire était concluse, la blonde approche, jusqu'à être au plus près du brun, le visage s'approche, les lèvres se frôlent, "T'es pas curieux ?" je connais pas la suite, je peux à peine anticiper mes propres mouvements. Appelle ça l'adrénaline, ouais.  

Elle se noit dans sa complexité, et lui lui sert la simplicité. Tour à tour, il réfléchit trop puis pas assez. C'est jamais dosé, il sait pas faire. Il voit rien de ce qui se trame sous sa peau à elle, où peut-être qu'il l'ignore, qu'il fait comme d'habitude. Il fait le mec qui ne se rend pas compte que les cœurs s'accélèrent, qui reste empêtré dans leur plan A. Notre premier plan, le seul qui compte. Celui où personne ne souffre. Personne ne s'attache. "Qui t'as dis que j'avais aucune monnaie d'échange ?" Le sourcil se hausse, doucement, à peine, juste pour te montrer que j'ai compris. Le message est passé. Un peu crypté, pas très assuré. C'est le jeu, j'vois pas encore la différence avec les autres jours. On se taquine et on finit les lèvres l'une contre l'autre, c'est comme ça que ça marche. "Tu ne pourra pas savoir si j'entre pas." L'assurance intrigue l'homme. « J'accorde cet argument. » Ca l'amuse, aussi. "T'es pas curieux ?" Se pince les lèvres, les prunelles s'accrochant plus sérieusement à celles d'en face. Pour seule réponse, un doigt attrape le bord de son jean, attire le corps vers le sien, recule d'un pas, referme la porte, et referme leurs silhouettes l'une contre l'autre, poussé contre la porte. Fallait pas jouer, j'ai de sérieux problèmes de limites. « Moi, c'que je vois surtout, c'est que j'ai toujours pas de laisser-passer. » Qu'il souffle contre ses lèvres, provocateur, ses doigts quittant son tissu pour le bois de la porte.

Bien évidemment, qu'il est curieux. Il a sa petite idée de ce qu'une Reagan fait devant chez lui, à cette heure-ci, demandant d'entrer. Moi, j'en suis moins sûre, de cette idée, mais ça me fait envie depuis tellement de temps. Je voulais juste ça, en ce moment. J'y pensais quand ton nom se déroulait sur mon téléphone, quand je t'appercevait au loin, quand on avait la chance d'échanger quelques mots, parfois plus, entre deux cours. Sa main s'aggripe à mon jean, mon corps se rapproche du sien, emporté. Le rire qui m'emporte est entre la nervosité, je m'y attendais pas, et l'amusement. La porte se referme, le corps d'en face m'emprisonne, et le sourire laisse place à plus de sérieux. « Moi, c'que je vois surtout, c'est que j'ai toujours pas de laisser-passer. » il est si près que j'arrive à sentir son souffle, et ma respiration se fait un peu plus entendre. Le sentiment d'ettouffement, peut-être. Peut-être pas. Non, pas du tout, mais on mettra ça sur l'hypothèse première, qui est plus acceptable. "J'en ai pas besoin d'un." souris en coin, les yeux divaguent dans la pièce derrière lui. Regarde moi, je suis à l'intérieur. Les mains de la blonde se glisse à la taille de l'homme, et lentement monte sur son torse pour rejoindre son cou, sa nuque, encadrant bientôt son visage. Les lèvres se frôlent encore, se cherchent. Si on craque, la douceur laissera place à l'ouragan, alors je laisse traîner, je continue d'être douceur, juste encore un peu. Je te laisse le rôle de l'ouragan, celui qui emporte tout sur son passage, qui fait plus de dégâts, qui retourne cerveau et coeur. L'ouragan contre lequel la douceur ne peut rien, et contre qui je me laisse emporter volontiers.

J'ai peur de ta candeur, j'ai peur de la briser. D'emporter avec moi une partie de ta bonté, de ta naiveté. J'vais tout gâcher, et j'le sais même avant de commencer. L'expérience, dira-t-on. La crainte que ça soit l'inverse, aussi, surement. J'peux pas te donner le pouvoir de me remettre au sol, tu sais pas le temps que ça prend, toi, de se redresser jusqu'à prendre l'apparence de la certitude. T'as pas encore assez connu de cœurs brisés, et, j'compte pas m'inscrire dans cette liste. Entretien la distance. Normalement, j'veux dire. Là, j'dois bien admettre que l'envie a prit le dessus sur une quelconque raison. L'air est joueur, les prunelles aussi, mais, ces deux là ne jouent plus. Le sourire d'en face devient plus sérieux, et se répercute sur celui de l'homme. "J'en ai pas besoin d'un." Tes certitudes me désarçonnent, moi qui ne suis que doutes. Qui ne suis que pas qui avancent, qui reculent, qu'une danse désordonnée. « Regardez-moi ça, Reagan qui sait ce qu'elle veut, pleine d'assurance. » Qu'il souffle, le sourire aux commissures. L'ironie dissimule une certaine surprise, elle cherche aussi à t'ouvrir des portes par lesquelles tu pourras fuir. Raccroche-toi à mon sale caractère, oublie ce qui t'as mené ici, ça ne nous mènera qu'à des épreuves trop grandes pour nous. Tes doigts tracent une douce brûlure, de mon torse à mes traits. Les miens s'attardent sur ta crinière blonde, puis le pouce passe sur les lèvres tentatrices. Le corps se rapproche, encore, et le souffle passe de sa peau à son oreille. « C'est le moment où tu prétextes que t'as un truc super important à faire. » Nous ne sommes que des envies avortées, un truc qui pourrait être, mais qui se refrène à n'être qu'une introduction, trop prudents. Trop conscients de l'après. Quand à ma main sur ta hanche, mes lèvres dans ton cou, c'est juste pour te motiver à faire le choix. Bon, mauvais, j'suis pas bien sûr.

Tu doutes quand je suis finalement sûre. N'est-ce pas un comble ? Je sais pas où on va, et j'dois dire que je me fous de la direction, du moment que t'es celui qui m'y accompagne. Si tu veux prendre le chemin de l'enfer et nous briser là bas, alors je serais plus qu'heureuse que de prendre ta main pour y aller, prendre le même rythme, imiter tes pas, m'évanouir dans tes bras et mourir sur tes lèvres quand le point de non retour sera finalement atteint. Toi, tu dis que c'est un combat contre moi, contre toi, quand moi j'pense plutôt que nous sommes les alliés dans cette guerre, et que ce sont les autres qui ne comprennent pas.« Regardez-moi ça, Reagan qui sait ce qu'elle veut, pleine d'assurance. » Alors on est bancal, on danse pas sur les mêmes musiques, ne jouons pas les mêmes accords. Le sourire en coin se présente aux coins des lèvres, "Oh crois-moi, j'peux encore faire mieux." je peux encore être plus sûre de moi, je peux te montrer ce qu'est l'assurance, la vraie. Ce n'est qu'une infime partie, mais j'ai déjà été trop fracturé par le passé, la confiance se déverse ailleurs, elle m'a lâchement abandonné, je ne suis que faux semblant, en attendant que les blessures se ferment et que le vase se remplisse de nouveau. La confiance revient doucement, l'envie aussi, surtout quand t'es dans la pièce. Elle se traduit par mes lèvres, brûlantes, qui essaient d'emprisonner ton pouce quand celui-ci les approche. « C'est le moment où tu prétextes que t'as un truc super important à faire. » hoche la tête entre deux respirations qui en montre bien plus que ce que j'aurais souhaitée. "Ouais, j'ai un truc super imporant à faire.." te montrer que j'ai envie de plus, besoin de plus, je sais plus très bien. La limite est floue, elle l'a toujours été. Ma tête se penche quand tes lèvres s'attardent dans mon cou, ma peau frisonne quand je sens tes mains sur mes hanches. Mes mains passent dans son dos, le rapproche, le colle contre moi. Mes lèvres d'un murmure, demande, "T'es tout seul.. ?" dis que oui, j'ai pas eu le temps de vérifier, trop d'informations d'un coup. Comme pour accompagner mes paroles, pour t'annoncer la suite de la soirée, je laisse tomber mon manteau au sol, retire mon pull. Mes yeux se relèvent vers les tiens, plus sombres. On dirait que nous n'avons plus aucune porte de sortie, maintenant.

T'entends pas les mauvaises notes, tu te rends pas compte qu'on est pas accordé. Que toi t'as besoin de plus de rires, de plus de certitudes, de plus de jeunesse. T'as besoin de ce mec qui sait ce qu'il veut. Qui est pas partagé entre ce désir d'une stabilité adulte, et la peur de tout perdre, le lendemain du bonheur. Qui veut une liberté mais ne sait pas quoi en faire. Qui se raccroche à une vie sans lendemain, à des journées qui se composent d'heures, se déroulant l'une après l'autre, sans autre but que de penser à celle qui s'écoule. "Oh crois-moi, j'peux encore faire mieux." Pire. Tu peux encore nous entraîner vers le sol, nous confronter à la rudesse du béton, pour une envie éphémère. Pour des choses que tu te prouves. Tu veux savoir si tu peux encore le faire, après qu'on t'ai abîmé ? Tu veux vérifier que mes lèvres s'accrochent encore aussi avidement aux tiennes ? Ou n'est-ce que le jeu de transgresser nos propres règles. Nous dire qu'on est mauvais, même quand c'est nous qui avons rédigé la notice. Quand on a écrit chaque ligne du règlement, et qu'on est pas foutu de le respecter. "Ouais, j'ai un truc super imporant à faire.." Tu sais que je t'aiderais pas à fuir, j'ouvrirai seulement des portes que je ne veux pas que tu prennes. J'les refermerai au dernier moment. J't'enfermerai à double tour avec moi, jusqu'à ce que ton cœur batte à l'unisson du mien, que t'oublies mes excès, mes négations. « Quel dommage que ton emploi du temps vienne juste de changer.. » Ton souffle a suffisamment foutu le bordel, j'ai plus vraiment la notion de ce que je suis censé faire, le cerveau a foutu le camp dans l'argumentation. "T'es tout seul.. ?" J'crois que je mets un moment à répondre, deux ou trois secondes de trop, les prunelles qui suivent tes gestes, les doigts qui quittent le tissu pour se refermer sur ta peau. J'crois même que je réponds pas du tout. Ou que ma peau dénudée de son haut, à son tour, est une réponse suffisamment claire. La porte qui se ferme à clé par mon action, aussi. Ma main qui se referme sur ta mâchoire, mes billes qui se plongent dans les tiennes. Qui s'attardent, qui cherchent la faille. Cherchent la moindre fêlure, la moindre hésitation, le moindre non dans le oui. Le moindre pas en arrière, alors que c'est toi que je fais reculer dans le salon, mes lèvres se rassasiant des tiennes, mes mains s'attaquant aux boutons de ton jeans. J'suppose que ça serait plus simple de m'éloigner, de m'écarter pour t’entraîner dans mes draps. Mais j'prendrais même pas le risque que tu te défiles entre mes doigts, la peau brûlante appelle à l'encore, et on s'heurtera contre chaque mur, chaque objet, ça nous fera rire. Le sol se couvrant d'un vêtement après l'autre. J'suis même pas sûr de parvenir à la douceur de la soie, le passionnel électrocutant le corps, ré-impulsant un peu de vivant dans ce cœur mort.

Je pourrais même pas te dire si c'est le temps qui s'arrête ou si c'est nous qui accélérons. Il n'y a rien de calculé, juste une envie qui a enfin cédé. J'le veux, j'en ai envie, mais avec personne d'autre qu'avec toi. J'ai essayé, j'y ai mis du miens, j'ai fais des efforts, j'en ai croisé d'autres, des hommes. Plus jeunes, plus bruyants, possiblement plus présents, mais rien n'y fait. C'est vers toi que je suis ramenée. « Quel dommage que ton emploi du temps vienne juste de changer.. » hoche la tête, complice de ce chanegment. Dommage, ou peut-être pas. Je le sais, je le vois dans ses yeux que il ne fait que des pas en avant et des pas en arrière, qu'il s'approche et me conforte dans mon idée, puis se recule et m'abandonne. Je finirais par souffrir, par avoir mal, parce que mon cœur est déjà accroché, parce que j'ai déjà accepté ma condition. J'ai choisi le chemin que je voulais emprunter, je sais qu'il est le moins sûr au monde, mais j'ai été faite pour ça. Mes quelques secondes de bonheur vont suffire à me maintenir en vie, à continuer à me faire respirer, même quand je m'emporte, même quand ce sont tes mains sur mes hanches qui contrôlent la totalité du corps. Ce sont tes yeux qui contrôlent mes gestes. Aucune once d'hésitation. Ni dans ce jean qui s'étale au sol, ni dans ces baisers fougueux qui s'enchaînent. Ma peau se découvre et je sais apprécier la tienne. Les rires se mêlent à la passion et c'est dans cette ambiance légère et pesante à la fois qu'on s'oublie. On s'aide des murs qui parsèment notre chemin, créant quelques dommages collatéraux sur notre passage. Mon souffle s'unit au tiens, mes mains se font gourmandes, mon désir ne s’arrêtera pas, pas de la soirée, presque pas de la nuit. Entre deux conversations, je relancerai le désir, jugeant qu'avant ce n'était pas assez. Je trouverais tes draps assez doux pour m'y endormir, ta peau assez réconfortante pour m'y appuyer. Ce n'est pas ce que nous avions dis, mais je t"avais prévenu du manque de contrôle que j'avais, je te l'avais stipulé, comme une petite étoile en bas du contrat. T'a juste oublié de la lire, et je ne te l'imposerais pas.