NOT YOU + ELLIOT

J’avais littéralement l’impression de passer ma vie à l’hosto. Pour rien en plus, parce que j’me tapais des examens de bilan qui ne changeaient pas d’un poil de semaines en semaines. Ouais, mon cerveau fonctionnait parfaitement bien, alors on ne comprenait pas pourquoi mon amnésie n’avait pas totalement disparu. C’était beaucoup mieux, notamment grâce à l’aide de mes amis proches et des séances d’hypnose, mais y’avait encore quelques morceaux qui manquaient. Sauf qu’au final, j’avais décidé de suivre les conseils de Nate. Avancer sans forcément chercher à savoir qui j’étais avant l’accident. Apparemment, le naturel revenait au galop puisque selon mes proches, j’étais sensiblement le même. A part que j’avais décidé de m’émanciper de mes parents et de leur business, et que j’me posais plus de questions sur ce que moi je voulais personnellement. J’avais arrêté d’être un petit toutou pour mon père. Et ça, perso, j’trouvais que c’était du progrès. J’traversais la cafétéria de l’hôpital pour me rendre au service de neurologie, mais c’était sans compter toi, la seule blonde de Boston qui m’exaspérait au plus au point j’crois, qui lâchait une remarque. « J’savais pas que t’avais aussi peu d’estime de moi, waouh, j’suis presque blessé. » Sarcasme, quand tu nous tiens. Conasse va. J’avais jamais rencontré une meuf avec autant de préjugés, qui se contentait des rumeurs pour se faire une opinion des personnes qui l’entouraient. Affligeant.

Non, les meufs comme toi, merci mais non merci, j’préférais passer mon chemin en levant les yeux au ciel. On était au vingt-et-unième siècle, j’savais même pas que y’avait encore des gens aussi fermés d’esprit pour juger quelqu’un sur les on-dits et sans prendre la peine d’écouter la défense de cette personne. Et moi, j’aimais pas parler dans le vide. « Alors, qu’est-ce que tu fais dans un endroit pareil… T’es venu faire un test de MST ? » Ah, mais t’es drôle en fait, j’savais pas ! « Quelle originalité… T’aurais pu mieux faire. » C’est pas comme si c’était la première insulte à laquelle on pensait quand on savait que quelqu’un avait beaucoup de relations. « Merci de t’inquiéter pour la santé de mes parties génitales. » Sarcasme, quand tu nous tiens. « Et toi, tu viens faire une consult’ pour savoir si t’es frigide? Économise ton argent, j’peux te donner la réponse tout de suite. » répliquais-je dans un demi-sourire, amusé par cette situation ridicule. Remercie-moi, t’auras sauvegardé 50 dollars grâce à mon bon sens.

Pleurer dans mon coin? Tu me prends pour qui? T’as cru que ce genre de pseudo-insultes m’atteignaient? Comme dirait Taylor Swift, haters gonna hate. J’avais aucun compte à te rendre, et que j’ai contracté une ou plusieurs MSTs ou aucune d’ailleurs ne te regardait pas. « C’est surprenant de voir que notre petite discussion sur Tinder t’a extrêmement contrarié… Je croyais que tu étais capable d’en prendre plus que ça. » Est-ce que ça m’avait contrarié? Ça m’avait plutôt fait pitié. « J’suis triste pour toi en fait. Que tu juges les gens aussi rapidement sans même les connaître. » Parce que moi, c’était pas quelque chose que je concevais. Si on s’arrêtait aux rumeurs, on interagirait avec personne. Et j’te laissais faire ton blabla à deux balles là, secouant quelque peu la tête en lâchant un petit rire moqueur et amer. J’m’approchais de toi, avec ton air hautain et tes manières de princesses, réduisant la distance qui te séparait de l’ennemi selon toi, c’est-à-dire moi. « Si t’écoutais moins les rumeurs, ou que tu cherchais un minimum la vérité, tu saurais que je suis pas le genre de mec qui prend et qui jette. J’considère simplement qu’on vit pas pour rien, qu’il faut en profiter, alors si la personne en face est consentante et qu’elle a bien saisi que c’était rien de plus que du sexe, j’vois pas où est le problème. Et oui maman, j’me protège donc non, je traine pas quarante MST à mon actif. » Et t’façon, j’vois pas pourquoi j’me cassais la tête à te dire tout ça puisque dans tous les cas, t’allais pas m’écouter et t’allais rester sur ta position sans chercher à t’ouvrir l’esprit.