tableaux de chasse bien remplis [Ernelliot]

Comme d’hab, j’me retrouvais au Lord Hobo. À croire que c’était devenu une habitude dernièrement de noyer mes peines dans quelques verres d’alcool, une danse endiablée et un lit partagé. Alors, j’étais là, assis au comptoir, un verre à la main, dans mes pensées. Jusqu’à ce que ta voix ne m’en sorte, m’interpellant amicalement. « Hey Ernesto. » Je t’offre un sourire, finalement bien content de voir une tête familière dans ce bourdonnement de foule. « Les affaires marchent bien à ce que je vois. » C’était cool de connaître le proprio. Limite j’pouvais faire ça de ma vie. Devenir proprio d’un établissement où la débauche était reine. Un bar, une boite de nuit, un strip-club, un casino… Y’avait des tas de possibilités. « Ouais, pour une fois j’suis seul! » plaisantais-je quelque peu dans un léger rire. C’est clair qu’on était pas habitué à me voir faire cavalier seul. Mais j’avais trop de filles à gérer en ce moment. « Et toi? J’vois personne accroché à ton beau bras musclé… » le taquinais-je dans un demi-sourire provocateur. Bah alors, on se ramollit ?

Je lâchais un petit rire à tes mots. « J’sais pas pour ce soir mec, j’suis fatigué des nanas. » dis-je en haussant vaguement les épaules, avalant une grosse gorgée de mon verre. Comment se passent les affaires? Tu veux des noms je suppose? « Tu devrais te mettre à Tinder, y’a de la demande. » rétorquais-je dans un petit clin d’oeil complice. « J’ai eu pas mal de rendez-vous, dont deux innocents ! » Si si, j’vous jure, j’avais su garder ma queue dans mon jean. Nova et Cléolya. « Sinon… J’ai vu une nana qui s’appelle Dina, une qui s’appelle Echo, une qui s’appelle Louve, une qui s'appelle Iris… » Est-ce que j’en ai oublié? Sûrement. « Toutes les quatre Mather a priori. Elles sont déchaînées celles-là, c’est la maison de la débauche là-bas. » J’aurais peut-être dû être Mather au final. Puis y’avait l’éternelle Serah, ma meilleure amie, mais elle, j’la comptais pas comme une conquête, c’était plutôt une habitude de vie. « Elles sont pas super patientes en plus les Mathers, j’ai l’impression qu’elles ont toujours les crocs… Echo, on a transformé un laser game en baisodrome, Iris a débarqué chez moi en bikini sous son manteau, et Dina, elle a voulu que je la conduise à Carson Beach mais on s’est arrêté sur le bas-côté bien avant.  » Et tu savais ce que ça voulait dire. « Puis y’a eu Lucky aussi, mais ça c’est encore autre chose. » Mon ex-femme, tu sais, celle à qui j’me suis marié pour un pari et qui a fini par tomber amoureuse de moi? Ouais, sur ce coup, j’étais coupable. « Bon, et toi alors? Donne-moi des détails, j’suis pas venu pour du small talk! » Je tapotais le tabouret libre à côté de moi pour que tu t’y installes, signe qu’on allait parler un peu plus que cinq minutes toi et moi. Change-moi les idées!

Je lâchais un petit rire à ta remarque sur Tinder. T’étais un vrai Don Juan toi et tu ne mâchais pas tes mots. « J’espère que tu leur parles mieux que ça quand tu les dragues, sinon c’est des bouffonnes d’accepter de partager ton lit ! On traite mieux les femmes que ça, Ernesto. » Je me la jouais moralisateur du dimanche, te donnant une petite tape sur l’arrière du crâne pour te réprimander. « T’as couché avec Dina aussi? » Elle se faisait vraiment tout le monde, celle-là. Et quand tu évoquais le fait que tu n’avais pas encore gouté à Lucky, je grimaçais quelque peu. J’étais toujours pas friand de l’image qu’elle et un autre formaient dans ma tête. « J’peux te la conseiller, j’serais mauvaise langue si je disais le contraire. Mais fais gaffe, c’est le genre de fille qui s’attache super vite. » Et j’en avais fait les frais. J’t’écoutais déblatérer sur Marzia et Arielle, ne connaissant pas la dernière. « Tu vas finir par tomber amoureux à coucher plusieurs fois avec la même, gare à toi ! » que je te taquinais dans un petit clin d’oeil. « Sinon ça va à la Winthrop? J’y suis plus trop dernièrement, j’sors trop pour savoir ce qu’il s’y passe. » Fallait peut-être que je pense à redormir dans ma chambre bientôt. Histoire de ne pas totalement payer pour rien et recroiser les bros.

Un nouveau rire s’échappe d’entre mes lèvres. T’es pire que moi Ernesto, pare que moi, je les respecte vraiment les nanas, toi, tu t’en fous complètement. Mais après c’est pas mon problème, si elles se laissent baiser quand même malgré le peu de principes que t’as, t’es juste un chanceux! En tout cas, on était d’accord que Dina était une bombe, parfois un peu relou, mais au moins elle se taisait au lit. J’crois que j’étais pas prêt d’oublier notre partie de jambes en l’air contre le capot de ma caisse. « Tu dis que tu tomberas pas amoureux mais tu penses déjà à elles… Fais attention moi j’te dis ! Ça arrive sans que tu t’en aperçoives ce genre de trucs. » Quand Lucky m’a avoué ses sentiments, ça m’a paru tombé du ciel alors qu’en réalité, ça faisait déjà un petit moment qu’elle y pensait. Elles sont fortes pour cacher ce genre de choses, les filles. Ou alors nous on est fort pour être aveugles. Au choix.

Je changeais de sujet pour parler de la Winthrop House. « Ouais, je sais que vous avez du mal à vous passer de moi ! » répliquais-je dans un sourire amusé. Ouais, j’me croyais un peu indispensable parfois. Je secouais la tête à ta remarque. « Non, t’es fou, j’m’entends avec tout le monde moi. » J’étais pas le genre de gars à avoir des ennemis ou à s’embrouiller pour rien. « C’est juste que j’ai déménagé avec mon meilleur pote début décembre et y’a eu beaucoup de trucs qui se sont enchaînés. » Mine de rien, ça ne faisait que deux mois qu’on avait acheté notre villa avec Nath. Pourtant, avec tout ce qu’il s’était passé depuis, j’avais limite l’impression que ça faisait six mois. « J’ai juste été super occupé. Mais j’pense revenir bientôt, t’inquiète. Pas 24h/24 mais j’partagerais peut-être ma semaine en deux, genre du lundi au mercredi à la WH et chez moi pour le weekend. » À voir. « Mais c’est clair que vous me manquez grave, j’ai l’impression de voir personne ! Y’a du mouvement? Des ragots? Raconte-moi tout ! »

Tu ne dirais pas non à te poser? Sérieux? « T’as déjà eu des relations sérieuses? » Et comment? Ouais, je collectais les expériences de mes proches, pour tenter de résoudre le problème, de savoir ce qui clochait chez moi. Mais des filles qui se baladent à la Winthrop House? Geez, faut vite que je revienne moi, ça a bien changé depuis mon départ faut croire. « T’as des exemples à me donner? » La curiosité est un vilain défaut. Mais j’m’en fous. J’aime bien savoir tout ce qu’il se passe.

« Dis, j’t’ai jamais demandé, comment t’es devenu proprio du Lord Hobo? J’me cherche une carrière. » Un avenir, qui paye bien si possible. Mais j’veux pas d’un truc ennuyant, la routine. Ni recevoir des ordres. En gros, faut que je sois le boss quoi. Sinon, ça va mal passer. Et comme l’entreprise familiale ne m’intéresse pas, je cherche un peu ce que je pourrais faire de mon futur…