le meilleur moyen de résister à la tentation, c'est de boire (arizoan)

Ce soir, Sloan avait envie d'oublier, de tout oublier. Il n'arrivait plus à faire face à cette mise à pied qui n'en finissait pas. L'attente était interminable. Il arrivait simplement à bout de ce qu'il pouvait endurer. Depuis le début, il prenait sur lui et essayait d'arrondir les angles dans toutes les situations mais là, il n'en pouvait plus. Il craquait. L'Eliot s'en était prit à Camille qui avait osé draguer Suzy. Il l'avait défoncé la gueule avec une batte de baseball en métal et lui avait pété de nombreuses côtes. Lui s'en sortait plutôt bien, à part l'arcade explosée et une main ensanglanté, il n'avait pas eu grand chose. Cette bagarre improvisé avait réveillé sa vraie nature de délinquant et de bipolaire. Se battre lui avait redonné goût à tout ça. Il était sur les nerfs depuis une semaine et n'arrivait pas à se calmer. L'ambiance était plus que tendue entre Suzy et lui. Cette dernière voulait qu'il suive un traitement, elle en avait même parlé à un médecin sans son accord. Mais Sloan ne voulait pas et refusait catégoriquement toute aide. Alors forcément, cela créait des tension dans leur couple, des tensions inévitables. Alors pour ne pas se prendre, une nouvelle fois, la tête avec sa fiancée, il fuyait.

Debout sur son overboard, Sloan était plutôt chargé. Il approchait de l'appartement d'Arizona avec ces petits bijoux de technologie. Oui parce qu'il en avait prit deux, un pour lui et un pour elle. Mais ce n'était pas tout, il avait également une bouteille de vodka qui tenait en équilibre dans la grande poche de sa veste. Le regard songeur, il descendit de son overboard et regarda le bâtiment d'Ari. Sans chercher à comprendre plus loin, il lui envoya un message pour lui signaler sa présence en bas de chez elle. Ravi de cette courte pause, il posa les deux overboard à ses côtés et vint s'asseoir sur les marches pour se griller une clope. En l'attendant.

Ce soit, je préférais rester enfermée chez moi. Je ne voulais voir personne depuis cette fameuse nuit. J'avais aussi besoin de me retrouver toute seule un peu, pour faire le point, sur une vie complètement folle ces derniers temps. Après une bonne douche, c'est en jogging, sweat à capuche de la Winthrop appartenant à Nate et chignon sur la tête que je venais m'allonger comme une merde sur mon canapé en zappant sur la télécommande. Mon portable vibre, message de Sloan qui dit qu'il est en bas de chez moi. Je cherche pas à comprendre pourquoi ou encore si c'était prévu ou pas. J'éteins la télé, j'attrape mon portable et les clés de chez moi et je descends les mains dans les poches. Je refusais de voir Nate et pourtant je ne m'opposais pas à la visite de Sloan. Même si ce n'était pas la faute de Nate, il ne pouvait pas comprendre ce que j'avais vécu ce soir là. Sloan lui, il le pouvait. Il était là et il était la dernière personne à qui j'avais pu parler avant la fin. J'arrive derrière lui, voyant la fumé s'échapper de sa bouche. Je pose ma main valide sur son épaule et m'appuie sur celle qui en même temps pour m'assoir sur les marches à côté de lui. J'attrape sa clope de sa bouche, tire une latte et lui rend. C'est pas que Sloan venait toujours me voir que quand il n'allait pas bien. C'est que depuis le temps, et depuis qu'on passait autant de temps ensemble, je commençais à bien le connaître. Il savait qu'il pouvait débarquer à n'importe quelle heure de la journée ou de la nuit, je serais la pour lui. Et c'est ce que je faisais ce soir. Je mettais la capuche de mon pull, pour plus de confort et je regardais juste au loin, attendant que mon meilleur ami décide de parler. Moi j'avais encore du mal. S'il ne voulait pas, s'il préférait juste rester là et ne pas parler alors on ferait ce qu'il voudrait. Comme il le ferait pour moi.

Sloan se complaisait à être dehors alors que l'obscurité avait envahi Boston, cela lui rappelait sa folle jeunesse. Ce Bronx qu'il connaissait comme sa poche, ces coins sombres des quartiers qu'il squattait comme un vulgaire délinquant. Sans un bruit, il fumait tranquillement sa clope, il était calme, beaucoup trop calme. En ce moment, il vivait les montagnes russes avec ses émotions. La soirée organisée par le maître chanteur l'avait rendu complètement fou et particulièrement instable. Il faisait des cauchemars et n'arrivait pas à s'enlever les cris de douleurs de Suzy de son esprit. Il revivait inlassablement cette atroce nuit. L'Eliot n'avait aucune blessure physique, il n'en gardait que des séquelles morales et lorsque Arizona posa sa main sur son épaule, il sursauta. Il la laissa s'asseoir à côté de lui, sans prendre la peine de la regarder. Après tout, la brunette devait être traumatisée, elle n'avait surement pas besoin d'un nouveau regard sur elle. Sloan renifla sans la moindre élégance. Quelques secondes passèrent ainsi, dans le plus grand des silences. Il n'y avait rien à dire, la présence de l'autre suffisait à apaiser légèrement la tension, ils avaient besoins l'un de l'autre. Ils avaient vécut le même calvaire et se comprenaient sans même parler. C'était horrible à dire mais l'épreuve du maître chanteur les avait fatalement rapprochés.

Au bout d'un moment, Sloan se releva et fit craquer son cou de gauche à droite avant de poser enfin son regard sur elle. Arizona semblait terne et éteinte, il n'aimait pas ça.  « Viens on bouge de ton immeuble, on va au parc ou j'sais pas où, se changer les idées. On en a besoin, j'ai pris de quoi nous faire tout oublier. » dit-il avec un fin sourire. Il parlait bien évidemment de la vodka. L'Eliot se voulait rassurant même si rien n'allait pour le moment. Il fallait être optimiste pour relever la pente. Il ne l'était pas du tout mais feintait le contraire, pour elle.  « J'ai aussi pris deux overboards, au moins avec ça, t'as pas besoin d'utiliser ta main, j'pense à tout, je suis un mec parfait, tu peux le dire. » rigola-t-il faiblement. Le jeune Bushnell grimpa sur son overboard et attendit qu'elle fasse de même.  « T'en as déjà fait ? C'est vraiment pas compliqué, tu te penches vers l'avant pour avancer et vers l'arrière pour freiner. » Avec un peu de chance, les overboards allaient détendre l'atmosphère qui était beaucoup trop pesante à son goût.

Même si je me refusais à voir Nate et encore d'autres personnes après cette nuit dans cette entrepôt, Sloan était la seule personne que j'acceptais de voir. Parce que c'était lui, parce que c'était nous. Il était capable de rester des heures sans ma parler, capable de comprendre que seul sa présence m'étais suffisante. Il savait se rendre compte de quand c'était le moment de me poser des questions et quand j'avais uniquement besoin de ne pas être seule. Il n'avait pas cette lueur de pitié dans le regard lorsqu'il posait le regard sur moi. D'ailleurs il savait même se rendre compte de quand il fallait poser ses yeux sur moi et quand je préférais regarder au loin. Il ne posait pas de questions, ne demandait rien. Il n'était pas là non plus pour satisfaire sa curiosité sur la bête de foire que je pouvais être. Il était là pour moi, pour lui et c'était suffisant.

Alors qu'on regardait seulement dans la même direction, sans se parler, s'échangeant sa cigarette dans le plus grand des silences, Sloan se releva. Et c'est tout naturellement qu'il me propose de bouger d'ici. Comme si rien de ce qu'on avait vécu avait été réel, comme un soir normal ou il serait juste venu me voir, pour être simplement ensemble. Malgré le fait que je me sois immédiatement renfermée sur moi après cette expérience horrible, il était indéniable que ma relation avec Sloan et Suzy avait totalement changé. Nous étions plus proche et je crois que c'était une des dernières choses qui me permettait de tenir. Pour la première fois, je me mis à sourire en voyant la bouteille de vodka. Me souler là gueule, c'était la première chose à laquelle j'avais pensé en sortant de l'hôpital. Sloan profita de ce moment pour me montrer ses deux overboards et je me mis à rire. « T'es parfait Bushnell » J'en avais jamais fait, mais j'imaginais que ça devait être comme une planche de surf ou de skate. Je montais dessus et manquais de me ramasser. « Pas compliqué t'as dit ? » Je retentais et commençais à filer tout droit. « C'est pas que je veux pas t'attendre mais je suis lancée alors on va éviter de me perturber » Je me risquais à jeter un coup d'oeil en arrière. Sloan me suivait. Les cheveux dans le vent, le froid contre mon visage, je crois que je comprenais pour la première fois depuis cette fameuse nuit, la chance que j'avais d'être encore vivante .

Sloan ne savait pas si son initiative allait plaire à Arizona ou pas et clairement, il s'en fichait un peu. Il était là pour passer du temps avec celle qui était devenue, à la force des choses, sa meilleure amie. Les gens changeaient avec le temps et rares étaient les personnes sur qui l'Eliot pouvait réellement compter. Pourtant, la belle brune l'avait vu dans des états, tous plus pitoyables les uns que les autres et elle était encore là pour lui. Il avait entendu son terrible secret et n'avait aucun droit de la juger. Les récents événements les avaient fatalement rapprochés. Ils partageaient la même peine, la même douleur et le même calvaire. Ils avaient vécut l'enfer dans ce hangar, Sloan se devait d'être là pour elle, pour atténuer un tant soit peu son traumatisme.  « Tu t'en rends compte que maintenant ? » dit-il en rigolant à sa propre remarque. Il était loin d'être parfait mais qu'on lui dise gonflait un peu sa piètre confiance en lui. Le jeune Bushnell regarda Arizona monter dessus et tandis ses bras vers elle par réflexe, lorsqu'elle manqua de se casser la gueule par terre. « Mais oui c'est pas compliqué, c'est toi qui n'est pas douée écoute. » Il rigola pour la taquiner un peu et la laissa se débrouiller. Finalement, madame Arizona grimpa sur son overboard et parti droit devant, sans même se retourner. Sans chercher à comprendre plus loin, l'Eliot grimpa sur le sien et la suivit. Il ne chercha pas spécialement à la rattraper, il resta derrière et profita de cette petite balade. Il irait là où la brunette l’emmènerait. Finalement, ils arrivèrent jusqu'à l'un des parcs de Boston. Sloan descendit de son overboard et le porta pour avancer dans la pénombre du parc. Il vint s'asseoir dans l'herbe et attendit qu'elle vienne à ses côtés. « J'ai pas que de la vodka sur moi ... je nous ai pris un bon petit joint. » avoua-t-il. Bon d'accord, le joint c'était surtout pour lui en fait mais bon, il comptait bien partager si Arizona en voulait aussi. « J'suppose que tu vas commencer par ça toi. » dit-il en lui tendant la bouteille de vodka. « Ça va ta main ? » se risqua-t-il à demander quand même en voyant qu'Arizona attrapait la bouteille avec son autre main. Celle pas handicapée.

Je vais pas le cacher, retrouver le monde réel, c'est dur. On est peut-être pas resté enfermé pendant une semaine ou même 10 ans dans ce hangar, mais on y est resté assez longtemps pour créer un traumatisme. Pour ma part, c'était plus une piqure de rappel, un souvenir, celui d'une odeur, d'une sensation, un son et même en impression. Je m'étais remise de tout ça, je m'étais relevée dignement, soignée et prête à conquérir le monde. Mais je restais humaine et quand on grandit dans un environnement remplit de douleur, on ne s'en remet jamais vraiment.
Cette nuit dans cet entrepôt, j'avais vraiment pensé que j'allais y passer. J'avais eu de la chance une fois, pas deux. Visiblement mon ange gardien était plutôt efficace. Mais encore une fois, ce qu'on avait vécu avait crée un fracture, ou plutôt ré ouvert une ancienne blessure. Et la première chose que mon instinct m'avait dit de faire, c'était de me refermer sur moi même, me protéger, me forger une carapace indestructible, que personne ne pourrait traverser. Mais parents avaient essayés d'appeler et je n'avais pas répondu. Nate attendait mon appel et je n'avais pas une seule fois eu envie de décrocher le téléphone. Il ne méritait pas d'être avec une fille aussi torturé et brisée, il méritait mieux. La seule personne que j'acceptais de voir était Sloan. Parce que c'était lui et surtout parce que toute cette nuit la il était avec moi. Il était le mieux placé pour savoir ce que j'avais vécu et surtout il me comprenait sans que j'ai besoin d'expliquer ce que j'avais ressenti cette nuit la.
Alors tout naturellement, j'étais descendu de mon appartement pour le retrouver dehors. Le simple fait de sentir sa présence me mis du baume au coeur. Et il avait tout prévu comme toujours. Un petit tour d'overboard plus tard, nous voilà dans un parc. je descend de la machine et vient rejoindre mon meilleur ami qui s'était déjà assis dans l'herbe. Je fais allusion à sa réflexion faite un peu plus tôt avant de monter sur l'engin et de partir à toute vitesse.  « Tu sais je suis peut-être pas douée pour l'overboard mais je suis douée pour plein d'autres choses » Je lui met un petit coup d'épaule. Je voulais faire de l'humour mais au fond de moi, je me disais que j'étais douée pour me mettre dans des histoire impensable, pour faire du mal à mon petit ami et aussi pour donner envie aux gens de me torturer visiblement ... Il sort de sa poche un joint et je sors de mes pensées.
« Sloan .. j'ai jamais fumé de joint de toute ma vie » ouais j'avoue j'ai essayé des tas de choses dans ma jeunesse mais pas ça. Je fais une petite tête d'enfant avant qui ne sorte la bouteille de sa poche. « Tu supposes bien. » J'attrape la bouteille, dévisse le bouchon et porte le goulot à mes lèvres. J'avale un gorgée, pure, qui me tire une grimace. Ça brule, c'est déjà presque écœurant, mais bon sang ce que ça fait du bien. Il me demande si ma main va bien, je la regarde, enfin je regarde plutôt le plâtre qui orne sur ma main, comme un souvenir, comme si je pouvais oublier.  « Ouais ça va doucement mais surement. Et Suzy, son nez ça va ? Et son doigt aussi. Je suis désolée » On s'était tous fait du mal cette nuit là. On avait montré le plus sombre de nous même. Pourtant, devant Sloan, je n'avais pas honte. Cette part sombre, il savait ce que c'était, il comprenait.

Ce joint était plus pour Sloan que pour sa meilleure amie. De mémoire, il ne l'avait jamais fumé de weed ou même évoqué ce sujet. Ils ne se côtoyaient pas depuis longtemps mais c'était suffisant pour qu'il sache ce qu'elle aimait ou non. C'était triste à dire mais les récents événements les avaient inévitablement rapprochés. Ils avaient vécut l'enfer et s'étaient soutenu, quoi qu'il se passe. « Ça ne m'étonne pas. » dit-il en levant les épaules mais sans émettre le moindre jugement. Il joua avec le joint entre ses doigts, il salivait presque à l'idée de le fumer. L'Eliot avait réussi à décrocher de la drogue mais restait quand même un fervent adepte de la défonce. Il fouilla dans les poches de sa veste et y sortit son briquet, après avoir tendu la bouteille de vodka à la petite Arizona. « Tout le monde boit de la vodka, même moi, pourtant je trouve ça dégueu. » avoua-t-il en rigolant faiblement. Si, il aimait bien la vodka mélangé avec un soft ou un autre alcool mais rien que de la vodka, il n'était pas un grand adepte. Rapidement, il lui demanda comment allait sa main et ce fut qu'à sa réponse qu'il daigna lever les yeux vers elle. Sloan regarda le plâtre sans la moindre émotion. « Ouais ça va, t'inquiète pas pour Suzy puis tu sais quoi ? Un ongle ça repousse, j'savais pas moi. » Il passait pour un con mais franchement, il croyait qu'un ongle entier ne pouvait pas repousser. Fallait croire qu'il se trompait. « Quand je te ramènerais chez toi tout à l'heure, fais moi penser à te laisser un petit mot sur ton plâtre ... ou un autre jour parce que si j'fume ce joint et m'enfile la bouteille, tu vas te retrouver avec une bite dessiné dessus. » Sloan explosa de rire avant de se frotter les yeux, comme si ça allait l'empêcher de dire des conneries à celui-là.

 Tout le monde boit de la vodka .. Immédiatement le souvenir de cette soirée avec Nate me reviens en mémoire. On avait faut le jeu du "je n'ai jamais" avec de la vodka et on avait finit par coucher ensemble sur le canapé juste avant que son coloc et sa copine entre dans l'appartement. On avait rit, c'était un super moment passé avec lui, c'était surtout un moment de complicité et ça me manquait. Mais j'arrivais pas à le voir maintenant. Je me rendais compte que je ne pourrais même pas lui raconter ce qu'on avait vécu, qu'il était pas capable de le comprendre et que du coup un énorme fossé s'était crée entre nous. J'attrape la bouteille et bois une longue gorgée qui me brule d’œsophage. Je tourne la tête vers mon meilleur ami en lui tendant la bouteille. « Ah je te préviens par contre, quand je me soule à la vodka j'ai souvent envie de me déshabiller après. Donc tu m'en empêchera hein ? » Ouais cet alcool avait un effet bizarre sur moi. Je me sentais vide de tout sentiment et pourtant j'essayais d'être à peu près la. J'étais brisée et Sloan pouvait savoir à quel point. Suzy aussi pouvait le savoir et quand Sloan me donna des nouvelles de sa fiancée, tout en me disant qu'il ne savait pas jusque là, que les ongles repoussais. Je lâche un petit rire tout en récupérant la bouteille et en la portant à mes lèvres. « Sérieux tu savais pas ? Occupes toi moins de l'anatomie de Suzy et apprends en plus sur le corps humain tout cours. » Je lui donne un petit coup d'épaule pour rire. Et sa proposition, elle me fait sourire tandis que je regarde mon plâtre, la preuve que tout ce que nous avons vécu ce soir la, c'était pas dans ma tête. Et à ce moment là, je réfléchis en un éclaire et je fouille dans les poches de mon pull. J'en sors un marqueur, que j'avais utilisé pour faire les cartons de Janessa quand elle avait déménagé. Je le tends à Sloan « Je voudrais une bite sans poil s'il te plait » Je souris et avec ma main valide, je viens piquer le joint dans la bouche de mon meilleur ami. Je le porte à mes lèvres et tire une grande latte. J'avale la fumé et quand je la recrache, j'ai l'impression que mes poumons sont en train de bruler. Je me met à cracher et avale une gorgée de vodka pour faire passer tout ça. « Ouais, j'ai l'impression d'avoir 15 ans et de tester mes premiers trucs illégaux » Pourtant des trucs à ne pas faire, j'en avais fait pas mal, c'était pas la première fois. Alors qu'un long silence c'était installé, je le brisais, j'en avais besoin. « Je me sens morte de l'intérieur. J'arrive plus a avoir envie de rien. Ça fait 3 jours que j'ai pas vu ou parlé à Nate. C'est peut-être même terminé entre nous. Mais il comprendrait pas ce qu'on a vécu. Je suis .. jsuis fatiguée de vivre des trucs comme ça en fait. Si ma vie elle est ponctuée par des violes dans des caves et des soirées tortures vaudrait peut-être mieux que je sois seule non ? » Je broyais du noir et la seule personne à qui je pouvais en parler c'était lui.

« J'peux pas, c'est impossible, tu sais bien qu'il n'y a que l'anatomie de Suzy qui m'intéresse. Le reste je m'en fou. » Ses épaules se levèrent de manière nonchalante. « Rien à carrer. » Sloan rigola légèrement car le pire dans tout ça, c'est que c'était vrai. Il ne se posait aucune questions sur le corps humain, ce ne l'intéressait absolument pas, il ne voyait que les formes et les courbes de sa fiancé. Rien d'autre. Il était comme obnubilé par sa future femme au corps de rêve. Un fin sourire se dessina sur ses lèvres en pensant à sa Suzy. Et alors que la weed commençait à peine à pénétrer son organisme, lui vint une idée plutôt extraordinaire. Dessiner une bite sur le plâtre de son amie. Il rigola en lui proposant ses talents de dessinateurs. « Bien sûr, j'ai pas d'poil sur ma bite moi. » s'amusa-t-il à dire, le plus naturellement du monde. « Ah cool, donne. » Sloan tendit sa main pour attraper le marqueur. Il fronça les sourcils en sentant le joint lui échapper. « Va pas t'étouffer hein. » vint-il la mettre en garde. L'Eliot ouvrit le marqueur et vint sentir la forte odeur de l'encre indélébile. « Quand j'étais petit, j'me shootais à l'odeur du marqueur. » Il éclata de rire en repensant à cette époque. Les marqueurs ainsi que les Velleda pour les tableaux blancs. « J'enlevais le bouchon de trois quatre marqueurs et je reniflais à pleine puissance, j'voyais trouble après, ça m'amusait comme un fou mais en y repensant j'me demande si c'est pas à cause de ça que j'suis bizarre maintenant. » Il rigola, il n'allait pas pleurer hein. Finalement, il regarda Arizona qui manqua de s'étouffer mais ne lui vint pas en aide pour autant. Il garda son j'te l'avais dit pour lui et se contenta de lui sourire, c'était trop mignon. Son sourire vint disparaître rapidement lorsque la brunette vint lui livrer le fond de sa pensée et lui avouer qu'en réalité, elle n'allait pas bien du tout. « Tu sais Arizona, il ne peut pas comprendre si tu ne lui explique pas. Il n'a pas vécut ce qu'on a vécut dans ce hangar, je te l'accorde mais il est loin de s'imaginer ce qu'il a pu se passer, peut-être qu'à l'heure où on se parle, il est en train de se poser vingt mille questions. Peut-être même qu'il se croit fautif de ton état, ça ne m'étonnera de Nate, connaissant un peu le loustic. Il est trop gentil ce type, ça fait flipper des fois. Tu as tord de penser ça .. J'veux dire, t'as la chance d'avoir quelqu'un pour qui tu comptes, ne le laisse pas filer juste parce que t'as pas eu de chance dans la vie. On a tous le droit au bonheur et ça crève les yeux que vous êtes bien ensemble. Ne le rejette pas Ari, laisse lui une chance de te rendre heureuse. Si y'a bien une personne qui mérite d'être heureuse, c'est bien toi. Tu sais ... j'suis comme toi un peu, j'ai tendance à me replier sur moi-même, surtout quand ça va pas, j'repousse les autres parce que finalement c'est la solution de facilité. Et puis Suzy m'a fait confiance et j'ai accepté qu'elle ait confiance en moi, c'est ce qui m'a fait changer. T'es maître de ton destin, c'est toi qui fait tes propres choix ... soit tu continues à te complaire dans ta solitude et ton mal-être, soit tu t'ouvres à Nate et vous avancez, ensemble. »

L'anatomie de Suzy était la seule chose qui intéressait Sloan et bizarrement je m'attendais à ce genre réaction. Je pouffe de rire. En buvant une autre de gorgée de vodka et en grimaçant encore une fois. Ça brule mais ça me fait du bien, ça me rappelle que je suis encore vivante, que je suis encore humaine. Je tends à Sloan le marqueur pour le dessin sur mon plâtre. Il l'attrape et s'applique à faire une magnifique bite sur mon poignet. « Je voulais pas savoir que t'avais pas de poil sur la bite. Mais si tu veux qu'on soit quitte, j'ai pas de poil non plus. » Je rigole toute seule avant de tirer une latte de son joint et manque de m'étouffer. A moitié parce que j'y suis allée un peu fort et aussi pour la révélation de Sloan. Je lui souris avant de fumer une nouvelle fois, cette fois doucement, je tire sur le joint que je vois ce consumer tout doucement sous mes yeux. « Ouais ça doit expliquer le fait que tu sois bizarre. Quand je suis sortie de .. enfin de la bas quoi. J'ai découvert l'odeur de la colle. Je faisais pareil c'était génial. Sauf que moi j'avais 17 piges » Je ris et redonne à Sloan son joint. Parfois j'ai l'impression d'être une sauvage élevé parmi une meute de loup. J'ai découvert la vie tellement tard. J'ai apprit à vivre à partir de 17 ans et parfois c'est pesant. Et puis j'écoute Sloan. Ce qu'il me dit me fait echo et me touche. Je me laisse bercer par ses paroles et j'essaie de me dire qu'il a raison. Peut-être que c'était justement en restant dans mon coin que je risquais de le perdre et de lui faire du mal. « J'entends tout ce que tu me dis, mais c'est plus fort que moi, je sais pas pourquoi y'a un truc qui me force à le tenir à distance. » J'avais perdu Elijah et Matt en les tenant à distance et je reproduisais encore la même erreur. L'humain n'apprend visiblement pas de ses erreurs. Il les reproduit encore et encore jusqu'à ce que la douleur que ses échec lui procure soit trop forte. Alors là et seulement là, il change de stratégie. Est-ce que j'étais arrivée au point ou j'avais trop mal pour tout dire à Nate ? J'étais apparemment arrivée au point ou il fallait que j'en parle au moins à Sloan. « J'ai l'impression que je serais toujours la pauvre petite fille qui à été violé aux yeux des gens. J'ai pas envie d'être définit parce que j'ai vécu. Tout ça c'est ce qui m'est malheureusement arrivée, ça fait pas de moi ce que je suis tu vois ? » Il était complètement en état de comprendre et je le savais. Ce qui me plaisait chez Sloan c'était le fait qu'il n'avait pas eu une vie facile. Il avait trimé et souffert lui aussi, alors il pouvait parfaitement comprendre les reliefs de ma vie. « C'est vrai ça que je suis bien avec Nate. J'ai l'impression pour la première fois de ma vie d'être tombée sur un mec honnête et sincère. » Les autres l'étaient aussi surement, sauf que celui qui était là c'était Nate, pas eux. Je récupère mon marqueur que je fourre dans ma veste et boit à nouveau. Il fait nuit noir, seulement un des lampadaire du parc nous éclaire mais je vois quand même le visage de mon ami. « Toi aussi tu mérites d'être heureux tu sais. » Je pause ma tête sur l'épaule de Sloan. Il avait raison, j'étais maitre de mon destin et je devais penser un peu à l'avenir plutôt que de ressasser encore et encore tout ces moments pénible. « Alors comme ça tu veux que je sois ton témoin ? » Fallait que je commence à voir le bout du tunnel et surtout à voir le bon côté de cette histoire, tout ce qu'on c'était dit Sloan, Suzy et moi, c'était le début d'une amitié encore plus forte.