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« J'adore être comédien. C'est tellement plus réel que la vie. »
Lazarus & Charlie ; #2
Deux secondes d'innatention et trois de vérité, elle se retournait et faisait volte-face au miroir, le dévisageant comme un intrus, un imposteur, un traître, un lâche. Mais c'était elle la lâche et elle l'avait toujours été, sous ses allures de rouquine forte qui fait fi à la vie, et qui sourit au temps. Elle joue la comédie à merveille jusqu'à se mentir, jouant un double-jeu en son sein même, retournant sa veste et se trahissant dans le même temps qu'elle bouchait ses oreilles pour ne pas écouter la voix qui grondait tout au fond d'elle, grondait, grondait, grondait, et figeait toutes les nuits de sommeil. Elle détestait dormir, elle détestait s'arrêter. Il y avait toujours d'affreuses images qui lui venaient alors et elle ne supportait pas leur visage ; elle ne pouvait les soutenir. Alors elle partait en courant. Et c'était ça. C'était ça, Charlie. Elle passait son temps à fuir.
À courir dans les rues de Cambridge, à sauter dans les couloirs d'Harvard.
Monter sur un plateau. Un, deux, trois, courir, s'échauffer. Aussitôt virevolter pour devenir Hestia, Juliette, L'Ingénue, une Suivante. Investir ces entités d'une vie et échapper à soi-même, s'étourdir de personnages et s'abreuver d'illusion, puis courir une fois le spectacle fini en sautant pour atteindre le ciel d'un éclat de rire cristallin qui transcende l'instant présent et vole en éclat contre la vérité, terrible, du passé qui surgit ; alors rire encore, et encore, et recommencer à chaque seconde, rire, pour essayer d'y parvenir, tenter de porter son rire jusqu'au ciel et de l'y entendre résonner, espérer qu'il ne se brise pas contre les murs de l'existence.
Courir. Ne jamais s'arrêter. Étirer ses lèvres à se les briser. Et s'étouffer avec des rires pour ne jamais se souvenir. Pour ne pas tourner le regard dans le coin de l'œil, vers ce qu'il ne faut pas voir, vers la vérité vraie, vers ce qui fait les hommes. S'enfuir, s'échapper, être lâche.
Trébucher et se relever le plus vite possible sans jeter un œil aux griffures qui à force d'être ignorées se transforment en gouffre. Des gouffres silencieux qui le jour se meuvent au gré des ondulations de la peau flasque mais qui, la nuit venue, se font grinçante et arrachent des hurlements de géhènne au souffle vif de celle qui ne veut pas savoir. S'éveiller et partir dans les rues, à danser sous la lune. S'endormir dans un parc, quand le matin se lève, que l'aurore se fait caressante et que l'aube enveloppe. La rosée délicate clôt les paupières qui noient les images cauchemardesques sous le flou de l'humidité et tiennent pour songes des murmures inaudibles ; étouffant ainsi les pires réminiscences.
S'en aller dans Harvard, sautiller de joie vers le théâtre et en pousser les portes. Les vacances sont terminées, on reprend les cours. Elle va de nouveau pouvoir jouer, poser ses pieds sur ce plateau qui crie quand on y appuie trop fort, entendre l'accent Écossais de Lazarus et s'émerveiller de la vie. Agiter sa chevelure rousse et s'amuser au théâtre. Aimer ces moments avec les autres étudiants et se gargariser d'être en Amérique.
Jouer. Le plus magique de tous les mots. Le plus hypocrite.
Et Charlie s'en va vers ce théâtre. Elle l'ouvre et y découvre Lazarus. C'était convenu, ils se retrouveraient ce jour à cette heure pour discuter du projet de Noël. « Noël ». Cette syllabe qui met des étoiles dans les yeux aux enfants. Qui illumine encore le visage de la jeune Irlandaise, à vingt et un ans fêtés.
Elle sourit. Lazarus McCarty. Elle était impatiente de savoir quelle idée lumineuse avait traversé l'esprit du plus fantastique des Écossais.
« Comment va l'homme le plus génial de Harvard ? » demanda-t-elle avec une lueur de malice tout en marchant pour arriver à sa hauteur.
- Spoiler:
- Je suis une grosse flemmarde et j'ai copié/collé le code sans changer les images, oui. :rvmp:
(Invité)