Les jours passaient, emportant avec eux, un soupçon de naïveté, et construisant à petit feu, un rempart solide face aux événements. Tu t'en étais remis, enfin du moins, c'est ce que tu te percevais depuis quelques jours déjà. Tu ne supportais plus de te voir dans cet état d'amorphe, complètement dérouillé par la vie, alors que tu valais mieux que ça. Tu étais plus fort que ça. Au lieu de t'écrouler, finalement, tu reprenais du poil de la bête, reprenant tes activités comme le sport, mais aussi les cours, les filles et ton habituelle arrogance. Tu ne t'en sors cependant, pas indemne. Une rage inexplicable s'était logé en toi, criante de haine, et te donnant une force bien plus puissante pour dénicher la vermine que pouvait être certaines personnes sur ce campus. Te levant du bon pied, tu enfilais rapidement un jus d'orange, ayant prévu quelques heures à la salle du sport du coin qui heureusement n'acceptait pas n'importe qu'elle pecnot. Tu n'avais certainement pas envie dans une intense concentration voir des gamins devant toi, faire n'importe quoi. Tu n'avais plus la patience nécessaire. Mais ton élan, si bien articulé jusqu'à la porte d'entrée s'était brutalement arrêté en voyant une blonde, se réveiller, et me regarder d'un air ahuri. Depuis des jours, tu n'avais pas réussi réellement à la capter, parce que tu partais tard mais aussi parce qu'elle ne couchait pas souvent à la maison ou du moins, elle se faisait petite, puisque tu ne remarquais que très peu sa présence. « Tiens, Any. Qu'est-ce que tu fou levé aussi tôt ? » tu demandes, en attendant sa réponse, tu ne te souvenais pas l'avoir vu déjà, dans toute ta scolarité, debout avant dix heures.
Les jours se suivaient et se ressemblaient. Depuis que j'avais rompu avec Ferrari, j'étais forcée de constater que ma vie était ennuyeuse. Même tinder n'avait aucun goût et le peu d'amusement que je cherchais sur cette vulgaire application ne me satisfaisait pas. Au moins, je passais le plus clair de mon temps à réviser, habitant entre mon appartement et la mather house. J'avais semé mes instruments un peu partout, révisant mes partitions au mieux et j'emmerdais mes amis pour qu'ils me fassent répéter de nombreuses pièces de théâtre. Au fond, Marin avait de la chance de moi voir peu souvent. Il était certain que je n'allais pas lui demander tout son temps pour m'aider. Sauf ce ce répit était de courte durée. Me voilà de retour depuis la veille où j'ai passé ma soirée à monter ma batterie dans ma chambre. Je comptais faire du bruit toute la journée et j'emmerdais les voisins. Comme j'étais quand même une gentille personne, je m'étais levée tôt, sachant très bien qu'à cette heure-ci, tout le monde partait au boulot et donc, ça me permettait de ne plus jouer en soirée ou même la nuit. « Tiens, Any. Qu'est-ce que tu fou levé aussi tôt ? » me demande Marin, apparemment de bonne humeur, en contraste total avec ma mine endormie et mes cheveux en pagaille. Sans répondre, je levais ma main contenant l'une de mes baguettes que je m'amusais à tourner entre mes doigts. « Je vais réveiller l'immeuble... » Enfin, encore fallait-il que je me réveille moi. Je partais aussitôt en direction de la cuisine pour lancer la préparation de mon petit déjeuner.
Tu ne savais plus vraiment sur quel pied danser en ce moment, par moment tu pouvais être un agneau, bêlant de bonne humeur et parfois, tout le contraire, un vrai tigre enragé, sans une mauvaise passe. Tu ne faisais que ça, gravir les montagnes russes pour une fois tout en haut, les redescendre à la vitesse grand v. mais tu ne pouvais rien y faire, ton caractère avait décidé bien changer, et même si l'envie de retrouver ton état d'avant t’enchantais, tu ne pouvais que constater que c'était impossible. Que tu n'étais plus tout à fait le même, que les événements changent les gens, et que tout comme une cicatrice, il est impossible de recoller parfaitement les parcelles de la peau. Mais tu faisais au mieux, tu reprenais tes petites habitudes, goût à la vie, goût à tes envies. Au sport. Que tu chérissais toujours autant, dans lequel, tu te retrouvais. A cet instant tu n'étais plus que toi, Marin, sans aucune attache, sans aucun problème, en osmose avec toi même. D'ailleurs, c'est dans cet état la, dans lequel tu voulais te retrouver ce matin avant de retrouver la réalité ainsi que les résultats de tes partiels. Ana se pointe dans la cuisine, dans un état post-réveil, t'assurant qu'elle allait faire de même avec tout le bâtiment. Tu ris. Parce qu'elle a toujours été spéciale cette nana. Et parce que tu savais au fond qu'elle le saurait toujours. Un grain de folie. Un pépite parmi les pierres. « Je t'aurais défoncé, heureusement que je suis déjà debout. » répliquais-je en mordant allègrement dans une pomme d'un jus exquis. Encore dans ses songes, la tête dans les étoiles de la veille, tu attrapais le jus d'orange, et en lança quelques gouttes sur ta colocataire. De cette manière, tu étais certain qu'elle serait rapidement d'attaque, possiblement pour répliquer, mais un réveil spéciale marin n'était jamais sans conséquence.
Même si je ne savais pas tellement comment j'avais réussi à gagner la cuisine si vite, c'était bel et bien le cas. J'étais debout, prête à prendre mon petit déjeuner et à me réveiller en douceur avant d'aller faire un boucan du Diable dans ma propre chambre. J'avais, la veille, installé ma batterie dans ma chambre afin de pouvoir répéter et m'amuser sans avoir à sortir de chez moi. Depuis quelques temps, je préférais la compagnie d'Ambroise le chat plutôt que celle d'un humain quelconque. Bon, j'appréciais la compagnie que mon colocataire Marin, mais faut dire qu'en ce moment, il n'était pas souvent là enfin... peut-être qu'on ne vivait juste pas aux mêmes heures. Je levais les baguettes à bout de bras pour lui indiquer que j'allais faire un malheur et j'allais ensuite dans la cuisine où il me suivait pour lancer la préparation d'un thé. « Je t'aurais défoncé, heureusement que je suis déjà debout. » Attention, humour merdique : « Tu n'imagines même pas le nombre de mec qui aimerait me défoncer... » Ouaip. Ça sort de ma bouche. Aucune délicatesse et le pire c'est que je riais en étant encore endormie. Je riais jusqu'à ce que je reçoive du jus d'orange dans le visage. Je fermais les yeux en grognant avant de m'essuyer avec ma manche. Je regarde Marin d'un air mauvais et je lui envoyais l'éponge en pleine tête. C'est humide et ça pue. Bien fait pour toi Perol.
Elle te lance une réplique qui avait eu le don de te surprendre, à deux doigts d'envoyer valser le jus d'orange que goutteux, chatouillant ton palais de ses vitamines. Heureusement, la barrière de tes lèvres empêchent le massacre, tu te contente juste de manquer de t'étouffer. Tu tousses, reprenant un peu d'air avant de rire à sa pseudo blague. « Elle était jolie celle-ci, tu t'améliores. Je suis fier de toi, je savais que notre proximité te changerait. » répondis-tu en posant ta main droit sur ton pectoral gauche, feignant d'être incroyablement ému par sa petite blague, que tu pensais né à cause de ton influence. Tellement, que tu décides, juste pour la taquiner de lui envoyer quelques gouttes de l'intérieur de ton verre, ce qu'elle réplique en un headshot avec l'éponge qui traînait. Tu fronces les sourcils, la zone touché encore humide. « Ana ! T'es deg. » répliquais-tu en grimaçant progressivement. « Pas l'éponge. Déjà que tu l'utilises jamais.. » Toi non plus d'ailleurs. Personne ne faisait le ménage ou bien la vaisselle ici, à part la femme de ménage, que vous pouviez tous les deux vous payez. « Tu vas le regretter ! » Disais-tu en attrapant le premier objet devant toi, alias, une banane posée dans la corbeille de fruit. La portant en face de la jeune femme, le bras tendu, dans sa direction. « Tu vas mourir. » Ta voix, d'un ton des plus théâtrales faisait écho avant de faire le tour de la table pour l'atteindre.
Déjà de bon matin, ça partait en sucette avec Marin. Il semblait de très bonne humeur et pour ma part, j'étais toujours endormie. Je m'étais levée tôt pour jouer un maximum de temps en journée, sans emmerder personne. Mais voilà, j'étais encore en train de dormir sur le chemin de la cuisine et ça ne m'empêchait pas de sortir une réplique dégueulasse dans le plus grand des calmes, faisant même s'étouffer mon colocataire. Je ne pus m'empêcher de rire à ma connerie en même temps que lui. « Elle était jolie celle-ci, tu t'améliores. Je suis fier de toi, je savais que notre proximité te changerait. » Je riais à nouveau en secouant la tête négativement. « Tu dis ça comme si j'étais une sainte en temps normal... » Bon c'est vrai que je n'étais pas du genre à cracher des blagues dégueulasses à tout bout de champ. Par contre, quand il m'envoyait du jus d'orange dans la gueule, je ne manquais pas de répliquer en lui envoyant l'éponge encore humide en pleine tête. « Ana ! T'es deg. » Et je me mettais à rire toute seule. « Pas l'éponge. Déjà que tu l'utilises jamais.. » - « Toi non plus... » Aucun de nous deux ne faisait quoi que ce soit ici. Sauf à manger. Et je m'arrangeais qu'il soit là pour le faire sinon quelle utilité d'avoir un coloc ? aha. « Tu vas le regretter ! » J'haussais les sourcils en le voyant braquer une banane dans ma direction. Vraiment ? « Tu vas mourir. » Et voilà qu'il faisait le tour pour arriver à mes côtés. « Une banane... » que je soufflais incrédule. « Bon Marin, je vais encore te mettre une raclée et tu vas pleurer... comme toujours... » que je disais calmement avant de me mettre à courir jusqu’à la chambre du jeune homme. En vrai, on savait tous les deux que j'allais perdre et que ça allait finir en "je te boude".