ERNESTO CALABRESE ► Ryan Guzman

1. Tu es né au crépuscule du premier décembre mille neuf cent quatre vingt-onze, en Lombardie. « premier », mot qui t'évoquera bien plus que deux syllabes. Premier fils d'une famille censée être unie. Premier dans tous les domaines auxquels tu peux toucher. il n'y a que quand t'es premier que tu restes à ta place. tu as toujours voulu être sur la première marche du podium, mais le dernier oublié, le dernier survivant de ta famille (même si ton vieux père n'est pas mort.) Ton demi-frère, hélas, ton frère, Santo, tu ne le considérais pas comme cela. Loin de là... 2. Ernesto Calabrese, ton père, chef d'entreprise. Mirela Calabrese, ta mère, maîtresse de maison et artiste. Tu partageais que du bonheur avec tes parents. Seul fils. Seul héritier légitime. Tu ne laisseras personne t'enlever ce droit. C'est toi et seulement toi. Mais tu ne devrais pas parler aussi vite. Une petite année plus tard, ton frère légitime naquit. Giovanni. Tu le portais vraiment dans ton cœur. Tu l'aimais. Tu l'adorais. Tu le chérissais. Et  puis une horreur peut vite être arrivée. Ta chère mère fût violée par des paysans. Honte à eux. tout simplement honteux. Ils allaient rejoindre l'enfer, tu en étais certain. De ce viol était né Santo. Ou plutôt « Sporcizia », saleté, comme tu le nommas ainsi. Tu donnais tout ton amour à tes paternels et à ton frère. Mais à lui, non. Pour toi il était synonyme de la honte, du mal, de l'humiliation qu'à pu subir toute ta famille. Il ne devait pas vivre, il aurait dû y rester. Être abandonné. Être délaissé. Quatre petites années plus tard, ta sœur légitime, Bianca est née. Ta petite dose d'amour au quotidien. Ta petite sœur. Six années séparaient votre âge mais pas l'amour similaire que vous portez en vous à l'égard de l'autre. 3. pourriture de Santo, tu savais très bien qu'il ne méritait pas la vie. Quand tu l'avais vu revenir avec le corps sans vie de ta sœur. Dépouille mortelle à qui tu tenais encore. Corps glaçant. Corps perdu, irrécupérable. Tu voulais le tuer à ce moment-là. Tu le détestais encore plus qu'avant. Tu étais accompagné de Giovanni et de trois autres connaissances quand vous vous êtes pris aux biens de Santo. C'était comme une délivrance, mélangé à la violence. Détruisant tout sur votre passage comme des machines de guerres. Destruction ultime, il ne restait plus rien, mis à part lui. Peu de temps après tout cela, le coup était de trop quand il a décapité ton pauvre frère, Giovanni. Tête détaché du corps. Tête posée devant ton pauvre père. T'étais en train de t'envoyer en l'air avec Dina au moment des faits. 4. Ha la belle Dina Ricci. Poupée devant appartenir à Santo. Poupée aux cheveux blonds et au corps de rêve. Tu n'avais pas de pitié pour Sporcizia quand tu as couché avec Dina. Dina, fille inaccessible, fille envoûtante. Propriété privée aux yeux de Santo, mais ouverte à tes yeux. tu n'as pas hésité à prendre ton pied avec elle pour faire rager Santo, pour le titiller. Ça t'amusais et ça t'amuses encore. Tu comptes bien continuer ce petit jeu jusqu'à que Santo disparaisse de ta vie, des Calabrese et de la vie. Tu veux qu'il rejoigne l'enfer. Le Sheitan. Le diable en personne viendra l'accueillir. Il fallait qu'il paye pour tout ce qu'il a fait. 5. tu te vengeais comme tu pouvais de ton frère. Frère devenant légitime après la mort de Giovanni étant donné que les dernières volontés de ta pauvre mère étaient celle-là. Tu te battais tous les jours. Tu faisais du sport tous les jours, faisant grandir ton corps, faisant grandir la bête qui sommeillait en toi. Tout cela pour un but précis, une raison précise : éliminer Santo. Qu'il ne reste plus que des poussières. Poussières rouge. Rouge comme l'enfer. Santo était le diable en personne. Tu ne pourrais jamais dire du bien sur lui. 6. Tu te trouvais à Rome quand une belle brune t'as piqué. Coup de foudre. Brune répondant au doux nom de Katherine Östensson. C'était la seule femme que tu trouvais magnifique, qui avait de la valeur à tes yeux -sauf bien sûr ta mère et ta sœur-. À la fin de l'été, un peu trop bourré, sous la chaleur italienne tu l'avais demandé en mariage. Vous étiez donc fiancés. Vous avez toujours gardés contact. Elle était toujours ancrée au fond de ton cœur. Cœur dépité. Cœur rempli d'écorce, d'épine. Petit cœur brisé. Tu étais toujours fiancé à elle, mais tu ne sais pas si elle se souvenait de cela, si c'était toujours réciproque. Tu avais envie de la revoir pour savoir si y aurait une suite à cela. Tu n'attendais que ça. La retrouver comme au bon vieux temps. Si tu étais là, à l'université d'Harvard c'est bien grâce à elle. Elle t'avait contacté car elle avait aperçu Santo dans les couloirs. Tu avais réussi tous les examens d'entrées haut la main. Il ne manquait plus qu'une chose c'était bel et bien de retrouver ton Sporcizia. 7. tu n'as jamais été bon élève de base. Tu avais intégré l'université à Rome mais tu n'y allé quasiment jamais. Tu préférais papillonner à droite à gauche, sortir à droite à gauche, coucher avec des filles, avec Dina. Mais les études ne t'ont jamais trop intéressée. Ton patrimoine était déjà bien rempli, et l'est encore, alors à quoi te bousiller le crâne.  Peu avant la rentrée 2017 tu avais donc postulé pour intégrer la prestigieuse université d'Harvard. Étonné tu étais quand tu as su que tu avais réussi ce qu'il fallait pour l'intégrer. Tu faisais donc des études. Mais pas des études prestigieuses comme certains. Tu te donnais corps et âme dans le sport. C'était un domaine de prédilection chez toi. Domaine qui te faisais travailler ta haine envers ton frère. Haine réciproque sans doute. Il ne manquait plus que tu mettes la main sur cette saleté et que tu le termines, que tu l'extermines, afin d'avoir la vie dont tu rêvais. D'être celui que tu as toujours voulu être. .