The chaos and the calm (Jo)

Le sommeil avait peiné à le gratifier de sa compagnie. Alors les pupilles claires s'étaient appesanties sur les ténèbres de la nuit. Longtemps. Alysse avait été sa compagne du silence. Le calme dans le chaos. Mais le matin venant, la Brune avait du reprendre chemin vers le travail. Travail auquel il était sommé de ne plus aller désormais. Declan prenait peu à peu conscience du vide de son existence et de son impuissance, aussi, c'était insupportable. Et chaque jour, le cauchemar se répétait. Il erre ainsi dans son appartement, ne prenant garde au blizzard et ne subissant que sa tempête intérieure, lorsque des coups retentissent à la porte. Il arque un sourcil étonné, il n'attend personne mais avec tout ce qui se passe, sait-on jamais. Sa main se dirige distraitement vers sa poche pour tâter son arme. Qu'il n'a plus. Les réflexes sont tenaces. Il ouvre la porte. « Jo ? » s'étonne-t-il en voyant sa vieille amie sur le palier. Elle a du apprendre, elle vient sans doute pour en savoir plus. Mais voilà, il ne peut pas parler. « Entre, je t'en prie. » Et il laisse la porte entrebâillée, il la laisse voir sa déchéance, sa pauvre carcasse toujours en débardeur et pantalon de sport, à quoi bon s'habiller. C'est Cooper qui se foutrait bien de sa gueule, le traiterait même de lâche mais même ça lui importe peu.

La nouvelle de la mise à pied de Declan sonnait encore telle une bombe dans l'esprit de Jocelyn. Il fallait qu'elle s'absente deux semaines, quinze petits jours de rien du tout suite à une crise convulsive et le commissariat se trouvait sans dessus dessous, manifestement... l'idée d'en parler avec Alysse lui traversa l'esprit, pendant un dixième de secondes, avant de s'effacer brusquement et de la pousser à faire ses propres recherches. Fouine un jour, fouine toujours. Personne ne lui donnerait la moindre petite info, elle le savait mieux que personne, si bien que l'américaine ne souhaitait pas se rendre chez le lieutenant sans biscuit. Il lui fallut encore quelques petits jours avant de se pointer, dès potron-minet, lorsqu'elle fut sûre qu'il était bel et bien seul. Avoue, je t'ai manqué ! fit-elle avec culot pour essayer de dédramatiser la chose, puisque après tout, on ne change pas une équipe qui gagne. Son sourire ne quitta pas ses lèvres alors qu'elle pénétrait à l'intérieur de son appartement, après avoir y été invitée, son dossier discrètement plaqué contre son bras. Alysse t'as pas traité de clodo à être habillé comme ça, sérieusement ? arqua-t-elle un sourcil de surprise. Je nous fait un café avant de parler des choses sérieuses ? Histoire de pas te prendre à rebrousse-poil d'entrée de jeu, chou... Petit clin d’œil complice, mais Jo' n'avait pas encore bougé. Elle attendait que son poto l'y autorise.

Un sourire vint se pencher sur ses lèvres malgré le chaos qui noyait ses veines. L'azur se ranime pour se poser sur les prunelles familières de sa pote et partenaire. Jo' a le don de le ramener aux vivants, de donner le coup là où il faut, ni trop, ni trop peu. Ils ont partagé temps à l'aube de leur carrière, alors que leurs noms n'étaient que de vagues syllabes anonymes parmi d'autres. Alors qu'ils n'étaient rien et qu'ils avaient tout à prouver. Elle garderait toujours une place particulière parmi ses collègues et amis, de ceux qui partagent avec vous les vrais galères. Et encore une fois, elle prouvait qu'elle méritait cette place dans le cercle bien fermé du Lieutenant en suspension. « Je plaide coupable Capitaine. » Il avait pensé à elle presque immédiatement quand sa hierarchie lui avait annoncé sa mise à pied. A Alysse également et de façon presque surprenante à Cooper. « Elle ne fait jamais attention à mes fringues heureusement. Mais tu as vu pire toi aussi de toute façon. » Et pourquoi prendre le temps de s'habiller et de prendre soin de soi lorsqu'on était plus qu'un rebut ? Un inutile de plus. Il se dirige machinalement vers la cuisine ouverte puisque Jo a décidé de faire un café et en plus de parler de choses sérieuses. Il n'est pas le dernier des crétins bien qu'il se le demande souvent ces derniers temps et se doute bien que son amie n'est pas venue le tirer de sa déroute par simple envie de lui tenir compagnie. Elle a mieux à faire et elle veut savoir le pourquoi du comment, mais parler serait trop dangereux. Et en même temps si tentant... « Je ne bois jamais de café chez moi mais je pense que je peux faire une exception. » rétorque-t-il alors qu'il prend place sur un des tabourets de la cuisine américaine. Comme si il était l'invité de ses propres lieux. « J'ai envie d'une clope, t'as même pas idée. » Il avait arrêté il y a maintenant un an, mais ces derniers jours étaient une simple torture pour ses vieilles habitudes d'addict.