What's happening? • Darleigh

Un sms de Darren, rien de choquant, mais le contenu lui l'était. Ou plutôt flippant. Il avait cette urgence de te voir, te parler surtout. Ca ne devait pas attendre, c'était pour aujourd'hui. Pas demain, aujourd'hui. Tu ne peux pas lui dire de passer au loft vu que tu n'y es plus. Ni chez Lucky vu que les gens qui t'ont enlevé on réussi à rentrer chez elle et taguer son mur pour lui rappeler des mauvais souvenirs. Même là bas t'es plus en sécurité. Alors tu proposes de venir chez lui ou de se retrouver à un café. Son appart est le point de rendez vous. Tu y vas dans la foulée, une fois le lieu de rencontre défini. Déjà pas au top de ta forme, tu sens mal ce qu'il va te dire. Aucune idée de ce qu'il s'agit mais rien de rassurant. Est ce qu'il sait pour l'attaque chez Lucky ? Est ce qu'il a une piste ? Ou une autre nouvelle, terrible, à annoncer ? Tu galères a te rendre là bas, avec la tonne de neige qu'il y a sur les routes, la voiture n'est pas un bon plan, et y aller à pattes prend du temps. Bien emmitouflée dans une combinaison de ski, une grosse écharpe autour de ton cou, des gants sur les mains et un bonnet, tu arrives devant son immeuble. Un geste pour le prévenir, la porte d'entrée s'ouvre et tu montes jusqu'à son palier, commençant à enlever le surplus car chez lui il va faire chaud. J'ai fait aussi vite que j'ai pu, avec cette tempête c'est galère. C'était le bordel à Boston avec cette neige, les inondations même. Tu regrettes Porto Rico à cet instant. Qu'est ce qui se passe ? Tu sais qu'il a perdu un neveu récemment, et s'il se confie pas beaucoup, lui aussi, sait-on jamais qu'il est eut ce besoin de te parler d'un truc grave qui lui est tombé dessus. Autant rentrer dans le vif du sujet.

Le SMS du Maître chanteur était arrivé la veille au soir. Declan l'avait accueillit légèrement perplexe, il se doutait du renversement de situation et ne s'était pas trompé. Aussi, quand sa hiérarchie l'avait convoqué en fin de matinée, il ne s'était pas montré étonné. Vidéo à l'appui, il se reconnaît dégradant un bâtiment publique d'Harvard en compagnie de deux étudiantes. Ses supérieurs s'étonnent, il a toujours eu une conduite exemplaire et cherchent à savoir le pourquoi de ses agissements. Declan baisse la tête et ne dit rien, simplement parce que parler du chantage qu'il endure mettrait d'autres personnes en danger. Il a bien conscience d'alimenter un cercle vicieux mais il ne peut se permettre de parler sans en mesurer les conséquences. Les personnes concernées directement sont Ashleigh et Arizona, c'est aussi pour cette raison qu'il a informé l'Anglaise quelques instants plus tôt de son souhait de la voir. Ash' ne manque pas à l'appel, en bonne amie qu'elle est et débarque bientôt à son appartement. « J'imagine, ça a du être une vraie galère pour toi merci d'être venue si rapidement, je suis désolé de te mettre la pression, tu veux un thé ? » Il met l'eau à chauffer, pour elle mais aussi pour lui, et la Mather ne perd pas son temps pour l'interroger. C'est parfaitement compréhensible, il a exigé de la voir le jour même. Il ne va donc pas y aller par quatre chemins. « J'ai été convoqué par mes supérieurs ce matin et j'ai été suspendu de mes fonctions pour avoir dégradé un bâtiment public du campus, je fais l'objet d'une enquête en interne. » dit-il en levant les yeux vers elle. Son badge, son grade, c'était tout pour lui, et c'était un déchirement de le perdre même temporairement. Mais la plaie serait pire si il devait perdre encore une personne à laquelle il tenait.

Depuis ce premier enlèvement, depuis qu'il t'avait sauvé de ces hommes, il avait prit une grande place. Darren était devenu un ami, un vrai, sur qui compter dans n'importe quel coup dur. C'est vers lui que t'étais allée quand tu avais apprit le mariage de Denys et Louve. Il comptait plus qu'il ne l'imagine alors tu n'hésitais pas à accourir à sa demande. Les centimètres de neige n'allait rien y faire. Tu étais prête à braver le vent, le froid et cette tempête pour être présente pour lui comme il l'avait été pour toi. Surtout que c'était important et ça sonnait grave. Alors à peine arrivée, tu lançais le sujet. Pas besoin de tourner autour du pot. T'inquiète, je t'ai causé bien plus de tracas et t'étais loin d'imaginer que ce qu'il devait avouer était des tracas que tu avais engendré, indirectement. Et oui pour le thé. Ca allait te réchauffer. Le laissant faire, tu le suis, écoutant ce qu'il dit. Suspendu ? Lui ? Probablement le gars le plus sérieux que tu connais. Le plus coincé. Le plus papi comme vous aimiez en plaisanter. Tu comprenais pas, ni les mots qui suivaient. Dégradation d'un bâtiment du campus ? Ca sonnait tout sauf son genre. Pourquoi ? Pourquoi t'a fait ça et pourquoi il te suspende pour si peu ? Ca va c'était pas comme s'il était suspect dans une enquête d'un meurtre. Y avait plus grave pour le suspendre pour un pauvre bâtiment qui peut être repeint. C'est... ton implication dans les enlèvements ? Tu savais que lui aussi avait reçu un message après Thanksgiving. C'était la seule raison possible de son acte.

Elle lui avait causé bien plus de tracas. La pauvre, si elle savait. Declan ne dit rien cependant, amorce à peine un semblant de rictus alors qu'il fait infuser le thé quelques instants dans l'eau chaude. Il verse le liquide ambré dans les mugs qu'il a sorti quelques instants plus tôt et se dirige vers le canapé. Tout en s'asseyant il rétorque. « Je n'avais pas vraiment le choix, la police était dépassée par tout ça et tu étais retenue par ce maître-chanteur ou je ne sais quoi. Je pensais pouvoir en savoir plus en entrant dans son chantage et surtout que tu sois hors de danger. » Il s'était bien gardé de lui avouer tout ça avant, car justement comme elle l'avait dit plus tôt, elle lui avait déjà apporté son lot de soucis et il ne voulait pas qu'elle culpabilise. Declan devait néanmoins lui parler franchement. « En tant que flic, nous devons être irréprochable, même une conduite en état d'ivresse peut entraîner une mise à pied. Les bâtiments d'Havard sont classés patrimoine historique et culturel, ce n'est pas rien, c'est ce qu'exige le règlement. » Et les forces de l'ordre étaient intransigeantes avec leurs représentants, c'était tout à fait normal. Autrement, tout serait permis. « Le souci c'est que c'est le maître chanteur qui m'a dénoncé aux autorités et qu'il m'a bien dit que si je parlais à la police, les conséquences seraient terribles. » C'est pour cela qu'il avait fait venir Ashleigh, pas pour se faire plaindre non, mais pour dire toute la vérité.

Tu avais eut un doute, que Darren voulait te parler à cause de ces personnes coupables des disparitions de Thanksgiving. T'avais juste pas pensé que ça serait pour t'annoncer que son boulot il risquait de le perdre. Ni que c'était ta faute quelque part. Tu n'avais jamais demandé qui il avait dû protéger quand il avait dit avoir eut un message lui aussi. Mais là, cette question te démangeait. Me dit pas que c'est pour moi que t'as dû faire ça ? Tu n'avais pas cherché à connaître le nom de tous les autres disparus, tu avais préf oublier, ne pas ressasser ça. Erreur peut être. Alors tu attendais sa réponse, sachant pas trop quoi ressentir. Si c'était un oui, ça voudrait dire qu'il avait mis son avenir en péril pour toi, qu'il avait encore tenu son rôle de protecteur. Qu'il t'avait encore sauvé. De l'autre, tu sentais la culpabilité te ronger. Ce pressentiment que c'était bien ton nom qu'il avait reçu et pour lequel il avait dû faire ça. Dans tous les cas, tu trouves ça minime pour le suspendre. Il a rien fait de si mal non plus. Erreur, encore. Il t'explique que la moindre faute, minime soit-elle peut être représailles pour un flic. Ils doivent montrer l'exemple quoi. Et il avait bien lui aussi reçu encore un message de ce maître chanteur. Lucky aussi. Ils sont rentrés dans son appart et ont tagué son mur en lui rappelant un événement douloureux. Je dors actuellement chez elle, enfin je dormais, on ne veut plus y aller. Tu crois que... tu voudrais bien... qu'on reste ici si elle préfère venir là ? J'ai proposé d'aller au loft si elle préf, j'attends sa réponse. Tu veux lui changer les idées et tu veux te sentir en sécurité, chose qui n'a plus lieu dans son appart. Mais chez Darren, tu sais que tu n'as rien a craindre, t'as confiance. Et le loft te manque, malgré tout.

Ash' commençait à comprendre que tout ce guêpier dans lequel il s'était fourré partait d'elle, mais elle se trompait sur un point. « Je ne l'ai pas fait à cause de toi, je l'ai fait pour toi et à cause de ce taré qui fait chanter tout le monde. Ce n'est pas de ta faute, c'est de la sienne. » Elle n'avait pas à se le reprocher. Il la regarde fixement. « Tu aurais fait pareil à ma place. » Et il avait pertinemment que c'était vrai. La vie voulait que ce soit lui le sauveur et pas l'inverse mais elle réservait encore des surprises. L'Anglaise lui parle ensuite de sa meilleure amie Lucky, qu'il avait rencontré lors du bal de fin d'année quand il était encore Darren. Elle non plus n'avait pas été épargnée et les deux jeunes femmes avaient semblé vivre un enfer. « Vous êtes les bienvenues ici si vous le souhaitez, j'ai toujours une deuxième chambre. Vous serez plus en sécurité mais elle ne sera pas totale, je n'ai plus d'arme, ni de badge mais je sais me défendre. » C'était au moins ça, mais la vérité était là. Personne n'était en sécurité. « Ash, je voulais te voir aussi parce que le Maître-chanteur m'a fait comprendre que si je parlais du chantage, il risquait de s'en prendre aux personnes auxquelles je tenais. Une part de moi refuse de se taire, je ne veux pas perdre mon boulot sans avoir pu me battre équitablement. Ce n'est pas juste. » Malgré tout c'était peut-être plus sage, pour elle, pour toutes les personnes qui lui étaient chères. « Et je ne veux pas rentrer dans son jeu, mais je ne veux pas te mettre en danger. » Alors, il voulait savoir ce qu'elle pensait de tout ce merdier, parce qu'une chose était certaine, il ne ferait rien sans son accord. Badge ou non.

Tu te sentais mal, de savoir que Darren en était là par ta faute. A ses yeux c’était pas à cause de toi mais pour toi, oui, ça changeait peut être le sens, mais pas ta culpabilité. Tu appréciais quand même qu’il est prit ce risque pour te sauver, encore. Oui j’aurais fait pareil mais... J’aime pas savoir que tu vas perdre ce à quoi tu tiens énormément... Avec franchise, le coco il avait tout donné pour son travail. Il y était voué comme jamais. Il n’avait pas de vie de famille probablement un peu grâce à ça, aux risques que ça implique, aux horaires compliqués, au manque de présence avec sa bien aimé et de potentiels enfants, au danger qui entraîne ses proches. S’il perdait ça, c’était des sacrifices perdus, du gâchis et tu le tolères pas, pas par ta faute. Et tu finis par lui demander s’il vous accepterez avec Lucky, au cas où elle veut pas aller au loft. Sans surprise il accepte. Le flic en vient a une nouvelle confidence, cette menace de parler à la police et de s’en prendre aux proches si ça a lieu. Tu comprends ou il veut en venir, très rapidement. Je crois pas que leur cacher va nous aider. Je suis prête à courir le risque, dans tous les cas je suis en danger. Rien ne compte les arrêter, j’ai pas envie de flipper encore plus à chaque bruit au loin alors si tu pense que ça sera utile, fait le. Tu lui donnes ton accord, totalement.

« Il aime prendre ce à quoi on tient le plus justement. » Et pour lui sa carrière était vitale. C'était une vocation , ce qu'il était par essence. Nombreux étaient ceux qui lui reprochait ses aspects de Chevalier ou qui s'en moquaient. Mais Declan était profondément comme ça, il ne pouvait pas le changer. Et un Chevalier a des manières. Alors il demande à Ash' ce qu'elle pense de tout ça. Il se doute de sa réponse mais il a besoin de s'en assurer. L'Anglaise n'a jamais fait partie du clan des peureuses, au contraire, elle est parmi les plus vaillantes. Aussi n'est-il pas vraiment étonné de sa réponse. « Merci. » répond-t-il en la regardant. Il a toujours pu compter sur elle et elle a toujours pu compter sur lui. « Je pense que c'est notre meilleure chance de les voir derrière les barreaux, mais ça risque de ne pas être sans conséquence. Mais comme tu le dis si bien, il y aura des conséquences de toute façon. » C'était la perversion qui animait les types de ce genre, le simple plaisir de faire souffrir l'autre, de lui faire du mal, et cette joie était trop grande pour qu'il s'en passe, peu importe les actions de ses proies. « Vous allez venir avec Lucky alors ? Ça me rassurerait de vous savoir ici. » Plutôt qu'elles errent sans savoir où aller, sans se sentir en sécurité, il fallait qu'ils se serrent les coudes comme toujours. « Est-ce que Denys sera d'accord avec le fait que je te mette potentiellement en danger ? » Car Declan avait de l'estime pour le grec, et il ne voulait pas troubler une fois de plus leur relation.