Histoire
MON ENFANCE
Je suis née un certain vingt et un juillet 1995, à Capri, en Italie. Benjamine de deux garçons, dont Valentin, mes parents m'ont très vite fait comprendre que je n'étais pas la bienvenue dans cette famille pauvre mais très attachée à ses origines. Personne ne m'a jamais vraiment dit pourquoi ils ne s'étaient pas débarassés de moi dès ma naissance, mais le fait est qu'aujourd'hui je suis entrain de vous raconter ma vie, ce qui signifie qu'ils se sont tout de même un minimum occupé de moi. Enfin je ne fais que supposer, parce que je n'ai que de très vagues souvenirs de mon enfance. Tout ce que je sais je le tiens de mon frère, Valentin, qui m'a un jour tout raconté. Car un jour, je crois me souvenir que je lui ai demandé pourquoi nos parents ne s'occupaient pas de moi et que c'était lui qui tenait leur rôle. Il m'a alors expliqué que je n'étais pas désirée, mais qu'ils avaient tout de même décidé de me garder. J'avais à peine quatre ans lorsqu'il m'a dit cela, mais je n'ai jamais pu l'oublier. Je me souviens d'avoir passé beaucoup de temps avec mon grand frère. Par contre tout le reste, je ne m'en souviens pu.
DEUX MILLE UN ET PLUS ~ J'AI SIX ANS
Il me semble que c'est vers cette période que mes parents ont commencé à s'intéresser à moi. Je m'en souviens parce qu'ils m'ont offert un énorme coffret de légos que je voulais à tout prix ; c'était mon premier cadeau de noël de leur part. Je me souviens de sorties en forêt avec eux, d'après midi à jouer à des jeux de sociétés. J'étais petite, et je ne me rendais pas compte qu'en fait, je délaissais totalement mon grand frère qui s'était pourtant si bien occupé de moi avant que mes parents ne remarquent que j'existais. J'avais juste remarqué qu'il était de moins en moins à la maison, qu'il rentrait de plus en plus tard. Mais je ne me posais pas de questions, je me contentais de croire naïvement qu'il s'était juste fait des amis qu'il aimait bien. Et puis il y avait cette fille, Rosalia. Ils passaient beaucoup de temps ensemble, et elle venait souvent à la maison. J'étais contente qu'il sorte avec elle, parce qu'elle était gentille avec tout le monde et ils avaient l'air heureux ensemble. Je l'adorais.
DEUX MILLE HUIT ~ J'AI TREIZE ANS
L'année de tous les changements. Valentin m'avait vaguement parlé d'une certaine Marissa, une fille qu'il aimait vraiment. Je n'ai jamais pu la rencontrer, mais je lisais dans son regard à quel point elle était importante pour lui. J'étais vraiment très heureuse pour lui, mais un jour, sans que je comprenne pourquoi, mes parents m'ont annoncé que je ne verrais plus jamais mon frère parce qu'il partait en prison. Je n'ai jamais réussi à leur faire dire ce qu'il avait fait pour mériter cela, mais même s'ils m'avaient dit, je ne les aurais pas cru. Parce que leur voix trahissait le fait qu'ils ne voulaient plus entendre parler de leur fils, et que je savais qu'il était possible qu'ils mentent pour que je ne cherche pas à le revoir. Ce fut comme un déclic pour moi : ce n'était pas mes parents que je voulais pour s'occuper de moi, c'était Valentin. Et je connaissais mon frère, je ne le croyais pas capable de faire quoique ce soit pour mériter la prison. Et s'il avait en réalité vraiment fait quelque chose, ce n'était pas par plaisir. Il avait une bonne raison. Je n'ai pas eu de nouvelles de lui pendant un certain temps. Alors j'ai commencé à me rebeller. Je ne voulais plus que mes parents me prennent sous leur aile, et eux ne comprenaient pas. J'avais toujours été cette petite fille modèle, l'enfant dont tout le monde rêve, gentille, douce, sérieuse, assidue. J'excellais en tout, aussi bien dans mon comportement qu'à l'école. Mes parents étaient fiers de moi, alors le jour où je leur ai craché que je ne voulais plus être leur fille, ils n'ont absolument pas compris. Ils étaient bien trop égoïstes pour réaliser que je ne voulais pas ne plus voir mon frère, que j'avais besoin de lui, et que je l'aimais plus que je ne les aimais eux. Mais ils ne voulaient pas accepter une autre vérité que la leur, et je ne parvins jamais à leur faire comprendre ce que je voulais réellement. Alors pour me venger, j'ai décidé de devenir ce qu'ils ne voulaient pas que je sois. J'ai commencer à ne plus travailler à l'école, à faire le mur, à leur mentir. J'allais avoir quatorze ans.
Et puis un jour Valentin est venu me rendre visite, alors que nos parents étaient partis. Il m'a avoué qu'il comptait partir aux Etats-Unis. J'étais triste qu'il me laisse avec ces idiots de parents pour prendre son envol vers le pays du rêve américain, mais je savais qu'il faisait le bon choix. Il n'avait plus rien à faire à Capri. Alors je le laissais partir avec cette fille, son amie à qui il tenait énormément. Il m'avait fait la promesse que nous nous reverrions.
Malgré le départ de mon frère, Rosalia continuait à venir à la maison. Mes parents l'invitaient presque tous les soirs à dîner chez nous, et j'avais l'impression qu'ils avaient fini par remplacer mon frère par cette fille. Plus le temps passait, moins je voyais d'un bon oeil ses visites incessantes. Et j'avais raison, car un jour, elle nous a annoncé que Valentin l'avait trompé et que c'était fini entre eux. Dans un premier temps, j'y ai cru. Déjà parce que cette cruche était entrain de verser toutes les larmes de son corps comme une parfaite actrice, et ensuite parce qu'avec la distance qu'il y avait entre eux, Val' aurait pu tomber dans le piège de la tentation. Mais avec un peu de recul, j'ai vite commencé à avoir des soupçons sur la véracité de ce qu'elle disait. Jusqu'à cet été ou j'ai reçu pour la première fois, depuis son départ, la visite de mon frère. Je lui ai expliqué ce qu'il s'était passé, et il avait tout nié en bloc. Alors entre croire une fille sans gêne qui s'incruste tous les soirs chez moi, et croire mon frère que je n'avais pas vu depuis plus de six mois, mon choix avait été vite fait.
DEUX MILLE NEUF JUSQU'A MAINTENANT
Depuis mes treize ans, je n'ai jamais cessé de devenir quelqu'un d'autre. Vers quinze ans, j'ai commencé à faire des soirées, à fumer et à boire. Je passais tout mes week end bourrée, et j'ai même eu ma première relation avec un mec plus vieux que moi à seize ans. Je sortais tous les soirs, séchait certains cours, et ceux auxquels j'assistais n'étaient pas plus constructifs pour moi que ceux que je séchais tellement j'étais peu attentive. C'était un enchaînement intempestif de conneries. Mais avec ma nouvelle vie, j'ai réussi à faire ce que je voulais : me faire détester de mes parents, et venger mon frère. Je n'ai en effet jamais pu leur pardonner de m'avoir éloigné de lui, et à chaque nouveau jour qui passe, je continue à les détester un peu plus. Heureusement, chaque été, Valentin vient me rendre visite à Capri. Je ne lui ai jamais parlé de ma nouvelle vie et de ma nouvelle relation avec nos parents, parce que je le connais suffisamment pour savoir qu'il ne voudrait pas que je devienne ce je suis maintenant, et qu'il s'en voudrait s'il savait pourquoi j'ai fait tout ça. Alors je garde le silence, et attend avec impatiente que l'été arrive.
Mais un jour, sans que je ne comprenne pourquoi, je me suis bagarrée avec un un garçon de ma classe. Je crois me souvenir qu'il m'avait dit que j'étais une traînée. Je savais bien qu'il me détestait depuis qu'il m'avait fait des avances et que je l'avais recalé parce que je le trouvais totalement immature. Alors qu'il raconte des cracks sur moi, je m'en fichais. Mais s'il y avait bien quelque chose que je ne supportais pas, c'était qu'on me dise que j'étais une traînée. Surtout parce qu'on accepte pas l'échec à vrai dire. Alors je me suis battue avec lui, mais pas comme ces bagarres habituelles que je causais souvent au collège. Non en fait, ce garçon a été victime d'un coup de pied dans les parties puis d'un autre coup de pied au visage cette fois, qui lui a coûté un nez cassé. Je vous raconte pas l'état de mes parents quand le principal les a appelé en leur disant ce que j'ai fait. J'ai eu le droit au discours de la fille privée de sortie dans la voiture - comme s'ils pouvaient m'empêcher de quoique ce soit - puis à celui de la jeune fille qui allait rater sa vie une fois arrivés dans le salon. Tout ce qu'ils me disaient me passait totalement par dessus la tête, mais à un moment, ils ont commencé à parler de Valentin. Je me souviendrais toujours de ce qu'ils m'ont dit "A quoi tu joues Nat ? Tu veux finir aussi ratée que ton frère, en prison alors que tu n'es même pas majeure et tellement égoïste que tu passeras ta vie à faire souffrir tes proches ? " Le coup de grâce. Je suis entrée dans une colère monstre, en leur crachant tout le venin que j'avais en moi, leur expliquant que Val' avait toujours été le plus généreux de toute la famille parce qu'il avait été comme mon père alors que mes propres parents me délaissaient totalement. Puis finalement, je me suis préparée un sac de vêtements et je suis partie, me retenant de les assassiner.
Heureusement que quelques années avant j'avais décidé de faire des économies pour pouvoir rejoindre Val' aus Etats-Unis. Il me disait tellement de bien de ce pays et de sa vie là bas que chaque soir je ne pouvais m'empêcher d'imaginer comment serait ma vie si je n'étais plus sous la responsabilité de mes parents. Alors sur un coup de tête, je décidais d'acheter mon billet d'avion et d'aller là où il m'avait expliqué qu'il vivait. Quatre heures à peine après mon embrouille avec mes parents, j'avais prit la route pour Cambridge. A moi la nouvelle vie !