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15 décembre 2012.
Scrutant avec contemplation la complexité de l'horizon, me regard se perdait dans l'infini brouillard, une perle maritime glissant le long de mes joues mal rasées. La condensation, effet physique fort enseigné au lycée, ne se fit pas prier pour s'inviter sur la surface de mon manteau tandis que les flocons de neige immaculée se permettait d'obstruer à mon champ de vision. Une deuxième larme s'offrit le luxe de couler le long de mes joues frigorifiées par le froid, tandis que mon regard cherchait distraitement une trace de sa disparition dans le ciel s'assombrissant au dessus de mon crâne.
Jacobs était parti.
Pour de bon, cette fois ci. Je ne souhaitais plus jamais le revoir. Me mordant les lèvres de regret et d'amertume, je ne comprenais pas encore comment j'avais pu faire pour lui pardonner toutes ses conneries, toutes ses crises de jalousie ... Pour qu'au final, il commette ce même crime dont il m'avait accusé à tort et à travers six années auparavant. Un péché comme tant d'autres, l'adultère n'était pas à prendre à la légère ... Et malgré toutes ses excuses, toutes ses larmes et ses lamentations, je n'ai pas voulu l'écouter. Me retirant en silence dans ma chambre, je trouvais en le silence un réconfort amical ainsi qu'une source d'énergie en laquelle puiser afin de me décider sur la procédure à suivre. Et puis, le lendemain matin, je scellais la fin de notre relation.
- Je veux que tu partes. lui avais-je dit, froidement. Et que tu ne remettes plus jamais les pieds dans le même pays que moi. Je suis sérieux.
Un avion passa alors au dessus de moi ... Était-il dedans ? Je n'en savais rien, je ne voulais rien en savoir. Au moins il était parti silencieusement, sans me faire d'histoires, ni de crises. Au moins il avait eu assez d'honneur et d'humanité pour me laisser laver cet échec et cette humiliation sans avoir en plus à affronter ses prétextes ou ses accusations ... Mais malgré tout, la douleur ne se trouvait pas atténuée par le départ de Jacobs du pays. Elle aurait été accentuée s'il était resté à Cambridge, certes ... Mais je me trouvais toujours à souffrir, comme le con sentimental que j'étais. Adossé à un rocher, au bord d'un lac gelé, sous un déluge de neige interminable ... Je me contentais de savourer le silence du célibat, la solitude d'un changement de chapitre et dépression de la liberté.
Un oiseau volait dans les cieux. Un corbeau, noir comme le bonheur, sombre comme la lumière ... Les anges avaient des piques, les démons, des ailes plumées blanches. Le monde s'était retourné, était devenu un enfer incompréhensible où haut était bas et terre était cieux ; mer et océans se confondaient en mares de sang face à des habitants non avertis des dangers du monde extérieur. Il fallait avoir touché le feu pour se brûler ; il fallait avoir croqué dans la pomme pour se faire chasser du paradis. Il fallait avoir touché pour comprendre que l'on courait après un fantôme.
Ma musique déprimante s’interrompt. Génial. Plus de piles dans ce putain d'iPhone. Me voilà donc seul, face au lac. Seul avec mes pensées et mes souvenirs dont ma seule envie est de me débarrasser. La vie est injuste ? Ta mère, elle est injuste. Et moi, j'en ai marre de tout faire bien, sagement, proprement et honnêtement. Merde, quoi.
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