KITTY J. PARK ► lalisa manoban

Gangnam-gu, ce quartier qui m'a vu grandir au milieu des élites de la ville tout en ressemblant à un spécimen digne d'un jeu vidéo japonais. Si je me suis longtemps sentie comme prisonnière de cet environnement bien trop basé sur les apparences et les revenus de chacun, j'ai appris à tirer profit de ce qui me différenciait de ces autres potiches. Sans cette constante pression de devoir entrer dans le moule de la parfaite petite fille, je n'aurais certainement pas pu forger cette haine de la société qui me donne comme seule ambition de la transformer pour changer ces mœurs idéalistes du monde des riches. Il ne faut pas pour autant croire que je rejette cette appartenance. Je suis riche, je l'assume et j'en profite, je ne joue pas la victime et je ne le ferai jamais. Je refuse tout simplement de me plier aux soit-disant règles que l'on cherche à m'imposer.

Je ne suis pas dans le même état d'esprit que ces gens, je vois beaucoup plus loin que Gangnam et c'est pour ça que je ne cherche pas à faire d'efforts, je veux bien trop découvrir pour y vivre toute ma vie. Je rêve de futur, d'espace, de science-fiction, d'irréel, de folie et d'un monde sans limites. Petit point important : je n'ai jamais consommé de drogues. Je tenais quand même à la préciser. J'ai des passions très alternatives, mais l'avantage d'être cette personne c'est que je sais pertinemment que si les gens m'apprécie, c'est pour qui je suis et pas pour mon poids en ₩.

Si cette voie de la rebelle prise avec détermination rend ma mère fière, mon père a un tout autre avis. Il a toujours eu cette image d'avoir une famille parfaite  et de rencontrer le succès dans son travail. Disons que son objectif est à moitié atteint, son label musical est fleurissant et commence à se faire un nom dans l'industrie musicale coréenne. Pour ce qui est de sa famille, on peut pas dire que le mot perfection soit le mot le plus approprier pour la qualifier. Je ne nous jette absolument pas la pierre, j'adore ma famille, mais ce n'est pas ce que mon père voulait, et nous le fait bien comprendre au quotidien par son absence permanente. Ses efforts de père se sont arrêté après le départ de mon frère aux États-Unis. Ils se sont quittés en très mauvais termes il y a plusieurs années lorsque j'étais encore au lycée. Leur divergence d'opinions concernant l'avenir de mon frère a eu raison de leur relation, et la famille se retrouve éclatée depuis qu'il est parti. Ma mère tente tant bien que mal de maintenir un contact avec lui, mais mon père estime n'avoir qu'une fille désormais. Il a beaucoup moins insisté pour que j'intègre son label par contre, et je préfère me dire que c'est par peur que ça se termine comme avec mon frère plutôt que par mon talent médiocre pour la musique.

On pourrait penser que je manque d'énormément d'affection de la part de ma famille, mais c'était sans compter sur ma mère, cette femme exceptionnelle. J'ai beaucoup voyagé avec ma mère pendant que nous avions des vacances toutes les deux. Pour mon 1er voyage je n'étais qu'avec elle, et nous étions allé en Chine. J'ai ensuite parcouru la Thaïlande, la Russie, l'Europe et plus récemment le Japon, cette fois accompagné de mon père. C'était d'ailleurs un cadeau de sa part, ça songeait vouloir dire de sa part qu'il veuille repartir sur de bonnes bases avec sa famille, mais c'est tout simplement un voyage d'affaire qu'il avait maquillé comme une virée familiale dans le destination de rêve de sa fille.

Il y a 3 ans de ça je suis arrivé aux States, par désir de changer d'air et surtout par conviction. Je voulais changer le monde, le faire accélérer jusqu'à le faire basculer dans le futur. Si je résonne comme une illuminée, c'est peut-être le cas mais au moins je sais que peu importe l'ampleur de mes ambitions, j'arriverai à faire changer les choses. Enfin... J'y arriverai le jour où il n'y aura pas Star Wars ou Tron à la télé, faut pas abuser non plus. Et qui sait, peut-être que sans m'en rendre compte j'avais aussi ce besoin de me rapprocher de mon frère.