Invité
est en ligne
Invité
Allongée sur ton lit, ton téléphone ne cesse de vibrer. Cette nouvelle application, ce nouveau moyen pour toi de sombrer encore un peu plus dans la décadence, de t'y creuser un putain de trou et ne plus réussir à t'en sortir. Tu y prends goût à cette vie, à ce quotidien plein de surprises, de jeu, de suspens, de passion que tu touches à chaque fois du bout du doigt. Jamais de trop près, malgré le fait que tu cries sur tous les toits vouloir goûter à cette haine passionnelle, irrationnelle, au fond.. T'en as terriblement peur. Alors tu papillonnes, à droite à gauche, revenant parfois butiner les mêmes fleurs quand leur miel se fait exquis. Et ce soir, tu vas en découvrir une nouvelle, de fleure.. Paraît qu'elle est sauvage, autant que toi. Paraît qu'elle a déjà goûtée à la haine elle, à l'amour dévastateur aussi d'après les minces lignes de son récit trop court. T'as encore soif de savoir, peu importe comment.. Tu veux qu'il te raconte, tu veux rêver dans ses paroles, dans ses souvenirs qui ne sont pas les tiens. Au moins, t'essayeras de comprendre, de t'imaginer à sa place et d'en ressentir les mêmes émotions au fur et à mesure de ce qu'il pourra bien te raconter. Tu souris, les messages de la fameuse blonde de la soirée te font rire. Elle a du culot, et t'apprécies. Ça t'excites même, mais Ajay revient à la charge en te signalant sa présence. Le coeur qui s'emballe, c'est l'adrénaline qui te submerge d'un coup sec, violent alors que tu te redresses, quittant ton lit pour enfiler tes chaussures en titubant. Le téléphone toujours en main, tu lui réponds que t'arrives dans une minute, juste le temps de passer ta main dans tes cheveux histoire d'arranger un peu tes ondulations sauvages. La porte claquée, tu descends en bas de l'immeuble, plissant les yeux pour apercevoir une Porsche garée à quelques mètres et tu souris. T'avances, regarde à droite et à gauche avant de traverser en trottinant. - Montre moi ton corps ! Que tu exiges, tu veux voir s'il a vraiment relevé le défi, ou si c'était juste du blabla pour pouvoir t'approcher autre qu'à travers un écran.
T'es presque certaine que tu vas passer des heures sur cette application, que ça va être ton joujou pendant encore quelques jours. Tu t'sentais seule ici, en fait, à part des exs à toi pratiquement, tu connaissais personne d'autres. Tu sais pas si c'est un excellent moyen pour te faire des potes, t'as eu que des conversations cochonnes jusqu'à présent, mais au moins.. Tu respires un peu de renouveau. C'est ce que tu voulais non ? En venant à Harvard, en quittant l'Italie ? C'est ce que tu voulais; refaire ta vie. Alors c'est ce que tu fais, même si cela veut dire que tu vas à la rencontre d'un mec à moitié à poil à qui t'as donné ton adresse et celle d'Asia par la même occasion sans savoir si c'est pas un tueur en série, ou un putain de pervers. Ton immaturité qui prend le dessus, encore une fois. Gamine irresponsable qui avance des qu'on lui secoue un bonbon sous le nez. En l'occurrence, le bonbon, c'était Jay ce soir.. Et il a eu le cran de venir te voir à moitié nu, comme t'avais exigé sur tinder. - Ça se mérite de pouvoir voir mon corps tu sais.. C'est pas parce que t'es assez con pour venir me voir en boxer alors qu'il fait -25 degrés que ça te donne le droit d'avoir des exigences. Que tu souffles dans le plus grand des égoïsmes, le regardant de haut en bas, de long en large se geler debout devant sa caisse. T'as presque envie d'éclater de rire, mais t'apprécie le geste et la vue qui s'offre à toi alors tu dis rien. Tu tournes la tête, ses mots t'obligeant à regarder ce qu'il se passe derrière toi, d'apercevoir ce petit couple tranquille se baladant sous une lune à demie pleine avant de croiser un pauvre connard à poil. Tu les regardes prendre limite la fuite, tu pouffes un petit rire avant de reculer d'un pas, dévisageant une dernière fois la silhouette de Jay frigorifiée. - Non.. Pas encore. Haussement d'épaules, tu lui tournes le dos pour regarder la route et si la voie est libre pour traverser à nouveau. - On va chez moi, alors inutile de t'encombrer avec tes vêtements. Que tu dis en mettant tes mains dans les poches, bougeant les jambes, un moyen débile pour te réchauffer.