Posée sur le lit de ton frère, tu fixes le plafond et tu te questionnes sur tout. Depuis les évènements de Thanksgiving, tu dois bien avouer que t’as plutôt mal tourné. Tu t’es renfermée sur toi-même, t’as décidé de plus mettre les pieds dehors sans raison valable et tu supportes difficilement de te retrouver seule. Sauf que tout ça, c’est pas toi. Tu t’es perdue, tu le sais, mais dur de te l’avouer. T’as d’ailleurs lâché ton téléphone durant les dernières semaines, préférant ne penser qu’à toi, à tenter de te retrouver en te rendant régulièrement chez ce psy que t’a conseillé ton père. Il t’a aidé, quelque part, t’en doutes pas ; mais tu sais que t’as un gros travail à faire sur toi-même et que c’est pas demain la veille que t’arrêteras d’être parano. Si c’était si simple, ça se saurait ; tu demandes que ça d’ailleurs. Mais soudain, alors que t’es perdue dans tes pensées, tu sens ton téléphone vibrer sur ta peau. C’est vrai que tu l’avais oublié, posé délicatement sur ton ventre. Sans doute qu’il se serait cassé la gueule un peu plus tard si t’avais pas eu de message au vu de ton oubli. Mais qu’importe ; tu l’attrapes rapidement et tu fais glisser ton doigt dessus, tapotant machinalement le mot de passe qui protège ton Précieux. Et t’as ce petit sourire qui se glisse au coin de tes lèvres quand tu lis le message. Un ordre. C’est qu’il tient à te sortir ce soir, aussi tard soit-il.
Si ça peut te permettre de penser à autre chose voire même d’oublier le temps d’une nuit tous tes tracas, t’es bien partante. T’en as besoin, c’est clair. Déjà un minimum enjouée à l’idée de cette soirée, tu bondis rapidement du lit de ton frère pour te préparer en vitesse. T’as pas envie de faire un maximum d’efforts, alors tu troqueras les escarpins pour des bottes hautes. Tu tâches de te coiffer du mieux que tu peux pour ne pas laisser ta crinière prendre le dessus sur ton visage d’ange ; sait-on jamais que ce dernier puisse te sauver la mise cette nuit, qu’importe la raison. Sauf qu’au vu du klaxon qui retentit devant l’immeuble de ton frère, t’es visiblement particulièrement lente ce soir. T’en avais pourtant pas l’impression, mais qu’importe : t’attrapes ton sac au passage et tu claques la porte derrière toi avant de dévaler les escaliers en quatrième vitesse, à deux doigts de te ramasser de tout ton long une fois arrivée en bas. Et tu ralentis pas le pas, bien au contraire ; tu préfères éviter qu’Ajay s’excite davantage sur son klaxon et qu’il emmerde absolument tous les voisins à cette heure-ci. Une fois à hauteur de sa voiture, tu tapes sans relâche sur la lunette arrière de la voiture, puis les deux vitres côté passager, un large sourire aux lèvres. Tu te dis que la soirée promet déjà. Finalement, tu te poses aux côtés du damoiseau, écrasant tes lèvres sur sa joue en guise de salutations. « T’aurais peut-être pu éviter d’emmerder les voisins de Marin à klaxonner comme un con, tu crois pas ? » que tu lui lances, taquine. « Alors, pour quelle raison tu me déranges à cette heure ? J’espère que t’as prévu un bon truc parce que sinon je me casse ! » là encore, tu souris. Tu te doutes que la nuit ne sera pas de tout repos et c’est bien ce qui t’intéresse.