bad romance.

Un retournement de situation, un de plus. Tout n'est que palpitantes péripéties. Cette fille, cette Dylan, encore une soirée promise à ses côtés. C'est toujours assez étrange quand tu te trouves près d'elle. Tu as à la fois l'excitation de l'instant, l'envie d'approfondir tout ça, et puis aussi, juste, la bonne sensation au creux du coeur, cette étincelle de bonheur, de joie. C'est rare que tu te sentes bien en compagnie d'une fille que tu ne fais que séduire. Elle, tu sais que ce n'est pas qu'une simple amante. Rien ne s'est jamais, des caresses, des faux baisers, mais rien de plus. Il n'y a pas cette chaine invisible qui lie vos deux corps. Aucune de vous n'a fait de pas en avant pour ça. Surement parce que vous n'en voulez pas. Vous voulez juste vous charmée, vous amusée de vos charmes, de vos atouts. Après tout, c'est dans ce genre de relations qu'on se rend compte de la véritable portée de notre charme. Bref. Dylan a beau être une magnifique fille, tu ne veux pas plus que ce que tu as déjà avec elle. Tu la considères comme une amie. Certes, c'est assez chaud pour deux simples amies, mais tant pis. C'est comme ça que ça se passe entre vous, tant pis si ça dérange les autres.

Un dernier coup de balais et voilà que ta chambre est prête à l'accueillir. C'est souvent chez toi que vous passez vos soirées, allez savoir pourquoi. Tu aimes être chez toi, dans ton environnement, avec quelqu'un d'autre. La solitude ne te déplait pas tellement, mais un peu de compagnie n'a jamais fait de mal à personne. T'as rempli ton frigo de bouteilles en tout genre. Vous allez avoir le choix si vous voulez vous foutre à l'envers. Une fois tout propre, tout parfaitement rangé se pose alors la question de la tenue. Comment tu peux te fringué? Après une bonne douche bien tiède, tu te plantes en sous-vêtements devant ton armoire. Tu balayes des yeux ton immense penderie d'un oeil critique. A croire que ce que tu vas mettre, c'est une question existentielle. Savoir quel haut mettre avec quel bas pour être le plus possible à ton avantage, ou au contraire à ton désavantage pour une simple soirée à deux. Tu choisis l'option simple soirée et t'enfiles un pull d'Harvard avec un jogging I Love Pink, tout bête. Tu vas alors t'allongée sur ton canapé en attendant que ta belle toque à la porte.

INNOCENCE & DYLAN

Il y a des moments où rien ne parait compliqué. Ces moments où tout s’accélère dans votre vie, au point où vous en perdez le rythme. Votre respiration est saccadée, vous ne savez plus ce qui se passe autour de vous. Vous êtes complètement perdu, et puis, pendant quelques secondes vous vous confortez sur un paisible ilot, loin du reste, et profitez enfin pour respirer la tranquillité improviste. Les moments passés en compagnie d’Innocence en font partie. Dans une confusion totale, enlisée sous les évènements récents de ma vie, cette soirée est une bouffée d’air frais.
Innocence et moi, nous ne sommes que des amies qui glissons sur les frontières de l’affection. Ça va, ça vient, c’est simple. Bien loin des drames sentimentaux qui entourent la jeunesse de ces jours. La simplicité, c’est tout. Parce que nous n’y pensons jamais. Et si j’osais y réfléchir, tout risquerait de devenir incertain et gâcher ce dont nous nous suffisons. Mais c’est là. Je n’ai pas besoin de me poser la question, à côté d’elle, j’ai juste envie de sourire, de m’amuser et d’oublier nos soucis. Pas besoin d’en ajouter un nouveau. On se plait, on se charme, et nous n’en demandons pas plus. C’est juste un jeu dont les règles se sont définies sur l’instant.
J’enfile juste un pull avant de partir. Le plus simple, un peu trop large, parce que la température extérieure se rafraichit, et parce que c’est confortable. Comme notre amitié. Confortable. Et puis, un détour rapide chez un fleuriste encore ouvert à cette heure, pour lui ramener une petite surprise. Une simple attention. Parce que ça lui fait toujours plaisir, et que j’aime bien ça. Egayer sa chambre. Sans ambiguïté. C’est ma façon, c’est comme ça que je marche. Ma manière à moi de la charmer. Je ne suis pas une de ces filles qui se pointent pour tirer un coup et repartir. On est un peu comme ces vieux couples dans les téléfilms du dimanche soir. A la seule exception que nous ne sommes pas un couple. Des potes, voilà. Pas vraiment d’baise. Des faux-semblants et parfois beaucoup de tentations. Trop. Parfois elle me fait tourner la tête, mais on ne franchit jamais le pas. Sans doute parce qu’on a peur du bordel que ça engendrerait, ou parce que nous sommes responsables. Non, certainement pas responsables.
Et puis, j’arrive finalement devant la porte de sa chambre. Je replace une mèche de cheveux grossièrement derrière mon oreille, respire un bon coup et sonne à sa porte. J’attends qu’elle m’ouvre, ma rose à la main, et enfin, elle apparait. Je lui lance un clin d’œil, accompagné mon sourire le plus charmeur. « Salut babe. »

INNOCENCE & DYLAN

Pas même besoin d’attendre, quelques secondes après avoir toquer, la porte s’était ouverte pour laisser apparaitre la belle. Innocence et son adorable sourire m’ont accueilli par une accolade. Elle m’a prise dans ses bras, et j’ai pu sentir sa chaleur contre moi. Agréable sensation, comme toujours en sa compagnie, et tout allait bien. J’ai enfoui mon visage dans son cou pour y déposer un baiser furtif en guise de bonsoir et pendant quelques secondes, j’ai profité de cette position pour respirer son parfum. Enivrant, comme à son habitude. Elle a toujours cette odeur captivante, celle qui vous donne envie de rester à ses côtés jusqu’à ce qu’elle devienne votre oxygène. Une fragrance de féminité, mélangé à une incroyable douceur. Notre étreinte s’est terminée, et elle a vu ma rose. Elle a rougit. Parfait, c’était l’effet escompté. S’il n’y avait aucune arrière-pensée déplacée derrière une tonne d’ambiguïté dans notre relation, l’attendrir avec mes attentions romantiques était mon passe-temps favori. J’ai souris à mon tour, avant de hausser les épaules nonchalamment pour lui répondre sur le ton de l’ironie. « Si tu n’en veux pas, j’trouverai bien une jolie fille à qui l’offrir, hein ! » Je lui ai finalement donné la fleur. Parce que de toute façon, je n’aurais pu trouver une fille capable de la remplacer dans les environs. Comme une chose dont nous essayions de nous détacher, notre relation était au fond, devenue l’une de nos habitudes hebdomadaires. Le moment de détente assuré dont nous avions toutes deux besoin. Et l’idée de la remplacer me devenait, au fil du temps, inconcevable. Ne pas s’accrocher, c’est ce qu’ils disent tous avant de finir face au même problème. Mais nous étions différentes, comme tous les autres, à s’assurer que ça n’arriverait jamais. Tout était trop simple pour risquer de compliquer les choses, il suffisait de se contenter de ce que nous avions. Je suis finalement entrée dans la chambre, parfaitement rangée, et deux bières nous attendaient sur la table. Bien sûr, elle avait tout prévu. C’était une des qualités appréciables chez elle, nos soirées se déroulaient toujours parfaitement parce que rien n’était laissé au hasard. Rien, sauf les égards parfois causé par les dégâts de l’alcool. J’ai remonté mes manches pour mieux apprécier la température ambiante de la pièce, laissant certains de mes tatouages apparaitre. Comme ça, j’étais à l’aise, comme chez moi. J’ai attrapé la bière qui m’était destinée, trinqué vivement avec elle, avant de m’assoir sur le lit et de relancer mon attention vers elle. « Qu’est ce que tu nous as prévu ce soir ? Soirée film ? »

INNOCENCE & DYLAN

Elle revient finalement, un vase contenant ma rose à la main, qu’elle dépose sur la commode proche de son lit. Je laisse apparaitre un sourire satisfait sur mon visage, je crois que ma délicate attention a fait l’effet escompté. Tant mieux, comme ça, elle aura un souvenir de moi dans sa chambre, et chaque fois, elle se rappellera nos soirées paisibles jusqu’à ce que la fleur se fane. J'ai toujours cette chaleur au fond du cœur quand j'arrive à faire sourire Innocence, comme si ses instants de bonheur contribuaient au mien. J’en profite un instant pour l’admirer de dos, ses formes que je ne connais trop bien de les avoir observées. En toute amitié, bien sûr, puisque c’était là notre statut. Mais je dois admettre que cette fille est absolument magnifique. Son visage parfaitement dessiné, son corps élégant, et son rire. Innocence est perfectionniste jusqu'au bout. Le vase, parfaitement placé selon les habitudes de la jeune femme, elle s'est retournée pour me rejoindre sur le lit. Et à ma question sur l’ordre du jour, elle me proposait de visionner les fameux REC. Ouais, pourquoi pas. Je n’ai jamais été très à l’aise devant les films d’horreurs, mais c’était l’occasion rêvée de prendre mon courage à deux mains. Et puis, je n’avais pas envie de me défiler face à Innocence. Sans doute trop fière, je préfère jouer à celle qui n’a peur de rien. « REC, ça m’va. J’serai là pour te cacher les yeux quand t’auras peur, trouillarde ! » Elle s'installe à mes côtés alors que j'approche la bière de ma bouche. Trois gorgées, et le liquide me glace de l'intérieur et rafraichit mes ardeurs avant même qu'elles ne grandissent en moi. A nouveau proches, je peux sentir son parfum embaumer la pièce. C'en est presque rassurant, réconfortant, comme odeur. Et puis, je m’adosse au mur contre le lit, installée confortablement, un coussin derrière le dos avant de reprendre la parole, un sourire en coin. « Et on éteint la lumière, hein, sinon on n'sera pas dans l'ambiance, et ça fera moins peur ! » Avec Innocence à quelques centimètres de moi, éclairées par la simple luminosité de l'écran, et une bière à la main, peu importe le film : ses soirées-télé s'annonçaient toujours intéressantes.