don't be so shy (ezna)

Game over. Ezio avait joué et s'était, pour la première fois de sa vie, laissé tenté par l'amour. Malheureusement pour lui, il s'était brûlé et avait perdu. Ses vieux démons avaient refaits surfaces et avaient ruinés son couple. C'est un homme blessé et meurtri qui se rendait à cette soirée. Il voyait des potes dans l'unique but d'oublier. Le premier night club faisait l'affaire, il était juste là pour boire et se vider la tête. Voilà une heure qu'il enchaînait les verres, l'esprit préoccupé et blessé. La musique allait fort dans ses oreilles, la folle ambiance rythmait ce début d'année. Pourtant, il avait beaucoup de mal à se mettre dans l'ambiance et restait en retrait. Un énième verre dans la main, il n'était pas saoul et était encore pleinement conscient de ses faits et gestes. Assis sur l'une des banquettes de la boîte, ses yeux balayaient les personnes présentes sans le moindre intérêt. Ezio se demandait clairement ce qu'il foutait là. Au-delà de se mettre une murge, il n'avait pas envie de parler et de faire des efforts. Ses potes essayaient de lui parler mais le bel italien semblait être hermétique à toute discussion. « Oh Ezio qu'est ce qui t'arrive gros ? » lui hurla l'un de ses potes. Le jeune Scorsese tourna sa tête vers lui et fronça les sourcils. « Vas-y, bouge de là toi. Perché stai parlando con me ? Fottiti ! » jura-t-il dans sa langue maternelle. Il bu son verre d'une traite et le posa lourdement sur la table de basse. En ayant marre d'être avec ses potes, il se leva et partit sans le moindre mot. Il se faufila entre les étudiants, entre les jeunes qui dansaient sans se soucier de personne. Il bouscula une fille par inadvertance. Même si Ezio était au trente sixième dessous, il se retourna et posa sa main sur le bras de la blondinette. « Perdonami. » Il n'avait même plus la force de parler anglais. Il voulait juste boire et oublier. Tout oublier. Il lui afficha néanmoins un petit sourie avant de se diriger vers le bar. Il commanda un nouveau verre et se tourna vers la piste de danse. Ses yeux se posèrent de nouveau sur cette fille, il échangea un regard avec elle et, machinalement, un petit sourire. Lorsque le serveur lui apporta son verre tant convoité, il le prit dans sa main et le leva en direction de la belle inconnue.

La soirée bat son plein. Obscurité, néons qui dansent tout autour de toi, éclairant des visages à moitié écorchés qui se cachent dans l'ombre pour la vision d'une beauté délicate. Les visages pervers, qui se dévoilent presque timidement, leur seuls occasions d'avoir le droit de laisser parler leur désirs interdits. Et il y a toi, au milieu de cette piste, le cœur battant la chamade et les pupilles dilatées. T'es au maximum de ta forme, t'es bien, et tu danses à en perdre tes jambes. Tu sais pertinemment que demain, tu vas te maudire d'avoir autant donné sur cette piste crade. Mais là, t'es juste incapable de t'arrêter. Deuxième jours dans cette fameuse nouvelle année, deuxième soirs, et décidément t'as pris aucune bonne résolution. Puis t'en as pas envie, tu trouves que t'es bien comme ça, t'as pas besoin de changer. Le sourire aux lèvres, tu tournes sur toi même, les autres qui tournent autour de toi. Une nouvelle personne à chaque fois vient de planter en face de toi, et tu n'y prêtes aucune attention. Et on te bouscule, la collision retient ton attention et tu te retournes subitement vers cette personne qui tient ton bras. Ta main passe dans tes cheveux pour les rejeter en arrière, ton regard s'arrête sur ses yeux assombris par la tristesse. La détresse. Putain ! Tu trouves ça d'une beauté sans nom, indescriptible et tu restes immobile quelques secondes. Même quand il relâche ton bras, s'excusant en italien, venant te frapper de tes souvenirs passés, et il finit par s'enfuir en direction du bar. Toi, t'es encore planté là, debout bêtement à le regarder s'en aller. Tu te remet doucement à danser, incapable de ne pas jeter quelques coups d'oeil dans sa direction. Il lève son verre, un sourire satisfait traverse tes lèvres, et tu décides finalement de le rejoindre. - Mi offri da bere? Que tu demandes naturellement dans ta langue maternelle, venant t'accouder sur le comptoir juste près de lui, le regardant par dessus ton épaule, un sourire malicieux.

Ezio adorait draguer, c'était comme une seconde nature pour lui. Mais avec sa relation avec Louison, il en avait presque perdu les bases. S'il était dans ce night club ce soir, ce n'était pas pour courir derrière les filles, il voulait juste noyer son chagrin dans l'alcool pour oublier. Peut être que lorsqu'il sera complètement ivre, il approchera la gente féminine mais dans l'unique but de baiser, rien de plus. Il était démuni et ignorait comment supporter une telle situation. La solitude s'était installée dans sa vie sans qu'il ne puisse s'y opposer. Le vide et le néant s'étaient imposés à lui. Alors forcément, lorsqu'il croisa le regard d'une sublime blonde, il ne quitta pas le périmètre et alla simplement se chercher un nouveau verre. Une fois celui-ci dans sa main, il le leva dans sa direction et afficha son plus beau sourire. Tout n'était qu'apparence. Son sourire vint s'intensifier lorsqu'elle s'approcha de lui, se posant à ses côtés. Machinalement, il tourna sa tête pour l'observer grossièrement. « Avec plaisir. » dit-il dans sa langue, dans son italien tant adulé. Il se retourna complètement pour également s'accouder au comptoir. Il appela le serveur d'un élégant signe de la main. « La même chose. » lui ordonna-t-il presque, tout en faisant glisser son verre juste devant la belle inconnue. Reportant son attention sur elle, il laissa ses yeux balayer son corps et afficha un rictus sur le bord de ses lèvres. « J'ai pas voulu interrompre ta danse sexy, y'a trop de monde ici, mon corps a heurté le tien par inadvertance. » dit-il le plus sérieusement du monde. Son regard était grave mais le fin sourire sur son visage le trahissait. Bordel, il ne connaissait pas cette fille mais rien que d'être à ses côtés, il ressentait ses vieux démons remonter à la surface. Elle lui inspirait beaucoup de choses, des choses pas forcément très catholiques. Ezio remercia le serveur qui vint déposer son verre. Il le prit et le tendit vers la belle inconnue. « A la tienne, ... ? » la laissa-t-il finir et compléter sa phrase. Tout d'un coup, cette soirée commençait à devenir intéressante. Allez savoir pourquoi.