Look what you make me do! [Joce]

Jocelyne. Relation complexe à expliquer. D’ailleurs, pourquoi l’expliquer ? Rien à dire. Rien à signaler. Si l’amour vache avait eu besoin d’un exemple ou d’une image, leur amitié tordue aurait parue sur la page. Il n’y avait qu’à regarder pour comprendre. Aucun masque à porter. Aucun besoin de prendre des nouvelles à tout va, de se rappeler d’un anniversaire ou des convenances sociales. Chacune veillait sur sa propre personne et sa carrière. Quoi de mieux qu’une rivale de taille pour se pousser vers le sommet ? Quoi de plus sain qu’une bonne langue déliée pour souligner les travers à corriger ? Alysse et Jocelyne alliaient divers contraires par leurs étranges similitudes. Finalement, rien de facile à ne pas ressentir.

Admiration. Agacement. Une pointe de jalousie. Alysse cherchait à tempérer ses craintes de ne pas parvenir à être à la hauteur. Ce weekend promettait de nombreuses prises de becs dont elle et Jocelyne avaient le secret. Hors de question de laisser la plantureuse policière prendre le dessus. Alysse avait besoin de redorer son blason après le fiasco de sa carrière. Arriver à entrer dans la DEA parce que sa mère avait écarté les cuisses avec quelques hauts placés tâchait ses performances… celles d’Alysse et non celles de Susan sous un bureau, dessus ou ailleurs.

Aussi, la brunette descendait de sa voiture et balançait son sac sur ses épaules avant de rejoindre Daisy, leur amie commune. La tenue restait simple et confortable pour crapahuter un peu partout en toute tranquillité. Verte et marron kaki, les couleurs passaient partout. Les cheveux bouclés avaient été regroupé en une queue haute elle-même nouée en chignon solidement bloqué à l’arrière de son crâne.

« Salut, D. » Lança-elle avant d’adresser simplement un signe de tête à Jocelyne. Ce qu’il ne fallait pas faire pour la paix des ménages. Rapidement détournée, son attention tomba sur la personne qui s’approchait, probablement pour expliquer le déroulement de l’après-midi en forêt.  « C’était obligatoire d’être dans la même équipe ? Je savais pas qu’on était obligé de trainer un handicap… » Piqua Alysse en laissant glisser ses lunettes de soleil, accessoire pas si inutile avec la forte réverbération du soleil, pour désigner Jocelyne du menton. Hostilité entamée !

S'il y avait bien quelque chose pour lequel Jo' excellait, c'était son amitié vache avec Alysse. Rien de tel pour pousser l'américaine à se surpasser au delà des mots, qu'il s'agisse d'un boulot de terrain ou de bureau. Elle dépassait l'entendement rien que pour ramener sa rivale au trente-sixième dessous, la capitaine ayant été prise à ce poste pour ses qualifications et non pour autre chose... et oui, les bruits couraient très vite grâce à radio moquette, et bien que la piquante brune n'y ait jamais prêté la moindre attention, le sujet de la mère de sa rivale avait été abordé. Ceci étant, Jo' trouvait les potins aussi ridicules que la crainte de la fliquette vis à vis de son couple, puisque la capitaine avait bien d'autres chats à fouetter... en la personne de son commissaire. Hey beauté, t'es toujours aussi sublime ! lança-t-elle à l'attention de Daisy, une amie commune, qu'elle adorait. La demoiselle venait juste de quitter sa bagnole, lunettes de soleil sur le nez, ses cheveux châtains en carré court plaqués en une petite queue de cheval basse histoire de ne pas avoir la moindre mèche devant les yeux. Mais à la pique d'Alysse, Jo' ne put décemment retenir un éclat de rire. Elle était sérieuse celle-là ? Je suppose qu'en évoquant un handicap tu parles du tien... faut dire que tu traînes déjà à papoter alors qu'est-ce que ça va être après... répliqua-t-elle avec morgue, un petit sourire hautain étirant actuellement ses lèvres, tandis qu'on leur filait le programme de l'après-midi. Si j'avais pu être solo et pas avec toi, ça aurait été Noël avant l'heure, c'est net... souffla-t-elle.

"Exactement, je parle du mien, du boulet Joce qu'on m'a attaché à la cheville." rétorqua Alysse en lançant un regard en biais à leur amie commune qui soupirait en rangeant une ou deux affaires. Elle connaissait le principe et déjà, elle avançait en direction du point de départ pour repérer quelques autres groupes.

Jocelyne constituait un point fort en réalité, surtout face au reste des troupes. La majorité se constituait de geek en manque d'adrénaline, de sportif qui avaient loupé leur vocation et de quelques nostalgiques. Le murmure de sa partenaire d'infortune lui arriva aux oreilles, la poussant à retourner son attention sur elle. Difficile de l'ignorer de toute façon. Quelques hommes l'avaient déjà repéré, d'ailleurs.

"T'inquiète pas, je serai loin devant avec D..." Mais Alysse fut coupée dans sa réplique cinglant par l'une des encadrants souhaitant toute l'attention du monde et un silence quasi religieux pendant qu'il terminait de donner les instructions. Bientôt, elles passeraient la nuit dans une compétition hors norme pour arriver les premières après avoir récupéré quelques points stratégiques. Le but du "jeu", c'était de désamorcer une fausse bombe puis rejoindre le quartier général. Pour y parvenir il fallait récupérer deux sacs qui avaient été largués par avion (en réalité, ils avaient été déposés par les animateurs) et qui contenaient le kit de déminage. Les équipes partaient dans des directions différentes mais il n'y avait pas assez de sacs pour tout le monde. Le but s'était de les chopper avant les autres ou de les leurs piquer sans jamais avoir à se battre. Et oui, la violence était interdite... dommage songea Alysse pour le dernier point.

Tu devrais pourtant être contente, je suis trois fois plus douée que la plupart des ouin ouin avec qui tu pourrais être en équipe... mais si tu préfères perdre d'avance, je t'en prie, Boulet... arqua-t-elle un sourcil de défi, se demandant bien si Alysse allait plutôt jouer la carte de la stratégie ou, au contraire, se laisser aller dans une équipe moins forte histoire d'avoir la paix. Elle en serait capable d'une certaine façon, mais d'une autre, l'américaine ne connaissait que trop bien son désir de gagne, indépendant de cette rivalité hautement connue de leurs services respectifs. Elles ne s'aimaient pas plus que ça, faisaient semblant de ne pas se respecter, mais Jo' de son côté reconnaissait fort volontiers ses qualités de flic. Aucun doute là dessus. Si elle accepte de te suivre... fit-elle remarquer avant de faire un petit clin d’œil à leur potesse commune, sachant que la brunette ne la mettrait jamais dans la situation délicate du choix de partenaire d'entre elles deux. Non. A la place, les deux rivales furent réduites au silence le temps des explications, alors que Jo' bouillait déjà d'impatience. Moins de blabla, plus d'action, pitié... autant dire que la fin du discours moralisateur lui sembla être un avant goût du paradis, alors que les équipes devaient aller de l'avant. Alors, tu te trouves un ouin ouin ou tu restes avec les gagnants ?