chaos is a friend of mine and you ? (carton)

Ton anniversaire ainsi que Noël viennent de passer, tu es déjà en train de voguer vers l’année 2018. Énormément de questions se bousculent dans ta tête ce soir. Tu as abandonné ton mari dans les bras de Morphée pour rejoindre la nuit noire et glaciale de Boston. Les mains dans tes gants et tes oreilles protégées par ton bonnet favori, tu erres dans les rues, laissant tes pas dans la neige qui ne cesse de tomber par intermittence. Le vague à l’âme, voilà qui s’est pointé depuis ces derniers jours. Ce qui te perturbe, c’est aussi le fait que ton homme et ta meilleure amie Billie aient probablement tout répété à Suzy sur les raisons de ton éloignement à son égard. Puis… il y a aussi tes parents emprisonnés en France, la peur qu’une certaine monotonie s’installe dans ton couple et le tue à petit feu… Et le pire, ce qui te tracasse au plus haut point, c’est la présence d’un enfant dans ton abdomen depuis deux mois. Quelle est la date limite pour le faire enlever ? Et si Ezio et toi vous vous rendiez compte que cela n’allait plus au sixième mois ? Voilà pourquoi tu entres dans ce parc enneigé et que tu te mets à construire un bonhomme de neige. C’est tout simplement pour ne plus penser, pour focaliser ton esprit sur quelque chose de concret, sur quelque chose de malléable à ta guise. Pas comme ces fichues pensées, comme le futur qui est indomptable ! Au beau milieu d’une étendue autrefois recouverte par la pelouse, tu t’agenouilles, le visage noyé de larmes tièdes et tu t’y mets. Tu pousses la neige, tu l’accumules afin de constituer le socle de ton soit disant bonhomme. T’as ton arme sous ton manteau et chaque bruit de la nature te fait d’ailleurs sursauter, au risque de le dégainer pour pointer un pauvre oiseau gelé. Après plusieurs minutes à t’énerver contre la glace, ton oreille te chatouille, quelqu’un approche. Légèrement paniquée, tu te relèves et tu sors ton revolver flambant neuf, le pointant vers une silhouette humaine qui apparaît de plus en plus clairement. « Qui est là ? » demandes-tu froidement en serrant ton pistolet dans tes mains paralysées. Tu renifles fort et passes rapidement ta main sous un de tes yeux imbibés de ton chagrin. « Qui est lààààà ? » répètes-tu en croyant justement apercevoir Suzy. Non, c'est pas possible. Tout bonnement impossible.

Rhiannon est morte. Elle ne savait plus depuis quand elle se répétait ses mots, depuis combien d’heure, mais elle le faisait. Sûrement pour que cela fasse moins mal, sûrement pour qu’elle se réveille de ce cauchemar dans lequel elle était depuis des jours et des jours maintenant. Dimitri était dans votre suite, dans votre cocon d’amour en quelque sorte. Tout aurait été plus beau sans cette annonce, sans savoir que sa sœur de cœur était morte il y a quelques jours de ça. Alors elle était sortie tout simplement, elle avait coincée ce bout de nicotine entre ses lèvres et elle tira dessus sans arrêt tout en continuant de marcher dans les rues de Boston. Dès qu’elle finissait une cigarette, c’était pour en avoir une nouvelle entre ses lèvres, elle se foutait clairement de mettre sa vie en danger, c’était mieux ça que de tomber dans la drogue. Tout était flou dans sa vie, elle ne savait même plus ce qui devait la rendre heureuse ou pas, à qui elle pourrait faire confiance et surtout ne pas avoir peur du futur. Depuis quelques jours, elle était certaine que son mari, que l’homme de sa vie allait l’abandonner comme toutes les autres personnes qui ont pu rentrés dans sa vie. Bambi était occupé à cause des jumeaux, Madisson aussi, Naima était partie avec Ryan et Rhiannon était morte. Il ne lui restait personne, sauf sa famille, mais c’est normal qu’il soit là, non ? Alors que Dimitri pouvait toujours partir, il pouvait trouver tellement mieux qu’elle qui finirait par lui faire du mal parce qu’elle ne savait faire que ça. Elle renifla doucement essayant de ne pas pleurer, elle ne l’avait pas fait depuis des jours et elle aimerait bien que cela continue comme ça. Ses pieds l’avaient amené au parc, elle fronça les sourcils en voyant une personne aussi dehors à cette heure-là et par ce temps-là, c’était étrange. Elle s’avança vers elle avant de reconnaître Louison avec une arme entre ses mains, c’était quoi ce bordel ? « Carter. » Elle prit simplement la parole tout en continuant de s’avancer, elle posa immédiatement sa main sur ce pistolet pour le baisser, elle jeta sa clope rapidement pour l’écraser du bout de son pied avant de tendre sa main vers son visage faisant de son mieux pour effacer les larmes qui coulaient le long des joues de la rouquine. « Ca me dérangerait pas de finir à l’hôpital, mais pas ce soir, d’accord ? »

Ta respiration s’accélère tandis que cette forme humaine s’éclaircit et prend l’identité de Suzy. Tu hallucines peut être, ces derniers temps, tu as l’impression de perdre la tête, de ne plus contrôler tes humeurs, ni ce que tu vois ou entends. Tu vis presque dans un rêve éveillé et ça te fout les jetons. En plus de cela, les parents d’Ezio t’ont contacté et veulent simplement que tu disparaisses. Ils ont réussi, ils se sont immiscés dans ton crâne et tu les crois, il n’est pas assez bien pour toi, c’est clair et net. Pendant que tu pointes encore la brune qui s’approche, tu l’entends prononcer un tout autre prénom que celui de ta meilleure amie. Carter ? Comment as-tu pu les confondre ? Certes elles sont jumelles, mais elles n’ont rien à voir l’une avec l’autre. Fébrilement, tu te laisses approcher. La Quincy abaisse le canon de ton arme, jette sa clope et essuie ton visage imbibé de tes larmes. Sa phrase te fait doucement sourire malgré tes larmes qui suintent toujours le long de ta face. « Pas ce soir ? Ni jamais tu veux dire ! » rétorques-tu en rangeant ton pistolet derrière ton dos. Aussitôt Carter hors de danger, tu sautes à son cou et l’enlace très fort. Vous deux, vous vous ressemblez énormément, tu te demandes même pourquoi vous vous êtes éloignées ces derniers mois. Vous formez bien la paire d’âmes meurtries, de filles en manque de confiance totale et pleines de doutes. « J’suis tellement perdue Cart’ j’sais plus quoi faire, j’en peux plus… J’aimerais crever en ce moment, mais j’ai lui là-dedans. Puis c'est faible je sais... Ça ne me ressemble tellement pas... » lui balances-tu tout en t’écartant pour placer tes mains sur ton ventre « Qu’est-ce que tu fais là, un vingt cinq décembre au soir ? Laisse moi deviner, t’es aussi paumée que moi et je parie pour quasiment les mêmes raisons… » lui déclares-tu en faisant face à une nouvelle salve de sanglots. Gênée, tu te tournes légèrement en biais pour regarder ton tas de neige solidifié « Tu m’aides à construire un bonhomme de neige ? » lui demandes-tu en attendant qu’elle se confie à son tour. Échanger avec quelqu'un qui peut te comprendre pourrait probablement te dégager de toutes ces tensions. Pis, t'espères aussi que tu as toujours une petite place dans le coeur de Carter pour qu'elle puisse aussi compter sur toi...

Quand elle s’était mise avec Dimitri, elle avait simplement cru que les choses seraient beaucoup plus belles que son ancienne histoire, mais il y avait toujours une merde quelque part. Ils venaient d’emménager ensemble, mais elle ne pouvait pas être totalement heureuse, elle venait aussi de perdre sa sœur de cœur alors comment pourrait-elle être heureuse ? Elle ne pouvait simplement pas et encore moins quand cette impression lui collait à la peau, quand elle croyait dure comme fer qu’il allait l’abandonner comme les autres, qu’il prendrait la fuite parce qu’elle était une putain de tornade et qu’elle lui ferait une nouvelle fois du mal. Mais pour le moment, elle se concentra sur la jeune rouquine qui était devant ses yeux, elle sortait une connerie essayant de la faire sourire comme elle pouvait, c’était son genre après tout, elle ne pouvait pas laisser une de ses amies dans un état pareil. « Je te promets rien tu sais… » Elle laissait un sourire en coin se dessiner, elle avait passé tellement de temps dans une chambre blanche et pour le coup, elle pourrait totalement y retourner, elle serait peut-être mieux qu’ici. Serrant fortement Louison, elle laissait une de ses mains lui caresser le dos doucement tout en la laissant parler, elle en avait besoin et elle était là pour l’écouter. Surtout faire de son mieux pour l’aider, faire de son mieux pour ne pas qu’elle finisse de nouveau dans un état pareil. « La dernière fois que j’ai eu de tes nouvelles, tu étais heureuse avec un homme qui était prêt de faire de toi sa femme et là, je te retrouve en pleure. Donc j’ai dû rater beaucoup d’épisodes… Mais tu sais quoi ‘Son ? Si t’avais pas ce genre de pensée, je me poserais des questions. Je crois que c’est dans l’être humain de remettre tout en doute, de croire que rien ne pourra rentrer dans l’ordre et de vouloir mettre fin à tout ce bordel, mais… » Elle se recula un peu avant de continuer d’effacer ses larmes, souriant doucement. « Mais t’es plus forte que ça, plus forte que ses pensées horribles. Et tu portes la plus belle chose au monde, tu vas donner la vie à une personne qui t’aimeras indéfiniment et même si tu te sens pas capable ou je ne sais quoi, sache que tu seras réellement une bonne mère. » Elle posa sa main sur celle de la rousse qui était sur son ventre avant de lâcher un petit rire en entendant sa question, le bordel qui était dans sa tête l’empêché de dormir et elle préférait laisser son mari passer une bonne nuit que de l’embêter avec tout ça. Puis elle avait ressentie ce besoin d’être toute seule, seule avec elle-même. « k je t’aide. » Il fallait mieux qu’elle s’occupe pour tout avouer à la jeune femme, elle aussi avait raté pas mal d’épisode dans sa vie. La dernière fois qu’elles avaient passés un moment ensemble, elle était recouverte de bleu et elle partait quelques jours voir Dimitri à l’hôpital. « C’est le bordel et je sais plus si c’est dans ma tête ou dans ma vie tout simplement. Je suis mariée à un homme.. parfait, mais qui mérite bien mieux que moi qui est sans cesse capable de lui faire du mal. Je… J’ai perdue une amie il y a quelques jours de ça et je me dis… que comme tout le monde il finira par m’abandonner, il se rendra bien compte que je suis qu’un boulet qu’il traîne sans cesse derrière lui. Moi aussi je veux crevée, mais moi ça me ressemble, il suffit de regarder mes poignées pour savoir que je suis capable de faire des tas de conneries dans ma vie. Je crois que c’est ça le souci, j’ai juste envie de crevée dans le fond et… » Elle laissait un sanglot sortir de sa bouche pour la première fois depuis un moment, elle ne s’était pas lâchée même quand elle avait appris pour la mort de Rhiannon. « Je viens d’emménager avec Dimitri.. Je flippe comme jamais… »

Carter, ou la voix de la raison. Tu buvais ses paroles avec tes grands yeux écarquillés pour mieux la percevoir dans l’obscurité. Tu voulais terriblement la croire, tu voulais croire que cet être qui grandissait en toi puisse t’offre tout le bonheur du monde. Néanmoins, tu ne t’imaginais absolument pas le mettre au monde seule, sans le père. Sans que celui qui t’ait aidé à le créer t’épaule et te considère comme sa femme, la seule et l’unique. T’avais peur qu’il se barre face aux nombreuses responsabilités qui allaient vous tomber dessus. Tu avais aussi peur de ne pas être assez bien pour lui, encore et encore. Le pire, c’était qu’il s’en rende compte très prochainement. « Ah merde, t’es pas au courant ? Je me suis mariée depuis tu sais… C’était pas planifié comme ça normalement, mais, aujourd’hui je suis plus une Chamberlain, j’suis une Scorsese. » commenças-tu à lui dévoiler. Si autrefois cette idée te comblait de joie, ce soir, tu déchantais un peu plus. Ses géniteurs ne voulaient pas de toi dans sa vie, et ça, c’était assez compliqué à avouer. Tu ne voulais pas proposer à Ezio de choisir entre sa vraie famille et toi même. Chassant cette idée, tu t’étais agenouillée pour poursuivre ton bonhomme, demandant au passage l’aide de la Quincy. S'activer dans une tâche permet parfois de se livrer plus facilement... Accroupies dans la neige, tu entendais ton amie se livrer avec une extrême sensibilité, plus elle progressait, plus sa voix se brisait. T’étais sous le choc. Sous le choc qu’elle ait vraiment pu tenter quelque fois de mettre fin à ses jours. Finalement, tu ne la connaissais pas si bien et les apparences continuaient de te tromper. Face à tant d’émotions du côté de la jeune femme, tu t’étais rapprochée d’elle pour enlacer sa nuque et apporter sa tête contre ta poitrine. Tes doigts caressaient sa chevelure soyeuse, tentant d’apaiser ses craintes semblables aux tiennes « Je… je croyais que tu vivais déjà avec lui… Si tu t’es mariée à lui, c’est que tu es capable de vivre à ses côtés non ? Putain, je vois pas pourquoi je te dis ça, j’suis aussi paumée que toi à ce sujet… Moi je flippe, parce qu’on se voit souvent depuis qu’on vit ensemble et j’ai peur qu’il en ait vite ras le cul de ma gueule… Toi, tu flippes pour quelles raisons ma belle ? Je comprends pas… » lui demandas-tu en embarquant la brune en arrière pour vous affaler ensemble dans la neige et contempler les étoiles. « Je t’ai déjà dit au Laos qu’on aurait dû être ensemble, on se serait facilement comprises toi et moi » terminas-tu par blaguer en jetant un timide coup d’oeil à l’étudiante.