Cael ❀ Be my hero.

Elle était crevée à un point inimaginable, son fils passait la plupart de son temps chez sa grand-mère. Elle n'avait tout simplement pas le temps de prendre soin de lui pour le moment, elle enchainait les heures au bar pour avoir assez d'argent pour faire en sorte que son enfant ait un Noël digne de ce nom. L'an dernier, ça avait été compliqué puisqu'elle avait accouché quelques mois auparavant, mais là elle était déterminée. Sauf qu'elle ne s'était pas rendu compte de la tâche que cela représentait, entre ses cours, prendre soin de son fils puis le boulot. Ouais, c'était définitivement trop compliqué pour elle, mais ce n'était que pendant cette période. Le reste, elle n'avait pas un rythme aussi compliqué, aussi dur. Elle essayait de faire en sorte de tout concilier, d'être un peu plus présente pour son fils enfin surtout être plus présente pour lui parce que c'était la chose la plus importante pour elle. La blonde passa sa main sur son visage encore une fois avant de pousser la porte pour rentrer dans cet endroit où elle trouverait de quoi la remettre en forme, du moins elle l'espérait fortement. Sauf que rien ne se passait comme prévu avec elle, le monde serait beaucoup trop beau si c'était le cas et elle se retrouvait les fesses sur le sol en gémissant de douleur. La jeune mère ne savait pas comment elle avait réussie un truc pareil, mais elle l'avait fait. Elle devient rapidement livide parce qu'elle pensait à tout ce qu'elle avait fait depuis des jours, si elle ne pouvait pas rester debout, elle était dans une merde noire. Mais pour le savoir, elle devait essayer de se lever et c'était bien ce qu'elle était en train de faire, priant fortement que ce ne soit pas grand chose.

Je n’étais pas mécontent d’être revenu à Harvard, même si dans un sens j’étais devenu un inconnu pour la plus part des gens ici, j’avais ma jumelle, et surtout il y avait Alison. Je m’attelais à chacun de mes cours avec une conviction sans faille, ça n’était peut-être que le début, et pourtant je me sentais toujours plus motivé chaque jours.

Entre les cours et mon internat dans ce cabinet je devrais me sentir dépassé, mais c’était comme si l’adrénaline continuait de me porter. Je me sentais si bien que je ne faisais pas forcément attention aux autres autour de moi. Je m’arrêtais comme je le faisais si souvent dans ce Starbucks pour prendre un petit énergisant, juste de quoi me booster pour mes révisions.

Sans pousser comme la plus part des enragés de la boutique, j’attendais patiemment mon tour dans la file jusqu’à ce que j’entende des cris strident venant de l’autre côté de la salle. Une femme à la voix affolée demandait s’il y avait un médecin dans la salle, et sans même chercher à conserver un semblant de place dans la file dont j’avais presque atteins le début je me déportais pour voir la situation.

- Arrêtez ! Ne la touchez pas, je suis médecin !

Enfin, encore interne, mais c’était tout comme non ? Je venais m’accroupir pour contempler le teins plutôt pâle de la belle inconnue. Avec une main sur son épaule, j’essayais de l’empêcher de bouger, prenant un ton calme et posé pour analyser la situation.

- N’essayez pas de bouger. Faites de la place autour s’il vous plait.

Je prenais le poignet de la jeune femme pour en déceler un pouls qui n’avait pas l’air si anormal que ça. Avec quelques doigts je caressais sa joue je passais devant ses yeux pour observer la réaction de ses pupilles avant de me rendre compte que j’avais déjà vu cette fille quelque part. Ça me donnerait l’occasion de l’interroger et de désamorcer un peu la pression.

- On s’est déjà vu quelque part non ? A la Quincy House ?

Accroupi, je passais sur le côté pour passer un bras derrière son épaule, une façon de la garder dans cette position assise qu’elle avait prise en tombant, et de mon autre main je la poussais au niveau de l’abdomen pour la faire reculer en la faisant glisser sur ses fesses jusqu’au mur le plus proche.

- Laissez-moi faire d’accord, je suis médecin.

Mes yeux sur elle, je me posais encore cette question de savoir où je l’avais déjà vue. Et c’est quand je parlais de médecine qu’un éclair de lucidité me traversait l’esprit. J’appuyais ses épaules doucement contre le mur pour pouvoir me reculer et la garder un instant comme ça en appuis.

- Ça me revient, la conversation Skype des étudiants en médecine. Le cas pratique qu’on étudiait le mois dernier entre les étudiants de différentes années … Jessie ? Racontez-moi ce qui s’est passé.

Non, mais merde. Ce n'était pas possible, ouais ça pouvait clairement pas se passer comme ça. Elle avait l'impression que tout allait être foutu, qu'elle ne pourrait même pas offrir ce truc à son enfant et ça lui brisait légèrement le coeur de penser à un truc pareil. Elle avait les larmes aux yeux et pas seulement à cause de la douleur, elle ne voulait pas décevoir son fils, c'était impossible à ses yeux et pourtant c'était un peu ce qui allait se passer. Au pire, elle pourrait toujours mentir non ? Enfin, elle ne savait même pas ce qu'elle avait et sans attendre, elle essayait de se relever envoyant en quelque sorte chier toutes les personnes qui voulait l'aider, qui l'empêcher de faire ce qu'elle voulait faire. Elle gérait, elle était en médecine donc elle connaissait assez bien les choses sauf qu'un mec se pointait devant elle, l'empêchant de faire quoi que ce soit. Clairement, elle ne pouvait rien faire. Il avait décidé de jouer au médecin avec elle, mais la blague. " Sûrement pas à la quincy house, je suis pas dans cette maison et tu peux arrêter, tu m'énerves là. " Elle était honnête, même si elle avait besoin d'aide, elle détestait qu'on agisse avec elle comme ci elle était en sucre, ce n'était aucunement le cas. Un grognement sortit de sa bouche avant de pousser ses mains pour lever son pantalon pour regarder au moins sa cheville, voir ce qu'il se passait en quelque sorte et surtout pour la bouger doucement, mais elle grogna encore une fois sous la douleur. " Tessy. " Autant mettre les choses en ordre dès le début, parce que se faire appeler Jessie tout le long, c'est pas son délire. " Je suis tombée, me demandant pas comment j'en sais rien et arrête de me vouvoyer, on a sûrement le même âge. " Elle leva les yeux au ciel avant de se redresser en soupirant. " Est-ce que tu peux m'apporter quelque chose de frais avec des mouchoirs pour que je puisse poser tout ça sur ma cheville ? "

Plus j’essayais de maitriser la situation et plus je me rendais compte que ma voisine ne me rendait pas la tache facile. Maintenant que j’avais identifié où j’avais pu la voir, je comprenais mieux tout ça. Il n’y avait pas pire patient qu’un autre étudiant en médecine.

En analysant la situation de plus près, elle me faisait remarquer en même temps que mon erreur son son prénom que j’avais aussi mal étudié la cause du problème. Sa chute n’était pas un symptôme mais juste un lien de cause à effet avec la douleur.

- Je note ! Tant qu’on y est, soyons fou, je peux t’appeler Tess ?

Il fallait que j’arrive à détendre la situation, je ne sais pas si la jeune femme était une peste de naturel où si c’était la douleur qui la rendait agressive, mais j’avais du mal à me concentrer en l’écoutant pleurnicher de façon compulsive. Quand elle se redressais, je posais à nouveau une main sur elle pour essayais de l’aider, observant sa cheville qu’elle jugeais douloureuse.

- Qu’est ce que t’as pas compris dans pas bouger ?

Je soupirais et lançait un regard autoritaire aux autres autour de nous qui continuait à nous jauger comme des bêtes curieuses. Maintenant elle avait l’air maligne, avec un pied par terre, et l’autre jambe plus douloureuse en l’air. J’aurais voulu rétorquer que c’était bien fait pour elle, mais je me contentais de passer son bras autour de mon cou pour l’aider à se lever.

- Et tu comptes resté comme ça à attendre que je revienne ?

Si c’était cassé il fallait à tout prix éviter de marcher sur la cheville, et je ne préférais même pas tenter pour voir. Alors j’essayais de la faire avancer en lui faisant comprendre que je voulais qu’elle m’utilise comme béquille pour marcher sur sa seule cheville encore valide. Si c’était juste un problème de cheville, on pourrait faire bouger le reste de son corps.

- On va se diriger vers les toilettes. On aura de l’eau fraiche et du calme. Tu peux marcher sur l’autre jambe ou tu vas m’obliger à te porter ?