FIRST YEARS, FIRST STUPID THINGS - SCOTLAND
Famille Fitzgerald, rien que le nom peut te faire frémir. Soit, parce que tu sais que le père est l’avocat le plus renommé de tous, soit parce que tu sais que son fils, en l’occurrence moi, a mal tourné.
Nous, les Fitzgerald avons toujours vécu dans le luxe, et nous allons y vivre encore longtemps, crois moi. Lorsque la famille s’est agrandie en nous accueillant les jumeaux, Noam et Emma, c’était un pur bonheur, couverts de cadeaux, d’amour et tout ce qu’il faut pour rendre des bébés heureux. Ma mère Viloett de son prénom, possédait un centre équestre dans les montagnes écossaises, non loin de notre manoir. Elle avait des chevaux tous plus splendides les uns que les autres. Emma était ravie, surtout d’avoir son propre cheval. Moi, je m’en fichais un peu d’avoir mon cheval, mais j’étais tout de même bien content de pouvoir m’évader parfois avec lui.
Nous avons fait nous études dans le privé, pas question d’aller dans le public avec des gens différents de nous. Papa nous a toujours dit de ne pas côtoyer les pauvres, nous disant toujours qu'ils pourraient nous voler notre argent, alors j’ai toujours entretenu des relations avec des personnes aussi aisées que ma famille et je pense que ma sœur a toujours fait de même également.
Cela serait tellement beau de continuer l’histoire où c’est tout rose et où tout le monde aime tout le monde, tout cela dans un monde où il y a des « poneys qui mangent des arc-en-ciel et font des cacas papillons ». Non, mon histoire n’est pas celle là, ni d’un petit lutin qui découvre un jour l’existence des dragons. Ni celle d’un binoclard qui en fait est un sorcier. Ni celle de… bref.
Papa doit se souvenir le nombre de fois où les professeurs le convoquait parce que son fiston adoré avait été violent. Mon père disait toujours que ce n’était pas grave, et que c’était parce que j’étais plus intelligent que les autres. Et c’est vrai, je me suis toujours considéré comme quelqu’un de plus intelligent que la norme, j’ai tout de suite compris que jeter une pierre sur la tête de quelqu’un que je n’aime pas le faisait souffrir, ou encore mettre des vers de terre dans la purée des plus petits les faisaient crier. J’ai su tout ça bien assez tôt, et peut-être que c’était à ce moment là que mes parents auraient dû voir la terreur que j’étais en train de devenir. Mais d’un autre côté, j’ai toujours réussi à avoir ce côté petit ange, a qui on est obligé de céder, bouille d’ange et caractère démoniaque voilà qui j’étais et qui je suis.
J’ai toujours été major de promo, même petit j’étais le premier de ma classe en atelier gommettes alors lorsque mes parents étaient convoqués pour mauvais comportement, c’était « se moquer des gens », et voilà fin de l’histoire. Alors je me suis montré plus intelligent et surtout plus malicieux, j’ai changé mes façons de faire afin que d’autres soient désignés à ma place et cela marchait à tous les coups. J’avais une petite bande de copains, je faisais peur à tout le monde, et j’adorais ça. Je ramenais d’excellentes notes à papa et maman et je m’amusais comme un petit fou à terroriser les autres.
TERROR BY NIGHT - USA
Mon mentor me regardait avec un sourire de satisfaction et moi je le regardais avec une certaine peur mélangée à de l’excitation. Je savais parfaitement que ce soir j’allais commettre mon premier meurtre, que j’allais enfin devenir celui dont j’ai toujours rêvé. Un tueur à gages. Pour ce premier job, j’étais un clochard, nommé Buddy. Je devais amadouer une jeune femme blonde, aux yeux verts, avec un tailleur bleu marine et des escarpins Louboutin. Je n’en savais pas plus, juste que je devais faire mine d’être blessé, pleuré à chaudes larmes comme un gosse, baisser la tête à son approche, partir en courant, la laisser me rattraper et la tuer d’un coup de couteau. Je l’avais fait de façon si facile, si déterminé et si plaisante que dans la semaine j’avais de nouveau goûté à ce plaisir de tuer.
J’avais 16 ans quand j’ai rejoins Mike, je ne l’ai jamais plus quitté même si beaucoup de portes s’ouvraient à moi. Lors de mes vingt ans, Mike a voulu faire de moi son bras droit, j’ai refusé car je n’allais plus pouvoir tuer, je devais rechercher, conseiller et donner des ordres, j’ai toujours préféré tuer des gens.
Étant donné mon refus, Mike a décidé de me confier une mission spéciale deux ans après. Il m’avait dit : "la vengeance est un plat qui se mange froid." A l'époque je ne voyais pas où il voulait en venir, maintenant si.
Je devais faire connaissance avec la personne à tuer, pour ensuite la faire souffrir encore plus. Une femme. Une rousse. Une magnifique femme. La prise de connaissance devait durer sur plusieurs mois, je devais faire en sorte qu’elle soit sous mon charme. Mais à jouer avec le feu et les sentiments on finit par se brûler. Je suis tombé sous son charme, première fois où je tombe amoureux. Elena, c’était son prénom. Pour le coup, je m’appelais Arthur.
Rencontre au hasard d’une allée de la bibliothèque, je l’avais heurté, un petit sourire, une excuse et nous étions autour d’un café. Nous nous sommes revus le lendemain au même endroit, et c’était ainsi que notre petit rituel était né. Tous les jours, nous nous retrouvions à la bibliothèque, à lire à la même table, à étudier ensembles et puis ensuite c’était le petit café où nous discutions et où je passais mon temps à inventer des aventures à Arthur. Mon mentor me mettait la pression, en me demandant tous les jours l’avancée de ma mission. Je lui disais la vérité, toute la vérité et même la pire. J’étais littéralement en train de tomber amoureux de cette fille. Le jour où je lui avais annoncé la nouvelle, il m’avait frappé, en me disant d’arrêter mon cinéma et de la tuer dans les 60 jours.
La tête qu’avait faite Elena lorsque je suis rentré avec un œil au beurre noir, j’avais inventé l’histoire du mec qui sort de boite et qui se fait tabasser par un groupe de lascars, elle y avait cru. Au final, ce cocard m’avait porté chance puisque ce soir là, elle m’avait invité chez elle, et nous avions goûté aux plaisirs charnels pour la première fois. Plus je passais de temps en sa présence, plus je me disais qu’il fallait tout arrêter, qu’il fallait que je m’éloigne d’elle mais mon cœur me disait le contraire. Il fallait continuer de l’aimer. J’ai continué.
10 jours. Il me restait, dix jours pour la tuer. C’était toujours mission impossible pour moi, surtout que je ne donnais plus de nouvelles à Mike, malgré ses nombreux appels. Alors c’est au dixième jour avant la fin qu’il a sonné chez elle. J’étais encore dans le lit, elle est allée ouvrir et a crié « Papa ! ». Je n’ai pas compris. Je me suis levé rapidement, avais enfilé un T-Shirt et un boxer pour rejoindre Elena dans le salon. Mike était assis sur le canapé en me regardant de ses yeux de serpent, le sourire vicieux aux lèvres. Il a bougé ses lèvres pour me dire « Surprise ». Je me sentais con, comment avais-je pu être aussi bête ? J’ai ouvert la bouche pour dire quelque chose mais lorsqu’elle est arrivée j’ai souris, idiotement.
Mike a fait comme si c’était la première qu’il me voyait, il m’a posé des questions pour me piéger et me rappelait sans cesse que si une mission m’était confiée, il fallait la réaliser peu importe la manière, il fallait le faire. Elena devait penser qu'il parlait des mes études d'avocat. Je ravalais bien souvent ma salive, et retenait mes excès de colère. Puis Elena est partie se doucher, me laissant avec Mike. Et il m’a tout expliqué. Elena n’était pas sa fille. La femme de Mike lui avait menti, et il voulait se venger, en tuant sa fille, allant même qu’il l’a élevé, qu’il a joué avec elle et partageait des choses que seul un père pourrait être en mesure de vivre. J’avais essayé de le résonner, mais impossible. Je me souviens de ces derniers mots avant le retour de Elena « C’est Elena ou je tue Emma ». Je n’avais plus le choix, impossible de perdre ma sœur, mon sang, ma vie. Il fallait faire un choix et respecter le code de Mike. Étrangler sans tuer. Piquer la veine. Protéger la scène de crime. Ligoter la victime. Lui parler, la rassurer. La tuer. Nettoyer le massacre.
Après le départ de Mike, je me suis dirigé vers ma belle rousse et l’avais embrassé comme jamais je ne l’avais fait auparavant. Un baiser d’adieu. Puis, une fois dos à moi, j’ai attrapé son cou, et l’ai serré contre mon torse. Elle se débattait, me frappait et me disait d’arrêter. Puis elle s’est elle-même arrêtée. Je lui ai administré le produit dans la veine, et je l’ai posée délicatement sur le canapé. Et j’ai préparé la pièce, comme je le fais à chaque fois, si ce n’est avec plus d’application que d’habitude. Mettre du plastique sur les murs, et sur tous les meubles pour les protéger des éventuelles éclaboussures de sang. Puis je l’ai posé sur la table de la salle à manger, je l’ai déshabillée, lui mettant du film plastique sur sa beauté de porcelaine, accablé par le dégoût de moi-même. J’ai attendu qu’elle ouvre les yeux, pendant des minutes qui m’ont semblaient des heures. Elle a hurlé, m’a vu, s’est calmée. J’ai commencé à trembler, et elle continuait de me fixer de ses yeux bleus océans dans lequel on se noie. J’ai soupiré et je me suis approché d’elle. Je lui ai dit que j’étais désolé, mais que je n’avais pas le choix, que c’était elle ou Emma, et je ne voulais pas perdre ma sœur. Je lui ai aussi dit que je n’oublierais jamais les six mois vécus avec elle, qu’elle arrivait à faire ressortir mon meilleur côté, mais qu’au fond j’avais toujours été comme ça. Personne ne pouvait me changer. Puis j’ai pleuré. Et je l’ai tué. Un coup de couteau dans le cœur. Je l’ai laissé se vider de son sang, impuissant. Le sang coulait à mes pieds, et mes démons me broyaient de l’intérieur. Mike a fait le ménage à ma place. Mike m’a vénérait après cela. Et moi j’étais encore plus détruit.
THE HYPNOSIS WAKES THE DEVILS - USA
Cela faisait plusieurs années maintenant que j’étudiais à Harvard et malgré mes activités de voyous cela ne m’empêchait pas d’avoir d’excellentes notes bien au contraire. En fait, le sang n’a plus de secrets pour moi. Je tue des gens pour voir le sang. Et je les maintiens en vie pour voir le sang. Quel sanguinaire !
Un jour, Mike est venu me voir au loft après une journée de cours bien remplie. Il n’était pas seul, avec lui il y avait un homme, en costume noir, sobre et un regard émeraude. Rien que plonger mes yeux dans les siens me faisaient frissonner. Je leur ai servi à boire, et ils m’ont remercié, nous avons discuté. Cet homme là était en réalité un hypnotiseur ou que sais-je. Lorsque Mike était satisfait, il faisait passer des tests afin de savoir d’où venait le traumatisme, s'il en existe un. Très franchement, je ne sais pas à quel moment ça a merdé chez moi, j’ai toujours été bizarre. Bref. Il m’a demandé de m’allonger sur le divan, et de m’imaginer des paysages, tantôt de montagne, tantôt de mer, et puis changement de décor…
« Tu avances dans ta maison, tu entends des cris et un bruit qui ressemble à une… tu ne sais pas, t’es trop petit pour comprendre. Tu continues de marcher et tu appelles ta maman, même si tu sais qu’elle n’est pas là. Tu marches doucement, du haut de tes 3 ans tu ne comprends pas grand-chose. Toujours des cris. Tu commences à pleurer. Tu avances dans le garage, là où tu espères trouver ta peluche. Et tu vois du rouge, partout du rouge. Ton papa tient quelque chose à la main, tu ne le sais pas mais c’est une tronçonneuse. Tu hurles après ta maman, et tu vois quelque chose bouger sur la table. Ton papa te voit, écarquille les yeux et court vers toi. Il est plein de rouge, et commence à sangloter en te serrant de plus en plus fort. Les cris continuent. Quand il te porte, tu vois un homme allongé, avec une main en moins et plus de jambes… Tu ne le sais pas mais les jambes étaient déjà emballées. Ton père te sert toujours fort, et t’emmène dans ta chambre. Il appelle ton oncle qui arrive dans les cinq minutes. Ton oncle te lave, te change, te raconte une histoire et tu pars rejoindre Morphée et tu oublies tout de cette histoire ».
J’ai ouvert les yeux et me suis levé avec précipitation. J’ai hurlé des gros mots, j’ai explosé de colère. Je n’y croyais pas. Comment était-ce possible que mon père ait fait une chose pareille ? Une chose aussi horrible ?
Bien plus tard j’ai eu mes explications. Mon père n’était pas un tueur, juste un mari aimant ses enfants. L’homme qu’il avait sauvagement assassiné n’était autre que l’amant de sa femme, ayant essayé de violer Emma. Il ne l’avait pas supporté.
Facile à comprendre, mais plus difficile à encaisser. Maintenant je comprends mon obsession pour le sang, ce besoin de tuer, il me vient de mon père. Personne ne sait ce que je fais, ni mes parents, ni ma sœur maintenant partie rejoindre Elena à la suite d’un accident de voiture. Je fais cavalier seul. Je suis la capitaine de mon âme. Le gardien de mon plus noir secret.