Invité
est en ligne
Invité
Des années étaient passées quand que je revois Alison, trop, tellement que ça me paraissait plusieurs vies écoulées. Parfois je me dis que j’aurais dû trouver une autre solution, même si je suis content de voir Charlie allez aussi bien aujourd’hui, je me rends compte que si j’ai ma sœur auprès de moi chaque jour, il me manque quand même quelqu’un d’autre.
Si elle va mieux, je ne crois pas que ma jumelle soit prête à ce que je lui parle à nouveau de ma meilleure amie, pourtant moi j’en avais besoin. Pendant ces dernières années où j’ai changé d’école pour m’occuper de Charlie, j’étais comme coupé du monde, il n’y avait que les cours de médecine et ma sœur qui comptait.
Il y avait bien eu cette fille, Eva, je crois que si je m’étais autorisé à être heureux j’aurais pu tenter ma chance avec elle, mais ça n’était resté qu’une camarade de couloir un peu trop zélée parfois. Tout ça allait changer depuis que j’étais revenu, je n’avais qu’une idée en tête depuis mon retour, c’était là revoir.
J’avais imaginé cette rencontre dans ma tête depuis tellement longtemps que j’avais du mal à ne pas être nerveux à l’idée de ne même pas savoir comment m’y prendre. Salut, c’est Cael, ça va depuis le temps ? Si elle ne me gifle pas j’aurais de la chance … Et d’un autre côté, je pense que c’est justement si elle ne le fait pas que ma chance serait définitivement passée.
Après avoir passé dix minutes devant le miroir ce matin pour enfiler et comparer trois tenues quasiment identiques, je décidais de porter cette chemise décontractée qu’elle aimait tant que je porte. Il y avait ce pendentif qu’elle m’avait offert quand on était encore si petit qu’il n’avait pas de connotation irrégulière, pourtant quand je le portais, je me sentais intouchable.
Je pense que j’étais près, du moins autant qu’on pouvait l’être pour le coup. Je soupirais, haussant les épaules en me regardant une dernière fois dans le miroir avant de me forcer à sortir de la pièce. Même si elle devait se rendre compte que j’étais bizarre aujourd’hui je n’extrapolais pas mon après-midi, je me contentais d’embrasser ma sœur avant de partir pour lui dire que je reviendrais dans la soirée.
Le match de hand allait bientôt se terminer, je ne sais pas si Alison continuait d’encourager l’équipe depuis que je l’avais quitté, mais je savais pertinemment que j’aurais des chances de la retrouver d’ici une demi-heure dans ce parc qui avait été témoin de notre premier baiser. On avait l’habitude de se retrouver ici après la fin du match, je pense qu’on s’était assis tellement de fois sur ce banc qu’il pouvait encore se souvenir du poids de nos corps penchés l’un contre l’autre.
Je continuais de venir ici, pratiquement tout les week end, j’y observais ma meilleure amie, continuer de venir presque à chaque fois, le même jour à la même heure, et si elle ne s’en rendait pas compte, jamais je n’avais été si proche d’elle que ce moment où elle m’imaginait tellement loin. Quand elle était assise sur ce banc, seule, je fermais les yeux en m’imaginant contre elle, sa main dans la mienne, osant lui dire tout ce que j’avais dû sacrifier jusque là pour garder la totalité de mon temps pour Charlie.
Cet après midi j’attendais, comme ces autres fois où j’avais eu le cœur serré dans l’attente d’observer une fois encore le visage de celle que j’ai pu aimer à un point tel que l’éloignement m’avait déchiré le cœur. La morsure du froid venait s’attaquer à mon visage qui lui n’était pas protéger par une veste elle aussi trop légère.
J’étais sur le point d’abandonner l’idée de la voir aujourd’hui quand mon palpitant venait à louper un battement ou deux dans ma poitrine. C’était elle, Alison, toujours tellement belle à chaque regard que je portais sur elle. Elle venait prendre place sur ce banc, notre banc, et les secondes qui suivirent venaient marteler mon jugement.
Il fallait que j’y aille, que je trouve le courage de l’aborder, de lui parler, de tout lui avouer. Pourtant pendant plusieurs secondes je restais là, incapable de bouger d’un millimètre. Je me faisais violence en secouant la tête pour me donner une certaine contenance avant d’oser avancer les quelques dizaines de mètres qui me séparaient d’elle.
Toute notre histoire venait défiler dans ma tête, à chaque pas que je faisais, je revoyais chacun des moments qu’on avait vécus tous les deux. Elle était dos à moi, je m’approchais lentement du banc, en venant placer mes mains gelées contre ses magnifiques yeux clairs. L’idée incongrue m’avait paru la moins invasive, même si de toute façon maintenant, je ne pouvais pas faire marche arrière.
- Alison ! Devine qui c’est ?
@Alison C. Wheeler
(Invité)