CRUZ ALFONSO-RIVERA ► Vini Uehara

Je suis né à San Francisco. Mon père est américain d’origine mexicaine, ma mère est mexicaine. Du coup on parlait beaucoup espagnol à la maison et je suis complètement bilingue. J’ai un grand frère et il a migré à Los Angeles. Il bosse pour Google et il se fait plein de thunes. Je suis un peu jaloux pour dire la vérité. On n’a jamais été très proche lui et moi. Beaucoup trop différents. Mon père a toujours préféré mon frère à moi. Je peux le comprendre, lui au moins il sait ce qu’il veut faire dans la vie. Moi je tâtonne encore. Avec mes brilliants résultats scolaire j’ai pu postulé pour Harvard et pour une fois j’ai vu de la fierté dans les yeux de mon père à mon égard. Ca m’a fait un bien fou. Du coup je me suis un peu forcé à bosser encore plus dur pour y arriver et j’y suis parvenu. Depuis être diplômé d’Harvard c’est mon but dans la vie. Peut être que si j’y parviens je pourrais avouer mon homosexualité à mon père sans qu’il veuille me tuer ? Je ne sais pas. J’espère en tout cas. Comme vous pouvez vous en douter, je ne suis pas complètement sorti du placard. Sur le campus je reste discret sur mes penchants. C’est pas comme si j’étais un tombeur non plus. J’ai déjà eu des aventures mais rien de sérieux. Rien qui nécessite que j’en fasse part à ma famille. En vrai même si j’avais un copain stable je crois pas que j’oserai en parler à ma famille. Je vais attendre d’être diplômé d’abord. Quand j’étais au lycée à San Francisco je sortais avec une fille pour faire bien, mais la pauvre, je l’ai un peu utilisé. J’ai rompu avec elle quand je me suis envolé pour l’université. Depuis 3 ans que je suis à Harvard je me sens bien mieux dans ma peau, loin de ma famille, libre d’être qui je veux sans conséquences derrière. Je fais attention à ce que je mets sur facebook parce que je ne veux pas qu’on me prenne pour une tapette. Oui c’est comme ça que mon père voit les gays. Comme des êtres inférieurs. C’est pas l’homme de l’année mon père. Même s’il a réussi dans la vie et qu’il a plein de sous, il pourrait être une meilleure personne. Je veux être meilleur que lui dans la vie. Même si je suis gay. Surtout si je suis gay. Je veux lui prouver que même en étant gay on peut y arriver. Que ça ne change rien. C’est ça mon but dans la vie. Réussir pour lui prouver que je vaux la peine d’être son fils. Que je vaux la peine qu’il soit fier de moi malgré mon lifestyle qu’il désapprouve. Peut être que j’arriverai à lui faire changer d’avis sur les queers.

En attendant je crush secrètement sur un type à l’université. Mon gaydar me dit qu’il n’est pas du même bord que moi et ça me fait chier ouais. Du coup je rêve dans mon coin et j’essaie de le croiser le plus souvent possible pour interagir avec lui. Je suis pathétique en vrai ouais. Je le sais. Mais je le vis bien. Parfois il vient au Starbucks où je bosse et je fight mes collègues pour être celui qui va le servir. J’ai un peu honte, mais ça en vaut la peine. En attendant je me défrustre avec un pote. C’est plus qu’un pote parce qu’on couche ensemble assez régulièrement. C’est pas mal comme arrangement, que les bons côtés sans les prises de têtes et les compromis. En vrai on a pas grand chose en commun mais le sexe nous réunit et du coup on s’apprécie. On se voit souvent. On a même un petit groupe d’amis qui gravite autour de nous. Nos amis respectifs qui commencent à se connaître à force qu’on squatte ensemble aux soirées principalement. Comme ça on pourrait croire qu’on est ensemble mais ce n’est pas le cas. Tout est très clair entre nous. Enfin je crois. On n’a jamais dit qu’on couchait ensemble mais on s’est fait griller quelques fois. Et puis l’alcool me rend câlin et en soirée si il est là, je me retrouve pendu à son cou assez rapidement. Une photo s’est déjà retrouvé sur facebook mais comme j’ai enlevé l’option d’être tagué, j’ai été sauvé. Si ça s’était vu par ma famille j’aurai trop flippé. Je fais profil bas le plus souvent mais quand je bois trop je fais des conneries. Qui n’en fait pas ? Je ne bois pas si souvent que ça, je suis plutôt du genre à squatter mon ordinateur et bosser mes cours quand j’ai du temps libre. Enfin quand je suis motivé. J’ai des périodes où j’ai du mal à m’y mettre et là je trouve toutes les excuses du monde pour sortir et faire la fête.