Alejandro Ethan De Bourbon > Robbie Wadge

Lettre n°1 : Jour 1



Je me prénomme Alejandro Ethan De Bourbon. Et si tu lis cette lettre c’est que je suis mort. Autant dire la vérité.. Autant être honnête.. Autant être clair.. Ce paysage est rempli de pleurs et de tortures. C’est juste horrible. J’ai seize ans et je n’ai jamais vécut aussi long de ma famille. Même si elle est compliqué .. Mon père est le Roi d’Espagne, un homme bon, commençant simplement à se remettre de la disparition de ma mère et de ma grande sœur. Ils sont partis quand j’étais enfant. Ma marraine m’a toujours dit la vérité sur ma mère et ma sœur, malgré le fait que mon père refusait d’en parler. J’ai toujours cru que c’était de ma faute qu’elle s’en aille mais finalement non. J’ai jamais compris en fait. Elle disait que c’était à cause de ce monde dont elle n’était pas prête à assumer les responsabilités. C'est comme ça, elle n'a jamais aimé la vie espagnole je crois et elle n'a jamais assumé le fait d'être espagnole ou princesse espagnole ou même Reine.. Mais je lui en vaux de m'avoir laisser seule … C’est normal non ? J’ai comme été abandonné à mon père, essayant de le rendre fier de chaque seconde que nous passions ensemble et c’était beaucoup trop compliqué….



Lettre n°3 : Jour 15



Les nuits se font rares, je ne dors pas beaucoup et malgré le simple fait de devoir rester éveiller, je commence à faire des cauchemars. J’ai tiré aujourd’hui.. Sur une personne qui s’attaquait à des enfants. Je ne supporte pas de voir ça. Je ne supporte pas de voir cette terreur sur le visage de ses gamins. J’ai que dix-sept ans, je ne suis pas fait pour voir autant de misère et de souffrance dans ces personnes qui n’ont rien demandé. Je crois que ça me rappelle ce jour où j’ai dis à mon père que je voulais être musicien et non Roi. Il avait peur de cette destinée. Ma sœur n’avait pas réapparut et le conseil avait décidé que je passerais en premier dans l’ordre de succession. Mon rôle n’était plus le même et pourtant je ne supportais pas ça.. Je ne sais pas ce qu’il m’a prit quand je suis parti. Je suis parti pour écouter les chants de l’opéra de la ville. Et je suis rentrée le lendemain. Mon père m’a hurlé dessus. Mais j’ai vu la même terreur et peur que dans les yeux de ses enfants.. J’ai peur de mourir  aussi ..



Lettre n°8 : Jour 38



Les jours défilent et se ressemblent, j’ai l’impression de vivre dans une course contre la montre. Les gens sont moins aimables qu’à mon arrivé, je crois qu’ils commencent à avoir peur. Les bombes aussi commencent à se faire de plus en plus entendre. Nous sommes en terrain ennemis. Je commence à flipper. Je n’aurais jamais cru dire cela un jour mais je veux rentrer chez moi. Je ne supporte pas de ne plus dormir, de rester en arrière et toujours sur la défensive. Je ne supporte pas de devoir vivre en sachant que ma mort arriverait dans quelques secondes. Je veux simplement vivre putain. Je suis un gamin merde. Je n’ai pas demandé à vivre comme un vrai homme. Mais il faut bien, il le faut. Je veux que père soit fier de moi, qu’il me regarde enfin comme un adulte et comme une vraie personne. Je suis fier de lui et je veux qu’il vive la même chose que moi.



Lettre n°11 : Jour 67



Je n’écris plus beaucoup, je ne veux plus écrire. Je crois que c’est à cause de tout ça, je crois que c’est à cause de ce que je vis. L’horreur s’est installée ici. Je souffre. Nous avons fait un raid dans une ville fantôme. Il y avait plus de sang que peu en contenir un être humain. Je crois qu’ils ont tous été tué par balle. J’ai vomi. Tous étaient alignés le long d’un mur, et les traces sur ce dernier sont encore fraiches. Ce sont des sauvages. Des gros sauvages.. Des enfants étaient égorgés.. Des mères avaient beaucoup plus de cicatrices que moi.. Je ne sais vraiment pas ce que je fais là. J’ai l’impression que ce n’est pas pour moi tout ça, mais quatre ans c’est court non ? Quatre ans ce n’est rien dans une vie.. Il faut que je le fasse quand même.. Pour lui et même pour ma sœur.



Lettre n°17 : Jour 80



J’arrive a survivre. Il faut dire que c’est compliqué la guerre. Je suis malade à cause des maladies qu’il y a, mais je n’ai toujours pas pris une seule balle. Ils me protègent tous .. Le gamin insouciant de s’être engager dans l’armée, voilà ce qu’ils disent de moi. Ils pensent que je suis fragile. Et je le suis. Nous avons encore traversé un village détruit. Je n’ai pas vomi mais j’ai eu honte. Ils nous appellent la menace. J’ai peur de ne pas m’en sortir et de ne pas continuer à être le prince parfait. J’ai peur que mon père me regarde mal après tout ce que j’aurais fait.. J’ai peur qu’il ne me reconnaisse pas..



Lettre n°22 : Jour 116



Joyeux Noel à toi. Je ne sais pas qui lit cette lettre, mais sache que merci de la lire.. J’ai l’impression d’être seul au monde. Mes camarades de patrouille se retrouvent tous ensemble ce soir. Mais je ne veux pas y aller. C’est mon premier noel sans mes parents. Tous mes parents. J’ai peur de mal réagir. J’ai peur qu’ils ont honte de leur prince. Mais je suis là, encore. Bien vivant. Je sais pas si c’est le supplice de la vie, ou la mort qui arrive. Mais je ne veux pas quitter ce monde sans avoir terminer ma tâche. Mais je veux rentrer aussi. Toute ma famille me manque et je crois que je ne sais pas ce qu’un lit ferait pour moi ..



Lettre n°24 : Jour 170



Je suis allongé sur ce petit lit. Je me pris une foutue balle dans l’épaule. L’enfoiré qui m’a fait ça a été tué par Miles. J’ai vu son sang et de la cervelle s’échapper de sa tête, j’en ai vomi. Encore. Je ne fais que ça. Que vomir. Que vivre dans la sensation de se prendre une balle et de mourir. J’ai un énorme bandage sur l’épaule. C’est moche. C’est horrible. Mais j’ai moins mal. Je bois pas mal, le rhum m’évite de sentir ma douleur mais il m’a pas raté celui qui m’a fait ça. Je sais pas qui s’est et je veux pas savoir..



Lettre n°27 : Jour 250



Happy Birthday to me. C’est mon anniversaire aujourd’hui. J’ai dix sept ans. Et je ne sais pas pourquoi j’écris encore des lettres alors que personne ne me répond. J’ai l’impression de vivre dans la démesure totale. Je suis fatigué. Je suis mal en point. Je le sais. Je suis terrorisé et pourquoi je suis encore là. Encore totalement là. J’ai peur de ne plus survivre à ce qui va arriver. J’ai peur que personne ne se souvienne de moi. Mon père me manque.. Ma famille me manque, j’ai l’impression de vivre dans le dénis le plus total. Je veux rentrer. Je veux rester chez moi. J’ai peur ..



Lettre n°28 : Jour 251



Un signe. C'est tout ce que je te demandais. Et tu l'as fait. Pourquoi me répondre que maintenant ? Sérieusement ? Je sais pourquoi je me bats aujourd'hui. Cette lettre est gravée au fond de mémoire et de mon coeur. Je ne t'oublierais jamais. Tu le sais. Mais je suis désolé aussi. Parce qu'il faut que j'écrive et que mes lettres ne sont pas forcément d'un grand art. Je suis désolé aussi parce que grâce à elle, je peux me vider la tête.. Et je risque de tout te décrire.. Mais parle moi de toi, dis moi qui tu es .. Dis moi comment c'est là-bas chez toi ?. Je veux tout savoir ..



Lettre n°48 : Jour 476



Les jours se suivent et se ressemblent tu sais. C'est compliqué de vivre ou même de survivre. J'ai failli y rester tout à l'heure, mais heureusement, c'est passé à côté. Je crois que toute ma vie sera marqué par cette expérience. Je te l'ai déjà dis. Mais tout ça, je le fais pour mon père. Il m'a dit que je ne serais jamais un homme si je n'affronte pas les problèmes en pleine face. Je sais ce qu'il veut dire maintenant. Les horreurs que je vois me font comprendre que tout le monde n'a pas la vie rose et parfaite que je pouvais avoir en étant gamin. Et je me rends compte aussi que tout cela est difficile. Survivre dans un monde ennemi c'est compliqué. J'ai peur à chaque fois que je sors de ma tente..



Lettre n°51 : Jour 577



Je viens encore de me prendre une balle. Enfin maintenant c'est un vieux bandage. Il est horrible. Mais j'ai mal. Les autres pensent que je ne vais pas pouvoir continuer la mission mais faut que je le fasse. Je dois finir ses quatre ans. Je l'ai promis. Je crois que le plus compliqué c'est d'avancer. J'ai mal certes, mais je fais avec. Je ne supporte plus aucune douleur. J'ai des cicatrices partout et j'ai l'impression de mourir à chaque fois que je me prends un coups. Ils disent que ça va durcir avec le temps mais j'y crois pas une seconde. Pas vu comment je suis. Non c'est impossible. Je suis trop fragile pour ça même si j'ai déjà tenu un an et demi.. Oui, je compte les jours..



Lettre n°59 : Jour 642



Il faut chaud ici. Trop chaud, j'ai l'impression d'être dans le désert, c'est pas possible. Je crois que toute la tenue est en plomb tellement c'est lourd. Et j'ai pas super envie de l'enlever. Déjà que j'ai pas mal de bleu de partout et des blessures de partout. Evitons de rajouter une belle dans le coeur. Pardon, ce n'était pas ce que je voulais dire. Excuse. Je crois que je commence à devenir fou. J'ai tiré sur tellement de mnde que je pense voir leur fantôme. Je rêve d'eux. Je rêve de tout ce qui aurait pu leur arrivé. Mais j'ai tiré. Je pense qu'il me faudra du temps non ? Et toi ? Tu vas comment ? Tu as fait quoi aujourd'hui ?



Lettre n°74 : Jour 730



Cela fait deux ans. J'ai réussi à éviter le pire je crois. Je me motive toujours en me disant que si je survis, j'aurais le droit de voir ton visage. Je ne sais pas pourquoi. Ca me donne de la force. Nous sommes bientôt arrivé. C'est ce qu'ils disent depuis deux ans mais ça veut dire que nous sommes à la moitié maintenant. La nourriture est horrible si tu savais, c'est moche mais c'est comme ça. Et ma douche ? Horrible aussi. Je crois que j'ai envie d'un bain. Faut pas que je pense à ça, je vais finir par rêver de ça pendant deux ans. Mais sache que si je survis, je te ferais venir en Espagne. Et on prendra un vrai bain ensemble, promis.



Lettre n°80 : Jour 950



Le temps est compliqué, un coup chaud, un court froid. Et je ne sais même plus quel jour on est. Je t'écris tous les jours mais j'ai l'impression d'avoir toujours quelque chose à te raconter. Alors que je vois toujours la même chose. C'est bête de penser ça tu penses. Je deviens peut-être monotone. Tu m'en veux ? Je n'ai strictement rien fait. J'ai dis que tu seras superbe à ton bal de fin d'année et c'est vrai. Tu seras vraiment superbe, j'en suis sur. D'ailleurs, choisi le jaune ou le rouge. Pas la bleue, je n'aime pas le bleu. Et ne jettes pas la robe, je veux la voir quand je reviendrais.



Lettre n°81 : Jour 1095



Je n'ai pas pu t'écrire avant. On s'est fait attaqué. J'ai pas mal de blessures, je crois que je suis le plus blessé de tous les hommes encore debout. Mais je suis vivant. J'ai l'impression qu'on m'a arraché à la vie avant de me remettre là où je devais être. Je souffre, j'ai peur. Mes cauchemars continuent, j'ai l'impression d'être tuer à chaque fois que je ferme les yeux. Je ne supporte plus rien. Je deviens bipolaire je crois. Je suis heureux de t'écrire mais je ne suis énervé dès que j'arrête. Je suis désolé de t'avoir fait peur, si tu as de mes nouvelles que maintenant.. Pardonne moi..



Lettre n°94 : Jour 1143



Alors l'année prochaine c'est Harvard ? Tu es sur ? Tu vas être géniale. J'espère que tu vas être la meilleure de toutes. Tu sais, tu n'as pas à t'en faire, les gens ne te connaissent pas, parce qu'ils ne savent pas ce que tu vaux. Crois moi. Tu mérites cette université. Bon, pas pour tes blagues, mais pour ton côté intellectuel. Je n'ai pas réfléchi à ce que je ferais dans un an. Je vais rentrer déjà. Prendre une douche et dormir. J'ai besoin de dormir. Tu veux que je vienne te rejoindre ? Les Etats Unis m'ont toujours plu oui, alors si ça peut te faire plaisir, je le ferais..



Lettre n°130 : Jour 1345



C'est la dernière fois que je fête mon anniversaire dans un champ de guerre. Et pour t'avouer, j'en ai marre. Je commence à faire des cauchemars plus violents que je fais déjà. J'ai l'impression qu'on me tue, encore.. C'est toujours le même. J'ai l'impression d'être une personne horrible. Si tu savais à quel point je veux tout quitter. Tout quitter pour repartir à zéro. J'ai besoin de partir, j'en ai marre. J'ai vingt ans et pourtant j'ai l'impression d'en avoir beaucoup plus. Je sais pas ce que je ferais si tu ne me parlerais pas..



Lettre n°190 : Jour 1395



C'est bientôt fini, presque fini. Je suis pas mal amoché, mais je survis encore. J'ai pris pas mal de force et je peux être fier.Je suis fier. Mais nous ne sommes plus beaucoup. Je repense à ma mère. Peut-être qu'elle sera fiere de moi et de ce que j'accomplie. Peut-être qu'au contraire, elle s'en fiche. Je n'aime pas ça. Je ne supporte pas ça. J'ai besoin de tes messages et de tes lettres pour sourire. Et pour rire aussi. Tes blagues me font rire oui, continuent à les écrire. Et Harvard, tu as réussi à envoyer ton dossier ? Qu'est que tu vas faire là-bas ? Ne me dis pas que tu abandonnes, tu n'as pas le droit, je veux te voir diplomer.



Lettre n°200 : Jour 1439



Ca y est .. C'est la fin. Je rentre enfin. Je suis dans le 4x4, il me conduit enfin jusqu'à toi. Enfin. J'ai survécu. J'ai vécu quatre ans d'enfer. J'ai vécut quatre ans sans savoir une seule seconde a qui je parlais. Mais je suis heureux, enfin. Merci. Je vais pouvoir revoir mon père. Je vais pouvoir revoir ma famille. Je vais enfin pouvoir te voir toi. Je suis si heureux mais à la fois détruit d'avoir vu tout ça. Je réalise que je vais revenir à la réalité. Je vais retrouver ma guitare. Je vais aussi retrouver ma vie entière. Je vais enfin pouvoir m'inscrire à Harvard, comme on se l'est promis. Faire de ma passion un véritable truc pour moi. J'ai réalisé que la vie était si courte qu'il fallait en profiter chaque seconde. Je crois que jamais je n'oublierai ce moment. Ce moment si dur et brutal. Mais sache que cette lettre, ce ne sera pas la dernière. Non. Je compte bien d'écrire chaque jour. Parce que tu le mérites et tu m'as soutenu, chaque seconde que Dieu a fait pour moi..



Merci pour tout..

Ethan..