Family is everything ∴ SLOANERAH

Une fois de plus, l’information met un moment à remonter jusqu’à ton esprit. Tu calcules, additionne, soustrait, va savoir. Quoi qu’il en soit, moi je vois les rouages de ton esprit qui s’échauffe et, finalement, c’est les sourcils froncés que tu me fixes. Calme, trop calme peut-être puisque ça n’annonce rien de bon. Et VLAN mon verre de bière –heureusement vide- vole et s’éclate contre le mur à côté. Je ferme les yeux sous la surprise en lâchant un petit hoquet. Lorsque je les rouvre, tu n’es plus là. Je panique un peu et tourne la tête à temps pour te voir grimper les marches et sortir dehors. Je pose rapidement quelques billets sur la table, attrape toutes mes affaires et te rejoins à l’extérieur où tu pestes déjà à voix haute. « Comment a-t-elle pu me mentir ? Comment a-t-elle pu me cacher que mon père était encore en vie ? Qu'elle croupisse en enfer ! » J’imagine que tu parles de ta mère, mais je dois avouer que j’ai à peu près le même sentiment par rapport à papa. « J’sais pas quoi t’dire Sloan… on m’a tout caché à moi aussi et ça me dégoûte. Mais j’crois comprendre que ta mère t’as dit qu’il était… mort? » C’est fort quand même. Le gars aura beau être le pire des trous du cul, il était bien vivant.

Il n'y avait même plus de mots pour décrire l'état dans lequel Sloan se trouvait. Il était perdu, quelque part entre la haine, l'incompréhension et la tristesse. Ses yeux étaient remplis de détresse. C'était toute son enfance qui s'écroulait avec cette nouvelle et le pire dans cette histoire, c'est qu'il ne connaîtra jamais la vérité. Serah prenait des pincettes avec lui et se risqua quand même à lui demander les choses. « Elle m'a dit qu'il était mort, cette pute m'a fait croire, nous a fait croire que notre père était mort. » grogna-t-il, furieux, en shootant dans une poubelle qui traînait là pour la renverser. C'était la première fois que Sloan traitait sa mère. Depuis sa plus tendre enfance, il la respectait contre vents et marrés, contre l'influence du Bronx. Si le jeune Bushnell était à Harvard et qu'il apparaissait comme un homme charmant et combatif, c'était uniquement grâce à sa mère. Et là, il apprenait que depuis toutes ces années, elle lui avait tout simplement menti. « Et lui, comment ça se fait qu'il n'ait pas gardé contact avec nous ? Cette histoire n'a aucun sens ... Ma mère est morte Serah, elle est morte avec ce putain de mensonge. Je ne comprends pas comment on peut être aussi égoïste ! » Finalement, le fait qu'il soit bipolaire était peut-être due à tant de mensonge de la part de son enfance si déséquilibrée.

« Elle m'a dit qu'il était mort, cette pute m'a fait croire, nous a fait croire que notre père était mort. » Franchement, je n’sais pas ce qui est pire. De se faire dire que son père est mort ou alors qu’il est parti refaire sa vie et nous a abandonné. D’un certain sens, le croire mort t’aura permis de passer ta vie sans te poser une tonne de question. Sans vouloir comprendre pourquoi il a fait ce qu’il a fait. Malgré tout, je crois que j’aurais préféré la vérité à un mensonge aussi énorme. « Et lui, comment ça se fait qu'il n'ait pas gardé contact avec nous ? Cette histoire n'a aucun sens ... Ma mère est morte Serah, elle est morte avec ce putain de mensonge. Je ne comprends pas comment on peut être aussi égoïste ! » Oh… je n’savais pas que ta mère était morte en emportant le secret. Merde. J’ouvre la bouche pour parler et la referme aussitôt. Qu’est-ce que j’pourrais bien dire de toute manière? « Je n’sais pas ce que ta mère avait en tête quand elle a fait ça…. Mais je sais que de vous savoir vivant, toi et Iris, ça me donne une raison de plus de détester Edward. Il n’a jamais été un père aimant ou attentionné. Il me donnait tout ce que je voulais, mais jamais ce dont j’avais besoin Sloan. Si tu veux mon avis, vous avez évité le pire en ne grandissant pas avec lui… » Oui parce que j’aurais échangé notre fortune n’importe quand pour un peu d’amour… même si je ne le dirai probablement jamais à voix haute.