MACKENZIE L. ATWOODTH ► kristen stewart

Je pensais avoir pourtant été clair, je ne t'aime pas ! La porte avait claqué, laissant une Mackenzie non pas seulement en colère, mais à deux doigts de la rage. Et dire que ce sale type, en plus d'être son psy - ou plutôt son ancien psy - avait osé la mettre enceinte pour mieux l'abandonner dès que cela se corsait trop. La brune n'eut aucun autre choix que celui de se venger sur le bureau de ce médecin à la manque, balançant à terre tout ce qui se trouvait dessus, y compris un ordinateur portable contenant très certainement les notes de consultations précédentes. Mais qu'il porte plainte, qu'elle se gausse deux minutes. Quelle conne... mais quelle conne putain ! vociféra-t-elle contre sa propre personne, et ce foutu embryon qui lui provoquait déjà les sentiments les plus haineux du monde. Jamais Mackenzie' n'avait voulu tomber enceinte ni devenir mère, jamais. Surtout pas de son psy, alors que cette thérapie pourrie lui était contrainte par nul autre que son boss. Pour la santé de l'équipe, disait-il... tu parles Charles. A part lui faire dépenser une fortune face à ce charlatan endimanché, pour mieux se flanquer dans une merde noire, la demoiselle ne voyait aucunement l'intérêt. Autant dire que le bureau ne fut pas son unique cible, sa rage semblant impossible à canaliser. Mackenzie' se mit à arracher chaque tableau au mur, balancer les bouquins de toutes les bibliothèques à terre - pour mieux les écraser de ses talons aiguilles - avant de se venger sur ce divan où ce psy de malheur l'avait touchée. Pour cela, rien de tel qu'une bonne vieille paire de ciseaux, qu'elle fut en mesure de dénicher parmi le capharnaüm de ce qui lui restait de bureau. Le chesterfield ne fit pas long feu entre ses mains, tandis qu'elle en sortait la mousse, calmant ses propres foudres en s'usant le tempérament. Jouissif. Ce n'est qu'une fois épuisée, au milieu d'un véritable champ de bataille, que Mackenzie' fut réellement en mesure de réfléchir et de se calmer. Comme toujours... elle ne pensait à ses actes qu'une fois ceux-ci commis. Tu l'emporteras pas au paradis, pachyderme à la con... murmura-t-elle pour mieux se relever de son œuvre, avant de quitter la pièce et refermer le plus calmement du monde la porte, passant devant une secrétaire médusée. Que s'était-elle imaginé, celle là ? Impossible à dire, mais Mackenzie s'en gaussait joyeusement et intérieurement. Faudra vraiment dire à votre boss que la déco de son cabinet est à chier conclut-elle avant de quitter définitivement cet endroit maudit. Il allait lui falloir expliquer à son patron pourquoi la poursuite de sa thérapie ne se ferait pas, autant dire qu'il lui faudrait la jouer serrée. Ce qu'elle n'imaginait pas une seconde, c'est que son commissaire aurait tôt fait de remplacer l'ancien psy par une autre. Une femme. Moins de risque, qu'il pensait... ou pas.


La nouvelle psy n’œuvrait pas du tout de la même manière. Point de rendez-vous en cabinet, cette dernière se pointa carrément dans le garage de la jeune femme, sans crier gare, ni prendre rendez-vous au préalable. La scène à laquelle elle assista cependant fut à glacer le sang. Mackenzie', un maillet à la main, défonçait littéralement une voiture qu'elle s'était évertuée à retaper durant toute l'année. Un comportement que beaucoup pourraient qualifier d'instable, de violent sans raison apparente, mais ce que beaucoup ignoraient, c'est que les raisons ne manquaient pas chez la demoiselle. Même si elle ne détruisait pas cette fameuse voiture à cause du fait qu'elle ait été mise à la porte de chez elle par ses propres parents à l'âge de seize ans parce qu'elle était bisexuelle, ou encore parce qu'elle avait vécu dans la rue, ou été escort girl... la raison d'une telle virulence demeurait plus profonde, et n'avait même rien à voir avec son avortement récent, ou le petit esclandre fait dans le cabinet de son ancien psy, non. La nouvelle thérapeute eut la présence d'esprit d'attendre que l'orage ne se calme, et profita du fait que Mackenzie' ne s'effondre en larmes à l'intérieur de l'habitacle, assise sur le siège pour s'asseoir à ses côtés, dans le silence le plus complet. Qu'est-ce que vous foutez là, vous ? Ça empeste le psy à plein nez... murmura-t-elle entre deux sanglots, tournant son visage pour que cette dernière ne puisse pas admirer complètement la scène. Mackenzie' restait quelqu'un d'extrêmement fier, même dans la pire des situations. Je ne suis pas là pour vous juger, Mademoiselle Atwoodth, mais pour vous aider. J'ai eu vent de ce qui s'était passé avec mon collègue et je condamne son comportement. Laissez-moi vous aider... C'était bien la première fois qu'on lui parlait avec douceur et qu'on lui proposait ouvertement de l'aider, surtout après un tel accès de violence. Au moins, cette femme cherchait à comprendre sans porter un jugement... du moins pour le moment, car Mackenzie' restait tout de même sur ses gardes. Cinq ans, c'est super long... on dit que le temps apaise la douleur, mais c'est de la connerie en boîte. Le temps n'apaise rien du tout... ça donne juste l'impression d'être encore plus seul qu'avant. Cette caisse, c'est un peu le souvenir de ma connerie. De mes péchés. C'est moi qui conduisait cette nuit là... il était à côté, et on se disputait. J'arrive même plus à me souvenir de la raison de la dispute... j'espère que c'était quelque chose d'important... il y avait tellement de pluie, j'ai perdu le contrôle. La voiture est partie à dam, et a percuté un arbre... il a traversé le parebrise, et moi je n'ai eu que de petites égratignures. Il ne se passe pas un jour sans que j'y pense. Sans que je me dise... je l'ai tué. J'ai tué l'homme que j'aimais... tous les ans je répare cette caisse, mais en vrai, je ne répare rien du tout. Les sanglots repartirent de plus belle, alors que la psy ne disait pas un mot. Le geste qu'elle eut de déposer sa main contre l'épaule de la demoiselle fut suffisant. Parfois, les mots n'avaient pas forcément de sens...