think of all the stories that we could have told (philia)

Je m'impatiente, comme bien souvent. Je ne tenais pas à l'alcool et s'il me laisse boire tous les shooters, c'est sur son dos qu'il allait me ramener. Danser, et bouger de manière générale, allait me faire du bien, ça allait accroître les effets, peut-être bien, mais, je suis certaine que ça n'allait pas m’endormir. Enfin, je ne pense pas que Philip pourrait m'endormir et je venais clairement de lui proposer de me soutirer des informations quand le bon moment sera venu. Alors bon, quel homme refuserait un tel exercice ? « Laisse-moi une minute pour te montrer comment un Mather est censé boire et on y va. » - « Ne me cherche pas Philip, tu pourrais me trouver. » Et je riais en le regardant saisir un verre et le boire cul sec avant de faire pareil avec tous les autres. Je ris toujours. Est-ce qu'il est fou ? Pas terrible pour une mather, mais j'étais dans l'incapacité de faire la même chose et pourtant, voilà que j’attrapais au moins un verre pour le boire moi aussi. Pour la route. « Et voilà le travail. Maintenant je suis prêt à te faire danser jusqu’au bout de la nuit. » Un large sourire apparaît sur mes lèvres et j'accepte sa main pour le suivre sur la piste de danse. Danser. J'adorais danser. Malgré l'accident que j'avais eu, il y a plus d'un an et cette passion que j'avais dû arrêter, je dois avouer qu'aller danser était surement l'un de mes plus grands plaisirs. Je bougeais au rythme de la musique, en face du jeune homme. Les effets de l'alcool se faisaient ressentir de plus en plus. Mes yeux bleus devaient rougir un peu, tout comme mes joues qui prenaient des couleurs. Le jeune winthrop quant à lui, semblait encore loin de mon état actuel. Je n'étais pas ivre, loin de là, mais il m'en fallait peu pour être pompette. Il m'en fallait peu pour me libérer totalement et devenir des plus tactiles. Je me rapproche alors du jeune homme, ma main glissant dans son dos et en riant, je danse contre lui. Ils étaient loin les deux enfants que nous étions, mais en même temps, pas tant que ça.

De manière générale tu n'aimes pas le gaspillage, mais c'est encore plus vrai lorsqu'il s'agit d'alcool. Tu te chauffes donc facilement pour finir tous les verres que tu as commandés un peu plus tôt, avec une maigre contribution d'Ana. Malgré le nombre de shooters avalés, tu es certain de ne pas mal finir ce soir car il t'en faut plus pour te mettre à terre. Nul doute en revanche que ton esprit sera tout de même bien attaqué d'ici quelques minutes mais après tout c'est ce que tu recherches en venant ici. Une fois sur le dancefloor, tu laisses l'ivresse te monter lentement à la tête, ton corps guidé par la musique alors que tu lis le bonheur sur le visage d'Ana pour ton plus grand plaisir. Tes yeux dans les siens, tu vois petit à petit les effets de l'alcool lui élargir son sourire et réduire la distance entre vous. Les minutes s'égrènent sans que tu ne les voies passer et tu te sens doucement envahi par une délicieuse sensation d'allégresse. Chaque regard que tu lances à Ana ne fait qu'augmenter l'affection que tu éprouves pour elle, et vous dansez désormais collés l'un à l'autre, de sorte que chacun de ses mouvements entraîne un écho dans ton propre corps. En temps normal, avec n'importe quelle autre fille, il y a bien longtemps que tu aurais déjà tenté quelque chose. Mais pas ce soir. Pas avec Ana. Pas alors que tu flippes complètement de gâcher ce qu'il y a entre vous. Tu viens à peine de la retrouver et pour rien au monde tu ne voudrais la perdre à nouveau. Alors tu t'ériges une barrière dans la tête, une limite que tu ne comptes pas franchir. Rien ne t'empêche cependant de t'en rapprocher le plus possible. Alors qu'elle est dos à toi, tu passes tes bras autour d'elle pour l'enlacer, tout en continuant à danser lentement. Elle vient alors poser sa tête dans le creux de ton cou, ton visage à quelques centimètres seulement de sa chevelure dorée. Tu souris et respires à plein poumons l'odeur de son shampooing, prêt à te shooter avec tout le reste de la nuit.

J'étais une mather de pacotille, faut l'avouer. Je ne tenais pas du tout à l'alcool à tel point qu'il ne me fallait pas grand chose pour être complètement saoule. Au moins, j'étais amusante en soirée et quand je devais lourdingue, c'était le moment où tout le monde commençait à être ivre. En gros, le timing était parfait. Encore ce soir, quand je voyais tous les shooters en face de moi, je me disais que j'allais mal finir et je comptais sur Philip pour ramener en un seul morceau. Pour le jeune homme, ça semblait être une partie d'enfant que de boire autant d'alcool d'un coup. Pas plus mal. Nous rejoignons rapidement la piste de danse et je me laissais aller, heureuse d'être où j'étais. J'adorais danser et faire la fête et puis, c'était super d'être avec Philip, surtout que nous avions un lien particulier tous les deux. Même si c'était à distance et parfois imaginaire dans ma tête ou bien celle des autres, il était une part de mon enfance, une part d'insouciance que j'appréciais côtoyer. Plus les effets de l'alcool se faisaient ressentir et plus je me rapprochais du jeune homme jusqu'à venir coller nos corps l'un contre l'autre. C'était naturel, du moins, je le faisais sans réfléchir, de manière spontanée. Je repartais ensuite, un large sourire aux lèvres, virevoltant, je lui tournais le dos quelques instants. Le contact se fit à nouveau de lui même quand Philip vint se coller dans mon dos, enlaçant ma taille tandis que je laissais retomber ma tête en arrière, sur l'épaule du jeune homme. On continuait de danser et j'étais certaine que beaucoup de femmes tueraient pour être à ma place à cet instant. Nous étions bien. Mon sourire ne quittait plus mes lèvres et ça faisait longtemps que je ne m'étais pas sentie autant en osmose avec un homme.

T'ignores combien de temps vous restez là, enlacés sur la piste de danse à bouger plus ou moins lentement au rythme de la musique. T'as paumé ta notion du temps quelque part entre le sixième et le septième shooter, et le meilleur dans tout cela c'est que cela t'est complètement égal. T'es juste tellement bien que t'as l'impression que tu pourrais rester l'éternité ainsi. Juste vous deux, dans une foule d'anonymes, loin de tous les problèmes qui te harcèlent au quotidien. Son contact est tout ce dont tu as besoin. T'apprécies pleinement de la sentir contre toi, comme si vous reconnectiez vos âmes après que vos chemins aient divergé. Tu te perds avec avidité dans l'éclat de ses yeux dorés, dans cet univers qui n'est rien à qu'à vous deux pour cette nuit. T'aimes voir ce sourire un peu béat qui étire constamment ses lèvres carmins. Sentir son parfum entêtant qui se dégage comme un oasis au milieu des effluves moites. Toucher sa peau douce, brûlante par la fièvre de vos danses sans fin. Elle semble heureuse à tes côtés. Tu n'en demandes pas plus. Au petit matin, les lieux se vident petit à petit alors que les effets de l'alcool se dissipent et que la fatigue se fait ressentir. Ton allégresse demeure pourtant, tout comme celle d'Ana. Tu commandes un uber pour vous raccompagner chez vous. Le trajet se passe dans le silence le plus total, t'es trop occupé à essayer de retenir le maximum de souvenirs de cette nuit si particulière. Une fois devant chez elle, tu la regardes sortir de la voiture l'air pensif. Là maintenant tout de suite, tu ne sais plus si tu es l'homme le plus heureux ou le plus triste du monde.