It's beginning to look a lot like Christmas! (Jax & Oliver)

Ses derniers temps, je n'ai pas été souvent sur le campus, autre que pour les cours. Et encore, y'en a certains que j'ai manqué, préférant aider mon frère au poste comme je le pouvais pour essayer qu'ils puissent avancer l'enquête. Je n'ai pas aider à grand chose, mais je préférais ça à rester inactif dans mon coin et devenir cinglé à force de me faire des idées. Depuis que les disparus ont retrouvés les leurs, je ne suis pas plus là. Puisque Jason insiste pour que Carter dorme à la maison, j'y reste aussi. Aujourd'hui cependant, elle est avec son mari, alors je me retrouvais seul avec les deux boules de poils. Honnêtement, j'en avais pas envie. Alors je fais mon gentil beau-frère et je vais faire quelques courses pour Shirley. Des trucs de Noël principalement. Par la même occasion, ça serait pas bête que j'essaie de trouver les cadeaux que je veux offrir.

Alors, j'ai embarqué mon sac à dos, les listes et le kit de lentilles pour mon cellulaire puisque j'ai pas envie de m'encombrer de mon appareil photo et tout le bazar qui vient avec. Ha oui! Aussi, un "détail" très important : je me suis renseigné si Jax était libre et lui ai donné rendez-vous au Quincy Market. C'est donc pourquoi je l'attends près de l'une des entrées principales, comme dit. Un sourire aux lèvres quand je le vois arriver, je le salue avant d'avoir un mouvement que je réfrène rapidement. J'allais l'embrasser. Mais on est en plein public et… c'est pas vraiment notre relation, n'est-ce pas? On est amis et amants secrets, mais pas vraiment en fréquentation. Du moins, pas publiquement puisqu'il n'est pas vraiment près pour ça. Et moi, je suis prêt à ça à nouveau? J'en sais rien. Et j'ai pas envie de me poser la question plus qu'il faut. Soupirant intérieurement, je lui tends plutôt le café que j'ai acheté pour lui.

- Tiens, je me suis dit que ça te ferait plaisir, fis-je avec un sourire avant de prendre une gorgée du mien.

Le sourire est sincère. Je suis heureux de le voir et qu'il aie accepté mon invitation.

Retenant mon premier mouvement pour l'embrasser, je suis assez surpris de le voir me faire une accolade amicale. De manière, j'essaie simplement de retenir presque tous contacts physique envers lui quand on est en public. Surtout pour ne pas le rendre mal à l'aise. Ses mots à mon oreille me font chaud au coeur et j'en souris grandement. Ça fait un moment qu'on ne s'est pas vu, c'est vrai.

Lui tendant un café que j'ai acheté en arrivant, je prends également une gorgée du mien en lui emboitant le pas, riant légèrement.

- Je ne lis pas dans tes pensées, mais je sais que tu aimes, précisais-je. Et puis, c'est l'une des meilleures façons de faire un échange contre une faveur de ta part, si je me souviens bien, fis-je sur un ton plus joueur. Du moins, une façon qui puisse se faire dans un cadre public, précisais-je plus bas en riant légèrement. En vrai, y'a quelque chose que j'aimerais te demander, dis-je, redevenant plus sérieux gardant un ton plus bas pour que le brouhaha ambiant ne laisse que nous entendre notre conversation. Tu me dis si t'es pas à l'aise, mais j'aimerais pouvoir dire à ma cousine qui tu es. Elle sait que je ne dors pas toujours seul, elle sait aussi que tu es un mather, parce que j'ai dû dire où j'avais passé la nuit un soir et que je ne lui mens pas, expliquais-je. Elle sait énormément de trucs sur moi que d'autres ne connaissent pas, donc elle ne dira pas qui tu es ou n'ébruitera pas cette histoire si je le lui demande. J'aimerais simplement pouvoir lui parler sans censure. Sauf que je ne le ferai pas si tu me dis que ça te dérange, insistais-je.

Je respecte qu'il ne veuille rien dire, qu'il ne veuille pas que ça se sache sur le campus. Je peux comprendre. Mais je cache rien à Carter, alors présentement, ça me fait étrange quand elle me demande des nouvelles.

- Présentement, t'es sous le label "Mr. Mystère", indiquais-je avec un sourire en coin avant de prendre une gorgée de café.

Riant de sa douce provocation, je lui sers un sourire joueur qui se peint facilement sur mes lèvres lorsque je suis avec lui.

- Je suis un artiste, je te rappelle, donc t’inquiètes pas : j’ai de l’imagination. J’essayais juste d’être ...socialement correct. Pour une fois, fis-je, me moquant de moi-même.

Je suis parfaitement conscient que je perds facilement le contrôle quand on est seul. On se chauffe facilement et ça finit tout aussi souvent sur ou sous la couette. Ou parfois ailleurs. Mais le fait d’être capable de jouer, se taquiner et que nos contacts restent dans une ambiance légère, ça m’est particulièrement agréable. Je sais pas si ça serait toujours comme ça si y’avait plus que ce qu'on partage présentement. Ça deviendrait plus compliqué, non?

Lui demandant si ça le dérange, je lui explique que j’aimerais bien parler ouvertement de lui avec Carter. Après tout, y’a beaucoup de détails de moi qu’elle connait bien. Et je sais que si je lui demande, elle ne dira rien. Pouffant à sa réponse, je marche à ses côtés, une main dans ma poche de jeans, l’autre tenant mon café.

- Non, elle sympa et elle le criera pas partout. Elle aimerait bien te rencontrer éventuellement cela dit. Associer un visage aux marques qui apparaissent un peu partout sur mon corps depuis plusieurs semaines, ajoutais-je, pointant juste le bout de ma langue entre mes lèvres pour le taquiner.

Elle lui fera peut-être la morale où je sais pas quoi quand elle le rencontrera. Ou l'inverse complètement. Avec Carter, faut s’attendre à tout. Accessoirement, ne pas la mettre au défi est aussi une sage décision. Je garde quand même en tête qu'elle a dit qu'elle éduquerait mon prochain copain pour qu'il prenne soin de moi. Ou un truc du genre. Après c'est pas vraiment ça entre Jax et moi.

- Les photos, permet-moi d’être égoïste pour le coup, riais-je.

Marchant encore un peu, je tourne la tête pour voir un corridor donnant sur les arrières-boutiques avant de déboucher sur le passage marchand parallèle à celui où l'on se trouve.

- Viens, on passe par là, je veux voir un truc de l'autre côté, fis-je avec un signe de tête.

Pas tout à fait vrai, mais chut. N'attendant pas son avis, je m'y engage, agissant comme si c'était parfaitement normal pour ne pas me faire emmerder par quelqu'un de l'endroit. L'espace, moins illuminé que l'espace publique est encombré de quelques cartons empilés près des portes arrières, même si le corridor est encore facilement praticable. C'est de l'espace de stockage quoi. Contournant une colonne de boîtes empilées qui fait facilement ma hauteur, je disparait momentanément de la vue de Jax. Ne continuant pas, j'attends plutôt, adossé au mur, qu'il arrive à ma hauteur pour l'attirer par le bord de son manteau et l'embrasser.

- Merci, soufflais-je contre ses lèvres lorsque je le relâche. C'est mieux comme façon de soudoyer? Le questionnais-je avec un sourire en coin.

- Disons que les marques que tu me laisses sont rarement discrètes, fis-je avec un sourire. Pas que ça me dérange le moins du monde, bien au contraire. Mais, je fais pas chose pour les cacher, alors oui, elle as assez vite remarqué, aquiesçais-je.

Souriant, je penche légèrement la tête pour le regarder alors qu’il se permet une gorgée de café. Essayant de ne pas me ramasser en continuant de marcher, je finis par admettre que pour les photos qu’il m’a envoyé, je vais me permettre de les garder égoïstement que pour moi. Et puis, bon d’accord, je peux dire à peu près tout à Carter, mais molo quand même, si je lui présentement une de ces photos-là comme premier contact, bonjour la délicatesse! Quoi qu’elle comprendrait probablement pourquoi j’ai de la difficulté à pas lui sauter dessus…

Avisant un passage entre les arrières boutiques, je fais signe à Jax, indiquant que je veux voir un hypothétique je-sais-pas-quoi de l’autre côté. Empruntant le chemin avant lui, je finis par l’attirer, au détour d’une pile de boîtes et, cachés des possibles regards, je l’embrasse, le remerciant quand je le relâche, me moquant doucement aussi. Riant doucement à sa réponse et son clin d’oeil, je souris un peu plus quand il vient capter mes lèvres à nouveau. Doucement. Lentement. Profitant, je laisse le pan de son manteau pour glisser ma main à sa nuque et lui offrir une caresse. Ouvrant les yeux lorsqu’il me libère, je laisse entendre un léger soupir. De plaisir légèrement teinté d’amertume qui n’a pourtant pas sa raison d’être. Un léger sourire pour me reprendre et mes doigts quittent sa nuque pour sa main, le temps d’une simple impulsion pour lui faire signe qu’on devrait peut-être continuer avant de se faire prendre. Enfilant les pas, on débouche à nouveau sur la gallerie marchande et le brouhaha ambiant m’emplie les oreilles. Comme si derrière les boites dans ce corridor un peu plus sombre, le temps avait fait une pause pour nous permettre un moment. Étrange comme pensée peut-être. Ce qui me fait le plus étrange, c’est de réaliser à quel point je peux m’accrocher à Jax en fait. J’aime son contact, sa présence… Lui coulant un regard, je finis par lui sourire sincèrement. Une nouvelle gorgée de café et je reprends ma marche, naturellement.

- Je ne peux pas te promettre qu’elle ne te fera pas de sermon, mais elle est gentille, t’en fais pas pour ça, fis-je en reprenant la conversation. Juste aussi protectrice à mon égard que je peux l’être au sien, je crois. Et comme y’a pas eu que des bons moments avec…

Lui coulant un regard, je baisse la tête un instant, la secourant de gauche à droite, échappant un léger rire devant ma bêtise.

- J’arrête de t’emmerder avec ça, lui assurais-je. Mais merci.

Un petit rire m’échappe lorsqu’il affirme que ce n’est pas poli de commencer une phrase sans la terminer. J’avais oublier qu’il pouvait être assez curieux. Ses paroles me touchent aussi quand il m’assure que je peux lui raconter des trucs. J’en perds cependant une partie en sentant ses doigts autour des miens, étonné qu’il ose un tel mouvement au milieu de la foule, même s’il regarde partout pour s’assurer que ça passe discretos. Mes avis que y’a pas un chat qui le remarquera. Tout de même, il me surprend de le faire, peu importe que ce soit bref.

- Ça me fait plaisir d’être là pour toi, je te jure, lui assurais-je avec un sourire. Et ce n’est pas que je crois que tu vas te moquer si je te dis pas, c’est plutôt que je veux pas t’embêter. J’ai l’impression de t’en parler souvent et je veux pas te tomber sur le système avec ça.

Qui veut entendre parler de l’ex d’un autre? Généralement pas grand monde. Sinon, j’écoute souvent mes amis et connaissances, j’essaie d’être là pour eux, mais j’ai pas toujours le réflexe de me confier aussi quand j’ai des problèmes. Pourtant, si on me pose des questions, je peux dire à peu près n’importe quoi : j’ai pas grand chose à cacher.

- Ce que je disais, c’est qu’avec mon ex, c’était pas nécessairement que du bonheur. Disons qu’on a plutôt fait les montagnes russes sur presque toute notre relation, expliquais-je à Jax en me remettrant à marcher, lui démontrant que je lui fais confiance justement. La descente la plus difficile ça été quelques semaines après le Spring Break. Il a rompu. Suite à ça, on s’est pris la tête sévèrement plus d’une fois et disons que je me suis renfermé pendant plusieurs semaines. J’ai rien foutu. Je suis tombé en mode zombie : je me levais, j’allais en cours par principe, je piochais mes devoirs parce que je devais les rendre, Jason m’a forcé à manger je sais plus combien de fois, je descendais cigarette sur cigarette, je touchais plus à ma peinture… Bref, tu vois le genre. Et finalement, c’est Carter qui nous a forcé à passer du temps ensemble, au bal, histoire qu’on règle tout ça une fois pour toute. Ça a fonctionné, on est même revenu ensemble un moment, puis je suis parti et j’ai tout fichu en l’air, avouais-je en baissant la tête, pas super fier de ce coup-là. On accepte les conséquences de ses actes aussi, à un moment, fis-je en haussant les épaules avant de prendre une gorgée de café.

J’en veux pas à Saël de ses réactions suite à mon départ. C’est légitime. Je doutais pas des sentiments qu’il avait à mon égard et je reconnais que je lui ai probablement brisé le coeur en disparaissant. Et quand j’ai refais surface, on était deux êtres blessés par l’autre et qui ne pouvaient plus se guérir ensemble. Lui, fracturé par mon départ, moi, par ses accusations et son manque de confiance. On pouvait pas se reconstruire ensemble.

Au final, je n’ai pas de difficulté à dire que j’étais heureux avec lui, mais je ne suis pas certain que je recommencerais l’expérience. J’en reste avec un goût amer de notre relation et je sais que ça m’embrouille. Je me cantonne dans mon idée de « on se prend pas la tête, y’a rien de sérieux » alors que je vois bien que je m’accroche à Jax un peu plus facilement chaque fois qu’on se voit. L’ennui c’est que je ne sais pas exactement ce que je ressens, outre une amitié grandissante, et j’ai peut-être un peu peur de me poser réellement la question. Peur de ce que je peux trouver. Peut-être peur aussi d’être à nouveau blessé aussi, si je m'investi dans quelque chose.