CSILLA V. KOVÁCS ► Victoria Justice

András – le père

András Kovács a les yeux bleus. Un bleu qui vous glace instantanément le sang. On dit de lui qu’il est dur en affaires et que son autorité naturelle impose automatiquement le respect à tous ceux qui le rencontrent. C’est d’ailleurs grâce à ces traits de personnalité qu’il a réussie dans le monde des grands industriels. Son entreprise est numéro une de l’industrie pharmaceutique en Europe de l’Est et elle ne cesse de progresser. Il est riche, très riche. On dit de sa femme qu’elle est magnifique. András n’a qu’un regret. Il y pense chaque jour et maudit le ciel de ne pas lui avoir accorder cette « récompense ». Il n’a pas de fils héritier. Oh bien sûr, il a une fille mais ce n’est pas le genre d’homme qui accepterait de donner du pouvoir à une femme. Ce n’est pas leur fonction. Alors cette gamine, il n’en a que faire. Elle a juste rendu sa femme stérile et pour lui, cet affront est déjà celui de trop.

Ramóna – la mère

Ramóna Kovács possède une beauté qu’on ne saurait expliquer. Elle resplendit. Elle est toujours impeccablement coiffée et habillée. Son mari en est très fier, il aime la sortir à toutes les soirées mondaines. Et il sait qu’elle ne lui fera pas honte, ça non, Ramóna sait se tenir en société. Elle l’aime aveuglément et n’ira jamais contre lui. Même lorsqu’un soir, alors qu’il avait trop bu, il a voulu étrangler sa fille de six ans. Elle est restée droite, dans un coin de la pièce et le suppliait, presque en chuchotant, de ne pas tuer son unique enfant. Ramóna ne peut plus avoir d’enfant. Lors de l’accouchement de sa fille, des complications ont anéanti toutes ses chances d’enfanter à nouveau et d’offrir un garçon à son mari, son seul et unique souhait. Elle éprouve une certaine rancœur envers sa fille et la laisse dès que possible aux mains des nourrices et gouvernantes.

Miklós – le premier baiser

Miklós a huit ans et Miklós aime faire tomber les autres enfants et tirer sur les nattes des filles. Le règlement, il n’en a rien à faire. Un jour, Miklós a voulu soulever la jupe d’une de ses camarades de classe, la plus jolie, et c’est ainsi qu’il s’est retrouvé pour la première fois de sa vie par terre avec tous les autres autour qui riaient de lui, particulièrement sa victime. Alors Miklós a fait quelque chose qu’il ne fait jamais et s’est mis à pleurer, comme ça devant tout le monde. Derrière ses yeux brouillés par les larmes, il a vu une main se tendre vers lui et l’a attrapé, l’aidant à se remettre debout. Il s’est arrêté de pleurer et s’est rendu compte que celle qui l’avait aidé était la fille même qui l’avait fait tomber. Elle lui a juste souri et est partie en chantonnant. Miklós était surpris. D’habitude, les filles, elles pleurent et se plaignent au professeur. Pas elle. Alors tous les jours depuis, Miklós est allé lui parler, la taquiner, lui offrir une fleur trouvée dans un jardin, puis ils se sont retrouvés enfermé dans un placard de l’école et, là, Miklós lui a donné son premier baiser.

Jusztina – la « meilleure amie »

Jusztina est jalouse. Elle a pourtant tout pour elle. Elle est jeune, plutôt belle et ses parents sont riches. Mais l’adolescente n’est pas satisfaite. Sa meilleure amie depuis l’enfance est bien plus jolie qu’elle et elle accapare l’attention de tous les garçons. A quinze ans, il n’y a rien de plus important. Alors Jusztina fulmine mais ne laisse rien paraître devant son amie. Elles se connaissent depuis toujours et chacune a une confiance aveugle en l’autre. Sauf que Jusztina vit à présent dans l’ombre. Sa meilleure amie est aimée de tous, les profs, les autres élèves, et elle agit comme si elle ne s’en rendait même pas compte, c’est tellement agaçant. Jusztina ne lui parle plus de grand-chose et surtout pas de Regő, celui dont elle est secrètement amoureuse. Alors le jour où son amie lui annonce qu’elle sort avec Regő, c’est la goutte d’eau pour Jusztina qui n’a plus qu’une idée en tête : se venger. Son plan est infaillible : inviter Regő à une fête chez elle, le faire boire, renverser un verre sur lui, l’emmener se changer dans une chambre, envoyer un message à son amie pour qu’elle vienne d’urgence. Jusztina est enfin satisfaite. Le plan s’est déroulé avec succès.

Alejandro – le premier amour

A Madrid, il fait chaud. Alejandro aime porter des tee-shirts cintrés et des débardeurs, ça met en valeur ses muscles. Avec son timbre de voix chaud et son air ténébreux, il les fait toutes craquer. Il n’a même pas vraiment besoin d’en jouer, c’est naturel chez lui. Pourtant, à dix-sept ans, il n’est jamais tombé amoureux. Jusqu’à ce fameux été de canicule où il l’a rencontré. Qu’est-ce qu’elle était belle avec son regard brun profond, presque noir, ses longs cheveux bruns, sa bouche… Leur rencontre fut explosive. Ce fut une véritable découverte de l’amour, passionné, inconditionnel. Ils ne se sont plus quittés durant cinq années. Elle est venue étudier à Madrid mais devait souvent repartir en Hongrie, son pays natal. Il ne savait trop pourquoi. Elle était très mystérieuse, cette fille. Elle disparaissait, sans explication, puis revenait en lui demandant de ne pas poser de question. Il ne disait rien, il l’aimait. Un jour, c’est lui qui a disparu. Et il n’est jamais revenu.

Sírásók – la mafia hongroise

Sírásók ça veut dire « fossoyeurs » et ce n’est pas un nom à prendre à la légère. Ceux qui le connaissent en Hongrie tremblent de peur en l’entendant. András Kovács ne tremble pas, jamais. Et il les connaît bien les fossoyeurs mais personne ne le sait. La seule au courant est sa fille de vingt ans. András était persuadé qu’elle n’aurait jamais aucune valeur à ses yeux, jusqu’au jour où il s’est rendu compte que c’était une prodige de l’informatique. La petite avait réussi à entrer dans le système de sécurité de sa société, sans aucune aide. Pourquoi faire ? Juste comme ça, pour essayer. Elle lui a confié qu’elle était aussi entrée, un jour, dans celui du gouvernement. A ses yeux, elle existait enfin et elle ne pouvait pas en être plus satisfaite. Il s’est alors mis à lui demander des faveurs, pour des amis disait-il, ou pour lui parfois. Elle s’exécutait sans rechigner et ne s’est pas tout de suite rendue compte qu’elle travaillait à présent pour les fossoyeurs. Au début, c’était amusant, ils étaient plutôt sympas avec elle. Et puis il y a eu la prise de conscience, les disparitions suspectes, les traces de sang, les cris dans les autres pièces… Elle a voulu tout arrêter. Ils ont alors assassiné sa seule échappatoire, l’amour de sa vie.

Domonkos – le fiancé

Domonkos ressemble au gendre idéal. Mais Domonkos est un idiot, narcissique, imbu de lui-même, un incapable. Il est le meilleur parti de Budapest, ses parents sont les rois de l’immobilier là-bas. Domonkos traîne dans de sales histoires. Il aime les filles aussi, celles qui ne lui résiste pas. Ses parents viennent de lui annoncer qu’il devait se fiancer avec une fille de leur choix, une jolie petite poule de vingt-quatre ans selon lui. L’idée ne lui déplaisait pas, il pourrait toujours aller voir ailleurs. La seule chose qui l’exaspère c’est son sale caractère, elle refuse d’être seule dans une pièce avec lui, elle l’insulte, le fuit. Elle vit à Londres pour ses études. Elle est très intelligente, bien plus que lui, ça aussi ça l’exaspère. Mais Domonkos aura gain de cause, il gagne toujours et ce n’est pas cette pouffiasse qui va changer cela.

Professeur Hodgkin – le protecteur

Pr. Hodgkin enseigne les neurosciences depuis quelques années à Londres. Il a fait ses débuts à Harvard mais souhaitait retrouver son pays natal. Il a toujours su garder un grand professionnalisme envers ses élèves. Mais il y a toujours une exception à la règle. Pour le Pr. Hodgkin, cette exception est apparue sous les traits d’une belle hongroise. Brillante, acharnée de travail, elle buvait ses paroles et en redemandait encore. Ils ont commencé à entretenir une relation prof-élève très spéciale et un jour, un matin froid d’automne où aucun des deux ne voulait quitter le confort du lit qu’ils partageaient, elle s’est ouverte à lui et lui a raconté sa vie : le désintérêt de ses parents, la mort de son premier amour, son lien avec la mafia hongroise, le peu de confiance qu’elle avait toujours connu dans son entourage, le nouveau fiancé que ses parents lui ont imposé, son envie de tout quitter… Il n’avait pourtant aucune envie de la perdre mais il devait l’aider à fuir. Il demanda à un de ses anciens collègues de consulter sa candidature et lui fit ses adieux, à regret, dans un hall d’aéroport, le jour de Thanksgiving.