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Congrats, you're pregnant! Chez Laska - 5 décembre 2017 - @Alaska Hamilton & Lisbeth |
Mardi 5 décembre 2017
Ce matin-là, Lisbeth avait fini assez tôt sa journée de travail. A l’approche des examens de fin d’année, les étudiants étaient de moins en moins exigés en cours pour préparer au mieux leurs épreuves. Et ils feraient bien de le faire, surtout dans les matières que Lisbeth enseignait. Tout au long de ce semestre, les prodiges de l’informatique avaient fait leur preuve et elle ne les ménagerait pas. Au lieu de se rendre chez elle pour peaufiner certains examens bien gratinés, elle s’engagea sur la route menant au centre-ville de Boston, direction l’hôpital. Comme certains le savaient, elle détestait ce genre d’endroit mais cette fois, elle s’y rendait de son propre chef, ayant pris rendez-vous une semaine plus tôt. La raison ? le retour de certains symptômes qu’elle connaissait bien et qui l’alertaient. Les nausées, les faiblesses, la fatigue presque accablante, le manque d’appétit et, occasionnellement (et pour son plus grand plaisir) les vomissements. Craignant une récidive de son empoisonnement au cobalt (mais comment serait-ce possible ?) ou autre chose de plus grave, la jeune femme avait, pour une fois, laissé le bon sens parler.
A cette heure de la journée, le trafic était dense dans les rues principales de Boston et elle galéra pour arriver à destination (et à l’heure). Miraculeusement, elle trouva une place où se garer avant de prendre la direction des admissions. Elle fut redirigée sur un autre étage, là où certains cabinets de médecins se trouvaient. Après s’être annoncée une seconde fois, elle patienta dans une salle d’attente pratiquement déserte. Pour tuer le temps (et surtout son anxiété), Lisbeth consulta sa boîte email, répondit à certains étudiants flippés avant la période d’examens, avant qu’une voix masculine ne la tire de ses pensées. Elle rangea son portable, se leva et serra la main du médecin avec moins de réticence qu’elle ne l’aurait fait des mois auparavant. A croire que ses manières changeaient radicalement. Déjà qu’elle comptait trois proches parmi les forces de l’ordre, dont un qui l’était vraiment plus… Bref, elle suivit l’homme en blouse blanche dans son bureau et prit place en face de lui. Son dossier médical se trouvait en face de lui et elle devina qu’il l’avait étudié de près. Très bien, ça allait éviter les interrogations interminables. Ou pas. Il débuta par les questions de routine à savoir les symptômes qui l’accablaient. Lisbeth insista bien sur le fait qu’elle voulait à tout prix qu’il contrôle son taux de cobalt et d’autres analyses plus complexes. Mais le toubib semblait déjà avoir une piste, qu’il ne partagea pas tout de suite. Il lui demanda simplement la permission de faire plus de tests sanguins. Bien entendu, Lisbeth accepta, ne se doutant pas de ce qu’il recherchait exactement. Une infirmière vint lui prélever le sang puis, à nouveau, la jeune professeure patienta.
Anxieuse ? Elle ne l’était pas vraiment. Juste impatiente de savoir ce qui clochait. Encore. Décidément, Declan avait raison : au bout de dix hospitalisations il faudrait obtenir une carte de membre. Un peu blasée, elle poussa un lourd soupir, hésitant à écrire à Clay. Non, elle attendrait de savoir ce qu’elle avait. Et si ce n’était rien de grave, inutile de l’alerter. Au bout d’un temps interminable, alors que les nausées revenaient au pas de course, le médecin revint vers elle et la fit revenir dans son bureau. Les questions prirent alors une tournure inattendue et Lisbeth en resta comme deux ronds de flanc. Au début, elle chercha à se défiler mais ce maudit toubib insistait. Alors elle répondit, contrariée, avant que l’analyse des résultats sanguins ne lui soit présentée. Elle s’empara de la feuille et rechercha d’abord ce foutu taux de cobalt. Normal. Merde. Visiblement, elle s’était trompée. Au lieu de la rassurer, ce constat la fit pâlir un peu plus et se sentir plus nauséeuse que jamais. Toutes ces valeurs étaient normales (peut-être le fer un peu bas mais toujours dans la limite de l’acceptable) mise à part une. Une seule.
« Refaites-moi cette analyse. »
Le médecin lui offrit une autre alternative et qui irait beaucoup plus vite. A contrecœur, la jeune femme accepta et cette fois, ce fut un tout autre échantillon qu’elle fournit à l’infirmière. Devant le médecin, les bras croisés, elle attendit à peine cinq minutes quand le résultat tomba : il confirmait celui du sang. Alors elle objecta (encore) parce que rien dans son corps (à part les symptômes qui l’avaient amenée jusque-là) ne présageait ce résultat positif. Alors l’homme en blanc s’empara de son téléphone et appela un de ses confrères. Pour lui, sa patiente avait besoin d’une preuve visible et non des chiffres ou un trait rosé sur un bâtonnet. Par chance, son collègue avait un créneau. Raccrochant, il invita Lisbeth à le suivre dans un autre secteur de l’hôpital. Comme un automate, elle le suivit alors que son esprit lui ordonnait de partir. Mais une partie d’elle voulait savoir, être certaine que tout ça n’était pas un mauvais rêve. Elle arriva alors dans la pièce tant redoutée et, à sa grande surprise, ce fut une femme qui l’accueillit. Cette dernière lui demanda de s’installer et de relever son haut. Lisbeth s’exécuta et attendit. Elle se crispa quand le gel froid fut déposé sur son ventre et, instinctivement, elle jeta un regard en biais à l’écran qui n’était plus noir. Et là, la vérité lui explosa au visage. Oui, elle était bien enceinte. Et à en croire les images, ça ne datait pas de hier. Mais comment était-ce possible ? L’obstétricienne lui expliqua chaque geste qu’elle faisait comme mesurer le fœtus pour savoir depuis combien de temps elle était enceinte et, à sa grande surprise, ça faisait déjà presque trois mois. Comment a-t-il pu survivre à sa dernière hospitalisation ? Avec tous les produits qu’elle avait reçu en intraveineux, jamais il n’aurait dû survivre. Et, pour ce que l’obstétricienne voyait, il ne semblait pas y avoir de malformation. Elle demanda alors à Lisbeth si elle voulait connaître le sexe et elle secoua la tête. Non, c’était bien trop de nouvelles à digérer en une seule fois. Et puis la prochaine fois, elle espérait ne pas être seule pour cette annonce. La consultation improvisée s’acheva alors avec le prochain rendez-vous fixé sans oublier la photo-souvenir. Lisbeth allait devoir la regarder mille fois par jour pour être certaine de ne pas avoir rêvé.
Au lieu de rentrer chez elle, elle prit la direction de l’appartement d’Alaska, dans un état second. Elle se gara et évita l’ascenseur pour monter chez elle. Elle frappa alors à la porte et attendit. Un peu pâle, elle faisait peur à voir. Mais là, il fallait qu’elle parle et à qui de mieux qu’Alaska qui croyait déjà en elle avant même qu’elle ne reçoive cette nouvelle des plus… Inattendues ? Quand la porte s’ouvrit enfin, Lisbeth lâcha un :
« Il faut que je te parle… »
Pas très assuré.
S a n i e
(Invité)