JANAE BLACK ► MAGDALENA ZALEJSKA

Avant qu'elle foute le camp, notre vie de famille n'était pas parfaite, mais j'avais secrètement espoir qu'elle change pour le mieux. J'étais probablement naïve, je ne dis pas le contraire. C'était ma mère après tout et même si elle ne voulait pas l'admettre, elle avait un problème. J'étais prête à en faire une mission de vie pour qu'elle guérisse, mais la naïveté l'a emporté sur tout et je suis revenue sur Terre, assez rapidement et brutalement. Un soir, en revenant de l'école sans mon frère, j'ai découvert l'appartement vide. Elle a foutu le camp, abandonnant ces jumeaux de seize ans derrière. Essayant d'être forte pour mon frère, j'avais essayé sans grand succès de lui l'appeler pour lui annoncer la mauvaise nouvelle. Ma voix cassante m'a rapidement trahie. « Elle a pris tout ce qu’on avait. L’appartement est vide. Elle est partie, Logan. Elle a foutu l’camp. »  Mon frère est venu me rejoindre en un claquement de doigt. La première chose que j'ai su, j'étais en larmes, dans ses bras.  « On s’en sortira… On trouvera un appartement et j’travaillerai deux fois plus pour payer le loyer. » Je me rappelle avoir hocher la tête positivement, sans qu'un son sorte de ma bouche, puis nous sommes restés de cette façon pendant des heures. 

Je me souviendrai toujours du moment où les Wild Indians ont frappé à notre porte. Le jour où nous avons appris que notre père avait longtemps fait parti de cette bande de motard. En fait, il en avait toujours fait parti jusqu'au moment de sa mort. Les sentiments que j'avais envers ce groupe de personnes étaient plutôt mixtes. Premièrement, c'était des motards et deuxièmement, ils avaient toujours veillés sur Logan et moi, de loin, puisque notre mère nous avait tenu éloignés d'eux. En plus, ils nous ont offert un toit, après leur visite ce jour-là et pas mal tout ce qui est arrivée dans nos vies par la suite, famille, argent, stabilité.  Notre arrivée chez les Wild Indians m'a amené à le rencontrer. Je ne sais pas pourquoi mais il a immédiatement attiré mon regard. Est-ce son côté rebelle ? Sa beauté ? J'en avais aucune idée. Il avait cette façon de m'apaiser lorsqu'il était tout près. À vrai dire, j'en perds tous mes moyens dès qu'il entre dans une pièce, et pourtant, j'ai un caractère assez fort et ce n'est pas une bande de motard qui m'intimide. Six ans maintenant que je ne l'ai pas vu. Je ne sais pas ce qu'il devient. J'espère bien le découvrir dès mon retour à Boston.

J'avais dix-huit ans lorsque j'ai quitté mon Boston natal pour faire le tour de la planète. Ne sachant pas vraiment ce que je voulais faire de ma vie, j'ai pris quelque temps pour moi. Mes plans premiers étaient de partir quelques mois. Ces quelques mois se sont transformés en une année, puis une autre et une autre. Puis, j'ai voulu revenir, mais mon frère m'a interdit de le faire pour ma propre protection, suite à des attaques sur le campus. J'ai alors continué mon chemin. Quelques années se sont écoulés et puis, je suis enfin prête à revenir à la maison. J'ai envie de m'inscrire à l'université en anthropologie et de renouer avec mes proches... Surtout mon frère, qui malgré nos discussions hebdomadaires, me manque plus que tout.