LEONARD N. WHITE ► Adam Levine

Léo, il est né du bon côté de la barrière, dans une famille aux revenus relativement aisés. Mais c'est loin d'être un gosse de riche pour autant. Il n'est pas de ceux qui se pensent supérieurs car ils ont de l'argent, bien loin de là. Tout ce que ses parents ont, ils l'ont construit à la sueur de leur front. Tous deux passionnés de cuisine, ils ont acheté leur propre restaurant et ont gravi les échelons jusqu'à devenir de célèbres chefs étoilés. La valeur des choses, il la connaît Léo. Il les a vus ramer, travailler tard le soir, jusqu'à épuisement parfois. À l'adolescence, il gagnait son argent de poche en faisant la plonge lorsqu'il n'était pas à l'école. À l'époque, il ne comprenait pas très bien pourquoi il devait faire cela alors que sa mère et son père avaient largement les moyens de lui donner cet argent sans qu'il ne travaille, mais aujourd'hui, il est infiniment reconnaissant pour l'éducation qu'il a reçue.

Ainsi, de par le métier qu'ils exercent, Léo a été habitué depuis tout petit à très peut voir ses parents, ou seulement en coup de vent entre deux services. Bien qu'extrêmement frustrante parfois, comme lorsqu'il passait Noël sans son papa et sa maman, cette situation ne l'a jamais rendu foncièrement malheureux. Il n'a pas manqué d'amour ou d'inattention et est très fier du parcours professionnel de ses parents. Et il y avait Papi et Mamie qui s'occupaient de lui, ce qui aidait pas mal il faut bien l'avouer. Papi et Mamie qui étaient permissifs mais pas trop, Papi et Mamie qui l'emmenaient en voyage avec eux, Papi et Mamie avec qui il partait faire de longues marches, Papi et Mamie qui gardaient régulièrement ses cousins et cousines avec qui il pouvait jouer.

À l’école, il s’avère très vite être un élève particulièrement doué. D’abord parce qu’il développe des facilités étonnantes dans les matières littéraires pour lesquelles il se passionne et ensuite parce qu’il a la chance d’être curieux de tout. Cela lui permet de travailler sans rechigner et surtout de trouver un intérêt à des cours qui l’intéressent moins, comme les mathématiques ou la physique. C’est d’ailleurs vers les sciences que ses professeurs cherchent à l’orienter lorsque vient le moment de choisir les options supplémentaires qu’il prendra pour le SAT. Mais il s’obstine et fait passer sa passion pour la littérature avant tout, avec le soutien de ses parents. Il obtient un excellent score au test et a la surprise d’être sélectionné pour poursuivre ses études à Harvard, chose qu’il croyait absolument impossible lorsqu’il y avait postulé. La psychologie se révèle être un choix plutôt naturel pour lui. Il n’en a jamais fait auparavant, certes, mais comprendre les mécanismes de l’esprit et la manière dont fonctionne l’être humain l’attire et il ne regrettera son choix à aucun moments.

En 1997, il quitte donc New York pour entamer ses études à l’université et choisi d’intégrer la Quincy House qui, lui semble-t-il, est la maison qui lui correspond le mieux. L’expérience fac est un franc succès d’un point de vue scolaire mais également plus personnel. L’adolescent timide et réservé qu’il était apprend à s’ouvrir au monde et à ses curiosités. Les soirées tout d’abord, où il s’épanouit et nage bien vite comme un poisson dans l’eau. Les goûts d’interdits et de liberté qu’il y trouve deviennent bien vite indispensable pour lui. Les filles également, parce que bien qu’ayant vécu quelques amourettes au lycée, il ne connait pas grand chose en la matière. Il découvre qu’il peut plaire, séduire. Il découvre qu’un sourire et quelques verres offerts suffisent parfois à obtenir ce qu’il désire. Il en joue, un peu trop sûrement. L’idée d’être un parfait connard avec les demoiselles ne lui effleure pas l’esprit, parce qu’il les respecte bien trop pour cela. Il ne cache jamais rien de ses intentions. S’il ne veut pas d’attaches, s’il cherche juste un coup de soir, il le dit. Si à l’inverse il parvient à se projeter, à imaginer faire un bout de chemin avec quelqu’un, il ne s’en cache pas, quitte à paraître un peu idéaliste et à s’enflammer trop vite.

Trop impliqué dans ses études et dans les nombreuses associations pour lesquelles il oeuvre avec d’autres étudiants, il parvient cependant difficilement à construire une relation durable, même lorsque c’est ce qu’il souhaite réellement. Elles finissent toutes par le laisser, lassées de le voir en coup de vent entre toutes les activités dont il refuse de se défaire. Même s’il ne s’en rend pas réellement compte à l’époque, cela l’arrange en un sens. Parce que Léo, il ne s’attache pas aussi facilement qu’il n’y parait. Il supporte difficilement la solitude, il aime être en couple, mais aucunes demoiselles ne lui donne envie de passer de je à nous, de s’abandonner complètement. Aucunes ne le fait tomber amoureux. Tout du moins jusqu’à Nomi.

Nomi, Léo la rencontre alors qu’il est en train de passer son doctorat dans le but de devenir professeur. C’est en effet le choix de carrière qui lui a parut le plus logique, car il lui permet à la fois d’exercer son métier de psychologue du travail, de mener des recherches personnelles et de transmettre ses connaissances, chose qu’il aime particulièrement et qu’il a découverte en devenant tuteur pour les nouveaux arrivants de sa filière. À cette époque, il n’est pas spécialement dans l’optique de se mettre en couple car il sait parfaitement que son emploi du temps ne le lui permettrait pas. Il a plutôt tendance à enchaîner les relations sans lendemain et cela lui convient, même si ce n’est pas ce qu’il préfère faire. Nomi, il la rencontre en boite et ce qui lui plait immédiatement chez elle, c’est sa non-accessibilité. Il lui plait, il le voit immédiatement, mais elle se refuse à lui parce qu’elle ne veut pas être comme toutes les autres, elle ne veut pas craquer à son simple sourire. Alors il relève son défi implicite et il fait tout pour la séduire différemment, pour ne pas la traiter comme les autres. Et bien entendu, plus le temps passe, plus il devient accroc, plus il sent que ce n’est pas par simple caprice qu’il veut la faire sienne. Ils jouent au chat et à la souris durant plus d’un an avant qu’elle ne lui cède enfin et accepte qu’ils deviennent un couple. Deux ans plus tard, en septembre 2007, Léo franchi le grand pas et demande la jeune femme en mariage, chose qu’elle lui accorde immédiatement cette fois-ci.

Diplôme en poche, Léo est embauché par une université à Boston et part donc s’installer là-bas avec Nomi, dans une petite maison au coeur de ville. Les années suivantes seront totalement épanouissantes, tant professionnellement que personnellement. Lui qui redoutait tant l’engagement prend un réel plaisir à la vie de couple, qui lui offre le confort et la sécurité dont il a tant besoin. Parallèlement, il se remet au sport et plus particulièrement à la marche et à la grande randonnée. Cette passion lui a été transmise par ses grands parents lorsqu’il était tout petit et même s’il a dû la mettre de côté durant ses années d’étude, il a toujours eu en tête de s’y remettre dès qu’il le pourrait. C’est également un peu son jardin secret puisque son épouse n’y trouve pas particulièrement d’intérêt, bien qu’elle l’accompagne parfois lorsqu’il part marcher le weekend et qu’il le lui propose.

Sans qu’il y prenne garde, c’est cette activité qu’il mène en solitaire qui mettra son couple en péril. C’est cette activité qui la mettra sur sa route, cette fille qui fait battre son coeur plus vite, qui réveille en lui une chose qu’il croyait disparu depuis des années. Cette fille qui l’attire inexorablement même si elle lui est interdite. Cette fille avec qui il aura une liaison, malgré son serment, malgré son mariage. Cette fille qu’il ne pourra s’empêcher de guetter de loin, même après l’avoir quitté. Cette fille qu’il n’a jamais oublié et qui va se retrouver à nouveau sur sa route sans qu’il ne le voit venir à aucuns moments. Sa tentation ultime, la seule autre à qui il ne puisse résister…

Peu après la fin de cette aventure, c’est-à-dire il y a environ deux ans, Léo apprend que Nomi est enceinte et ils décident de garder l’enfant, même si leur couple n’est pas au beau fixe. Le jeune homme promet qu’il ne recommencera plus, qu’il saura se consacrer entièrement à sa femme, à son foyer. Il veut y croire, réellement. Même si elle refuse de quitter ses pensées, il essaie à tout prix de l’oublier pour sauver son mariage. Malheureusement, même si leur petit Noah, atteint d’une malformation congénitale grave, se bat de toutes ses forces pour garder la place qui lui est due dans ce monde, il s’éteindra au bout de quelques semaines de luttes acharnées. Le couple fait face comme il le peut, tente de se soutenir, de ne pas se déchirer et céder au désespoir. Mais malgré tout, même si Léo s’efforce d’être autant présent qu’il le peut pour sa femme, quelque chose s’est brisé, quelque chose qu’il n’est pas sûr de pouvoir reconstruire. Et même s’il l’ignore, cela va être d’autant plus difficile maintenant qu’il rejoint le staff d’Harvard, maintenant qu’il va la revoir.