i need you like the moon need the sun to shine

Mer 25 Oct « J’ai envie d'être avec toi ce soir… Vient me rejoindre dans mon lit. »Voilà ce qui s’afficha ce soir sur mon écran de téléphone portable, après un échange sans fin de sms, à lui dire combien elle comptait, que je ne voulais pas la perdre, que c’était elle ma vie, alors autant dire que ma vie sans elle c’était inconcevable, voilà donc l’invitation qu’elle m’adressa. D’autres auraient tiqué, surement, sur l’ambiguïté de la chose. Etait-ce normal de parler d’envie, d’inviter son meilleur ami dans son lit ? Moi, je ne tiquais pas. Parce que bordel, j’en avais terriblement envie aussi. D’être dans son lit, près d’elle, de la serrer contre moi… Ces derniers jours loin d’elle, Hippo m’évitant, refusant mes appels, mes visites, ça avait été une torture. Et puis, avec elle, ça avait toujours été ainsi. Un jeu avec le feu. Un flirt aux limites entre l’amitié et tellement plus. Peut être aussi, surement, parce que c’était tellement plus. Hippolyte et Cole. Cole et Hippolyte. Chapitre je ne sais combien, d’un livre qui ne se finira jamais. Je prenais sans attendre le chemin de chez elle, n’attendant même pas mon chauffeur, prenant moi même les commandes de ma Rolls pour me garer devant sa somptueuse villa, refusant de perdre une seule seconde à réveiller mon employé. Trop de temps perdu lorsqu’elle me boudait, il n’était pas question d’en gâcher davantage. D’un pas empressé, je marchais jusqu’à son porche. Le texto stipulant de la rejoindre dans son lit, je me doutais qu’elle avait la porte ouverte. J’appuyais sur la poignée et constatais que l’entrée n’était pas verrouillée. Je pénétrais chez elle, ôtant ma veste, l’abandonnant sur un porte manteau du hall, traversant la demeure sombre, déserte et silencieuse, connaissant chaque recoin des lieux. C’est dans la pénombre donc que je me faufilais jusqu’à sa chambre, jusqu’à son lit, devinant une silhouette sous ses draps. "Hippo…" soufflai-je en m’approchant, écartant la couette quelques secondes pour venir me glisser contre celle que je pensais être ma meilleure amie…

Mer 25 Oct Je m’étais à peine glisser dans les draps que je sentis le corps féminin près de moi se crisper, et une voix résonna. Une voix familière, mais qui n’était pas celle de ma meilleure amie. La jeune femme s’écarta et se faufila hors du lit et je regardais, malgré la pénombre, la silhouette familière de mon ex qui s’éloignait du lit, la détaillant avec une lueur d’incompréhension dans les yeux qui trahissait très bien mon sentiment du moment : j’étais paumé, je ne saisissais absolument pas ce qu’il se passait… Je m’étais pas trompé de maison. La villa de miss Dunford et l’appart de miss Burberry, on ne pouvait pas confondre. « Bordel Lucky ? Mais qu’est-ce que… ? » J’en perdais mes mots, avec la surprise, l’étonnement, et à chercher à comprendre quelque chose à tout ça. Mais très vite, la brune anticipa mes questionnements sans que je n’aie besoin de les formuler clairement, et elle répondit donc : Hippo l’avait… ‘menacée’ c’était ses mots, et elle avait donc accepté de prendre la place de ma meilleure amie dans ce lit. « Ok, je ne comprends pas plus les choses là… » soupirai-je en me redressant, massant mon front quelques instants pour essayer de remettre mes idées en place. Pourquoi Hippo, qui la détestait, inviterait Lucky pour une nuit avec moi ? Alors même que le simple pacte l’avait fait sortir de ses gonds comme jamais ? C’était de la folie… Et mon interlocutrice poursuivit, clarifiant l’idée, que ma meilleure amie s’était mise en tête, comme quoi je devrais finalement être avec Lucky. « Hippo a une moins bonne mémoire que moi… » Elle ne se rappelait probablement, la rupture, les coups bas, nos gueguerres, tout ce qu’elle retenait c’était nos coucheries. Et quand Lucky poursuivit voulant inviter ma BFF ici pour que je lui déclare la vouloir, un petit rire s’échappa de mes lèvres : « Ok, et me laissez vivre ma vie tranquille, sans choisir quoi que ce soit à me place, vous y avez pensé toutes les deux, ça peut être une bonne idée non ? » Le sarcasme en guise de défense. Je virai la couette d’au dessus de moi, quittant le lit pour me relever, avançant ensuite vers mon ex. « Je suis venu ici pour retrouver ma meilleure amie. Ca fait des jours qu’Hippo m’ignore, depuis notre dispute, depuis que tu lui as dit pour le pacte… Alors je sais que ça peut prêter à confusion mais j’étais pas venu ici pour coucher avec elle, mais bien pour dormir près d’elle parce que c’est ma meilleure amie, mon tout, que j’ai besoin d’elle… » Donc trêve de confusion, si je m’étais faufilé dans ses draps, c’était par manque de sa personne, et pas par manque de sexe. Je n’étais pas venu ici au milieu de la nuit pour une partie de baise avec ma meilleure amie. Si Lucky pensait ça, elle se trompait sur toute la ligne, mais ça, ce ne serait guère étonnant. Personne n’avait jamais compris le lien particulier qui nous unissait ma meilleure amie et moi.

  Je constatais donc le manège, la supercherie. Alors quoi Hippo était encore fâchée ? Ou elle voulait vraiment se réconcilier et une Lucky dans son lit c’était son ‘offrande’ pour fêter notre réconciliation ? J’étais perdue, je ne comprenais pas, et dans tous les cas ça m’agaçait qu’elles aient pu encore une fois, se jouer de moi… Encore une fois, ha oui, parce qu’il y avait des antécédents. Cette situation n’était pas sans me rappeler l’époque où Lucky avait pénétré la EH, me rejoignant dans ma chambre en pleine nuit pour un moment torride qui avait été à deux doigts de déraper, alors qu’à l’époque, j’étais en couple et heureux avec Kyla. Ha, et déjà, à l’époque, c’était ma BF qui avait missionné miss Burberry de me faire flancher. Lucky s’énerva à son tour, soulignant qu’elle avait été menacée, qu’elle n’avait pas voulu que ma blonde préférée s’éloigne de moi, consciente de l’importance qu’avait cette amitié pour toi. « On s’éloignera jamais, Hippo et moi. Elle te faisait marcher, sûrement. » On se fâche, on se déchire, on se retrouve… La preuve, là, j’avais presque réussi à me réconcilier avec miss Dunford, encore une fois. Sauf que ce plan, là, je ne le saisissais pas. J’expliquais néanmoins une chose à mon interlocutrice, la nature de ma venue ici, puisqu’elle semblait conclure hâtivement sur un rapprochement plus charnel. Lucky reculait alors que j’approchais, petit mouvement de recul qui me fit lever les yeux au ciel alors qu’elle répliquait sèchement devant mes explications. « C’est vrai, on se doit plus rien, c’est ce qu’on avait dit… » repris-je en repensant à l’une de nos innombrables altercations. « Lucky, tu devrais pas être ici, je vais te ramener… » proposai-je, sentant que de toute façon, cette situation ne nous mènerait que dans une énième impasse.