a jealous woman does better research than the FBI (luckson)

Louison avait embarqué dans son train depuis plus de trois bonnes heures maintenant. Son séjour à New-York, loin de l'homme de ses rêves et accessoirement futur époux lui avait prouvé une fois de plus sa dépendance à lui. La française n'avait pas passé une seule minute sans que ses pensées ne soient dirigées vers Ezio, Ezio Scorsese, celui qu'elle élirait chaque année l'homme le plus sexy de la planète, de l'univers même ! Et c'était d'ailleurs pour cela que sa confiance en lui n'était que très fragile. Son palmarès était impressionnant, rien de bien encourageant pour la blondinette qui s'était aventurée à plus de trois cent kilomètres de lui. Et il y avait d'ailleurs certaines filles dont une Lucky qui avait suscité la curiosité de la belle Mather. Alors que Louison regardait la télé il y a de cela quelques jours, son homme n'avait pas arrêté d'échanger de longs pavés avec cette fille, déclarant à la frenchie qu'il ne s'agissait uniquement que d'une amie. Il s'en était alors suivi une dispute à sens unique où la blondasse avait pris la fuite avant de revenir timidement. Hors, Louison n'était pas toujours rassurée, il fallait qu'elle la rencontre en chair et en os. Ainsi, alors qu'il ne restait plus que quelques minutes avant d'atteindre la gare de Boston, la blonde avait faussement prévenu Ezio sur les raisons de son futur retard. Ouais, elle allait d'abord se rendre au restaurant où travaillait cette fille, histoire de mettre le point sur les "i", les barres sur les "t". En effet, après avoir emprunté un taxi, l'étudiante s'était retrouvée devant un ravissant établissement nommé "Chez Faust". Était-ce français ou était-ce juste pour se donner un genre que les propriétaires l'avaient appelé ainsi ? Peu importe, Louison avait enfoncé les portes du restaurant, se laissant d'abord inviter à rejoindre le bar tout en cherchant activement la brune qui la tourmentait depuis ces derniers jours. Une fois assise sur son tabouret, les coudes fixés sur le comptoir, une charmante demoiselle s'était faufilée derrière le bar, portant en haut de sa poitrine un badge avec le prénom "Lucky". La voilà enfin. Lucky était radicalement l'opposé de Louison. Ouais, la Mather avait de quoi s'inquiéter en sachant maintenant qu'elle n'était absolument pas le type de femme de son fiancé " Lucky ? " lui lança-t-elle en tapotant le bout de ses doigts sur la surface vitrée " Lucky Burberry c'est ça ? " insista-t-elle pour attirer son attention alors qu'elle préparait vraisemblablement le verre d'un type au bout du comptoir " J'suis Louison Chamberlain, la fiancée d'Ezio Scorsese tu sais, j'crois qu'on devrait parler toutes les deux " ajouta-t-elle sèchement en claquant sa langue sur son palet, prête à bondir sur cette potentielle rivale. 

Est-ce qu'une femme fréquentant un homme fraîchement fiancé se présenterait de cette manière ? Aurait-elle un sourire aussi assuré, une joie aussi limpide sur son visage ? N'aurait-elle pas plutôt tenté de s'échapper ou de prendre de haut l'étudiante si elle se tapait Ezio ? La française ne pouvait toutefois s'empêcher de demeurer méfiante face à cet accueil si chaleureux. Elle serra fermement la main que lui avait tendu la brune pendant que cette dernière la rassurait sur l'amour que lui portait son italien. Cause toujours tu m'intéresse se répétait la petite blondinette en reprenant correctement place sur son tabouret. Alors comme ça, il s'agissait de sa meilleure amie, super. Leur lien devait être fusionnel, la française avait bien flairé une éventuelle ambiguïté. C'était bien le style d'Ezio ça, une brune plantureuse, loin des mensurations infinitésimales de Louison. Perdue dans le regard clair de la demoiselle, la Mather n'avait pu s'empêcher de loucher sur sa poitrine. Bah oui, Louison n'en perdait pas une miette, c'était également sa came les filles, autrefois. Cependant, la question de la jeune femme en face d'elle l'avait rapidement court-circuité dans ses pensées impures " Quelque chose de grave ? À toi de me le dire Lucky... C'est ton vrai prénom d'ailleurs ? " lui demanda-t-elle en prenant un air suspicieux, les sourcils bien froncés. " Tu n'es que sa meilleure amie ? Sois franche, vous avez déjà baisé au moins une fois non ? " la finesse ne faisait vraisemblablement plus partie du vocabulaire de la petite Louison depuis un certain temps. À quoi bon embellir une interrogation qui n'avait rien de gracieux en soi ? Elle savait très bien que la réponse positive à cette question lui ferait un mal de chien mais au moins, elle serait fixée " Parce qu'Ezio a dû se taper toutes les filles de ton style dans le coin, c'est pas possible autrement. Je peux pas rivaliser, je l'avoue, t'es canon. J'aimerais juste savoir si cela s'est reproduit depuis que l'on est ensemble. Promis, je ne te sauterais pas dessus pour arracher ta queue de cheval, j'arracherais plutôt les couilles d'Ez' " rajouta-t-elle en délivrant enfin un sourire à la jeune femme, un sourire masquant sa fichue panique.

Blondie ? Louison n’en croyait pas ses oreilles, les confessions de la brune l’a faisaient toujours autant rager. Oui elle était jalouse, extrêmement. Imaginer son petit ami aux côtés d’une autre femme, dans un lit, c’était quasiment inimaginable. Inimaginable qu’il ne puisse rien se passer surtout. Pourtant, la brune avait l’air si convaincu, si sincère. La française avait ensuite apprit la nature de leur lien et n’était en rien rassurée… Elle accompagnait tout de même les rires gênés de la brune avec amertume, car c’était peut être la vérité après tout, peut être que leur relation n’était qu’amicale. L’option devait toujours être envisagée, la présomption d’innocence, ne jamais l’oublier ! Avec le peu de confiance qu’elle avait en elle, Louison avait aussi réussi à se dévaloriser et à flatter maladroitement celle qu’elle percevait encore comme une ennemie. La Mather avait par la suite récolté des mots plus qu’encourageants de la part de la jolie Lucky, des mots qui avaient aussi réussi à l’intriguer pour qu’elle tende son oreille à la brune « Promiiis, je le garderais pour moi » lui avait-elle dit en s’approchant d’elle, se laissant glisser à l’oreille une confession qui l’avait touché en plein coeur, surtout venant d’une quasi inconnue. « J’sais pas pourquoi on chuchote, il est pas là non ?  » finit-elle par murmurer avant d’exploser de rire «  Non mais c’est vrai ? Il t’a dit ça ? Moi ça me fait flipper tu sais, le nombre de filles qu’il y a eu avant moi… Parce que pour ma part, ce n’est pas le cas » déclara-t-elle en haussant les épaules et en portant son regard sur le bout de ses ongles vernis « J’peux avoir un verre ? Et je peux t’en offrir un ? C’est autorisé ? » demanda-t-elle en cherchant les prunelles émeraude de la demoiselle « Si vous êtes meilleurs amis, tu vas sûrement lui dire le scandale que je t’ai fait… J’espère qu’il ne m’en voudra pas… »

Au moins, Lucky avait le mérite d’être franche. Des tas de filles avaient eu la chance de l’avoir, des tas de filles fantasmaient encore sur lui, mais comme la jolie brune le répétait, il avait vraisemblablement choisi la petite Louison Chamberlain. Sortie de la bouche de sa meilleure amie, la blondinette commençait doucement à y croire. Timidement, la française avais porté la paume de sa main sur le poignet de Lucky, un regard fort reconnaissant « Je te remercierais jamais assez de me dire tout ça… Je dois l’avouer, je me suis trompée sur ton compte et tu as l’air super sympa » s’était-elle excusée avant d’inviter sa nouvelle connaissance à boire un coup, c’était la moindre des choses après cette attaque démesurée « Fais moi une surprise, prends ce que t’aime, j’aimerais apprendre à te connaître… parce que si tu es proche d’Ezio, on sera sûrement amené à se recroiser plusieurs fois… » La jeune femme s’était ensuite repliée sur elle même, gênée par son entrée fracassante et le fait que la brune puisse en parler à son fiancé par la suite. Louison ne s’était défnitivement pas attendue à ce que Lucky soit aussi chaleureuse à son encontre après sa crise. Elle l’adorait déjà celle-ci. Elle était drôle, amicale et très branchée. Quand elle lui proposa de partager un selfie, la Mather avait volontiers tapé la pose aux côtés de la serveuse, finalement satisfaite de pouvoir surprendre son petit ami « Arrête, il aime pas que je fouille dans sa vie comme ça, je vais me prendre un sermon… M’en fiche, j’ai bien fait de venir quand même, je passe un bon moment finalement. » lui avait-elle confié en lui adressant un faible sourire. La blonde avait ensuite encerclé son verre entre ses longs doigts congelés. Après avoir contemplé le liquide à l'intérieur, elle avait enfin goûté la substance et c'était délicieux. « Alors Lucky, tu m’expliques un peu… ? Tu viens d’où ? T’as connu Ezio comment ? T’es jeune, pourquoi tu es serveuse ici ? Enfin… tu as l’air brillante et assez intelligente, tu as déjà fait des études avant ça ? » l’avait-elle torpillé de questions en continuant de siroter son verre. Ah bah oui, Louison était très curieuse et elle n'allait pas par quatre chemins pour obtenir des réponses. Puis, il fallait bien commencer quelque part au lieu de se regarder dans le blanc des yeux.

Lucky te plaisait bien. Tu t'en étais faite tout un monde mais finalement, cette fille était douce et très abordable. " Avec plaisir pour le café, je te raconterais ma vie de chien en France " répondis-tu en touillant ton cocktail avec ta paille. Ouais, ta vie à Paris et ses environs n'avait jamais été toute rose. Tu avais longtemps vécu coupé de la civilisation et des autres mômes, donc en réalité, tu n'avais pas vraiment de quoi en parler pendant des heures. Ainsi, très vite, tu t'étais plutôt focalisée sur la belle brune qui portait un nom de famille assez évocateur. Tu n'étais pourtant pas encore sûre qu'elle était bel et bien une héritière d'un empire de mode mais plus elle te parlait, plus les pièces du puzzle s'imbriquaient " Oh, j'ai un peu de famille anglaise du côté de mon père ! Maaaais attend, t'as fini tes études de musique et tu travailles dans un restaurant ? C'est quoi le rapport ? " répliquas-tu totalement paumée. " Jalouse maladive ? Putain, mais... y a de quoi tu sais. Et le "bonne" c'est au lit ? Je vais le tuer ! " ronchonnas-tu en avalant cul sec ton verre qui manquait un peu d'alcool à ton goût. Surtout après une soirée pareille où tu avais paniqué de longues heures avant d'arriver ici. " Sinon je viens de Paris mais j'ai vécu un peu partout dans le Nord de la France. C'est une histoire compliquée si tu savais... J'ai jamais connu mes parents, j'ai grandi avec mes grands-parents et ils m'ont caché... j'savais pas pourquoi jusqu'à ce que je grandisse et que je découvre que mes géniteurs sont des espions recherchés par Interpol. J'espère que tu n'as rien à te reprocher judiciairement parce que je suis sûrement sur écoute " terminas-tu par confier sur le ton de la plaisanterie bien qu'il s'agissait de la stricte vérité. " Dis moi, tu t'appelles Burberry comme la marque méga trop chère là, y a un lien ? "