Fares // when two evil minds meet each other for the first time

A cette soirée, tu t'ennuyais à mourir. Comme à presque toutes les soirées depuis le début de l'année scolaire. Il y avait quelque chose en toi qui faisait que tu n'étais pas dans ton assiette. Peut être était ce l'absence d'un Cole, d'une figure aussi malveillante que vous deux à tes côtés au sein de la Eliot house. A cette idée, tu soupirais. Intérieurement. Extérieurement. Tu évacuais toute cette solitude que tu savais que tu serais amenée à ressentir dorénavant au sein de cette confrérie. Tu savais pourtant garder la face. Rester inébranlable face à l'adversité. Alors tu t'étais rendue là bas, parce qu'en temps normal, en temps "colien", tu l'aurais fait. Tout ce que tu voulais, c'était un peu de tranquillité sur fond de Ruinart. C'est approximativement ce que tu étais parvenue à faire jusqu'ici. En fait, jusqu'à ce que cette énergumène ne pénètre les lieux à son tour et ne vienne saboter ton agréable petite soirée. Cette énergumène dont tu avais entendu parler sur les réseaux, à la télé : le fameux "Fares Elkaïm".

Encore une de ces soirées mondaines où le Fares off-camera n'avait pas envie d'aller mais, à laquelle les mondanités qu'implique la célébrité lui imposait de se rendre. C'était en allant à ces soirées là que le jeune homme perdait petit à petit le peu d'amour qu'il avait pour l'être humain. C'était également en ces occasions qu'il se risquait à révéler sa véritable personnalité, empli d'une cruauté et d'une rage intériorisée depuis bien trop longtemps déjà. Aussi s'y était-il rendu dans son plus bel apparat, un costume de chez Kingsman, des petites chaussures lustrées de chez Bexley, les cheveux quelque peu gominés. Il était fin prêt à affronter la foule, ce qu'il fit pendant près de deux heures. Jusqu'à ce, maladroitement bousculé par l'une de ces créatures alcoolisées, son verre de Bourbon ne lui échappe des mains pour venir s'écraser sur la tête de la renommée Hippolyte Dunford. Lui même surpris par la rapidité avec laquelle les évènements se sont produits, il ne put s'empêcher de ricaner de stupeur avant de lancer un ferme quoique compréhensif « Je suis confus, je vais t'arranger ça. » avant de faire signe à Hippolyte de le suivre pour un petit nettoyage express.

Encore une festivité pour la Eliot, une de plus pour commencer la nouvelle année, pour aider à l'intégration des nouveaux membres qui estiment être assez bien pour nous rejoindre. Une fête dont j'en ai plus le goût, l'envie de faire semblant, de sourire avec niaiserie pour garder bonne figure. Mais, la vérité c'est que je n'ai aucune envie d'être là, c'est que sans lui la Eliot n'a plus la même allure, la même beauté et de ne pas être accroché à son bras comme en notre habitude.. Je me sens vide, vide de sens et vide de lui. Pourtant je peine à rester debout, un verre d'eau gazeuse à la main et regarder la foule de loin sans dire un mot. Un dernier regard sur les nouvelles têtes, toutes moins inspirantes les unes que les autres et ce cirque me donne mal à la tête. Je n'ai pas envie de combler le rôle de la parfaite Eliot ce soir, j'ai simplement envie de rentrer. Alors je tourne les talons, pose mon verre sur une table au hasard et à peine quelques pas de fait en direction de la sortie qu'un liquide froid se déverse le long de mon buste. La bouche qui s'ouvre, les yeux écarquillés qui se lèvent vers l'auteur du crime. Il se prenait pour qui ce pauvre mec de télé réalité bidon au juste ? -Je doute que tu en ai les moyens, c'est pas avec ta petite carrière misérable dans la télé réalité que tu pourras remplacer ma robe. Que je crache sans feindre de le suivre. - Ravale ton sourire débile, je ne fais pas partie de tes groupies d'adolescentes. Je grogne avant de lui passer sous le nez, le poussant sur le côté au passage pour me diriger vers les toilettes en soupirant.

Un parfait mélange de stupéfaction et d'excitation. Voilà ce que ressentais Fares après avoir découvert Hippolyte, la tornade la plus redoutée de la Eliot house. Il avait eu vent de certaines rumeurs, certaines craintes, certains coups bas qu'elle et Cole avaient pu mener à bien et ce, avec brio. Ce n'était pas pour autant qu'il partageait la méfiance de tous ses fades petits camarades, au contraire, il n'en était que plus admiratif de cette femme au caractère aussi acéré que tonitruant. C'était à l'idée de s'imprégner d'un tel esprit machiavélique que le jeune homme souriait de toutes ses dents, pas par culpabilité pour le sort de cette robe d'une valeur inestimable. D'ailleurs, ce sentiment empli de compassion, il ne le connaissait plus. C'est donc avec un appétit insatiable pour la méchanceté de cette blondinette qu'il la regarda s'enfoncer dans les gogues à vive allure. Loin des caméras, loin des spectateurs, loin des conventions qu'il se devait de respecter en public. C'est alors avec tout autant d'empressement qu'il l'y suivit. A peine entré, il ferma soigneusement la porte avant de s'accouder sur la poignée, de sorte à ce qu'elle ne puisse s'évader. D'un coup d'oeil, il observa si des témoins étaient à déclarer, personne, aucun public à contenter. Seul elle, lui et cette foutue histoire de robe. Sur un ton suffisant, il lança « Je vois qu'on est tout de même au fait de ce qui se passe dans ma vie. T'inquiète pas va, je te signerai un autographe sur cette robe que tu t'acharnes à vouloir nettoyer. Au moins, elle aura une bien meilleure utilité que celle que tu lui réservais jusqu'ici. » finit-il par un clin d'oeil avant d'observer avec insistance les formes de la jeune femme que cette robe ne savait que trop maladroitement dissimuler.