Assumons les conséquences {Arizona}

« Le truc c’est que… je ne suis pas un garçon qui s’entiche facilement d’une fille. » C'est pas plus mal au moins tu souffres moins, même si on passe pour des gens sans coeur et que dans mon cas, je passe pour une nymphomane qui couche à tout va. Mais la dernière fois que je me suis autorisée à ressentir quelque chose pour quelqu'un et que je lui ai dit, j'ai finis par pleurer, le coeur brisé.
« Tu sais c'est pas si mal, au moins t'es pas un coeur d’artichaut qui se fait briser le coeur en permanence. » Mais quand il fini par mettre des mots sur sa peur, mon coeur rata un battement. Il avait peur de mettre trop de temps à retombé amoureux. Et pire encore, et si avec tout ce que nous avions vécu tout les deux, on ne retombait jamais plus amoureux ? Tout à coup je ne me sentie pas très bien. Je mis mes mains dans les poches de mon jogging pour cacher la tension qui avait crispé tout mon corps. « Je le cherche pas c'est ça le pire. Il me tombe dessus, mais que de mon côté, pas du côté des mecs ou des filles » Je me rendais compte que je venais de lui dire des filles, ouvertement. Je ne cachais pas ma bisexualité mais je ne la criais pas sur tous les toits non plus. Parfois certains pensait que c'était à cause de mon côté dépravé que j'aimais aussi les femmes, sans chercher à comprendre que a un moment donné de ma vie, les hommes m'avait juste tout simplement dégouté ..
Je tente de retenir mes larmes, en vain. Une goutte vient parler le long de ma joue et je l'essuie d'un revers de la main. « Non je veux vraiment pas t'embêter avec mes problèmes et surtout pas plomber ta journée. T'inquiètes pas ça va aller. » Je me dis toujours que ça ira mieux, parce que c'est vrai, peut importe le temps que ça met. « Serein ? Je vois que je ne suis pas la seule à avoir une vie qui ressemble à un champ de mine. » Je me tourne vers lui, un sourire aux lèvres des plus sincères. « Je sais qu'on se connait pas du tout et pourtant c'est assez drôle de se dire qu'on s'est déjà embrassé, enfin que je t'ai embrassé sans que tu sois d'accord ... » Je fais une moue absolument désolée. « Mais parfois parler à un ou une inconnue ça fait du bien, alors je serais ton inconnue » Je souris doucement en silence. Nate avait l'air d'être un chic type et je sentais qu'il me donnait envie de le connaitre un peu plus.

Je me sentais vraiment en confiance avec Nate, sans vraiment pouvoir l'expliquer. Je pense que dans la vie il y'a des gens comme ça qui entre dans notre vie par le plus grand des hasard et qui pourtant la marque, la chamboule, la retourne et qui n'en parte jamais. Je ne savais pas si se serait le cas avec Nate, tout ce que je savais c'est que je me sentais bien plus apaisée depuis que je marchais avec lui. Comme si sa voix réussissait à calmer tout les maux qui m'animaient en ce moment. Je me disais que je ne saurais comment le remercier d'être là à m'écouter alors qu'il avait lui même ses problèmes. Il avait l'air d'être quelqu'un de très doux, à l'écoute et très altruiste. J'aimais beaucoup ces facettes de sa personnalité. Tout comme son humour. Quand il fit une petite blague sur un éventuel plant à trois entre Alan, Abso et moi, je me mis à pouffer de rire. « Non c'était drôle ! Si jamais sa copine menace de me démonter la gueule, je lui proposerai ! Je suis sûr que ça peut calmer les tensions. » Pas sûr qu'Absolem trouve ça très drôle mais je dois avouer que sur le moment, c'était assez marrant que Nate dise ça comme ça. « Entre Alan et Abelard je pense que je vais arrêter d'embrasser des garçons pour le moment. Bonne soeur c'est un bon plan de carrière non ? » Je souris, presque triste de me dire que je commençais vraiment à y penser. Quoi que mon manque de foi flagrant pourrait très certainement être un problème. Oui je ne croyais absolument pas en dieu, s'il existait vraiment, où était-il quand j'étais enfermée dans une cave sombre et humide à me faire violer alors que je n'avais que 10 ans ? Je peine à croire que le tout puissant laisserait ses plus petites créatures endurer ce que j'ai enduré pendant 10 longues années. Ses pensées plus ce qui me tombait dessus ces derniers temps me firent craquer et une larmes perla le long de ma joue. Tandis que je tentais de la cacher en l'essuyant d'un revers de la main, Nate me tendis un paquet de mouchoir que j'attrapais en souriant timidement pour le remercier. Une fois mouchée, de la façon la plus glamour qu'on puisse faire, je souriais cette fois ci de façon plus sereine. « Hum, deal ! Je veux bien que tu sois mon inconnu. Et je serais la tienne. » La douceur de cette proposition me serra le coeur. Il était si doux, si gentil. J'avais peur Cette douceur me faisait peur, j'avais peur qu'elle me rende vulnérable, fragile comme lorsque j'étais petite et enfermé par ce fou qui m'a détruite. Mais je me sentais indéniablement attirée par la douceur qu'il dégageait, tel un ange déployant ses ailes pour l’envelopper dans la délicatesse de ses plumes blanches. Quand il me parle de lui je fais une moue désolée. « Bienvenue au club des enfances pourrit ! » Je ne voulais pas poser de questions douloureuses, mais j'imaginais que s'il était aussi colérique c'est surement parce qu'il avait subit la colère d'une autre personne dans son enfance .. « Au moins tu as trouvé ton exutoire. J'aimerai pouvoir en faire autant » Courir ça m'aidait un temps mais une fois que je cessais de courir, la douleur remontait !

Prêtre ? Lui ? Non ce serait vraiment trop dommage de gâcher un physique pareil ! Je souris quand même à cette remarque en étant contente qu'il ne soit pas vraiment prêtre. Puis la conversation bifurqua sur nos enfances et notamment nos enfances pourrit. Visiblement je n'étais pas la seule à avoir trinqué quand j'étais jeune. Je ne souhaite à personne ce que j'ai pu vivre mais je me rend compte que je suis finalement rassuré, presque contente qu'il puisse comprendre ce que je ressens, même s'il n'a peut-être pas vécu la même chose que moi. Peut importe le type de sévisse, battu, harcelé, violé, on finit toujours brisé. « Je ne sais pas ce que tu as vécu mais moi c'est du high level. Je préfère parfois en rire qu'en pleurer. Si je m'étais laissé submerger par la douleur de ce que j'ai vécu, je me serais pendue il y'a bien longtemps. » Je me rendais compte de la noirceur de ce que je venais de dire. J'arrivais la plupart du temps à faire des sous entendus ou à décrire la douleur que je ressentais mais je n'arrivais jamais à dire à voix haute ce que j'avais subit. D'ailleurs même si mes amis savaient que j'avais eu une enfance difficile, personne à part Jolene et Eliot n'était au courant de ce qu'il m'étais vraiment arrivée. Parfois j'avais besoin de poser des mots mais j'avais besoin de le dire à la bonne personne. Et c'est la sensation que j’eus immédiatement en croisant le regard de Nate à cet instant. « Quand j'avais 7 ans, j'ai été enlevé par un homme. J'ai passé 10 ans dans sa cave. Et .. il m'a violé pendant 10 ans dans cette cave. » L'histoire était bien plus compliqué. J'avais finit par habiter avec lui parce que j'étais tombée amoureuse de lui au fil des années. On appel ça le syndrome de Stockholm dans le jargon psychologique. Mais je n'arrive vraiment pas à parler de ça, c'est encore trop à vif pour moi. Je me mord l'intérieur de la bouche avant de lever à nouveau les yeux vers lui. Je n'aime pas parler de ça car je refuse qu'on me regarde comme la pauvre petite fille qui à été abusé. Je ne veux pas de la pitié des gens, ce n'est pas ça qui m'aidera à avancer. Je n'en parle pas parce que je veux qu'on me regarde comme la femme forte que je suis, celle qui à réussis à passer au delà de cette souffrance et à continuer de vivre. Le même regard de force et de courage que Eliot avait dans les yeux quand nous n'avions que 17 ans. Je lui avait en tout cas parlé de ça car je me sentais en confiance et je savais qu'il ne me regarderai pas avec pitié. Je ne cherchais pas à le pousser à me parler de ce qu'il avait vécu lui, j'avais juste besoin de le dire à haute voix. Nate finit par me sortie de mes pensées en me proposant de faire de ce footing un rendez vous matinal avant de partager un café avant les cours. C'est bête mais cette simplement proposition me fit chaud au coeur. « J'accepte avec plaisir Nate. » Je souris, contente de pouvoir passer plus de temps avec lui. « Au fait, je ne t'ai pas demandé mais tu étudies quoi à Harvard ? » Des études en dises parfois long sur la personne.

A aucun moment je ne voulais le mettre mal à l'aise et pourtant c'est ce qui arrive quand on raconte à quelqu'un qu'on à été violé quasiment tous les jours pendant près de 10 ans, dans une cave froide et humide, par un homme qui pourrais avoir l'âge d'être mon père. Il ne savait pas quoi dire, c'est souvent l'effet que ça doit faire quand on vous raconte un fait aussi tragique. J'ai appris à vivre avec la petite voix intérieur qui me le répétait souvent. Mais j'avais encore du mal avec ma propre voix, celle qui doit forcer jusqu'à faire saigner ses cordes vocales pour articuler ces quelques mots qui font l'effet d'un coup de poignard en plein coeur. Et puis sans crier gare je sens la main de Nate venir se loger dans mon dos. Son bras m'enlace contre lui et je laisse ma tête se poser contre son torse. Un de mes bras vient enlacer Nate au niveau de la taille et je profite de se moment de tendresse. C'est assez rare pour moi en ce moment, de la tendresse sans aucune arrières pensées. Un geste doux juste pour faire du bien, pour consoler, pour montrer qu'on est pas seul. Lorsque Nate relâche son étreinte je lui souris. Un sourire qui veut dire merci. Pendant quelques secondes j'ai sentie cette vague de douceur qui lui est propre, cette sensation de tendresse, celle qui me fait peur parce que j'ai peur que ça me rende fragile, vulnérable, faible. Est-ce que la douceur est compatible avec la force de caractère et d'esprit ? Je n'ai encore jamais trouvé personne pour me l'enseigner. C'est sans doute pour ça que je collectionne les rencontres d'une nuit et que je n'ai personne dans ma vie. Alors que je venais de me livrer sur ma terrible enfance, le jeune homme en fit de même et ce qui sortie de sa bouche m'arracha un frisson de dégoût. Il avait tout d'abord perdu sa mère alors qu'il n'était qu'un gosse et ensuite son père s'était mis à le battre. Lors qu'il prononça les mots : « et qu'il a faillit me tuer... » Je plongeais mon regard dans celui de Nate et l'espace d'un instant je cru voir le petit garçon apeuré qu'il était à l'époque. Un garçon qui avait été tellement en colère d'avoir peur qu'il était obligé maintenant de courir pour ne pas être celui qu'il n'arrivait même pas à appeler son père. « Je suis vraiment désolée Nate ... » A mon tour sans vraiment réfléchir j'attrapais sa main et venais y loger la mienne. Je serrais un petit coup pour lui témoigner ma présence et le fait que je pouvais comprendre, ce qui était rare la plupart du temps. « On a des tas de choses à évacuer toi et moi. Je comprend ta douleur presque autant que tu comprends la mienne. On nous a volé notre innocence. » J'allais courir tous les matins avec lui, c'était décidé. Je ne pourrais sans doute pas courir pour rattraper cette innocence que nous avions perdu mais au moins pour échapper aux souvenirs du passé. Je me rendis compte que je lui tenais toujours la main et c'est un peu gêné que je la relâchais tout doucement. Je sentais une certaines connexion entre nous, je me sentais bien avec lui. Il n'y avait pas de gêne, pas de blanc, comme si on savait quoi se dire, et surtout tout se dire. « Ah oui tu as essayé plusieurs filière avant de trouver chaussure à ton pied. Et pourquoi journaliste sportif ? »  J'étais curieuse, il m'intriguait. « Je suis en septième années de médecine. On à peut-être dû se croiser sans le savoir. » Non, je l'aurait remarqué si je l'avais déjà vu.