DEVYN GALE ► Matthew Gray Gubler

Gale… Ce n’était pas franchement un nom du showbiz, très loin de là. Tu étais effectivement né à Londres, enfant unique de parents travaillant dans le monde de la photographie. Plus exactement, ton père était photographe de mode pas très connu, travaillant en freelance pour de petits sites ou magazines n’ayant pas forcément les moyens d’engager les célébrités du milieu, et ta mère était sa secrétaire. L’avantage de travailler à son compte, c’était qu’ils pouvaient te garder avec eux, et ne t’ont jamais confié à une nounou, par manque de moyens surtout. Cela t’a permis de passer tout ton temps, dès le plus jeune âge, parmi les appareils photos, caméras et autres activités normalement réservés à des personnes plus âgées. Etait-ce pour cela que tu avais toujours été quelqu’un de très calme et posé ? Tu répondais toujours que cela était dû à une bonne éducation, tout simplement.


 

Tu étais aussi qualifié de timide, d’introverti, de « fantôminet » aussi si les personnes étaient moins sympathiques à ton égard. Il était vrai que tu n’étais pas la personne la plus sociable au monde, tu préférais le calme d’un bon livre ou la patience de faire une bonne photographie que de côtoyer tes semblables. Si tu devais choisir, tu préférais encore les animaux, même si tu n’en avais jamais possédé. En fait, tu jugeais qu’eux étaient bien plus sincères, honnêtes et te laissaient tranquille : tu n’avais jamais été quelqu’un de populaire, plutôt du genre à rester dans un coin aux récréations, tu faisais donc une cible idéale pour quiconque voulait asseoir une « autorité » sur plus faible que soi.

 

Ta vie aurait plus été relativement calme, si elle avait continué ainsi… Sauf que la vie était rarement aussi simple. A l’âge de 10 ans, tu avais pour une fois accepté de dormir chez un ami un week-end, l’un des rares qui te restait, pendant que tes parents partaient dans leur petite virée annuelle en amoureux. Sauf qu’ils ne revinrent jamais : un accident de voiture leur fut fatal. Cette période restait flou dans ta mémoire. Tu restas silencieux pendant plusieurs mois suite à cela, totalement sous le choc de passer d’une famille soudée avec tes parents, à orphelin. Ce fut ta grand-mère maternelle, la seule autre personne de ta famille que tu connaissais en-dehors de ton cocon familial qui se chargea de toi, et réussit après de nombreux efforts à te sortir petit à petit de la carapace que tu t’étais forgée, et c’était l’une des seules personnes à réussir cet effort. Après tout, tu avais vite fait d’associer les attachements que tu nouais à la douleur que tu en retirais par la suite…

 

Tu te raccrochas à la passion qu’il t’avait transmise pour la photographie, ainsi  . C’était d’ailleurs grâce à la première que tu avais croisé les rares personnes auxquelles tu faisais confiance en-dehors de la famille. Vers tes 16 ans, tu avais un jour photographié en douce une jeune femme en pause devant un hôpital, comme tu le faisais pour t’entraîner dans ton art… sauf qu’elle t’avait surprise. Tu n’avais pas franchement tout compris de ce qu’il s’était passé, mais tu t’étais retrouvée chez elle, Sarah, qui vivait dans une colocation avec deux hommes : William et Henri . C’était le premier qui était le plus compliqué à vivre : irascible, votre première rencontre fut faite de moqueries et toi qui t’écrasait, sauf pour tenter de parler d’Art, de musique plus exactement que l’homme possédait un violon. Pas forcément l’idéal pour commencer des amitiés, mais c’est pourtant ce qui se produisit, rapidement pour Sarah et Henri (pour le peu que tu le voyais), plus difficilement avec William, mais c’était avec ce dernier que tu accrochais le plus, aussi étrange que cela puisse paraître. Ce n’était en plus comme si vous étiez du même âge, le Kane en avait une bonne dizaine de plus. Mais vous devinrent le genre d’amis qui ne semblaient pas assortis mais qui pourtant tenaient tout de même à l’autre… Peut-être un peu trop de ton côté.

 

La majorité tout juste acquise, un autre drame arriva dans ta vie : le décès de ta grand-mère adorée, de vieillesse. Cela te mit également un coup, te refit brandir ta carapace tout autour de toi, même si tu fus bien soutenu par tes amis. Cependant, cela te fit tout de même l’effet d’un électrochoc, et tu te décidas à envoyer un dossier à une université prestigieuse, tellement prestigieuse que, si tu n’avais pas voulu faire « plaisir » aux souhaits de ta grand-mère de te voir réussir au mieux dans tes passions : Harvard. C’était peut-être une fuite en même temps, pour couper totalement de tout ce qui pouvait te rappeler ton passé, mais qu’importe : tu en avais besoin. Et ce fut donc après une longue attente et sélection que tu y fus accepté à tes 19 ans.

Etonnement également, tu avais choisi d’étudier en majeur le théâtre, peut-être parce que tu jugeais l’expérience plus importante que des cours pour la photographie et les arts visuels ? Tu avais tout de même cette passion en mineure, histoire d’apprendre tout de même de manière un peu professionnelle. Au niveau social, ce fut quelque peu compliqué aussi au début, mais tu commenças à t’ouvrir petit à petit, grâce à la maison Lowell qui t’accueillit en son sein à partir de ta quatrième année. La quatrième année fut également l’année d’une grosse surprise : la venue de William à Harvard, également chez les Lowells. Il t’avait manqué en plus, plus que tu ne l’aurais pensé, et tout recommença comme si vous ne vous étiez jamais quitté. Cela alla même plus loin que tu ne l’aurais jamais imaginé : vous avez fini ensemble, ensemble comme un couple. Tu ne t’étais jamais lié avec personne de la sorte, tu n’y avais jamais même réfléchi, que ce soit avec un garçon ou une fille, mais cela t’avait semblé tellement évident avec lui ! Cela dura deux ans, avec des hauts et des bas, mais toujours avec des accroches si fortes que vous reveniez toujours ensemble. Jusqu’à ce que William disparaisse comme ça, d’un coup, à tes 25 ans, sans rien laisser derrière toi, à ton retour d’un Spring Break. Tu fus littéralement à ramasser à la petite cuillère, et ce sans aucun réel soutien à côté. Bien sûr que tu t’étais fait des amis sur le campus, en six ans de présence, mais ce n’était réellement pas le même lien qu’avec William, et ils ne pouvaient réellement pas comprendre. Tu te plonges donc dans tes études corps et âme, plongeant même dans une « arnaque » de pièce où tu finis par te blesser à force de pression virant au harcèlement. Bloqué pendant plusieurs mois, tu fus obligé de redoubler cette sixième année, ne pouvant passer tes épreuves avec une jambe dans le plâtre, des béquilles et donc un trop gros retard dans tes cours. S’enchaîna ensuite une audition où tu fus pris pour jouer dans un spectacle pendant l’été qui ne fut pas un vrai succès public. Même si les critiques n’étaient pas mauvaises, inutile de dire que cela ne t’aidait réellement pas à aller mieux.

 
Le clou de ce spectacle de ta vie ? William était revenu. Tu l’avais croisé une fois dans la rue, totalement au hasard. Tu avais finalement réussi à savoir en août la raison de son absence : il avait été emprisonné pour un meurtre… qu’il n’avait pas commis. La plus grosse erreur judiciaire depuis des années. Tu n’avais réellement pas su comment réagir à cette annonce : ce n’était donc pas volontairement qu’il était parti, cela changeait la donne. Mais tu avais eu bien trop mal à cause de cette absence, et tu ne pouvais te protéger qu’en te disant que s’il y avait eu doute de son innocence à l’époque, c’était parce que la situation tait floue donc peut-être qu’il avait des choses à se reprocher, qui sait ? Le peu de temps où tu l’avais croisé donc, il eut au moins le temps de voir que tout cela t’avait bel et bien changé : de timide et relativement introverti, mais tout de même sympathique et prêt à toujours rendre service, tu étais devenu taciturne, mais aussi plus froid, en retrait et n’hésitant pas à dire ce que tu penses, quitte à en être blessant. Tu te fichas bien plus de ce que pensaient les gens et de la manière dont ils pouvaient réagir à tes propos. Egoïste ? En quelque sorte, même si ce n’était qu’une façade afin d’éviter toute blessure future liée aux relations sociales.


 

Tu étais donc maintenant dans ta « seconde » sixième année, et advienne que pourra…

 

 

 
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