Amalthia ✳ You Only Live Once

Elle marchait à peine droit, mais au moins elle était debout. Elle était à Boston depuis quelques jours, elle vivait cacher la journée pour ne croiser personne et la nuit, elle sortait. Pas comme avant, pas dans son état naturel parce qu'elle avait commencée à se droguer. C'était tellement plus facile, la vie était beaucoup plus belle quand elle prenait quelque chose. Et bien sûr, elle ne se gênait pas pour boire ensuite, elle en avait besoin. C'était comme ça, c'était bien pour ça qu'elle ne voulait pas qu'on l'arrête, qu'elle ne voulait pas qu'on sache qu'elle était présente sur Boston. Elle se détruisait, elle était en train de se foutre en l'air, peut-être que c'était la solution après tout. N'être avec personne, quitter tout le monde pour que tout le monde soit heureux. Elle était juste une putain de tornade, un putain de souci dans la vie des autres alors ouais, il fallait mieux disparaître quand c'était comme ça. Elle ne pensait pas à ça ce soir, elle venait de sortir de la boite de nuit où elle avait été ce soir, avec une robe trop courte et des talons bien trop haut, tout ce qui ne lui ressemblait pas enfin de compte. Elle marchait, se tenant au mur de temps en temps pour ne pas finir par terre, elle aurait clairement du mal à se relever et elle avait eu l'idée géniale d'aller se faire un nouveau tatouage. Non, elle n'en avait pas assez et puis bourrée et droguée, elle n'aurait pas mal du tout. Bon, elle ne savait pas ce qu'elle allait faire, mais qu'importe. Elle se foutait de tout en ce moment, depuis qu'elle était partie avec Madisson, plus rien ne comptait sauf son envie de tout oublier, d'oublier sa putain de vie.

You only live once
— with Carter

La soirée a été assez longue. Je ne sais pas ce qui m'a pris de m'inscrire sur cette application de rencontre, je savais que ça ne poserait que des problèmes. Mais que voulez vous, quand on essaie d'oublier son ex, on fait n'importe quoi je suppose. Je me suis dit que rencontrer quelqu'un m'aiderait à oublier Jamal mais je me rends compte que ça n'est pas la bonne solution. Ca n'aide en rien, de rencontrer quelqu'un d'autre. Ca ne fait que nous rappeler qu'on est encore amoureux de l'autre. On les compare, on se rend compte qu'on arrivera pas à l'oublier, même dans les bras de l'inconnu face à nous qui nous parle de trucs vraiment pas intéressants. Le gars aurait aimé que je vienne chez lui, mais j'ai réussi à gentiment refuser son invitation, prétendant que j'ai autre chose à faire pour la deuxième partie de ma soirée. Je rentre donc chez moi, déçue de ce rendez-vous. Je ne sais pas quoi penser et c'est parce que j'ai la tête ailleurs que je me retrouve à marcher dans un chewing gum sur le trottoir. « C'est une blague ?! », que je lance en grimaçant alors que ma chaussure reste collée sur le béton. Ces chaussures sont neuves et j'ai horreur des chewing gum. Je décolle mon pied avec une marque de dégout sur mon visage et quand je lève la tête, je vois à travers la vitrine du tatoueur devant lequel je me suis stoppée une tête familière. Je marmonne un, « Suzy ? » Sourcils froncés, j'ouvre la porte du tatoueur : elle a l'air en assez mauvais état et je me demande si elle ne va pas faire une connerie. Je l'interpelle alors en parlant plus fort. « Suzy, ça va ? » C'est plus une connaissance qu'une amie : elle est plus amie avec Royce, mon meilleur ami et je suis assez perplexe quant à leur relation mais ça n'est pas important. Elle n'a pas l'air bien et je ne sais pas si c'est une bonne idée de se faire tatouer dans l'état dans lequel elle est.

Ça tournait, un peu trop autour d’elle, mais elle savait parfaitement pourquoi et franchement, elle n’avait clairement pas envie que cela change. Ça lui faisait du bien d’être comme ça, d’être dans un monde où tout se passait bien, où elle ne penserait plus à son ex qu’elle avait fuit ou simplement à son mari qui était très peu présent pour elle. Elle avait eu besoin de ces quelques jours rien que pour elle, ne donnant aucune nouvelle aux autres, se foutant de savoir si on pouvait s’inquiéter ou non pour elle. Peut-être qu’elle devait crever comme ça, aussi bêtement, aussi facilement sans que personne ne l’apprenne tout de suite, ils seront au courant que bien plus tard et c’était peut-être la seule chose qu’elle méritait dans le fond. Elle continua de marcher avant de finir par rentrer dans un salon de tatouage, elle allait se faire tatouer tiens. Dans son état ça devait faire tellement moins mal, elle s’appuyait contre le comptoir avant de regarder les dessins, tout en regardant ce qu’elle pourrait bien se faire. Pas n’importe quoi, elle n’était pas dans son état naturel, certes, mais ce n’était pas pour autant qu’elle devait faire n’importe quoi avec son corps, il en était même hors de question. Elle fronça les sourcils en entendant un prénom qu’elle connaissait, malheureusement soit dit-en passant, mais elle ne réagit pas. Elle se foutait bien de savoir qui peut chercher sa conne de jumelle, elle s’en foutait totalement comme ce qu’elle venait de dire. Puis ça recommençait encore une fois, c’était une blague ou quoi ? « Tu te trompes lâche l’affaire. » Et elle ne se tournait toujours pas, elle était pas l’autre qu’elle se fasse à l’idée bordel. Entre temps, elle continuait de regarder ses dessins, elle avait bien une idée, mais bon c’était dingue surtout qu’elle était dans un état pareil pour oublier son copain et elle pensait encore à lui, définitivement elle l’avait bien trop dans la peau. « Je sais ce que je veux.. » Elle se recula un peu avant de faire glisser son doigt sous son sein gauche. « Je veux écrire Dimitri ici. » Côté cœur et en plus de ça, elle l’aurait dans la peau quoi qu’il arrive.

You only live once
— with Carter

Je ne dirais pas que je sais ce que c'est que d'être bourrée à ne plus me souvenir de mon prénom ou à faire n'importe quoi. Comme tout le monde, j'aime boire mais avec modération. Je sors pas mal, mais comme m'a mère m'a toujours appris : une femme ne bois pas plus qu'elle ne peut le supporter. Imaginez la fille d'un des hommes les plus puissants du Canada, bourrée lors d'une soirée mondaine ? Ma famille aurait honte et je ne veux pas de ça. Alors forcément, j'ai appris à boire avec modération et je connais mes limites. Jamais je me suis dit que j'aimerais boire pour oublier. La dernière fois où j'ai trop bu, c'était cet été et ça a terminé assez mal puisque j'ai passé la nuit avec Colin, une erreur regrettable. Quand je vois donc quelqu'un que je connais sous l'emprise de l'alcool, je ne peux pas m'empêcher d'entrer dans ce salon douteux sauf que la réaction de la demoiselle n'est pas tellement celle que j'attendais. « Tu te trompes lâche l’affaire. » J'hausse un sourcil alors que je me rapproche d'elle : je me souviens avoir connaissance d'une soeur jumelle de Suzy, je présume donc qu'il s'agit d'elle. A voir sa manière de se comporter, j'aurais clairement pu voir qu'il ne s'agissait pas de cette dernière. « Excuse moi, vous devez en avoir marre que les gens vous confondent. » Quand on connait les deux personnes, on peut arriver à les distinguer mais je n'avais encore jamais fait la connaissance du double de Suzy. « Je sais ce que je veux.. » Je m'approche encore pour voir ce qu'elle indiquait au tatoueur et elle ajoute, « Je veux écrire Dimitri ici. » Je fronce les sourcils et je secoue la tête. « T'as pas l'air dans ton état normal, tu devrais pas faire ça », que je lance à la miss en me tournant ensuite vers le tatoueur. « Elle est bourrée, si vous la touchez j'ai les moyens de faire fermer cet endroit pendant un bon moment. » J'ai le bras long et je n'hésiterais pas à utiliser mes contacts pour faire chier ce gars, il serait tout de même honteux qu'il profite de la situation en tatouant une personne qui n'a visiblement pas toute sa présence d'esprit.

La terre était en train de tournée, mais ça lui faisait du bien actuellement. Elle en avait besoin, elle avait besoin de se retrouver dans un autre monde, ailleurs qu’à Boston ou tout se passait mal pour elle. Elle ne comprenait toujours pas pourquoi elle restait dans cette ville, elle devrait prendre ses affaires et disparaître, rien que d’y penser elle avait envie de le faire, mais rapidement elle avait une image de son copain qui apparaissait. Elle était là sa raison de sa présence à Boston, c’était pour lui depuis le premier jour, parce qu’il y avait quelques mois en arrière, elle avait eu envie de prendre ses affaires et partir à Londres. Elle avait tout prévue avant de se rendre compte que se séparer de Dimitri serait bien trop difficile, qu’elle refusait de le partager avec une autre alors, elle était restée tout en vous donnant une chance. Elle fronçait les sourcils face à la réponse de la jeune femme, elle n’avait jamais eu aucun problème pour ça parce que c’était bien la première fois qu’elle vivait une telle chose alors franchement, elle s’en fichait complètement elle. Puis comme elle n’en avait rien à foutre de sa sœur, c’était encore moins gênant pour elle. « Je m’en fiche, mais elle c’est autre chose. Je crois qu’elle aime pas tellement avoir une jumelle comme elle ne peut pas se taper son crush. » Elle mimait des guillemets quand elle disait le mot crush, putain qu’est-ce qu’elle avait été chiante pour Royce puis comme ci c’était de sa faute s’il ne voulait pas coucher avec elle. Enfin elle ne devait plus penser à ça, mais au dernière nouvelle c’était bien ce que l’autre lui reprochait. Bon, elle avait continué sa vie sans elle, elle continuait sa vie sans elle puis elle avait sa famille, sa vraie famille, les Reed et son mari qui était sa famille aussi. « Je sais ce que je suis en train de faire, j’ai pas besoin de ton avis. » Puis elle était en train de la regardée faire sans rien dire, qu’est-ce qu’elle pouvait dire ? Qu’elle venait de faire sa bonne action, elle pouvait dégager maintenant ? Elle en serait capable sauf qu’elle tournait simplement les talons pour sortir de la boutique en essayant de mettre plus de distance possible entre la jeune femme et elle-même, mais elle avait comme l’impression que ça ne serait pas aussi simple que ça.

You only live once
— with Carter

Je suis une fille assez égoïste, on ne va pas se mentir. Seul mon petit confort m'importe et à la limite, celui de mes amis proches et de ma famille. Par contre, quand je vois une fille pas forcément dans son état normal qui se balade seule la nuit, je ne peux pas m'empêcher d'être certaine qu'elle va bien. On sait tous qu'être une femme, c'est une faiblesse dans ce monde d'homme et je m'en serais voulu de ne rien avoir fait et qu'elle se soit fait agresser en rentrant chez elle plus tard dans la soirée. En plus de ça, elle m'avait vu et s'il lui était arrivé quelque chose, elle aurait pu me blâmer de ne rien avoir fait du tout. Surtout que je pensais qu'il s'agissait de Suzy, que je ne connais pas très très bien, mais que je connais quand même un peu. Je sais que Royce tient beaucoup à elle et comme je tiens moi même beaucoup à Royce forcément..« Je m’en fiche, mais elle c’est autre chose. Je crois qu’elle aime pas tellement avoir une jumelle comme elle ne peut pas se taper son crush. » J'hausse un sourcil sans trop comprendre et je décide de me tourner vers le tatoueur pour lui faire comprendre que s'il touche la demoiselle, il peut compter sur moi pour faire jouer de mes relations et faire fermer son établissement. « Je sais ce que je suis en train de faire, j’ai pas besoin de ton avis. » Je lève les yeux au ciel, clairement agacée et j'allais dire quelque chose mais d'elle même, elle toune les talons et quitte le salon. Le tatoueur râle en disant que je lui ai fait perdre une cliente et je lui lance un regard noir avant de suivre la miss dehors. « Hey ! Attends ! » J'accélère, j'arrive à sa hauteur et je continue de marcher à côté d'elle en la regardant. Je lui demande alors, « C'est qui le crush de ta soeur ? » J'ai l'impression de connaître la réponse à ma question. « C'est Royce, c'est ça ? » Ils se sont embrassés cet été "sans faire exprès" et je me demande si c'était pas volontaire cette histoire, du moins, de la part de Suzy. Ce que je n'aimerais pas du tout parce que ça a bien foutu la merde dans la vie sentimentale de mon meilleur ami qui a eu pas mal de soucis avec Sacha quand tout ça est arrivé.

Elle était énervée pour le coup, elle s’en foutait de parler de l’autre, franchement elle le faisait que très rarement et là parce que la brune avait en quelque sorte enclenché la chose. olElle passa sa langue sur ses lèvres en essayant de marcher droit puisque finalement elle n’allait pas se faire tatouer ce soir, ça aurait été une bonne idée pourtant, elle aurait moins sentie la douleur, mais elle savait qu’au fond d’elle, elle reviendrait faire ce tatouage. Parce qu’elle avait envie de le faire, elle avait envie d’avoir cette preuve sur sa peau même si c’était idiot, mais elle le voulait tout simplement. Elle continua de marcher, ses bras croisés autour de sa poitrine alors qu’elle avançait sans trop savoir où, de préférence dans un endroit où elle ne rencontrerait personne car personne ne savait qu’elle était là, elle était partie il y a quelques jours éteignant son téléphone pour être tranquille. Elle avait eu besoin de réfléchir, besoin de savoir ce qu’elle pourrait faire et puis elle avait eu besoin d’oublier, d’oublier tout les autres alors elle avait commencé à boire, à se droguer parce que c’était juste la meilleure méthode pour tout oublier ça. Elle soupira, fortement pour se faire entendre en entendant encore une fois la voix de la jeune femme derrière son dos, comme quoi elle n’allait pas la laisser tranquille tout de suite, chose qu’il la rendait dingue dans le fond. Surtout si c’était pour parler de sa sœur, de qui elle voulait se taper parce qu’elle s’en fichait Carter, ce n’était clairement pas son souci de savoir qui serait le premier mec de l’autre. « Si tu as la réponse, pourquoi tu me poses la question ? » Puis à croire que ce mec ne sortirait jamais de sa vie, en soit elle n’avait pas eu de nouvelle depuis longtemps et elle en était bien heureuse. « Mais je crois qu’elle veux un autre mec maintenant et je t’avoue que je m’en fiche de savoir qui peut la baiser. » Aucune classe dans ses paroles, mais tant pis. De toute manière, la féminité c’était pas quelque chose pour elle alors le sujet était clos là, non ? Elle allait enfin te laisser tranquille ou elle continuerait à te poser d’autres questions ?