JOAKIM GIBERT ► Cole Sprouse

Mon histoire commence à Portsmouth, là où mon père a grandi. Mon grand-père est un pêcheur, comme son père avant lui. L’été, je le rejoins, je monte sur son bateau et je vais pêcher avec lui. Malheureusement ou heureusement, mon père n’a pas suivie cette voie. D’ailleurs, il n’a plus jamais remis les pieds à Portsmouth depuis ma naissance. Une histoire de famille qui a mal tourné apparemment. Les secrets des Gibert sont enterré dans cette ville, je m’entête chaque été à reconstituer le puzzle qui a amené mon père à fuir l’Angleterre mais en vain...


Henry Gibert, mon père, a décidé finalement d’écrire. Plus jeune, il était voiturier à Londres, espérant qu’un jour, il allait enfin connaître la gloire. Il rencontra ma mère dans le café où il avait l’habitude de prendre sa pause. Elle, elle était avec sa troupe, elle dansait dans un cabaret, en espérant un jour monter sur les marches de Broadway. En attendant, elle faisait le tour des capitales européennes dansant seins nus mais pleine de fierté déjà. Ma mère a toujours vécu à Boston, alors quand son spectacle fut terminé, elle proposa à mon père de la rejoindre. Je suis né neuf mois plus tard. Il n’ont pas vraiment perdus leur temps on va dire. Mon père avait trouvé une maison d’édition qui publia l’un de ses romans, le seul finalement ayant eu un brin de succès. Par la suite, il du se contenter de publier ses ouvrages sur internet, ça lui fait un gagne-pain on va dire mais pas de quoi me payer mes études.


Quand j’eu seize ans, Marta Macfallen, ma mère, décrocha un petit rôle dans une série B, elle s’envola pour New York, mais ce qui devait durer quelques mois a finalement duré quelques années. En fait, ma mère avait retrouvé l’amour dans les bras d’un chef d’entreprise, George, de son prénom. C’est en allant lui faire une surprise que je l’ai découvert. J’ai passé une semaine à la suivre sans jamais lui dire que j’avais été lui rendre visite. Elle avait l’air si heureuse finalement.

Je ne sais pas par quel miracle mais quelques années plus tard, j’avais alors 20 ans, elle est revenue. On était assis avec mon père pour Noël, ma meilleure amie était là aussi. On avait commandé indien mais on rigolait bien. Mon père venait de sortir d’une dépression et j’étais bien content qu’il soit là parmi nous, moi qui m'avait fait tant de souci pour sa vie. Et ma mère est arrivée, comme un mirage, un fantôme qu’on espérait plus voir.


Je ne sais pas si mes parents sont réellement heureux à présent. Mon père et moi échangeons beaucoup d’e-mails mais j’essaye de leur rendre visite le moins possible. J’ai comme un poids quand je me rend chez moi, quelque chose qui me pèse : l’injustice, l’envie de pardon, l’envie de vengeance aussi, peut-être un peu de rancœur et...un profond malaise.

Ma vie, elle est à Harvard à présent. Mes amis sont ici et c’est pour moi, le plus important. Ils sont ma famille. A Harvard, j’étais comme le loup solitaire, toujours avec son appareil photo au cou et sa clope à la main. Un loup qui vendait la meilleure drogue du monde. Je fais des mélanges, mes fioles, je l’ai ai appelé : le lynx (un mélange de MD et de cocaïne), la full (de quoi s’apaiser et dormir quelques jours) et bien sur l’eleven (pas moins de 11 composants qui te font complètement perdre la tête).


Mais voilà, maintenant j’ai un groupe d’amis et on est comme les cinq doigts de la main. Alors c’est sur, c’est pas facile tous les jours, on a nous aussi nos petites histoires mais je suis persuadé que notre amitié supportera tous les tracas du monde et qu’on restera ensemble quoique nos carrières futures nous en coûte.