« my beautiful trauma » ∇ DECLAN

Il avait semé les graines du doute chez Scarlett et Tamsin, et autant être honnête, il en était arrivé à la conclusion que sa bouture n'était qu'un bel échec. L'enquête stagnait et tant qu'aucune d'elles ne parlait, il n'était pas prêt d'avancer. La plupart de ses compères se contenteraient de cette fin en suspension, affaire classée décideraient-t-ils puisque même la victime se complaisait de la situation. Mais pas Declan, laisser la justice en points de suspension, ce n'était pas trop dans ses cordes et surtout savoir la jeune femme et son amie en danger ne le laissait pas serein. Il aurait l'impression d'être passé à côté de quelque chose si le malheur la frappait de nouveau. Alors, il se contentait d'attendre, parce qu'il ne pouvait rien faire de plus. Laissait son corps en planque dans l'ombre des fourrés aux abords de l'habitation des deux jeunes femmes à l'occasion, mais rien de plus, rien de palpitant, deux étudiantes prises dans le tourbillon de leurs vies estudiantines, rien de plus banal.

Jusqu'à ce que ce Scarlett sorte de son silence. Elle était prête à le rencontrer finalement. Il aurait pu sauter au plafond, pousser un cri de joie, mais non, Declan était taiseux et surtout trop éreinté par ses heures supplémentaires pour cette douce nouvelle. Elle était d'accord sur le principe mais la faire passer à l'action serait autre chose. Elle avait choisit l'endroit et il a rejoint bientôt. Un sourire amusé passe sur ses traits tirés lorsqu'il la voit se goinfrer en se croyant à l'abri des regards observateurs. Leur voilà au moins un point commun. L'amour de la bouffe et de préférence celle qui fait mal. Il s’assoit donc en silence face à la Rousse, ne prenant pas la peine de se présenter, se réjouissant sans bruit du spectacle, tout en contrastes de cette brindille qui avale tout ce qui passe devant l'avide de sa bouche. « Tu as bien fait. » Les prunelles détaillent le brillant des lèvres alors qu'elle lui lance une provocation coutumière. « Évidemment. » Le prix des aveux valait bien quelques dollars perdus en malbouffe. La carte passe entre ses mains alors qu'elle y va de son conseil. La serveuse arrive bientôt. « Un café allongé et une gaufre au caramel beurré salé, avec supplément chantilly s'il vous plaît. » Au moins il n'aurait pas perdu son temps. Il laisse Scarlett reprendre commande et la serveuse part ainsi préparer leur commande. « Alors, comment vas-tu depuis la dernière fois ? » Il ne la cuisinerait pas aujourd'hui puisqu'elle était là de son propre gré, le temps des paroles viendrait bien assez tôt.

Elle ne le savait pas encore mais lui en était persuadée et elle en prendrait conscience un jour mais inutile de lui expliquer de vive voix. Chacun doit parfois faire son chemin. Il se contente donc simplement de sourire légèrement à la jeune femme. La Traîtresse en profite pour lui lancer un coup bas mais cela l'amuse plutôt qu'autre chose. « Deux ans c'est long, j'ai bien plus de chance de me prendre une balle ou un mauvais coup avant. » Et puis il y a le sport. Amen pour ses artères, autrement le gras en aurait eu raison depuis longtemps. C'était son pacte avec le sport qui sauvait l'addiction qu'il entretenait avec la bouffe. Pure provocation par laquelle il avait répondu et qu'elle exerçait désormais à son tour. Les deux Ironiques aimaient a priori entretenir le contraste. Il acquiesce cependant tout à fait sérieusement. « Je comprends, t'aurais vraiment une tête horrible avec des frisottis. » Elle n'aurait plus du tout la même classe. Il sait bien qu'elle n'a pas envie d'entrer dans le vif du sujet, il ne l'a pas côtoyé longtemps mais suffisamment pour savoir. Alors il prend son mal en patience parce qu'il sait qu'elle finira par y venir et il ne fera pas la même erreur de la cuisiner. D'ailleurs, c'est plutôt elle qui s'exerce à l'assaisonnement là présentement. « Elle fait le même genre de job que moi. Autrement c'est pas tenable. » Ou peut-être que si, mais au moins Alysse comprenait ses indisponibilités et ses retards. « Et toi, tout roule avec Tamsin ? » Après tout, les deux Demoiselles avaient su faire front d'un seul bloc. La venue de la Rousse en solitaire lui permettait toutefois de douter de la solidité du duo.

La conversation continuait sur le même ton badin, Scarlett semblait vouloir en savoir davantage à son sujet comme pour maîtriser la situation. Declan était prêt à maintenir cette illusion si cela pouvait la mettre à l'aise. « Alysse. » dit-il avec un petit sourire amusé de la situation. Et puis naturellement, il avait saisit la perche pour la questionner sur Tamsin. Le Flic se contente de hocher la tête quand elle fait référence à son accident, laisse le silence en suspens comme il se doit alors qu'elle lâche finalement quelque chose d'intéressant. C'est peut-être un peu son fonctionnement, trois pas en avant, deux pas en arrière. « Et est-ce qu'elle a fait des choses répréhensibles selon toi ? » Tamsin semblait être un esprit aussi libre que la Rousse. Pas sûr que ces deux là s'adonnent aux confidences mais après tout elle était sans doute Celle qui la connaissait mieux que quiconque. De son côté, Declan ne savait pas trop de quel côté fouiller. Cela pouvait être la jalousie d'une ancienne conquête qui motive le délit que quelque chose de bien plus grave. Il avait en tout cas eut le sentiment que la Brunette aimait fouiner là où il ne valait mieux pas montrer son nez.

Curieuse, la mouche qui l'a piqué. Declan en oublie un instant le ce pourquoi il est ici à se baffrer de choses trop grasses pour ses artères comme elle le lui a si sûrement rappelé. La question est posée avec un espèce de sans-gêne qui pourtant ne peut choquer par cette bouche visiblement innocente. Elle a du en abuser de ce trait la Rousse, y manipuler ses victimes et toujours passer pour la Blanche brebis. « Oui. » rétorque l'assurance de sa voix d'une façon simple qui l'étonne presque. Oui, l'évidence est là, alors pourquoi la nier. Si les choses pouvaient être toujours aussi simples avec sa moitié. C'était presque absurde que la vérité éclate au devant d'une ingénue inconnue que devant la femme qu'il connaissait depuis les années adolescentes. Et puis Declan avait demandé à Scarlett de chercher la faille, de lui indiquer la voie là où il piétinait depuis des mois. Ses prunelles s'éclairèrent furtivement lorsqu'elle le mit sur la piste. Pourquoi n'y avait-il pas pensé ? Lui plus que personne savait pourtant qu'il ne fallait pas se fier aux apparences. Mais pour le moment Scarlett avait besoin d'être rassurée. « Je vise la personne qui t'a attaqué, les agissements de Tamsin sont secondaires, mais il va falloir que tu la persuades de coopérer, autrement, je ne peux pas te garantir l'impossible. » L'honnêteté toujours, l'honnêteté quoi qu'il arrive et cela lui avait jouer des tours bien trop souvent. Mais on ne pouvait renier sa nature. « Si elle nous aide, il ne lui arrivera rien, je te le promets . » Ce n'était pas gagné mais Declan savait se montrer persuasif quand il le fallait. Une tentative d'homicide prévalait de toute manière sur les agissements possibles de la Demoiselle.

Un sourire s’arrime à son visage, elle est bien trop curieuse cette petite tête rousse. C'est toujours plus confortable de s'intéresser aux autres qu'à soi. « Je ne sais pas, je pense oui. » Ils n'étaient pas du genre romantiques ou grands serments d'amour. A vraie dire, ils parlaient le moins possible de ces choses là, ils étaient bien trop écorchés respectivement pour oser montrer les plaies à vif, du style voici ma chair et mon sang, utilise les comme tu voudras. Non, ce n'était pas pour eux. Mais en tout cas, Scarlett acceptait d'exposer peu à peu les choses qui clochaient. Tamsin ne voudrait pas coopérer et il n'était pas étonné. « Okay, je te remercie. Essaie de lui dire qu'elle ne risquera rien si elle accepte de me parler, je ferai en sorte qu'elle soit protégée. » Ce n'était pas la première fois qu'ils préserveraient un hors la loi pour un bien plus dangereux. « Tu as déjà fini ? » s'étonne-t-il en voyant l'assiette vide. Cette fille était une vraie goinfre et le pire c'est qu'on ne savait même pas où elle mettait tout ça.