LUCRECIA SUÁREZ ► Shanina Shaik

Si le nom de Lucrecia Erendira Suárez vous est familier, c’est que la demoiselle vous a marqué l’esprit d’une certaine façon. Peut-être avez-vous fait le lien avec son incroyable famille ? Ou peut-être l’avait vous reconnue à travers ses articles de son blog Lost With Purpose, un site relatant ses voyages et ses activités de bénévole ? Si ce n’est pas le cas, c’est que vous avez alors aperçu par hasard ses photographies dans une exposition ou tout simplement parce que vous l’avez rencontrée.

Commençons par sa famille les Suárez. Une famille qui fait rêver mais qui donne la chair de poule. Après tout, les Suárez ont de quoi intimider. Ils sont connus pour jouer un rôle important dans la politique, la sécurité publique et le droit. Tout d’abord son grand-père paternel Luís Fernando était un ancien amiral de la Marine nationale colombienne et son fils Nicolás Leonel avait ouvert son propre cabinet d’avocats avant de devenir politicien siégeant au Sénat. Il aurait pu épouser la plus belle des économistes de Wall Street s’il avait voulu mais au lieu de ça, il était tombé amoureux d’une simple danseuse des rues, la charmante Iliana Marquez.

Lucrecia est l’ainée de quatre enfants. Qui dit ainé dit grande responsabilité et qui dit premier enfant dit grande espérance. Pendant des années, elle a endossé le rôle de la grande sœur bienveillante, bien qu’effrayante car autoritaire. Tous la voyaient suivre les pas de son père avec son parcours d’étude plutôt exemplaire. Seulement et pour le plus grand malheur de son père, Lucrecia est le portrait craché de sa chère mère. Insaisissable, fougueuse et passionnée par la danse, elle s'est mise alors à questionner ses choix. Avait-elle réellement envie de faire du droit ou de la politique ?

La réponse était une évidence. Non, elle ne le désirait pas et ce n’était pas non plus vers la danse qu’elle voulait se tourner. Indécise, elle ne savait tout simplement pas où s’orienter et en attendant ses notes étaient en chute libre. Il y avait de quoi rendre son père fou qui d'ailleurs avait fini par jeter tous ses espoirs sur le second, son petit frère Lorenzo. Finalement, elle avait décidé de quitter la maison familiale à l’âge de 17 ans, ne supportant plus ses remarques et critiques infondées. Elle s'était alors trouvé refuge chez son grand-père maternel, Miguel Marquez.

Il est ce peintre alcoolique, drogué et sourd-muet aux airs un peu fous que personne ne veut réellement fréquenter, même pas sa propre famille. Bien évidemment, Lucrecia n’a que faire de ce que les gens pensent de lui. Selon elle, il est un homme remarquable. Plus que son père, elle l’admirait et plus que son père, il se souciait d’elle. Il lui avait tant appris. Ses peintures lui ont fait voyager et ses histoires lui ont fait rêver. Il est un philosophe, poète, romantique, humaniste et révolutionnaire qui malheureusement n’avait pas de voix pour se faire entendre. Il regrettait le temps passé mais il espérait aussi que le monde change.

Il n’y avait désormais plus de doute pour Lucrecia. Elle voulait voir les quelques endroits où son grand-père avait eu l’occasion d'y aller et découvrir de ses propres yeux ce que les médias refusent de montrer. Elle voulait partir à la rencontre de nouvelles personnes, découvrir leurs cultures et les merveilles de la nature. Elle voulait être le messager que son grand-père n’avait jamais pu être et sensibiliser le public sur ce qui se passait réellement. Elle lutait pour l’environnement et l’homme. Elle espérait qu'un jour ses photographies les toucheraient tout autant que ses articles. Pour atteindre ce but et poussé par son grand-père, elle avait décidé de quitter la Colombie à la fin de son Bachelor pour poursuivre son Master à l’étranger, notamment dans la prestigieuse université de Harvard si elle venait à passer l’entretien d’entrée.