(flashback) Avec Jason - Italie - Juin 2007 - Ce jour-là, j'ai perdu une partie de mon être.

Dix sept années de pur bonheur. Nous étions tous ensemble. Réunis dans le bonheur le plus total. Il y avait aujourd'hui dans la villa, mon père, ma mère, mes trois grand frère, Jason et moi. Jason était mon ancien petit ami, je n'étais plus en couple à cause de mes frères. Et ma mère ne leur disait rien pour la simple et bonne raison qu'elle sentait que je n'étais pas véritablement amoureuse de Jason, on agissait plutôt comme des meilleurs amis qui pouvaient s'embrasser et se câliner. Mais ils avaient encore tout brisé. Même si j'étais sensé ne rien savoir, je me doutais qu'ils ne voulaient pas que ce soit Jason qui s'occupe de moi. Il pouvait continuer à être mon ami et passer du temps à mes cotés. C'était sans compter que je lui volais quelques baisers lorsque nous étions seuls, après tout je pouvais bien continuer à apprécier le bon plaisir de ses lèvres, moi qui adorait qu'on s'occupe de moi. Moi qui rêvait de donner ma virginité à un garçon qui me plaisait. Dommage que je n'y arrivais toujours pas. Jason était adorable, mais j'avais toujours cette peur et appréhension dans mon âme.

Pour en revenir à cette journée, ma famille, Jason et moi venions juste de sortir de table. J'accompagnais ma mère avec Jason jusqu'à la plage pour qu'on s'y baigne. Une journée idéale, tirée des histoires pour enfants. je m'étais assise entre les deux, commençant à mettre de la crème solaire sur ma peau alors que ma mère partait marcher un peu plus loin tout en aillant les pieds dans l'eau. Pour ma part, je reposais mon attention sur Jason qui était en tenue de plage, et dont j'avais envie de taquiner un peu. Je jouais avec le feu en le taquinant de la sorte, si un de mes frères voyait ça, il le jetterait dehors aussi sec qu'ils avaient arrêtés notre couple. Mais j'étais heureuse, qu'il n'ai pas pris peur en tant qu'ami. je posais ma tête sur son épaule. Je suis contente que tu sois resté, Jason. T'es vraiment génial. Je tournais finalement la tête pour déposer un baiser sur sa joue. Je posais ma main sur la petite table de plage et... rien. Ah mince... j'ai oublié de prendre les boissons. On va mourir de déshydratation... Tu veux bien aller les chercher Jason ? dis-je en papillonnant des yeux pour le convaincre d'y aller à ma place. Je jouais de mon charme et je n'en avais pas du tout honte.

Il était inconcevable de bronze au soleil sans avoir de rafraichissements, si je m'évanouissais, ce serait vraiment gâcher une si belle journée. Et de par mon charme plus qu'imposant pour Jason, j'avais réussi à convaincre celui-ci d'y aller à ma place. Jouer la jeune femme comblée, papillonner des yeux pour le séduire, et tout était joué. Je ne pus m'empêcher de sourire à l'appellation de "Princesse", j'avais pris une mauvaise habitude avec mes frères d'être traité ainsi. J'offris à Jason un baiser de loin avant de quitter le transat où je m'étais installée. Ma mère venait juste de finir son appel, je me blottissais alors dans ses bras. Bon alors, Maman, qu'est ce que tu voulais me raconter ? C'est à propos de Jason ? Ma mère se mit à rire, avant de continuer la marche avec moi, me câlinant tendrement. Non. Je discutais avec un associé de ton père, nous sommes en très mauvais terme avec une famille, et il se pourrait que ça tourne à une guerre sans merci. Je voulais te demander de faire attention et... je t'ai inscrite à Harvard l'année prochaine. Tu passeras un examen d'entrée et tout ira pour le mieux loin d'ici, le temps que les choses se calment... J'étais étonnée, je savais que certaines affaires étaient houleuses mais pas à ce point là. Bien Maman, je ferais attention. Elle m'embrassa sur la joue. Fais attention à Jason, il est proche de toi, ils pourraient s'en prendre à lui. Je ris . T'inquiètes pas, Maman. Jason est en rien impliqué à nous, ils y gagneraient rien de s'en prendre à lui... Ma mère acquiesça alors que nous marchions encore en discutant. On ne vit pas au début le bateau qui approchait. Ma mère le vit. Téo, rentres à la maison tout de suite! Mais il était trop tard, ils débarquaient sur la plage.

Je courrais avec ma mère alors qu'on criait aussi fort qu'on le pouvait pour alerter mes frères et mon père. Ils essayèrent de nous rattraper, je fus moins rapide que ma mère et il me prit. Au moins qu'elle se retourna, je sentis l'étreinte brutale s'arrêter. Un de mes frères venait de me sauver. Ma mère me prit la main, nous nous remettions à courir pendant que j'entendais les bruits des armes qui se mettaient à s'enflammer. C'est alors que la main de ma mère quitta la mienne, je fis quelques mètres avant de voir qu'elle était au sol et non ralentis. MAMAN! Les yeux ronds, surprise, apeurée, je ne comprenais pas ce qu'il se passait. Je fis marche arrière en courant vers elle, retournant le corps de ma mère qui me sourit une dernière fois. Va-t-en ma chérie... murmurait-elle alors que je voyais le sang imbibé son haut, et que la vie la quittait. J'étais en larmes, je ne pouvais plus bouger alors qu'à tout moment, on pouvait me viser moi... Je m'en foutais, ma mère avait besoin de moi. Je souffrais, j'avais mal. Mes larmes commençaient à couler à flot alors que je criais ma mère, que je l'appelais dans l'espoir qu'elle se réveille. On était tous idiots de croire que la personne pouvait revenir alors qu'elle ne vous répondait plus, que le cœur s'était arrêté de battre dans sa poitrine. Le visage dans son cou, je pleurais à chaudes larmes.

Je me sentais complètement déchiré, comme ci on venait de retirer une partie de mon corps aussi violemment qu'elle était partie. Je ne pouvais plus penser à quoi que ce soit, hormis ma mère. Les images de bonheur à ses cotés s'en allaient petit à petit, mon corps tremblait. Je n'avais presque pas senti Jason qui était arrivé, qui essayait de me faire partir d'ici. Je n'y arrivais pas, je pouvais pas l'abandonner ici. Elle méritait qu'on la protège, même sans vie. Je continuais de pleurer malgré Jason qui me demandait de m'en aller. Laisse moi. dis-je à son égard, je n'abandonnerais pas ma mère. Elle aimerait quoi?! Il savait pas ce qu'elle aimerait exactement, et puis, elle avait besoin que je sois là, que je reste à ses cotés. Il continuait à m'embêter. Laisse moi tranquille, Jason! criais-je alors qu'il me tirait loin de ma mère. Je regardais le corps sans vie de ma mère au sol. Puis je tombais à terre. En plus de ça, il me lâchait?! Je me tournais vers Jason qui venait de se faire attraper par l'un des ennemis de ma famille. Je tendis le bras vers lui pour « l'attraper », mais l'homme le frappa plusieurs fois avant de reporter son attention sur moi. Je cherchais en vain ma lame à ma cuisse, je n'avais pas pensé à la prendre étant donné que nous étions sensés être en sécurité. Mais Jason se prenait pour un héro à mes yeux en se jetant sur le mec pour les faire tomber tous les deux. Je ne comprenais pas ce qu'il se passait, ils se battaient. Heureusement pour moi, un de mes frères qui avait plus l'habitude de ça vint à l'aider en le chargeant de s'occuper de moi. Mais j'ai pas besoin de votre aide! dis-je indignée, en colère. Je ne pus répondre plus que ça, Jason me prenait par la main pour repartir dans la direction de la maison.

Je voyais qu'ils commençaient à partir, que ma famille avait carrément le dessus avec la présence de toute la famille. Mais j'avais trop mal. Alors que nous atteignons la maison, j'arrêtais quelques secondes Jason en posant mon regard dehors. Je vis mon père en larmes à coté de ma mère alors que les autres commençaient à se replier mais c'était quand même la bagarre à plusieurs endroits de la plage. C'était encore trop dangereux pour que je puisse sortir. J'avais le cœur lourd, je « sautais » dans les bras de Jason tellement j'avais besoin de sentir la présence d'une personne, sentir le réconfort et la chaleur de ses bras. J'ai mal Jason... dis-je d'une voix saccadée. Je me serrais contre lui tellement j'avais mal, je me sentais tellement vide, les larmes ne cessaient jamais de couler sur mon visage. « vide », le mot n'était pas assez fort en réalité. Je me laissais choir contre le pauvre Jason, en larmes. J'étais au plus bas, j'avais tellement de mal. Et maintenant que je m'en rendais encore plus compte de la perte de ma mère, je perdais encore plus d'énergie, je pleurais. Ne m'abandonnes pas, Jason... Je ne voulais pas qu'il parte alors que j'avais besoin de lui. Je devrais m'asseoir, m'allonger, mais j'étais tétanisée par la douleur.

J'avais tellement mal au fond de moi, que plus rien ne m'importait à ce moment présent. Ils pouvaient m'enlever, me faire du mal, ce ne sera jamais aussi douloureux que ce que je vivais en ce moment. C'était comme ci l'on venait de me mettre un poignard dans le cœur et qu'on s'amusait à bouger dedans pour me torturer encore et toujours. Je n'avais plus la perception de quoi que ce soit, je ne me préoccupais de rien, je ne pensais qu'à elle, à ma mère, à la douleur qui me fendait le corps en deux. La seule chose qui me retenait encore ici c'était les bras de Jason qui me réconfortait, que la chaleur de ses bras me donnait un peu d'énergie. Il me rassurait comme il le pouvait, je le sentais. Mais j'avais mal encore et encore. Il prit les devants en m'emmenant dans ma chambre. Je tremblais, sanglotais dans ses bras. J'avais véritablement du mal à avancer, la force me perdait petit à petit. Allongée sur le lit, je ne pensais plus à rien. J'essayais de me vider l'esprit, je me mentais en me faisant croire que ma mère n'était pas morte. Mais l'image de son corps allongé sur le sable, je n'arrivais pas à me la retirer, je revenais donc à chaque fois à la réalité. J'éclatais en sanglot, je pleurais, tremblais à en perdre la raison.

Jason me réconfortait, ce n'était pas contre lui, mais il n'arriverait certainement pas à apaise mon âme en proie à tous les tourments possibles. J'étais au plus bas de mon existence, je souhaitais parfois pendant quelques secondes de ne plus exister pour ne plus souffrir en ce moment même. Je me serrais fort contre Jason. J'ai...tellement mal...Ja-son... murmurais-je avec difficulté. Mes yeux me brûlaient tellement j'avais versé de larmes, je reniflais sans cesse, j'avais froid. Comme ci l'on venait de me tuer. Mais la douleur, mélangé à la tristesse et à l'angoisse d'une vie sans elle, me rendit complètement... folle. Je m'écartais soudainement de l'étreinte bien qu'agréable de Jason pour m'enfuir. Mon faible taux d'énergie eut raison de moi, je tombais dans un grand fracas contre le parquet de ma chambre. Je gémissais de douleur mais ce n'était rien comparé à ce que j'avais à l'intérieur de moi. Je continuais de pleurer en essayant de me relever. C'était trop dur. J'étais devenue irrécupérable à mes yeux.

Rien ne pouvait me remonter le moral à ma connaissance. J'avais l'impression que personne ne pourrait comprendre la douleur que j'avais. Pas même mon père, mes frères, on venait de me retirer une raison de vivre dans ce bas monde. Ma mère m'avait permis durant ses années à ne pas sombrer dans le monde mafieux, à ne pas faire comme mes frères, elle m'avait protégé. J'étais à présent vulnérable. Je frissonnais lorsque Jason vint à m'aider à me relever pour me prendre dans ses bras. C'était agréable de le sentir contre moi, mais ça n'allégeait pas mon cœur qui avait mal. J'enfouissais mon visage dans son cou, histoire de prendre une bouffée et me reculer à nouveau. Laisse tomber... Je me relevais avec un peu plus de facilité. J'avais une idée qui m'était venue en tête, et c'était la meilleure des solutions pour aller mieux. Je pris une petite lame dans mon tiroir et me recouvrais le corps d'un peignoir. Je jetais un regard à Jason avant de sortir de ma chambre et traverser la maison jusqu'à un endroit gardé. Je regardais l'homme. Mon père m'a confié la tâche de prendre quelques affaires dans les stocks. Laisse moi entrer. L'homme me regardait, un peu surpris.

Je ne m'étais jamais aventurée dans le stock de ma famille, je n'avais pas été intéressée jusque là. Discutes pas, c'est pas le moment. Il comprenait où je voulais en venir. Il passa sa main sur le détecteur et la porte s'ouvrit. C'était la caverne d'Ali Baba pour un drogué, pour un geek qui voudrait avoir des nouvelles technologies, des bouteilles d'alcools dans un coin mais pas forcément ce qui dominait le plus. j'attrapais un petit sac bien fermé, puis je l'ouvris. Je passais mon doigt sur la poudre blanche et la porter à ma narine droite. J'inspirais un bon coup, et ce fut la guerre nucléaire dans ma tête. Mais c'était aussi un sentiment de bien être. Je posais le sac éventrée sur l'étagère et je me dirigeais vers des grands sachets avec des cachets blancs. J'en pris quelques uns que je mis dans ma poche, avant de retourner vers les sacs de cocaïne. Je pris un sac intact en le posant par dessus celui que je venais d'ouvrir avant de sortir de la salle. Je me sentais tellement sereine. Je prenais le chemin vers le petit jardin de ma mère, une sorte de grande serre. Je m'installais sur un banc, posant les sacs à coté de moi. A nouveau, j'y plongeais mon doigt, et à nouveau, j'inspirais la poudre. C'était tellement bizarre, mais ça faisait tellement de bien.