manuel de survie - lily.

L'obsession a un nom. Lily Pénélope Underwood. Tu as beau faire ce que tu veux, tu n'arrives pas à ôter son blase de ton esprit, son visage y est gravé à jamais. Ta conscience est restée figée à l'ancienne époque, tu n'as pas cessé une seule seconde de t’imprégner des souvenirs qui hantent tes pensées les plus perfides. Tant d'années te séparent de ta foutue relation avec elle et depuis, tu survies, tu donnes des coups bien plus souvent que tu n'en prends. Tu as une revanche à prendre sur la vie et sur le destin qui ne t'a pas épargné. Rester focalisé sur ta petite personne, tu excelles dans ce domaine. Aucune situation, aussi malsaine soit-elle, n'a réussit à combler le vide que Lily a laissé en toi. Tu n'as pas accepté la rupture, tu t'es embarqué dans une morosité dévastatrice, te poussant toujours un peu plus au vice. Certains diront que tu es un vrai psychopathe avec cette fille mais tu t'en bas les couilles, tu restes rongé par les remords. Tu n'es pas accepté par ses proches et par le reste du monde. Lily a préféré mettre un terme à votre relation pour ne pas affronter la dure réalité, elle t'a éjecté de sa vie comme un vulgaire pion d'une partie d'échec trop complexe. Tu veux lui faire payer cet affront, c'est ce que tu te complets à te répéter, niant effrontément l'évidence. Ce soir, tu as échangé une soirée avec les Wild Indian contre une banale soirée étudiante dans une grande maison aux abords de la ville. Te montrer dans de grandes fêtes comme celles-ci ne fait pas parti de tes habitudes mais tu as envie de faire une exception. Ton quotidien te pèse. Tu as besoin de sortir de ta zone de confort juste pour te divertir. Le traditionnel gobelet rouge se tient dans tes mains, tu le regardes avec malice, t'as gentiment troqué la bière contre un purple drank bien mérité. Ton corps détendu se faufile entre les étudiants, tu cherches un coin plus tranquille ou une fille à baiser, tu n'as pas encore décidé l'issu de ta soirée. Tu observes. Tu analyses. Et soudain tu la vois. Ton cœur rate un battement. Sous le poids de l'adrénaline parcourant immédiatement tes veines, tu détournes ton visage et te mets dos à elle. Lily est présente et tu sais à quel point renouer le contact avec elle devient urgent. Il faut que tu te fasses violence pour mettre ton plan machiavélique à exécution. Le stress pénètre chacun de tes membres, tu te sens fébrile, tu en viens à douter de ton propre brouillon. Tu as répété le schéma de nombreuses fois dans ta tête, tout semble couler de source. La reconquérir pour toucher le pactole, c'est à la porté du premier couillon venu. Tu remplis ton gosier de ce breuvage beaucoup trop sucré à ton goût, tu te donnes du courage pour affronter ton destin. La suite des événements ne va dépendre que de toi mais tu es prêt, plus que jamais tu sais que c'est maintenant que tout va se jouer. Tu veux chercher à une manière de l'aborder mais ton impulsivité guide tes sens et te pousse à y aller au feeling. Tes pas te rapprochent d'elle. Bon sang, tu ne l'as pas vu d'aussi prêt depuis des lustres mais tu te forces à l'ignorer jusqu'à ce que tu arrives à sa hauteur. Aucune arrière-pensée ne t'a préparé à ce qui va suivre. Tu la bouscules de ton corps imposant, tu fais en sorte que l'intégralité de ton gobelet se dépose sur elle. Pardon, je suis navré. Je... T'es faussement désolé mais tu le fais ressentir dans tes mots. Tu joues la surprise, tu fais l'étonné, l'abasourdi. Tes yeux s'écarquillent lorsque tu croises son regard, tu sais jouer la comédie et tu te dis que tu aurais mieux fait de partir en théâtre plutôt qu'en religion. Lily ? Tu sembles médusé devant elle, tu as l'impression de jouer un rôle qui est le tien. Un rôle qui va te coller à la peau durant les prochains mois si tout se passe comme tu l'espères. Tu sors la carte du mec gentil, du mec qui a changé. Ton regard dérive sur son haut et tu vois l'étendu des dégâts que tu viens de lui causer, à l'intérieur de toi, tu jubiles. Je suis tellement maladroit, c'est de ma faute, j'aurais dû regarder où j'allais. Ça doit coller ? Peut-être qu'avec un peu d'eau on arrivera à faire disparaître le purple, il doit bien y avoir une salle de bain ici, sinon il y a la cuisine. Tu parles pour semer le doute dans son esprit et créer l'impatience. Tu ne lui laisses pas le temps de réfléchir, tu te dois d'enchaîner pour faire un retour des plus fracassant dans sa vie. Lily doit te trouver changé, par tous les moyens.

Lily Underwood & Emmanuel Lawson
J’en peux plus. Honnêtement, je ne sais pas ce qui me fait encore avancer, ce qui me motive à me lever tous les matins. Ma vie n’était déjà pas une fête, mais alors là, c’est carrément devenu un grand n’importe quoi. Depuis la mort de Nana, j’ai l’impression que plus rien ne fonctionne comme il se devrait. Elle a été l’instigatrice d’une déchéance tellement grande qu’on pourrait probablement lui donner un nom. Genre, la Grande dépression ou l’Ouragan Nana. Ouais, un truc comme ça. Elle nous a quittés emportant avec elle ce petit quelque chose qui résidait en chacun d’entre nous et nous imposant ensuite ces derniers vœux pour le moins farfelus si je peux me permettre. Enfin, pour certain, c’est sympa. La bucketlist de Suzy par exemple est intéressante. Mais pour d’autre, comme moi, c’est une toute autre histoire. Se marier. Sérieusement Nana, a quoi as-tu pensé en demandant une telle chose de ta petite fille? Je sais, j’ai tendance à collectionner les bâtards, les manipulateurs et tous ces types qui excellent dans le brisage de cœur… Mais était-ce une raison d’en demander autant de moi? N’aurais-je pas pu tout simplement tenter de garder une relation pour plus d’un an. Ça, c’aurait déjà été un très grand défi. Ouais… parce que depuis lui, plus rien n’a semblé avoir de sens. Depuis Emmanuel, c’est comme si mon cœur était resté derrière moi, avec lui. J’ai beau essayer, il y a toujours quelque chose qui cloche. Quand ce n’est pas moi, c’est le mec et le manège se répète à l’infini. Au final, j’ai plutôt l’air de cette fille facile qui se tape le premier venu. Or, c’est loin d’être le cas. J’suis naïve, j’y peux rien, mais j’y crois vraiment quand on me dit « J’suis différent » Ouais, je devrais peut-être apprendre à me protéger avant d’essayer de trouver un mari.

Ce soir, j’ai décidé de tout oublier. Juste le temps d’une soirée, d’une nuit, de suffisamment de verre pour avoir du mal à me rappeler mon propre nom. Parce que j’en ai marre, parce qu’en plus de toutes ces histoires, j’ai aussi les cours et mes soucis d’argent. J’en peux plus. J’ai la tête en bouilli et même si aucune de mes copines ne voulait m’accompagner à cette fête, j’ai décidé d’y aller. Avec une de ces robes que je ne sors pas suffisamment souvent de mon placard, les cheveux légèrement bouclé qui tombe sur mes épaules et juste assez de maquillage pour masquer les cernes que je me traine depuis des mois. Concentré sur cette blague complètement pourri qu’est en train de raconter un mec, je ne te sens pas approcher. En même temps, comment l’aurais-je pu considérant que j’étais déjà partiellement intoxiqué et que je n’avais aucune idée de l’endroit où tu te trouvais dans le monde? Pourtant, lorsque ton corps entre en contact avec le miens, c’est comme si je le savais déjà. Ta proximité me donne des frissons et je n’ai même pas encore vu ton visage. « Pardon, je suis navré. Je... » Cette voix, je la reconnais n’importe où. Aussi grave puisse-t-elle être maintenant, elle reste la même, elle reste la tienne. Je tourne la tête, oubliant complètement que tu viens probablement de ruiner ma robe initialement rose pâle –désormais mauve grâce à toi- et te fixe comme si un fantôme m’était apparu. C’est pas possible. « Lily ? » Fait pas comme si tu te posais la question Manu, tu sais très bien que c’est moi. Autant que moi je sais que c’est toi qui se tiens là, son verre rouge vide ente les mains, un air faussement surpris sur le visage. J’ouvre la bouche pour parler, rien ne sort. Je veux dire quelque chose, crier peut-être même, te frapper si j’en ai l’occasion, mais rien. Absolument rien si ce n’est cette boule dans ma gorge qui grossit et grossit alors que les paroles se déversent de ta bouche comme l’alcool sur mon vêtement. « Je suis tellement maladroit, c'est de ma faute, j'aurais dû regarder où j'allais. Ça doit coller ? Peut-être qu'avec un peu d'eau on arrivera à faire disparaître le purple, il doit bien y avoir une salle de bain ici, sinon il y a la cuisine. » Mon regard descend lentement sur ta gaffe et remonte ensuite sur ton visage. Je fronce les sourcils, mes sens me revenant un à un alors que je constate que tu as raison, c’est collant. Très même et terriblement désagréable. « Je… oui.. la salle de bain. » Très peu cohérent, faut me pardonner, c’est pas tous les jours que je vois un fantôme ressurgir de mon passé. Encore moins un avec une aussi belle gueule et mon cœur dans sa poche arrière.