Le retour à Boston avait été compliqué pour Féline. Non pas seulement à cause de la rentrée, du fait qu'il lui avait fallut courir partout pour obtenir d'être réinscrite à Harvard, mais surtout parce qu'elle sortait d'une opération lourde et qu'elle traînait sa fatigue tel un boulet à la cheville. Pourtant, impossible de ne pas rendre visite à ses plus proches amis, à commencer par Lewis, son meilleur ami. Ce dernier aurait très certainement toutes les raisons du monde de lui en vouloir - surtout que la brune avait encore du mal à avouer pourquoi elle avait disparu aussi longtemps - mais sa visite apaiserait sans doute les choses. Pour adoucir plus encore sa venue, Féline était passée dans un Starbucks prendre deux cafés et quelques douceurs, pour mieux se rendre dans l'agence de mannequinat où bossait son pote. Elle le demanda à la réception, ne sachant pas s'il serait en plein shooting ou bien en pause, craignant par dessus tout de lui envoyer un sms de peur qu'il ne l'envoie sur les roses. Alors elle attendait, dans le hall de l'agence, ses cafés en main, la peur au ventre.
Il est vrai que je n’ai jamais eu énormément de chance dans ma vie avec la perte de mon frère, le pétage de plomb de mon père insistant pour que je reprenne les rênes de l’entreprise familiale à la place de Jake, mais je pensais en avoir eu assez sauf que je me suis trompé et pas qu’un peu puisque j’ai appris il y a quelques mois de cela que j’étais porteur de cellule cancéreuse ayant fortement attaqué mon intestin qui se veut faible et relativement pourri pour le coup. C’est pourquoi j’ai décidé de profiter de ma vie encore plus qu’avant et dans un sens même si c’est triste à dire aujourd’hui je suis plus épanoui car je vis tout à fond, différemment de tout le monde même si en revanche je ne parle de ça à personne ne souhaitant pas alarmer qui que ce soit et encore moins recevoir des regards de pitié qui me mettraient hors de moi car je ne supporte pas ça. Aujourd’hui même si je n’ai pas cours à l’université, je n’ai pas la journée pour moi puisque je dois me rendre à l’agence pour justement poser pour une marque de boxer. Etant relativement à l’aise avec mon corps et avec le contact physique que je peux avoir envers mes différentes partenaires, très vite les photos prennent forme et le shooting se déroule à merveille, prenant fin plus vite que prévu. Alors que je suis en train de m’habiller tout en faisant le débrief de la séance, l’hôtesse d’accueil nous interrompt me faisant signe de venir avant de m’annoncer que quelqu’un m’attendait, ce qui je dois l’avouer attisait ma curiosité puisque je ne savais pas franchement qui pouvait venir ici pour me voir car Asia doit m’attendre à l’appartement mais n’aurait surtout aucune raison de venir ici et puis à vrai dire elle m’aurait envoyé un message plutôt que de se déplacer ce qui est logique. Je sors donc dans le hall voyant au bout du couloir une jeune femme que je ne m’attendais pas à revoir ici avec deux cafés en main. Je ne fais pas spécialement attention à cette dernière qui m’a mis de côté pendant des mois sans la moindre nouvelle, ne répondant ni à mes messages, ni à mes appels. Mon visage qui était relativement joyeux devient rude alors que j’appelle l’hôtesse « Qui est venu pour moi Josie ? » Elle me montre du doigt Féline et j’hausse les épaules tout en fronçant les sourcils « Je ne connais pas cette personne ça ne doit pas être pour moi, il y a erreur, je dois y retourner » Je me doute que ça doit lui faire un choc que je la traite comme une inconnue préférant surement que je me montre dur avec elle mais pas aussi méprisant, mimant comme une perte de mémoire mais je lui en veux à un tel point que je ne peux faire autrement. Je tourne alors les talons, reprenant la direction du shooting même si c’est pour quelques minutes car je ne veux plus la voir vu ce qu’elle m’a fait alors qu’elle était censée être ma meilleure amie, surtout que même si elle l’ignore j’avais besoin d’elle mais elle n’était pas là. Pour moi aujourd’hui elle est morte en même temps que notre amitié et j’espère qu’elle ne va pas m’empêcher de retourner d’où je viens car je ne veux pas la voir et j’ai été clair avec
Le choc. Non seulement Lewis la regarda à peine, mais haussa clairement les épaules, comme s'il ne la connaissait pas, comme si leur amitié n'avait plus aucune valeur à ses yeux. Ses mots furent plus violents encore que des poignards lancés sur son cœur tout neuf, la laissant bouche bée. Si la belle brune ne s'était pas contrôlée, sûrement en aurait-elle lâché les deux cafés qu'elle avait encore en main, mais par chance ce ne fut pas le cas. Elle déglutit avec difficulté, le regardant tourner les talons, et à sa personne, et à leur amitié, avant de se laisser quelques secondes à peine pour reprendre contenance. Ce n'est que là qu'elle décida de le suivre, après avoir déposé les cafés et autres douceurs sur le comptoir de la réception. Hey ! vociféra-t-elle à son attention, l'arrêtant avant qu'il n'ait rejoint qui que ce soit, en plein couloir. Elle se planta en face de lui pour lui couper la route, sourcils froncés, manifestement déçue de son comportement... puéril. Alors celle là tu me l'avais jamais faite Cooper ! s'exclama-t-elle en le toisant sans hésitation de son regard bleu océan. Tu rayes tes potes comme ça de ta vie sans leur laisser la possibilité de s'expliquer ? C'est ça, ta vision de l'amitié ?
J’ai beau m’en foutre un peu de tout le monde ou du moins ne pas trop laisser mes sentiments submergés mon esprit afin d’être maître de moi-même en toute circonstance, il n’empêche que lorsqu’il s’agit de Féline c’est différent car j’ai toujours été sincère avec elle et proche sans faire de faux semblant, je lui ai toujours donné ma confiance et tout simplement je me sentais bien en sa compagnie. Cependant je ne m’attendais pas à ce qu’elle parte de la sorte sans me donner la moindre nouvelle et ce malgré toutes ces fois ou j’ai tenté de rentrer en contact avec elle mais en vain bien entendu. Je lui en ai énormément voulu et ça m’a blessé, d’ailleurs à vrai dire je lui en veux encore toujours autant si ce n’est plus mais je ne m’attendais pas à la revoir ici, non je pensais qu’elle avait fait ses bagages et qu’elle avait déguerpi comme la présumé femme de mon frère. Je ressens comme une vague de haine lorsque je croise son regard mais je ne le montre que trop peu préférant de loin faire comme si je ne la connaissais pas car clairement pour être tout à fait honnête, je ne sais plus qui elle est avec tout ce temps et c’est pourquoi je me suis empressé de lever les épaules lorsque l’hôtesse d’accueil me signifie sans la moindre surprise que Féline est là pour moi avant que je ne vienne m’exclamer à haute voix, clamant que je ne la connais pas et qu’il y a probablement erreur. Je me doute que cela doit faire des dégâts auprès de cette dernière mais je lui en veux bien trop pour la prendre dans mes bras, tenter de rattraper le temps perdu ou autre. Je lui tourne donc les talons tentant de revenir de là ou je venais mais c’est sans compter sur l’acharnement de ma meilleure amie ou de celle qui tenait ce rôle jadis, puisqu’elle s’interpose devant moi m’empêchant de poursuivre ma route avant de s’étonner de mon comportement qui se veut inédit pour elle. Je ne dis rien, me contentant uniquement de la regarder avec beaucoup de rancœur, de haine, comme si j’étais déshumanisé, mais en revanche la suite de sa tirade me fait sortir de mes gonds totalement et je ne peux pas laisser ça passer « « Tu n’as pas l’impression d’inverser les rôles un peu ? Tu m’as sorti de ta vie comme une vulgaire merde alors que j’étais censé être ton meilleur ami et ce sans me donner la moindre nouvelle. Les explications ce n’est pas aujourd’hui que je les veux, mais je les voulais bien avant. Alors revois ta vision de l’amitié car TU as tout envoyé valser et si on en est là aujourd’hui c’est de ta faute ! Tu pensais que j’allais t’accueillir à bras ouvert ? Certainement pas » Je serre ma mâchoire instinctivement tellement je suis énervé « J'avais besoin de toi et tu n'étais même pas là tellement tu es une amie digne, la meilleure de mes amies à ce qu'il parait ! Va donc t’amuser avec le premier mec de passage et laisse moi tranquille. »
Féline peinait sincèrement à reconnaître le jeune homme en face d'elle. Depuis quand Lewis était-il ainsi gorgé de haine, de rancune, de rancœur ? Depuis quand ne cherchait-il plus à comprendre ses amis et les jetaient-il à la corbeille de l'oubli sans autre forme de procès ? La belle brune n'avait pas vu arriver cette chute, froide, cruelle, sans appel. Mais si, pendant tout le discours insupportable de son prétendu meilleur ami, elle était restée silencieuse et droite comme un i, la dernière phrase la fit réagir avec la même violence. L'anglaise leva la main pour asséner une baffe mémorable au jeune homme, les yeux brillants de rage. Comment osait-il ? Je savais que les mecs pouvaient être cons mais alors là t'es le champion du monde ! Il ne t'es pas venu à l'esprit que si je ne t'ai pas joint, si je n'ai pas répondu à tes foutus appels c'est que je ne pouvais... juste pas ? Que j'étais dans l'incapacité de parler, de passer un putain d'appel ? Mais non, ça t'es passé par dessus le citron ça, parce que ta putain de fierté a préféré se dire que j'étais qu'une sale pute sans cœur qui t'avait abandonné ! Trop de colère n'était pas bonne pour la jeune greffée du cœur, qui plaça un instant sa main contre sa poitrine pour reprendre son souffle. Continue à regarder ton petit nombril et à ne pas ouvrir les yeux, va. J'm'en voudrais de perturber ta petite routine d'égoïste... mais quand tu feras l'autopsie de tout ça... nan laisse béton c'est du ciment. T'es trop con Lewis. Trop con ! Féline le dépassa en le bousculant, sortant de ce couloir en trombes. Déçue, attristée, blessée. La seule chose qui la retint, ce fut la pauvre secrétaire qui lui demanda si elle voulait récupérer les cafés... Gardez-les... j'vous donne tout, c'est super bon vous verrez.
L’annonce de mon cancer m’avait dans un sens permis d’être plus détendu dans la vie de tous les jours, préférant profiter de tout ce qu’elle avait à m’apporter, mais il m’a aussi remémorer un tas de souvenirs de Jake et notamment l’abandon de la femme qui était la plus importante pour lui. En ce qui me concerne effectivement je ne vais pas mentir, je ne lui aurais jamais rien dit ou du moins pas maintenant par rapport à tout ça puisque je souhaite la préserver de tout le malheur qu’il m’arrive mais sa simple présence m’aurait pleinement suffit puisque je n’ai pas besoin de plus que ça en réalité mais à la place non j’ai eu le droit à un abandon blessant dans des circonstances incompréhensible, alors oui je lui en veux et je suis dur, bien plus que je ne l’étais avant et d’autant plus avec elle car elle est importante à mes yeux, étant ma meilleure amie et non pas n’importe qui. Mon discours se veut blessant car je me protège plus qu’autre chose préférant de loin être seul sas attache que finir comme mon frère puisque oui elle est peut être revenu je ne dis pas, mais le manque de son absence a été fortement présente et je ne souhaite pas revivre ça puisqu’elle est partie une fois, alors elle peut très bien le faire de nouveau à l’avenir. Je ne suis pas un sado maso au point de lui donner de nouveau la possibilité de me blesser de nouveau. Oui au fond j’ai envie de lui parler, que rien de tout cela ne soit vrai mais la réalité des faits en est tout autre. Alors que je ne m’y attendais pas elle vint déposer la paume de sa main sur ma joue à grande vitesse y mettant toute sa rage, me vexant au plus haut point alors que je commence à contracter la totalité de mon corps ayant au fond de moi envie de lui rendre le double de ce qu’elle vient de m’envoyer mais me retenant totalement car c’est une femme. « Oui tu dois le savoir vu le nombre de mecs que tu côtoies et qui passe dans ton lit. Cependant pour eux tu as du temps à donner mais pour moi certainement pas non » Je plisse les yeux tout en la regardant méchamment sentant ma joue douloureuse « T’es comme les autres et le pire c’est que je te pensais différente. TU disparais de la circulation et c’est limite de ma faute si ça se passe comme ça alors que c’est la tienne. C’est ta putain de faute uniquement ! Alors garde ton sermon dans le but de me faire culpabiliser te faisant passer pour la gentille et moi le méchant » Je remarque qu’elle place sa main sur son cœur reprenant son souffle avec bien des difficultés, ce geste m’attendrissant un instant mais je sors très vite de mes gonds en entendant ce qu’elle me dit. « Moi égoïste ?!! T’es pas sérieuse quand tu dis ça ! Ma routine tu l’as bousculé effectivement mais pas en revenant, non en partant car le gros connard que je suis … non non attend même mieux, le plus gros des connards pour reprendre tes propres termes, et bien il a ressenti un manque de sa meilleure amie parce que tu es importante pour moi mais il faut croire que ce n’est pas le cas pour tout le monde. Je vois que certaines s’en foute de tout ça, t’as même pas idée de tout ce par quoi je suis passé mais oublie c’est bon » Elle me bouscule partant comme une furie me laissant sur place tirailler entre l’envie de lui courir après et celle de la laisser filer, mais à quoi bon la retenir, ce qu’elle a fait, vient de faire ou même a pû me dire restant gravé dans mon esprit « Tu as raison fuis c’est ce que tu fais de mieux » Je la regarde impuissant mon cœur me criant de la suivre, mais ma tête refusant tout bonnement de lui porter quelconque attention. Trop dur, surement que je le suis mais je ne peux faire autrement pour le coup « Tu t’en contre fou du ressenti des autres et après c’est moi l’égoïste ! » Soupir que je laisse échapper, déception se lisant pleinement sur mon visage et sur mon attitude toute entière mais peut être que c’est mieux ainsi, enfin pas pour moi, surement pour elle.
Traite-moi de pute pendant que t'y es ! vociféra-t-elle, ne supportant pas ce qualificatif alors que Féline n'était pas du genre à passer de lit en lit sans raison, juste pour le fun. Non. Il fallait qu'il y ait bien davantage dans son esprit pour la pousser à passer à la casserole comme dit le proverbe. Mais tous ses mots n'étaient dictés que par une infinie colère et dans le fond, la belle brune le savait, le ressentait jusqu'au fond de ses tripes. C'était bien ça le problème. Si elle comprenait son manque, sa colère, sa rancune, elle n'estimait pas mériter le fait de devenir un tel punchin-ball sans opportunité d'expliquer son absence. Pourquoi la conduire directement sur la potence ? Se serait-il mis à une quelconque chasse aux sorcières à cause de son départ ? Bien ce que je dis, t'es tellement nombriliste que tu penses qu'à toi, tu dis je, je JE ! Mais putain de bordel de merde Lewis, tu dis que je t'ai manqué, mais tu crois que l'inverse n'est pas vrai ?! A ton avis, si j'en avais vraiment rien à cirer comme tu dis si bien, pourquoi je suis là à me prendre le piff avec toi, et à te servir de punching-ball parce que manifestement je sers plus à grand chose d'autre ! Lui non plus n'avait pas idée de par quoi elle était passée. L'enfer. Il n'existait pas d'autre mot pour décrire ce par quoi était passée la demoiselle, qui venait de bousculer Lewis et de revenir au point initial, à savoir le hall d'entrée de l'agence de mannequinat. La secrétaire lui parut presque trop gentille après l'envoi d'amabilités qu'ils venaient de se donner avec son meilleur ami. Mais pouvait-elle encore l'appeler ainsi... le souci c'est que l'entente de ses dernières paroles furent trop à supporter pour le cœur tout neuf et déjà problématique de Féline. Elle devint blême tout d'un coup. J'a... j'arrive pas... à resp... tenta-t-elle d'énoncer avant de s'écrouler, consciente mais luttant avec un cœur battant trop vite puis trop lentement, la rendant impuissante, tout simplement.