jäyan rivendell ♣ jared leto

Un soir de novembre 1989, à Miami, une jeune femme poussait un cri de douleur, dans l'hôpital de quartier. Un quartier pas vraiment pauvre mais pas des plus riches. Le dernier cri de douleur avant la joie de porter son premier et unique enfant dans ses bras, aux côtés de son mari. Ils sont heureux, ça se voit. Mais les minuteurs s'affolent, l'enfant tant désiré ne respire pas assez, c'est la panique dans la salle de travail. Les sages-femmes s'agitent et prennent l'enfant, l'emmenant dans une couveuse avec assistance respiratoire. Les jeunes parents sont désemparés. Et si leur premier enfant décédait, à peine arrivé au monde ? Ils n'ont pas pu voir leur bébé pendant trois jours. Trois longues journées à se demander l'état de ce petit être si fragile. Au bout de ces trois jours pénibles, ils ont enfin pu le prendre dans leur bras et lui donner un nom. Jäyan. C'est ainsi que je commençais ma vie. Puis les mois et les années passèrent, j'entrais enfin en petite école. Déjà petit, j'avais l'âme d'un artiste. Je dessinais tout le temps, je voulais déjà apprendre à écrire, j'apprenais des mots pour parler mieux que les autres. Je voulais écrire, depuis toujours. Je m'inventais des petites chansons quand je m'ennuyais. Puis le temps passait, j'entrais en moyenne école. J'étais un enfant un peu moins naïf que les autres. Mon père avait abandonné ma mère le soir de Noël. Fini la magie du père Noël, je savais que c'était mon père lorsqu'il a enlevé sa barbe en tendant le soit-disant cadeau à ma mère. Une demande de divorce, devant toute notre famille. Puis il est parti, avec toutes ses affaires. J'étais désormais le seul homme de la maison, je devais prendre soin de ma mère. J'avais huit ans. Je faisais tout pour qu'elle soit fière de moi. J'évitais de ramener des mauvaises notes, je faisais mes devoirs tout seul, je rangeais ma chambre. Des broutilles du quotidien qui lui montrait que j'étais responsable malgré mon jeune âge. Elle semblait fière de moi, cela me rendait heureux. Puis j'ai déménagé pour la première fois. Au revoir Miami, bonjour Seattle.


Dix ans que je suis désormais sur cette terre. Je viens de souffler ma dixième bougie et je dois avouer que mon enfance est différente de celle des autres enfants de mon âge. Si j'avais grandi trop tôt comparé aux autres, ou bien était-ce le contraire ? Je me posais déjà la question. Dix ans et déjà en marge de la société. J'étais ce gosse, brun aux yeux bleus azurs, qui s'occupait de sa mère plutôt que d'aller s'amuser avec les autres enfants de son âge. J'étais persécuté parce que je ne m'affirmais pas assez face aux autres, j'ai déménagé pour la seconde fois. Adieu Seattle, bonjour San Franscisco. Le climat est vraiment différent de ce que j'ai toujours connu. Il fait chaud, l'air est lourd, la population est dense. J'y reste deux ans, puis je déménage à nouveau. J'ai treize ans, je rentre au secondaire, je vais vivre à Los Angeles. Je commence à m'affirmer face aux autres, je fais du sport pour me défouler. Défouler toute la haine retenue depuis des années. L'abandon paternel, la connerie humaine. L'écriture me vide l'esprit, le sport m'occupe les nerfs. Musculation, boxe, football. Tout ça du lundi au vendredi après l'école. Le samedi, je vais apprendre à surfer. On a des belles vagues dans l'océan Pacifique. J'ai quinze ans, j'ai un corps de rêve, mais il me manque quelque chose. Une marque masculine à ma vie. Je commence à prendre du mauvais coton. Je me bats au collège, je suis viré. Je change d'école. J'entre au lycée, encore plus marginal qu'avant. Cheveux longs, négligés, style gothique. Les yeux maquillés, les ongles vernis de noir. Un style androgyne qui ne colle pas avec mon caractère, je veux provoquer. Provoquer les gens pour leur montrer qui je suis, que j'existe. Personne ne voulait m'approcher, sauf le peu de gothiques du bahut. Première cigarette, premier baiser, première fois. Tout dans la même journée, sur une plage, avec une amie gothique. On voulait essayer et provoquer, pour prouver qu'on existait. J'ai terminé au poste de police pour outrage public. J'étais peu fier de moi, ma mère était déçue de me récupérer là-bas. Dix-huit ans, je déménage à nouveau, avant d'entrer en terminale. Je retourne à San Francisco.


Retour à la ville qui m'a détruit par le passé. Entre-temps, je suis revenu par une coiffure un peu plus classique et un style un peu moins noir. Je suis entre le dandy et l'artiste, légèrement bobo parisien. Légère barbe de trois jours, j'entre dans mon nouveau lycée, le deuxième de l'année, je revois les têtes qui m'ont par le passé mal mené. Ils me reconnaissent mais ne préfère pas s'approcher de moi. Le temps fait bien les choses parfois. J'entre dans le cours de littérature, en poésie. Et là, c'est la révélation. Je l'ai vue et mon coeur a explosé. Son visage angélique m'a tout de suite plu, je me devais d'apprendre à la connaître, d'apprendre à l'aimer comme il se devait. Après un temps, nous voilà ensemble, plus heureux que jamais. La fin de l'année, le jour de la remise des diplômes. Je suis décidé à lui faire ma demande en mariage. Après une soirée en amoureux pour fêter la remise des diplômes, j'ai posé un genou à terre, face à elle et sortait un petit écrain de ma poche, l'ouvrant délicatement. Elle me sauta au cou, acceptant de m'épouser. J'étais heureux, le plus heureux des hommes. Mais au bout d'un an et demi, j'ai tout fait foirer. Avec l'une de ses plus proches amies. Elle était rentrée plus tôt, et moi j'étais au lit avec cette fille, en train de lui faire l'amour. C'est ainsi que le glas du divorce avait sonné. Je m'en suis voulu. On était pourtant si bien, ensemble, à Harvard. Le divorce prononcé, je suis retourné à Los Angeles, à l'UCLA. A la fin de l'année, j'ai décidé de revenir à Cambridge pour essayer de récupérer ma femme, car jamais je ne m'avouerai vaincu, et jamais je n'avouerai que notre histoire est définitivement terminée. Je me le refuse. Je l'aime, comme un fou. C'est un retour en force et complètement changé. Je suis blond peroxydé aux cheveux courts, tatoué sur les deux bras et la clavicule. Clého, mon amour, je vais te récupérer et te prouver que j'ai changé.