05/08/1992Cher journal, aujourd'hui, tu m'as été offert. Je vais t'appeler Olive, c'est joli, Olive. Ça me donne faim, et ça me rappelle notre dernier voyage en Italie. L'Italie, c'est joli aussi, même si les gens parlent rapidement sans trop te laisser le temps de comprendre ce qu'ils veulent te dire. On dirait qu'ils sont constamment surexcités, en plus, mon papa disent qu'ils conduisent mal, et que là bas il y a la ma-ffia. Je ne sais pas trop ce que ça veut dire, mais en tout cas, je suis très contente d'être chez moi. Mon chez moi, c'est la Roumanie, là où tous les gens parlent aussi vite et conduisent aussi mal. Mes parents ne veulent pas trop que je sorte, ils disent que c'est très dangereux pour moi. Ils me disent que les princesses ne doivent pas sortir de leur château car sinon les méchantes sorcières allaient leur voler leurs robes et leurs bijoux. Moi ça me fait super peur, tout ça, en plus ma maman dit toujours que je suis une princesse. Mon Papa et ma Maman, ils sont riches, vraiment beaucoup beaucoup. Ils ont une super grande entreprise de pétrole. Ils disent que depuis que l'URSS est tombée (je ne sais pas trop ce que ça veut dire), la place leur a été ouverte et ils ont pu prendre le pas sur les oligarques. Comme d'habitude, je ne sais pas trop pourquoi ils me disent ça, après tout. Je sais juste que mon pays s'appelle Roumanie que depuis l'année dernière, alors maintenant, on fait attention quand on parle de nous. Mais Papa dit que le pays est très pauvre, alors il ne faut pas que je sorte, pour ne pas attirer les convoitises, comme il dit. Au fait, je ne me suis toujours pas présentée. Je m'appelle Céleste Cassandre. Ça fait deux C à la suite ! Maman dit que c'est pour rendre hommage à mes grand-tantes , ou grand-mères je ne sais plus, qui portaient ces deux noms là. Ma Maman, elle a des origines françaises, alors elle a voulu que je perpétue la tradition. Je suis très fière d'avoir ces origines, je m'imagine en train de manger du pain, du fromage et de boire du vin devant la Tour Eiffel. Maman a essayé maintes fois de m'apprendre le français, mais je n'y arrive vraiment pas. Je me débrouille très bien en anglais par contre, et cela rend mes professeurs particuliers très fiers. Ils ont tous des moustaches et des chapeaux étranges. Maman dit que c'est pour rendre hommage à la barbe de Lénine, ou Staline, je ne sais plus. Papa se méfie un peu d'eux, en disant qu'ils sont toujours enfermés dans le communisme. Mon Papa n'aime pas le communisme. Il dit d'ailleurs que nous allons partir d'ici. Papa nous a annoncé qu'il allait garder ses « païpes laïnes », mais que l'on avait tellement d'argent que ça ne servirait à rien de rester dans un pays pauvre. Il dit que maintenant que j'ai six ans, je suis une grande fille, et que je pourrais bien supporter un long voyage en avion. Mes parents ont réfléchis à plusieurs pays, et ils hésitent entre les Etats-Unis et la France. Ma mère ne serait pas contre le fait de retourner à ses racines, mais mon papa voit très grand, et il pense aller au pays du « rêve américain ». Je me demande si les américains sont les seuls à avoir des rêves, ou alors s'ils sont les seuls à les mettre autant en avant. Mon pays aussi a des rêves, mais ils ne sont pas aussi connus. Je me demande ce que celui là peut bien avoir de spécial, à part le fait qu'il soit américain. En tout cas, mon papa a dit que les gens faisaient beaucoup moins peur là-bas, et que je pourrais aller dans une école avec d'autres élèves, d'autres jeunes filles et jeunes garçons. C'est vrai que je n'en ai pas beaucoup vu, sauf pendant les réunions mondaines où mes parents me tiraient. J'étais jetée dans un parc avec pleins de jouets et d'autres enfants. Nous étions tous en vêtements coûtant plus de 4000$ américain, entre petits enfants riches, on se comprend. J'ai hâte de découvrir l'Amérique !
06/01/2002Olive. Voilà dix ans que l'on ne s'était pas parlé, toi et moi. Je ne t'ai pas souvent utilisé, vu qu'après tout, tu m'as été offert par mon connard de père. Les choses ont changés depuis la dernière fois tu sais, tant de choses ! Cela fait dix ans que je suis en Amérique, et j'ai gardé mon accent roumain. Peut-être parce que je n'avais jamais désiré le perdre. Ce pays me donne envie de gerber. Tout le monde pour dire que le rêve américain est mort, ou en vie, débattre sur les armes, l'avortement. Ils ne sont jamais d'accord entre eux. Leur système éducatif aussi me donne envie de vomir. Il faut être roi ou reine du lycée, sinon vous êtes rabaissé et persécuté. Et ça finit comme en 1999 à Columbine. Tout prouve que rien ne va dans ce pays pourri, personne n'est pris en charge tout le monde est laissé pour compte. Mes parents sont toujours en déplacement, tant mieux. Eux aussi ils me dégoûtent, autant que ces petits ados gosse de riches mal dégrossis. C'est tellement facile de les avoir. Je mets une robe moulante, je me déhanche un peu et ils finissent tous raide dingues de moi. Je mets qui je veux dans mon lit, et quand je veux. J'ai pris l'habitude de fumer des joints, et sniffer de la coke entre les seins d'une de mes amies lesbienne. Elle veut m'avoir, mais les filles, ce n'est pas pour moi. C'est moi, la reine du lycée. Et je déteste ça. Je me promène avec des petits chiens derrière moi, prêts à faire ce que je veux, quand je veux. Je ne me sépare jamais de mes cigarettes, et je leur écrase sur le bras lors de mes accès de violence. Je ne suis pas fréquentable, mais tout le monde veut être avec moi. Qu'il en soit ainsi. J'aimerai devenir prof. Pour faire chier mes élèves et leur faire regretter d'avoir choisi la fac, d'avoir choisi mon cours. Me taper des petits étudiants, et lorsque qu'ils m'ennuient, les jeter comme des vieilles chaussettes. Si c'est un directeur je pourrais le mettre aisément dans ma poche, et lui faire oublier mes petites malversations. Ce serait la vie rêvée, car en attendant, je m'emmerde. A l'Est ou à l'Ouest, rien de nouveau.
20/09/2009Je t'écris ce mot en vitesse. J'ai été embauchée comme professeur de Droit à Harvard. Les idiots. Ils ont été bernés par ma beauté et mon intelligence, je ne leur ferais pas de quartier ! Tout cela s'annonce si drôle, je pourrais enfin réaliser les rêves donc je t'avais parlé la dernière fois. Il regretteront de m'avoir comme professeur....