(paris&lily) lonely hearts.

Un sourire reconnaissant pour toute réponse, Lily était heureuse de constater qu’en tombant amoureuse de Lawrence, elle n’avait pas perdu cet ami précieux depuis plusieurs années désormais. Elle avait eu peur de cela pendant un temps vis-à-vis de Paris. Qu’il lui en veuille, voire qu’il soit contre. Qu’il lui tienne rigueur de ne lui avoir rien dit en temps et en heure. Force était de constater qu’il ne lui en voulait pas, et cela lui ôtait un poids considérable des épaules. « Merci Paris. » lui répondit-elle alors avec sincérité, mais sans s’épancher davantage. Cruel défaut que celui-ci : Lily ne parlait pas beaucoup de ses ressentis, préférant les enfouir en elle-même au risque au passage de les laisser la dévorer de l’intérieur. Elle ne souhaitait pas montrer plus de faiblesses qu’elle n’en avait déjà, et surtout pas devant Paris qui venait de vivre un véritable Enfer. C’était lui qui avait besoin de soutient principalement, pas elle.

« Non … Je n’ai pas eu la force de le faire je crois … Je n’ai plus assez d’énergie en ce moment pour le défier. Et tu sais à quel point il peut se montrer … Mutique parfois. » murmura-t-elle calmement, en pesant chacun des mots prononcés. La vérité c’est qu’elle n’estimait pas devoir faire un pas vers Lawrence cette fois-ci. C’était lui qui avait promu sa promesse. Lui encore qui avait tué un homme, et si bonnes étaient les raisons, l’acte n’en restait pas moins suffisamment terrifiant pour que ce ne soit pas à elle de chercher son pardon. La situation lui pesait énormément, mais tant qu’il demeurerait mutique, ils ne feraient que s’enliser encore et encore. Même si cela lui brisait le cœur, elle ne la défierait pas cette fois-ci. « Il n’y a pas grand-chose à dire tu sais … » chercha-t-elle à le convaincre, même si elle savait que c’était faux. Tout ce qu’elle venait de lui confier par exemple, sans doutes aurait-elle dû directement en parler à Lawrence. Mais les occasions étaient de plus en plus rares ces derniers temps. « Mais pour le psy … Je le rejoins. Même si au début cela peut sembler rébarbatif, ça va t’obliger à mettre des mots sur des choses profondément enfouies. Et au final, peut-être arriveras-tu à les extérioriser, et à les rendre moins … Douloureuses. » Une pensée la traversa. Un prénom. Sergueï, dont elle ne parlait jamais. Après sa mort, lors d’un séjour en centre, on l’avait forcée à suivre une psychothérapie. Les premières fois elle n’avait quasiment rien dit, se bornant à demeurer silencieuse quoiqu’il arrive. Et puis, un jour … Tout était sorti. Elle ne s’était sentie ni mieux, ni pire sur le coup. Mais quelque chose dans sa façon de voir les choses avait changé, et c’est à ce moment-là qu’elle avait u commencer à avancer. « On ne te demande pas de déposer les armes Paris. On te demande de ne pas les utiliser contre toi, mais contre tous ceux qui t’ont fait souffrir. On te demande de lutter contre tes propres démons, contre tes souffrances, pour pouvoir si ce n’est les vaincre, au moins leur imposer une trêve. Tu n’auras pas les clefs de cette reddition tout de suite, ni d’un seul coup. Mais avec du temps je suis persuadée que tu y arriveras. Tu es fort Paris. Malgré tout ce que tu as vécu, tu es encore là. Et même si ton beau-père a sans doutes réussi à te briser, tu te tiens debout, tu essaies de te relever. Donne-toi du temps … Et nous, nous serons là pour te soutenir, quoiqu’il arrive. » Quant à cette remarque qu’il prononça sur la fin, à propos de son père, Lily fronça les sourcils, presque sévère tout à coup. « Ne dis pas de bêtises, tu es la plus belle chose qu’il soit arrivé à Lawrence. Et même s’il devait sacrifier son bonheur pour toi, c’est ce qu’un père ferait pour un fils si c’est nécessaire. Ne doute jamais de ce que tu représentes pour lui Paris. »

Les paroles de Paris avaient beau la rassurer un peu sur son couple, elle n’en demeurait pas moins beaucoup trop fière, et têtue, pour songer à lui demander explicitement de l’aide. Au fond, qu’il serve de médiateur auprès d’un homme qu’elle peinait à comprendre depuis quelques temps était sans doute la solution inespérée, qui lui ferait peut-être se rendre compte, relaté d’un point de vue extérieur, qu’elle était dans une impasse dont elle ne savait pas comment sortir. Néanmoins, elle estimait aussi qu’après ce que Paris venait d’endurer, il avait sans doutes d’autres choses en tête et à résoudre que cela.  « C’est gentil Paris … je t’assure. Mais ne t’en fais pas pour nous, je sais que l’on parviendra à s’en sortir. » Savoir était un grand mot, mais disons qu’elle avait l’espoir que tout rentre dans l’ordre dans les semaines à venir, qu’un déclic leur permette de se retrouver. L’idée que cela ne puisse pas arriver lui fendait d’ores et déjà le cœur. « Aujourd’hui il faut que tu te concentres essentiellement sur toi, et toi seul. » souligna-t-elle avec aplomb, au cas où il aurait dans l’idée de la contredire.

« Tu ne sais pas reconnaître que tu as besoin d’aide mais … Tu as conscience, puisque tu le dis toi-même, que tu n’arrives pas à le reconnaitre justement. » Une phrase à vous retourner le cerveau mais qui n’était pourtant pas totalement vide de sens. « Dis-toi qu’au début, à défaut de peut-être te faire du bien, cela rassurera ton entourage. C’est peut-être bête à dire mais qu’ils sachent que tu es « suivi » par quelqu’un les rendront moins inquiets, et ils seront ainsi oins sur ton dos en permanence. » glissa-t-elle en haussant machinalement les épaules. C’était du vécu. Lorsqu’elle avait suivi une thérapie il y a de ça des années, elle avait consentit au départ seulement pour soulager son père d’un poids. Ce n’est qu’ensuite qu’elle s’était aperçue que cela l’aidait vraiment. « Je vois … Mais tout ira bien, je te le promets. Ne t’en fais plus pour nous. » chercha-t-elle à la rassurer en lui offrant un sourire en demi-lune, ouvrant de grand yeux suite à sa question. « Ce que je ressens ? » Lily resta interdite une minute, tentant de rassembler ses idées. « Tellement de choses si tu savais. » Elle ne savait même pas par où commencer. « J’ai l’impression d’être en pleine traversée de montagnes russes. Un jour je suis euphorique, le lendemain totalement léthargique. Quand elles ne bougeaient pas au début j’avais du mal à me rendre compte … Et depuis, lorsqu’elles ne gigotent pas, parfois j’ai peur que ce soit parce qu’elles sont mortes. Alors j’essaie de les réveiller, et le moindre soubresaut, ça me déclenche un tel soulagement si tu savais … Je crois que … C’est la chose la plus précieuse qu’il m’ait été donné de vivre pour l’instant. »