INNOCENCE M. DELACROIX ► Doutzen Kroes

Toute histoire a un début, un commencement. Il ne faut surtout jamais d'où nous viennent nos racines, c'est ce qui nous symbolise, ce qui nous représente. Il faudrait toujours se souvenir de la Terre de notre naissance, des bruits, des lieux qui ont fait vivre notre enfance. Mon histoire commence à Paris, dans les faubourgs bourgeois de la capitale française. Elle n'est pas plus différente de la votre, une naissance, simple, dans l'un des hôpitaux les plus réputés de France, certes, mais un hôpital quand même. Il y a eu des larmes, des sourires timides, et puis des cris. Finalement, je suis née. Des parents artistiques, qui ont réussi à percer dans ce métier après avoir briller aux Beaux Arts. C'est surement l'une des rares passions qu'ils m'ont transmis. La passion pour l'art, pour le dessin et les créations diverses et variées. Je suis née dans une chambre bleu-verte, j'ai encore les polaroids que mon père avait fait alors que ma mère serrait pour la première fois dans ses bras mon petit corps frêle. C'est un souvenir qu'ils ne sont pas prêts d'oublier sachant que je suis fille unique. La naissance de leur premier enfant, leurs espérances qui prennent enfin une forme humaine.

Malgré les moyens élevés de mes parents, je n'ai jamais été élevée comme une fille de bourge. Non, j'ai eu droit aux écoles publiques du coin de la rue, au lycée basique. Partis de rien, ils ne voulaient pas que moi, je parte avec des notions qui ne correspondraient pas à leur état d'esprit. Les regards n'étaient pas différents que ceux qu'on pose sur un enfant d'une famille modeste, j'étais comme tous les autres enfants. Personne, à part ceux qui connaissaient vraiment les talents de mes parents, étaient au courant des rentrées d'argent importantes. Ils savaient que nous n'étions pas de simples parisiens mais bien des artistes aux revenues conséquents. J'étais fière de mes parents. Fière de dire qu'ils avaient leur propre galerie au milieu des génies de la peinture, de la photo ou de la sculpture.

Il y a une période où chaque adolescent commence à se chercher, commence à explorer les diverses facettes du monde, qu'il pourrait lui offrir. Moi, je suis vite tombée dans le piège de l'argent, le piège de la fête, des soirées en boite de nuit et des notes hallucinantes en fin de soirée. Le monde de la nuit, ses soirées toutes plus réussies les unes que les autres et cette haute société qui était habituée à fréquenter ses lieux devinrent vite mon mode de vie. C'est à ce moment là que tout ne devint qu'amusement et découvertes. C'est dans cette période que j'ai découvert mon fort penchant pour les filles. Mes parents ne le surent jamais. Et ils ne le sauront jamais. Je m'imagine mal dire à ma mère, croyante, qui se fraye un chemin tous les dimanches vers l'église pour la messe, que je suis bisexuelle.

Je me suis calmée, passer mes 18ans. C'était à cette période là que j'envisageais, comme mes parents, de partir aux Beaux Arts. Mais, j'ai pris contact avec un étudiant d'Harvard, par simple hasard et pour tout dire, j'ai rapidement sympathisé avec lui, si bien que j'ai atterris dans les couloirs de l'université, à ses côtés. Petit à petit, l'ambiance me plut et finalement, l'année d'après, j'étais inscrite pour être réellement élève. Mes parents sont toujours en France et ils ont accepté le fait que je veuille voler de mes propres ailes. Après tout, il y a un moment où il faut s'envoler du nid familial pour avoir sa propre direction.