REASPER → he can't keep his wild eyes on the road

Il joue mal la comédie, et me lance des propositions quand il le peut. Je suppose que c'est ce qui rythmera notre après-midi, et j'en suis plutôt ravie. J'aime cette légèreté qu'on partage, le fait de n'avoir aucun mot pour décrire ce qu'on est, on est juste nous et c'est parfait comme ça. « Cette manie d'entendre des propositions partout, Reagan.. » Je rigole en secouant la tête, "Cette manie d'en faire toujours des tas." je l'ai entendu, cette proposition, et j'arriverais même à la voir dans tes yeux. Je te laisse te décaler, t'éloigner pour poser ton bleu sur la scène face à toi, derrière moi. Je me tourne, visant le même horizon. « Je me satisferai de l'un d'eux. » Le sourire naît, visage s'approche, les yeux se plisse, les dents s'ancrent dans la lèvre inférieure, "Tu supposes là que j'ai envie de te satisfaire ?" je ne chanterais pas face à toi, ce serait bizarre, et je ne montrerais pas cet autre talent, il faut croire que je prends le troisième chemin, celui qui est plus simple à aborder, celui sur lequel on est depuis le début ; le jeu.

"Cette manie d'en faire toujours des tas." Toujours. Rien n'est mesuré, tout est en trop, tout déborde. J'haierai excessivement, j'aimerai tout aussi passionnément. Je m'essaye seulement à la mesure. A ne guère m'impliquer, à rester à la surface. Cela fait plusieurs mois que je m'y teste, et, il faut dire que cela commence à venir. Même si parfois je m'aventure davantage, comme maintenant, avec toi qui renvoie dans les cordes. Je ne suis pas des plus doués non plus, pour réceptionner les « non », tu sauras. "Tu supposes là que j'ai envie de te satisfaire ?" J'ai supposé, j'ai tenté, et les limites me paraissent plus claires désormais. Je m'y heurte pour tester leurs résistances. « J'ai supposé que ma mine déçue suffirait à te convaincre. » La mime, de sa plus jolie tête de chien battu. Excessive. Va jusqu'aux instruments, et fait glisser ses doigts sur quelques touches du piano. « Mais.. qu'est-ce qu'on fait là, alors ? » Cet endroit perd d'un coup de son intérêt. Ou peut-être est-ce ma frustration qui gagne du terrain sur mon entrain.

 C'est beau de croire que je peux craquer, et c'est peut-être le résultat qui sera triomphant, peut-être que de te voir faire une tête comme celle que tu me sert suffira à me convaincre. « J'ai supposé que ma mine déçue suffirait à te convaincre. » Le regarde faire avec une moue qui se veut que peu convaincue, « Mais.. qu'est-ce qu'on fait là, alors ? » Souris en le regardant, sans comprendre le fond de la question, ni même la forme pour être honnête. "On passe du temps ensemble ?"  moi ça me semblait logique mais faut croire que ce n'est pas ton cas. Le rire devient nerveux, la gêne s'installe, et le silence devient lourd, finalement, "J'peux te laisser, autrement." la paranoïa monte vite dans la tête blonde, trop habitué à n'être que le virus, celle dont on se passe, celle qu'on ne veut pas. Si c'est pour essuiyer encore une nouvelle déception, elle ferait mieux de ne pas s'y accroché, à cet homme au doux regard. C'est trop tard, je suis déjà plus attachée qu'il ne le faut. Tu rencontre là mon plus grand défaut ; je m'attache vite, je ne contrôle pas, et je suis déçue. T'en fais pas, tu ne sera pas le premier.

Je sais, j'ai tendance à foutre en l'air les moments de quiétude. La question était une ultime provocation, peut-être celle de trop. Je sais que cette balle se meurt de l'autre côté du filet, je sens le rire sincère qui se brise pour laisser place à un bien moins agréable à l'oreille. "On passe du temps ensemble ?" Ca s'tient. J'remue mollement les épaules, un fin sourire aux lèvres. Y avait pas vraiment de bonnes réponses. Personne, surtout pas nous deux, ne sait ce qu'on fout ensemble, de toute façon. "J'peux te laisser, autrement." Se pince les lèvres, s'asseyant sur le siège du piano. « Tu sais que je te retiendrais pas. » Je veux que tu l'entendes. Je parle pas de maintenant, je te parle de tout le temps. Je te retiendrais pas, si un jour tes lèvres décident de rester sur ma joue. Si un jour tu fais quelques pas en arrière. Je me suis trop battu contre des ouragans, contre des trucs perdus d'avance. Je joue plus. J'tente plus ma chance, c'est fini. « Tu sais que mon cousin a dirigé la Lowell House ? » Comme de rien était. Comme si j'venais pas de tout foutre en l'air. « Il m'a apprit à jouer un seul morceau au piano. » Enfin, un des lowells qui l'adulait, lui, c'était pas vraiment son délire le piano.

Je sais pas, c’est comme s’il avait réussi à réduire l’ambiance cool qui régnait en deux secondes. Comme si, de son bon vouloir, il avait décidé d’arrêter. Comme ça, d’un coup, sans crier gare, sans prévenir. D’une seule phrase, je suis passée de bien aimé à tout juste passable, et encore. « Tu sais que je te retiendrais pas. » Le sourire est moqueur. De moi-même, je suppose. Ouais, je sais que tu me retiendra pas, j’ai comme un goût amer dans la gorge. Ne me retiens pas, soit. Si tu n’a pas de temps à perdre, je suppose que moi non plus. Mes pieds se tournent, prêt à affronter la porte retour. « Tu sais que mon cousin a dirigé la Lowell House ? » Il se moque de moi ? Mes pas s’arrêtent, mon corps pivote vers lui. Il va me rendre folle. « Il m'a apprit à jouer un seul morceau au piano. » Je le regarde, là, et j’hésite. J’hésite à aller m’asseoir derrière lui ou à juste décider pour moi et m’en aller. Alors tu ne me retiendra pas, alors désormais, je ne serais qu’un jouet, qu’une fille ajoutée au compteur, qu’un nom de plus dans une liste déjà bien grande. “Fait moi écouter.” elle qui abat les armes, qui les pose. La douceur même, l’impossibilité de connaître la rancune. Si tu veux jouer, alors joue. J’ai pas assez de voix pour aller contre, de toute façon. “Enfin, si tu t’en souviens encore.” qu’elle lance, s’asseyant près de lui, le piano face à eux.  

J'm'attendais au retour, à la déception, à la colère. Ma tentative de capter encore un peu ton attention ne pesait pas lourd. Tu sais Reagan, y en a qui te mentiront, qui te conteront une jolie fin alors qu'ils préparent la pire. Moi, j'te le dirais. Si la fin est demain, si je t'aime, si je n'ai rien d'autre à offrir que le moment présent. J'te le dirais, si tu peux mettre mon univers à genoux pour toi. J'vais pas te sublimer un quotidien, t'enrober de sucre du fade. Y a rien de moins beau que la vérité crue. Pourtant, c'est celle que je te sers, dans la sincérité la plus absolue. Tu prends ça comme du désintérêt, alors que c'est tout le contraire. Si je ne t'estimais pas, tu n'aurais que les paroles administrées aux autres. Si tu ne comptais pas, je ne me préoccuperai pas de ne pas abîmer ton cœur. Mes doigts se posent sur les touches du piano, comme prêt à démarrer si tu fais un seul pas pour t'éloigner de moi. Finalement, je te retiens un peu. “Fait moi écouter.” Un sourire s'immisce sur les traits masculins, alors qu'il te voit t’asseoir à ses côtés. “Enfin, si tu t’en souviens encore.” Compte sur ma bonne mémoire. « Bien sur. » Enfin, normalement. « Tu fais la main gauche, alors. » Attrape la main féminine, et place délicatement ses doigts sur les trois notes qui font la partition de cette main. « C'est toujours la même chose. » C'est pas pour autant que c'est simple de coordonner les deux. « Bon, c'est un morceau d'Amélie Poulain, c'est basique mais c'est le seul truc qui est resté. » Qu'il justifie le cliché du morceau, les prunelles passant du nacré des touches à la blonde.  

Elle rêve de grands voyages, de belles histoires, de tout ce que tu peux lui offrir et probablement même un peu plus. Elle a l'habitude que son monde se brise, tu n'es pas le premier à vouloir tenter. « Bien sur. » Je souris mais le coeur n'y est pas encore. J'aurais peut-être dû passer cette porte, aller de l'autre côté, au moins juste pour voir ce qui s'y présente. « Tu fais la main gauche, alors. » Souris, presque moqueuse. Parce qu'en plus, tu ne sais pas faire les deux mains ? Il attrape ma main pour la placer sur le piano, et je le regarde juste faire. Si c'est un jeu, t'es extrêmement bon à ça, Jasper. T'es bon auprès des femmes, tu pourrais avoir n'importe qui avec des techniques pareilles. « C'est toujours la même chose. » Hoche la tête, "J'crois que j'suis prête alors." le sourire est déjà plus sincère. On va y aller à l'aveugle, comme avec cette relation. Sans partition, on suivra ce que le tempo nous dit de suivre, ce que ça nous inspire, et on espèrera que ce soit ressemblant à l'original. « Bon, c'est un morceau d'Amélie Poulain, c'est basique mais c'est le seul truc qui est resté. » Mes yeux se lèvent vers lui, souriant un peu gênée. Je connais pas du tout, mais je suppose que je vais découvrir bientôt. "ça se joue vite ou lentement ?" Pas de partition sous la main, "C'est une pianiste célèbre ?" parce que malgré mes cours de piano, j'ai jamais entendu parlé d'elle.  

Un jour tu comprendras que j'ai bien fais, qu'il y a mieux ailleurs. Moins brisé, moins atteins par des choses dont tu n'es pas la cause. J'm'en veux de faner ton sourire aussi vite. J'essaye de t'attirer à nouveau près de moi. Y a rien de vraiment compréhensible à tout ça. Je te laisserai faire tes choix, même s'ils me contrarient. J'te mentirai si je te disais que ce n'est pas mieux quand tu es à mes côtés. "J'crois que j'suis prête alors." Je captive ton attention sur autre-chose que nos hésitations, je détourne les préoccupations, je gagne encore un peu de temps sur ta réflexion. "ça se joue vite ou lentement ?" Entre les temps, je dirais. Je tape le rythme qui raisonne dans ma boite crânienne, sur ses doigts. « Un peu comme ça. » On est mal barré, vu la précision du prof. La gêne sur tes traits me fait sourire davantage. T'as l'innocence qui manque aux autres. Et, tu veux que je prenne le risque d’abîmer ça ? Compte pas sur moi. D'autres s'en chargeront, et je les détesterai pour ça, soit en sûre. "C'est une pianiste célèbre ?" Un léger rire, et il s'exclame : « Nooon, c'est un film francais ! » Les dunsters et leurs films internationaux. « Le film est pas terrible, mais cette musique est bien. » Normalement, c'est plutôt pas mal. A voir notre version. « J'me rappelle même plus qui l'a composé. » Je l'ai surement jamais su. J'avais émis le fait que j'avais aimé le morceau, et l'ami d'Aidan me l'avait rapidement apprise. « Prête ? » Hausse un sourcil, pose son regard bienveillant sur la belle à ses côtés. Et ça commence par une mauvaise note, mauvais accord. Il pouffe. « Oui bon, j'ai jamais dis que j'étais excellent ! » Et se rattrape sur le mouvement suivant.

 J'ai appris à être méfiante, avec le temps. De peu, mais je l'ai appris, et bizarrement avec toi je ne me méfie pas. Je sais à quoi m'en tenir, et ce depuis le début, alors je ne m'en fais pas, je suppose. « Un peu comme ça. » Je souris en le laissant faire, les joues commençant à se roser au contact de ta main sur la mienne. Il suffit d'un homme pour que je sois mal à l'aise. Tu vois, avec de l'alcool, j'aurais été plus avenante, mais depuis un certain incident, j'évite d'en abuser. « Nooon, c'est un film francais ! » Les sourcils se haussent, "Oh, je vois.." enfin, je pense ? Si j'avais su qu'il aimait les films français.. « Le film est pas terrible, mais cette musique est bien. » Je souris, toujours les yeux sur lui. "J'prendrais pas la peine de le regarder alors." Tu me fais déjà écouter la musique, ou tu me la joue, plutôt, alors il ne reste plus grand intérêt à ce film. « J'me rappelle même plus qui l'a composé. Prête ? » Hoche la tête, commence ce qu'elle vient d'apprendre, puis rigole en entendant la première note, « Oui bon, j'ai jamais dis que j'étais excellent ! » secoue la tête sans perdre le rythme, ce sourire amusé toujours aux bords des lèvres. "Tu t'en sors plutôt bien." le sourire aux lèvres, je suis pas certaine que ça doit ressembler à ça mais on va supposer que oui. J'irais pas vérifier sur internet, je ne te ferais pas ce coup là. "Bon d'accord, c'est peut-être pas aussi joli que ça devrait l'être." je rigole un peu, toujours dans la même rythmique avec mes trois touches. Mes yeux ne regardent qu'à peine les touches, trop concentrée sur ton visage, "J'saurais pas dire ce qui est le plus amusant ; te voir faire tout ses efforts ou alors ta tête concentré sur les notes."

Tu vas en tenter des hommes, de tes joues teintées et de tes pas hésitants. De ceux qui prennent les devants, qui se réjouissent de faire cet effet. Je suppose qu'on peut me mettre dans cette case aussi, comme la plupart de mes semblables. De la plupart qui ont traversé les années et les expériences. Je ne t'abimerai pas, ou je ferai tout pour l'éviter. Je couperai la branche avant que t'y arrives. "Oh, je vois.. J'prendrais pas la peine de le regarder alors." Enfin, je ne suis pas le plus grand cinéphile qui soit. Mais on me l'a tellement vendu, que je n'ai pu qu'être déçu. « Mais j'en ai d'autres en stock, si tu veux. » Enfin, à la dunster. J'suis pas certain des films ramenés par Emrys, vraiment pas. Comme mes doigts ne sont pas certains d'exactement se rappeler de l'ordre des notes, ni du rythme. Le truc est certes mélodieux, mais bancal. "Tu t'en sors plutôt bien." C'est cela, oui. "Bon d'accord, c'est peut-être pas aussi joli que ça devrait l'être." Son regard dévie une infime seconde de ses touches à la demoiselle, en profitant pour taper quelques notes de sa main gauche, libre, du côté de sa partenaire. Histoire de bousiller son rythme. « La faute à qui ? C'est la pire main gauche que j'ai jamais entendu. » Qu'il raille, le sourire rieur, alors qu'elle s'évertue à s'moquer du pauvre pianiste : "J'saurais pas dire ce qui est le plus amusant ; te voir faire tout ses efforts ou alors ta tête concentré sur les notes."  Ouvre les yeux plus grands, et les tournent sur elle, plus longtemps. Jasper joue les choqués, acting : « Je te dévoile un de mes talents et tu te moques ?! ». Puis passe en mode drama : « Comme toujours, je donne, je donne.. et je ne reçois que des critiques. » J'en fais quatre tonnes, surtout. Du coup, j'me déconcentre, et ma main se gère un peu toute seule, c'est à dire faussement.