Play with me Ϟ SKYE

Les jambes croisées, la tête posée au creux de main, Poppy écoutait le cours avec nonchalance, ne parvenant pas à se concentrer aujourd'hui. Malgré le froid, le soleil brillait et elle n'avait qu'une envie : prendre la fuite en ville. Malheureusement, elle était coincée ici à écouter ses professeurs déblatérer des formules et des théories qui la passionnaient tout autant que la reproduction de pigeons. Elle soupirait, se tortillait dans sa chaise ne parvenant pas à tenir en place. La personne installée derrière elle commençait d'ailleurs à saturer, lui tapotant l'épaule à plusieurs reprises pour la faire s'immobiliser. Mais tout ce qu'elle récoltait, c'était le regard assassin de la jeune femme, ne supportant pas que l'on se permette ce genre de familiarités avec elle. Lorsqu'elle sentit son portable vibrer dans la poche de son jean, elle sursauta et s'empressa de l'en extirper, voyant là une distraction. Elle fut quelque peu surprise de voir s'afficher le nom "Skye" sur l'écran. Curieuse et impatiente, elle ouvrit le message, le parcourant du regard. D'accord, alors maintenant elle était encore plus impatiente de quitter cette salle. La jeune blonde lui proposait de passer dans sa chambre pour qu'elle lui montre quelques nouveaux modèles de vêtements. Et ça tombait très bien car Poppy avait une soirée de prévue pour dans deux jours et il lui fallait absolument une nouvelle tenue, ayant épuisé son stock. Et il était impensable pour elle de venir deux fois avec la même robe. Question d'honneur s'il-vous-plait ! Enfin, c'était sa vision des choses en tout cas. Elle lui répondit qu'elle serait là dans environs une heure. Le regard fixé sur la grande horloge, elle regardait les aiguilles trotter tout doucement, comme pour la narguer et la faire languir encore plus. Totalement incapable de se concentrer, elle finit par surfer sur le net, espérant ainsi que le temps s'écoulerait plus vite. Et ce fut plutôt une bonne idée car la demi-heure qui lui restait passa en un claquement de doigts. Merci facebook ! Néanmoins, elle allait devoir rattraper le cours. Bref, elle s'occuperait de régler ce détail plus tard. Sac sur le bras, elle se dépêcha de s'éclipser en direction de sa propre chambre pour se changer et se refaire une petite beauté. Elle réarrangea ses cheveux et retira ses vêtements. Elle passa en revue tout son placard et finit par opter pour la tenue suivante : un jean extrêmement moulant et taille basse qui lui faisait un derrière d'enfer -comme elle se plaisait à le dire elle-même. Et en haut, une tunique blanche en soie très vaporeuse et légèrement transparente, tombant sur une épaule, dévoilant une bonne partie de sa peau dénudée et assez courte. Elle y ajouta un collier long et une veste en cuir. Une paire de bottes à talons, une touche de parfum et elle était fin prête. Elle retraversa une partie du campus, se dirigeant vers les dortoirs des Mather House. Lorsqu'elle arriva devant la porte de la chambre de Skye, elle retira sa veste qu'elle glissa dans son sac et arrangea un peu sa tunique, la faisant bien tomber en avant. Après quoi elle toqua trois coups à la porte, attendant que la jolie blonde vienne lui ouvrir. A peine aperçut-elle son visage aux traits si délicats qu'une bouffée de chaleur s'empara d'elle. Ok, respire, tout va bien. Poppy pencha sa tête sur le côté, petit sourire en coin de lèvres et regard charmeur. Elle s'approcha de Skye en déclarant : « Salut. Au fait... j'espère que t'es toute seule dans ta chambre. » Poppy marqua une pause, laissant planer le doute avant d'ajouter de façon trop hypocrite pour que ce soit vrai : « Oui, je suis trop pudique pour me changer devant n'importe qui. » AH-AH ! Poppy et la pudeur ça faisait 50. Cette fille passait son temps à se dépoiler en public alors franchement ! Mais elle aimait bien s'amuser avec les nerfs de la jolie Skye, sachant pertinemment que l'attraction qu'elle exerçait sur elle était réciproque.

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C'est avec une gueule de bois sans précédent que Skye finalisa la dernière pièce de sa collection, une courte robe noire aux influences rétro/vintage, une vraie beauté dont la demoiselle n'était pas peu fière. Un ouvrage qu'elle plaça en plein milieu de son lit, entre les multiples modèles qui composaient cette nouvelle collection de Betty Skye. Voilà six mois qu'elle travaillait dessus, jonglant entre ses cours, la conception et la vente de ses anciens modèles, les nombreuses fêtes, son job dans la radio étudiante, la vie associative.. Toutes ces activités qui régulaient aujourd'hui sa vie d'étudiante. En résumé, un vrai bord*l qui lui laissait très peu de temps à consacrer à sa marque. Alors, pendant quelques minutes elle observa son lit, un sourire planté sur le visage, visiblement contente du travail achevé. En observant ses nouvelles créations, elle pouvait clairement ressentir une nette amélioration dans son travail : résultat de ces nombreuses années d'études dans la mode. Certes, elle avait toujours eu du talent pour le stylisme, mais son travail été assurément devenu plus minutieux, plus soigné, plus joli. Cette collection était à son image, jonglant entre les influences de son passé et de son présent ; des quartiers riches de Stockholm aux tendances multiples et variées (pop, arty, rétro, coloré..) de New York, où elle avait vécu avant de venir à Harvard.

Avec chance, elle avait sa journée entière de libre : Ce qui lui laissait tout son temps pour la présentation de ses nouveaux modèles ! Depuis maintenant 5 ans, et à force de rencontres et de ‘bouche à oreille’, elle avait réussi à se créer une fidèle liste de clientes. Clientèle à qui elle s’empressa de laisser un message pour annoncer la grande nouvelle, et à qui elle offrit la possibilité de passer dans sa chambre pour découvrir la collection. Voilà pourquoi elle passa la journée dans sa piaule, multipliant les visites ; constatant avec surprise que la nouvelle collection avait un succès fou, inestimable. Au final, elle comptabilisa une vingtaine de commandes, un résultat au-delà de toutes espérances . Sa marque lui permettant de payer ses études - refusant toutes aides financières de la part de ses parents - elle ne put que célébrer cette réussite ! Avec cette journée, elle pouvait déjà s'assurer 3 mois de plus à Harvard. une, on le devine, excellente nouvelle.

Finalement, il ne restait plus qu'une visite pour cette fin d'aprèm, et pas des moindres. La "visiteuse" répondant au doux prénom de Poppy, une eliot avec qui elle avait entretenu une relation purement charnelle, et cela pendant plusieurs mois. Aujourd’hui, Poppy pouvait se vanter d’être l’une des seules de sa maison que Skye appréciait, enfin, rectifions, ‘supportait’. Les deux jeunes femmes étant complètement différentes et n'ayant pas du tout les mêmes opinions, mais partageant une très forte attirance et se comprenant, d’une manière bien surprenante. Un jeu un peu sadique s’était instauré entre elles, entre la haine et l’attirance, la répulsion et l’envie. Alors autant vous dire que cette rencontre s’annonçait.. animée.

Quand on toqua à la porte, elle ne se pressa pas pour aller ouvrir. D'une certaine manière, elle redoutait la venue de son "amie". Se sachant tout-à-fait capable de re-succomber aux plaisirs de la chair en sa compagnie. Une impression qui se multiplia quand elle lui ouvrit la porte : la chaleur de pièce devenant tout à coup insupportable. Si elle n'avait pas un minimum de self-control, elle se serait probablement déjà jeté sur la demoiselle. Mais il était hors-de-question qu'elle capitule, n'étant pas adepte de ces relations simplement basées sur le sexe. Alors elle compensa en accueillant son hôte de la manière la plus agréaaaaable, balayant sa soudaine pulsion sexuelle par toute la haine qu'elle éprouvait envers sa personne. « t'as pas vu le panneau à l'entrée ? les salop*s de eliot ne sont pas acceptées dans la maison. » avait-elle dit sans équivoque, sur un ton assuré. Puis un mince sourire s'était finalement affiché sur son visage, tandis que la porte s'était grande ouverte en réponse à la première question de la brunette. Oui, Skye était bel et bien seule. Et n’en déplaise à Poppy, elle le serait de nouveau dans quelques minutes. Cette dernière enchaîna d’ailleurs : "Oui, je suis trop pudique pour me changer devant n'importe qui » LA BLAGUE. Skye ne comptait plus le nombre de fois où elle l’avait vu dénudée, et même en excluant leurs mémorables parties de jambe en l’air ! Se mettre à poil semblait être devenue une habitude pour Poppy E. Masenbach. « Je n'avais pas souvenir que la nudité te posait autant de problèmes... » s'était-elle empressée de lui répondre. une phrase, on le devine, empreinte de sous-entendus « Mais apparemment, y aurait pas grand-chose à voir. » finit-elle mutine. Un bien beau mensonge, surtout sachant que Poppy était très bien foutue. En pensant à ça, Skye se nota à elle-même : ne pas penser à son corps, ne pas penser à son corps.

Quand soudainement, le visage de Mlle Hepburn devînt plus sévère. Puis elle lança, empruntant le ton de celui que l'on prend quand on s'adresse à un gosse de 5 ans : "Alors, papa et maman ont envoyés le chèque de la semaine ?! Poppy va pouvoir s'acheter toooout ce qu'elle veut ». Oublié son esprit commercial. Cette phrase sonna comme un immense reproche. Une critique destinée à Poppy, mais aussi à tout ces gosses de riches qui n'avaient qu'à claquer des doigts pour obtenir ce qu'ils voulaient...

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